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Lisez KhimairaMénestrelle [/link] I like being a mess. It's who I am.
Merci gentil modo
Je repasse ce soir pour déverser tout ce qui me trotte dans la tête depuis le mois de juillet, quand je m'amusais à plonger aux fins fonds du forum pour relire de vieux sujets...
Isaeda, je peux te sortir une petite liste que j'ai préparée pour des élèves entrant en première (pour mes cours particuliers) ou, s'il le permet, une liste que j'avais réalisée pour Karion
Dans mon cas, j'aime bien lire des classiques, parceque.. ben ce sont des classiques, cest de la culture gé, c'est bien la culturé gé quoa !
Mais les pavés, je peuxpas me les empafer.
Autant un pavé de policier ou de fantasy oui, parceque j'attend quelquechose, mais un pavé de description avec quasiment rien... le tome 10 de WoT, pas trop aimé a cause de ca.
Apres, tous les textes courts, avec plaisir !
En théatre, simplement l'absurde, le reste ca me gave (ionesco, Beckett, etc...), la poésie, je peux pas, ca ne me touche pas, en classique, plutot les contemporains, LE Grand Meaulnes, Aliocha, Vipere au poing, A louest rien de nouveau, enfin voila, tous les petits bouquins sympatiques
Isaeda, je peux te sortir une petite liste que j'ai préparée pour des élèves entrant en première (pour mes cours particuliers) ou, s'il le permet, une liste que j'avais réalisée pour Karion
Alors là surement pas, c'est ma lsite et personne y touche ...
Bon allez si tu payes un peu je t'autorise à la lire deux fois isaeda
Pour les classiques l'argument "c'est pour réussir ton bac" est je trouve assez faux bon je m'explique les livres étudiés en classe ne sont pas choisis au hasard avec tout les livres classiques que tu as étudié pendant ta scolarité une 50 aine je crois tu as les bases suffisantes pour le bac personellement je n'en ai lu que tres peu, ceux qui m'intéressaient les incontournables illiade et odyssée qui sont géniaux et la peste de camus.
Ce peu de culture dans les livres classiques ne m'as pas enpéché d'avoir des points gagnés au bac de français ou soyons honnetes la méthode compte plus que les conaissance avec une bonne méthode et les conaissance accumulée dans sa scolarit on peut facilement avoir une note correcte ou bonne en travaillant.
Voila je dirais donc en conclusion qu'il ne faut pas se dire "je vais lire des classiques" et a partir de la en choisir mais plutot choisir des livres qu'on a envie de lire ou figureront sans doute des classiques.
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EDIT : après les posts aekariens, les posts ysandelliques ! Redonnons à l’adjectif « proustien » son plein sens Je me suis relue rapidement, normalement, y'a pas de fautes
Bon, je ne résiste pas au plaisir de laisser tomber le livre de code ( ) pour me plonger dans ce débat. Encore une fois à merci à Gablebo de l’avoir réouvert !
Ahum ( ).
* s’éclaircit la gorge et tente d’empêcher ses yeux de trop pétiller*
C’est un débat qui m’intéresse tout particulièrement puisque je souhaite devenir professeur de lettres classiques (français, latin, grec). Je n’ai pas encore le diplôme ad hoc (je passerai l’agrégation cette année), mais je donne des cours particuliers (français et philo) depuis bientôt trois ans. Généralement, le premier cours (et ça sera comme ça avec mes futurs élèves ), partant du principe qu’on est plus intéressé quand on comprend les enjeux d’un cours ou son utilité, je tente de proposer une réponse à cette question à ma façon. Cette question ou « c’est quoi un cours de lettres/une explication de texte… ? ». Je tourne autour de la question des classiques, en somme. Elle était même centrale dans ma maîtrise, puisque j’ai tenté de comprendre, à travers l’exemple de Stace, un poète latin du Bas-Empire, pourquoi certains auteurs passent et d’autres… trépassent.
Qu’est-ce qu’un classique pour commencer ?
J’en ai une vision assez large de mon côté, puisque Vivons heureux sans en avoir l’air de Desproges m’est aussi classique que Les illuminations de Rimbaud ou Tigane de Kay. J’ai autant vibré en lisant Mme Bovary ou Don Quichotte (deux héros au regard troublé par les livres) que le poids de son regard (Tim Powers ou comment revisiter ses classiques et l’histoire littéraire avec une passion tout simplement… fantastique !) ou Des fleurs pour Algernon (un roman qui vous restitue votre part vibrante d’humanité ; et encore un certain lien ou un lien certain avec la lecture).
Pour en proposer une définition simple, un classique est pour moi un ouvrage qui laisse des traces en moi, imprègne l’âme en de subtiles variations qui lui font reconsidérer le monde, le réinterpréter. Le ré-enchanter, et ce à chaque lecture. Ce sont les livres qui m’ont forgée à une époque et continueront de me forger, vu mon profil de lectrice boulimique, c’est la multitude d’auteurs que j’appelle des « grands maîtres », que je relis de temps à autres avec le bonheur de pouvoir les comprendre de façon différente, au gré de mes expériences. Un classique, c’est un ouvrage que l’on relit sans cesse en lui trouvant une signification différente. Comme une sorte de clé qui ne rouille pas et dont les multiples reflets soyeux sont comme autant de regards différents, allant du plus léger au plus grave et intense.
Petite (mot ironique vu le volume de ma prose ) précision : par grands maîtres, j’entends qui m’ont profondément bouleversée et ont changé ma vision du monde –ça rejoint ce que je viens de dire . Fondamentalement, à mes yeux, il n’y a pas de petite ou grande littérature. Il y a juste la littérature, les belles lettres, appelez ça comme vous voudrez, mettez des majuscules selon l’envie ou non : juste la littérature. On aime ou on n'aime pas. Il faut juste lire avec ses tripes. Je ne me permettrais pas d’établir des degrés entre auteurs, ce serait comme juger des personnes (j’aime pas les histoires de niveaux, paradoxal pour quelqu’un qui veut enseigner paraît-il )… je préfère réfléchir en termes de différences.
Un grand maître, pour moi, c’est quelqu’un qui a su me « parler », a réussi à m’offrir une autre vision du monde ou à renouveler la mienne, soit en me faisant réagir de façon hypodermique à sa vision du monde (j’ai énormément de mal avec Céline, même illustré par Tardi), soit en la complétant (ah ! la rencontre avec Bovary, la découverte de Pessoa… la réunion avec Proust ), soit en m’amenant à voir comme neuf ce que j’avais sous les yeux depuis si longtemps, en l’éclairant différemment (Proust m’a fait redécouvrir le parfum des aubépines, par exemple), quel que soit son mo(n !)de d’expression, car les diverses façons d’écrire me sont comme autant… de bouquets, de robes différentes.
La poésie aurait l’aspect vaporeux, tourbillonnant et insaisissable d’une coupe de champagne rosé procurant des ivresses et des flottements semblables à la musique. Une ivresse immédiate, un autre état d’esprit, la plongée immédiate dans un monde comme au-delà des mots, parlant de l’âme à l’âme, comme dans la belle nouvelle de Supervielle, les boiteux du ciel. Une légèreté grave et prenante, ou une gravité saisissante. Elle peut avoir le côté interdit et violent de l’absinthe, cette fée verte qui danse sur nos vies… Comme une lumière de chaque jour pour ouvrir les yeux sur la vie réelle ou sur les creusets de beauté dissimulés dans le réel.
Le roman (de littérature dite générale comme imaginaire –fantasy, sf…), ce serait comme un bon Morgon ou un verre de St Estephe (de cuvée 1981, pour les meilleures pages ;p) , dense en bouche et légèrement râpeux sur la fin, quelque chose d’intense et de complexe à la fois, dont les flagrances ne se révèlent pas d’un seul tenant mais se décantent de verres…euh, de gorgées en gorgées. Une présence stellaire et forte, avec des ciselures infinies à goûter par éclats.
Le théâtre, ça serait un Gewustraminer vendanges tardives, à la robe dorée, au bouquet fruité, attirant, enivrant, comme un verre de soleil sucré… ou un vin blanc italien, au goût qui semble léger mais qui est diaboliquement trompeur. Un vin tout d’enchantement et de masques.
Mais je m’égare, mon côté rabelaisien, sans doute
Tout ça pour dire que j’ai autant besoin de l’écriture fine, nerveuse et sensuelle de Stendhal (ah ! se sentir l’âme d’une héroïne de ce cher Henri à ses heures perdues) que des cris de jouissance et d’enthousiasme de Whitman et de la musicalité trompeuse des vers de Racine (bah oui, c’est tellement beau qu’on oublie parfois le sens de ce qu’il raconte)... ou des sautillements de Montaigne, ou des emportements sublimes jusqu’aux larmes de Duras, ou de l’effroi abyssal de Pascal… Ou, pour citer mes auteurs de lettreuse classique : j’ai autant besoin de la rythmique morale des phrases de Cicéron que de l’humanité d’Eschyle et d’Homère, ou de la sagesse de Platon (comment vivre sans le Banquet et le Phédon)… ou de l’horreur serpentinement esthétique de Stace, bien sûr. Arf. Comment faire le tour de tous ceux que j’aime, sans donne l’impression que je veux étaler ma culture, alors que c’est pas le cas. C’est juste de l’enthousiasme brûlant et un amour irraisonné pour ces mots qui comptent tellement et me consument de nostalgie rien que d’y penser. Une envie de partager, avec plein d’enthousiasme et des points d’exclamation pétillants dans les yeux. J’espère ne pas être trop maladroite en produisant devant vous ces « amis »…
« Bref ». C’est pas beaucoup plus court au final, cette histoire, il faudra que je gère mieux en cours ;p
Voilà pour une première définition personnelle, dont je compte me servir (et me sers déjà, à mon modeste niveau) en tant que prof : mes élèves liront forcément du Proust, ne seraient-ce que parce que ça les amusera sans doute de penser que j’ai peut-être de bonnes raisons d’être en face d’eux et de faire des phrases aussi longues (pour ceux qui ne le sauraient pas, oui je suis apparentée de très loin à tonton Marcel, oui il m’a gentiment légué son asthme… par contre, je déteste les madeleines –traumatisme de la petite enfance, si j’ose dire ;p-, donc n’insistez pas ). J’aime transmettre mes classiques ( :hello : à tous ceux à qui j’ai pu offrir et/ou conseiller des livres sur ce forum ), avec l’espoir d’en faire les classiques de ces personnes : Pennac, Bauchau, Kay, Woolf, Boulgakov, Bobin, Simmons, Vian… je vous les transmettrai tous, avec les ogres de Barback et debout sur le zinc, na ;p J’ai l’impression de transmettre un peu de moi (c’est paradoxal, puisque c’est un bout de quelqu’un d’autre ;p), en espérant (oui, encore, je suis une lectrice pleine d’espoir) provoquer ces mêmes reconnaissances ou compréhensions chez le lecteur (mon semblable et pas forcément mon frère).
Mes classiques, ce sont mes coups de foudre, mes rencontres inespérées, mes passions éternellement brûlantes. Pour faire court.
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De cette première approche, je vais tenter d’esquisser une réponse plus générale (grand I grand B? ;p) : les classiques que l’on nous donne à lire sont des ouvrages ayant passé le temps car ils portent en eux comme une flamme impérissable semblant refléter nos préoccupations au fil des siècles. Les lire, c’est renouer avec un dialogue sans fin (Proust voyait la lecture comme un entretien avec un ami cher entre tous et je suis bien évidemment d’accord avec lui, c’est un truc de famille, ça ) : c’est être tant témoin du regard d’un homme sur le monde à un moment donné que d’une petite déchirure s’ouvrant vers les arcanes de l’humanité, dans toute sa mouvance et sa plénitude. Il y a à la fois quelque chose de temporel qui a valeur de témoignage –ce qui est déjà suffisamment intéressant !- (chez Zola, la société du second empire) et d’intemporel (ses réflexions sur les rapports entre hommes, la tentative de comprendre l’évolution d’une famille et d’un caractère… La Curée joue de ce jeu des classiques en réécrivant Phèdre). Lire un classique, c’est un peu bannir le temps et renouer avec ce qui nous fait fondamentalement homme : s’installer dans un dialogue empreint des angoisses et des espoirs de maints hommes avant nous, pour répondre à ses propres questions. C’est se rendre compte que sous la couche de temporalité a perduré une petite originalité, un ingenium diraient les latins (l’esprit, si vous voulez, ça a donné le génie en français…) hors du temps. Une inspiration jaillie d’une individualité qui a su toucher à l’universalité.
Elle a su si bien y toucher que du temps roman naît parfois le temps du mythe : des figures ou des expressions sont entrées dans notre mémoire collective, devenant des symboles, dont le sens se déplace parfois : je pense à l’adjectif épicurien qui n’a rien à voir, mais alors rien du tout, avec la philosophie d’Epicure. Lire les classiques, cela peut être renouer avec le vrai sens d’un terme, aussi… pour se rendre compte combien Don Juan a perdu de sa superbe au fil des siècles et combien Troie est une abomination faite film… hum, je m’égare. M’enfin zut, quoi, Hector, naissance de l’humanité romanesque, ça me tue de voir ce qu’on en a fait ! ;p
Un classique, c’est comme une balade dans les préoccupations qui nous font être humain(s), dans les interrogations qui s’échangent et se modulent au fil des temps pour aboutir à une certaine conscience de l’humanité. Un livre qui s’est transmis car il arrivait à toucher à l’essentiel (au sens d’essence ) et qu’il sait toujours nous toucher. Un morceau de mémoire vive (voilà pourquoi on dit langues anciennes et non pas langues mortes ;p). Dans l’histoire de la littérature, les classiques sont comme autant de jalons essentiels de la progression de la pensée humaine, à la fois représentatifs de leurs temps (ou en avance sur leurs temps… ce qui est souvent le propre du génie : il n’est pas reconnu de son temps, on le redécouvre à l’aune d’une ouverture d’esprit : je pense à Nietzsche, Rimbaud, Beethoven…) et ouverts vers le nôtre.
Je me permets de citer Calvino (Pourquoi lire les classiques, Points Seuil, un livre que je conseille à tout amoureux de la lecture, et à tout aspirant à des études de lettres, qu’elles soient modernes & classiques), car j’ai peur de trop me répéter en tentant d’être la plus claire possible : « on appelle classique un livre qui, à l’instar des anciens talismans, se présente comme un équivalent de l’univers […] ; une œuvre qui provoque sans cesse un nuage de discours critiques, dont elle se débarrasse continuellement […] ce qui persiste comme rumeur de fond, là même où l’actualité qui en est la plus éloignée règne en maître ».
Voilà…
* a les yeux qui brûlent d’enthousiasme*
Pourquoi, maintenant ? (grand II grand A ? ;p)
Je vais essayer d’être plus brève, car après tout, j’ai déjà donné des réponses… un devoir bien déséquilibré qui risque d’être redondant, à revoir
Je me permets de citer Gablebo ( ) : et pourquoi pas ? Par curiosité d’abord : si ce bouquin est arrivé jusqu’à nous, il y a bien une raison… mais laquelle ? Cherchons à le découvrir, comme on apprend à mieux connaître une personne à travers diverses conversations, attitudes, intonations de voix, mouvements, parfums… Lire un classique, c’est apprendre à découvrir un morceau d’humanité éternelle… y compris la sienne.
Le classique ,dit justement Calvino, est souvent un ouvrage dont on a entendu parler par ouïe dire. Ca fait partie de la culture générale (au sens populaire ?), d’une sorte de connaissance globale, de surface. Découvrons la source de ces clichés ! Renouons avec le vrai sens des mots en faisant du latin et du grec ! Découvrons le pourquoi du comment d’un choix cornélien ! Goûtons le vrai sens du kafkaïen ! Lire des classiques, c’est affiner sa culture et sa connaissance du monde. C’est mieux saisir la source et la progression des idées. C’est mieux comprendre le monde au sens le plus étymologique du terme : le prendre en soi, avec soi… C’est le mettre en perspective pour mieux en saisir l’évolution, ou se détacher de la rumeur de l’actualité pour mieux l’appréhender.
Ré-enchantons notre vision du monde en lutinant Vian dans les cours de récréation ! Sentons-le à travers Süskind ! Appréhendons notre mémoire de l’enfance avec Sarraute ! Découvrons le passage d’une conscience d’enfant à une conscience d’adulte avec Proust ! Prenons pitié de la Bovary, détestons Flaubert ! Exultons dès poltron-minet avec Queneau ! Jouons avec les mots avec Desnos ! Fustigeons Rousseau ! Engueulons Breton d’oser se masturber la plume au lieu d’autre chose ! Marivaudons avec les pièces roses d’Anouilh pour mieux leur préférer Antigone ! Adorons Cyrano en plein jour ! Pillons les mots de Shakespeare pour les offrir en bouquet au premier venu ! Perdons notre anglais avec Ionesco ! Haïssons cette greluche d’Héra aux bras blancs ! Postillonnons sur Tartuffe ! Plaignons Oliver Twist (bientôt sur vos écrans, j’adore l’affiche de ce film) ! Gorgeons-nous de mots jusqu’à plus soif avec Don Quichotte !…
Bref, démultiplions le monde, pour mieux jouir de ses richesses avec un appétit… rabelaisien, forcément !
En somme, pour « conclure », je dirais tout simplement ( non, ne criez pas tout de suite « tout ça pour ça » ) qu’il faut lire des classiques car « homo sum et nihil humanum a me alienum puto » (Térence (*) ) : je suis homme et considère que rien d’humain ne m’est étranger… Ne pas rester bloqué par l’aspect « chef d’œuvre impérissable », « bloc incontournable ». Détester un classique fait partie des droits inaliénables du lecteur, dirait Pennac (comme un roman, livre indispensable pour tout amoureux de la littérature, disponible en folio ). Mais pour le détester ou dire qu’il ne sert à rien, pour l’aimer et vouloir le relire au fil de sa vie, il faut lui donner sa chance, comme on peut l’offrir à un(e) potentiel(le) amant(e) lors d’un premier rendez-vous
(*)Qu’est-ce que ça claque, une citation en latin dans une conclusion, quand même
Long post écrit au mépris total de ma leçon de code, en écoutant presque en boucle « Paris » de Tryo : faut qu’ils s’activent… pour qu’on qu’on qu’on s’cultive…
Ceci était la déclaration d’amour d’une littéraire aux auteurs qu’elle souhaite partager. Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, merci de m’avoir lue jusqu’au bout si vous l’avez pu ( ).
Pourquoi faut il lire les classiques???? Rude question, pour moi qui lit tout ce qui me tombe sous la main... Je dirais, que, en ce qui me concerne, je les lis pour la beauté de la langue, parce qu'ils m'émeuvent. Apres, pourquoi les classiques plutot que les autres livres, hum, bien, parce qu'ils font partie de ce que l'on considère comme des acquis pour tous les bacheliers, au moins. Par exemple, l'autre jour, j'entendais le journaliste à la radio qui désignait comme "Les Thénardiers" les accusés dans l'affaire pédophile d'Angers... Si tu ne connais pas les misérables, tu ne peux pas comprendre...(bien qu'en effet, ça se soit banalisé avec les oeuvres cinématographiques et autres). C'est vrai que les classiques sont considérés comme les fleurons littéraires de leurs époques, et c'est bien de les lire pour connaitre ce qui était considérés comme "à la pointe" à cette époque. Cela permet de constater une évolution des façon d'écrire, des sujets traités. Mme de La Fayette, ecrivait sur des dames de la noblesse, les grand sentiments...(cf l'Astrée, d'Honoré d'Urfé, roman qui fit fureur au début du XVIIeme sous Henri IV). Alors qu'au XIX eme,Zola raconte la vie quotidienne des ouvriers, des petites gens...
Moi, j'adore les clasiques, comme disait Felgwyn plus haut, on redécouvre toujours quelque chose de nouveau à chaque lecture, car ce sont des livres d'une richesse exeptionnelle, qui recèlent des trésors de finesse. J'aime beaucoup Victor Hugo par exemple, qui a toujours le mot juste, qui est d'une incroyable précision. De même que les "pavés", remplis de descriptions ultras précises: c'est pour moi une source exeptionelle, en ce qui concerne la vêture. Les descriptions des robes me sont d'uhe grande utilité, par exemple, pour retrouver les styles et les modes...
Isaeda, je te conseille: "Bel-ami" de Maupassant, "Lolita" de Nabokov, Du Zola aussi, tout est bon. Stendhal si tu es courageuse, "La tempête" de Barjavel...
Je crois que la liste d'Ys sera plus étoffée...
EDIT: J'ai du refléchir longtemps, parce qu'Ys et Shimrod m'ont dépassé...tanpis!!!
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
Bon allez si tu payes un peu je t'autorise à la lire deux fois isaeda
Tu peux toujours rêver! Et d'abord elle est pas de toi cette liste! merci beaucoup, Ys, je l'attends avec impatience merci aussi à toi Adelis, je comptais justement me mettre au Barjavel et à Stendhal.
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EDIT préventif: c'est long, il est tard, j'ai survolé, tant pis si y'a des fautes Bonne nuit
Ys, je l'attends avec impatience
J'espère qu'elle sera comblée alors
Car quand y’en a plus, j’en écris encore ! Désolée pour le retard, j'étais partie regarder le France-Irlande... j'aurais mieux fait de m'abstenir, c'était pas beau à regarder. Bref.
Alors, mes conseils de lecture aux p’tits jeunes que j’aurai l’année prochaine et les suivantes en face de moi (je mords pas… je suis juste dangereusement enthousiaste ).
Désolée à l'avance pour la longueur, encore : je ne sais pas conseiller de livres sans tenter de donner un minimum envie de le lire. Je passe en gras les divers genres littéraires pour vous aider à vous repérer.
Dans la catégorie théâtre (parce que le théâtre, c’est la vie ), les nominés sont :
Commençons par le meilleur
Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand : mon maître Est-il bien nécessaire d’esquisser un embryon d’histoire ? Nez- en- moins, il me faut écrire ces quelques mots pour lui rendre hommage et tenter de vous convaincre : cette pièce a changé ma vie depuis que je l’ai découverte (j’avais sept ans… un gros volume relié en cuir rouge dans la section enfant de la bibliothèque municipale… j’adorerais retrouver cette édition, celle de la première lecture ! j’en ai trouvée une assez similaire, éditée en 1905 un des nombreux livres qui ornent ma table de chevet, pour pouvoir en re-grignoter des morceaux, par instants) et ne cesse de la revivifier à chaque relecture. Je vous recommande également le film de Rappeneau:jap :
Si vous voulez rencontrer un poète… un homme… « spirituel, courtois, affable, généreux, libéral. »… un véritable amant… savoir ce qu’est le panache… et la générosité en littérature… Un minuscule extrait que je me chuchote, parfois : « Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! ». La liberté intellectuelle et humaine dans toute sa splendeur.
Merci monsieur Rostand
Antigone, Anouilh : comment vivre sans ? Antigone, c’est certainement une des femmes de théâtre qui me fascine le plus et Anouilh sait en dresser un portrait bien particulier, entre brutalité de langage et violence. Antigone est devenue une jeune fille maigre, butée, rejetant tout compromis. Forte et fragile à la fois, et tellement accessible (on est loin des masques rigides et imposants même si terriblement émouvants de Sophocle)… Un crève-cœur, une leçon de dignité, de courage, de force. Et le prologue… c’est énoooooooooooorme ! Une jouissance sans cesse renouvelée.
NB : si vous aimez l’histoire d’Œdipe et d’Antigone, lisez Henri Bauchau… une autre façon de dire la force et la sagesse. Chez Actes Sud/Babel pour la collection de poche
Phèdre, Racine : et voilà la deuxième dame antique de mes rêves (pour le versant des cauchemars, se pencher sur le cas de Médée )… Je suis bouleversée par la beauté profonde de ce texte à chaque relecture. Racine sait faire de son texte un poème de la passion, de la détresse et de la souffrance, une pièce lyrique sombre et lancinante, une sorte de pulsation qui s'apaise ou se précipite à la manière d'un cœur tourmenté. Une musique plus qu’une déclamation, qui fait comprendre ce que signifie « grandeur tragique », entre ombres et lumière.
La cantatrice chauve, Ionesco : la vie est absurde, alors pourquoi se priver d’Ionesco ? vous aimez les anglais ? vous voulez vous moquer du drame bourgeois ? vous voulez réfléchir sur la vacuité de certains êtres humains et vous marrer un grand coup ? vous adorez l’humour non- sense ?Mais filez l’acheter, ce texte, il est jouissif
Les Bonnes, Genet : un univers glauque et étrange partant d’un postulat assez usé de la comédie : les valets qui jouent au maître… Mais attention, Genet, c’est noir et étrange… Claire et Solange ont une « drôle » de façon d’aimer Madame… Un trio de marionnettes perturbant et exquis à la fois.
AAAAArg, je me suis imposée cinq livres par catégories, j’ai plus de place pour Le Cid En vrac, donc : L’illusion comique (Corneille, encore), Le misanthrope de Molière (sa pièce la plus humaine, je trouve, de toutes celles que j’ai pu lire), Tête d’or de Claudel (magnifique…et incompréhensible ? Bon, c’est Claudel, quoi ;p), en attendant Godot de Beckett (à lire et relire…)… Ah si, prenez le temps un jour de lire une pièce de Shakespeare au choix (parce que c’est le meilleur) : j’ai un faible pour Roméo & Juliette, la Tempête (comme vous pouvez le lire au dessus de mon avatar) Hamlet et Le songe d’une nuit d’été ou Richard III quand c’est mis en scène par Al Pacino (Looking for Richard, un must…see). Et si vous avez le temps de vous abreuver à la sagesse lumineuse et forte de Sophocle ou au sublime Prométhée enchaîné d’Eschyle… mais bon, ça c’est vous qui voyez
Dans la catégorie roman (tique, nichel, etc), les nominés sont (j’essaye de ne pas mettre QUE des romans du XIXe…)
Madame Bovary (pour les damoiselles), L’Education sentimentale (pour les damoiseaux), de messire Flaubert : je fais un tarif de groupe Vous avez donc le choix entre une dame romantique et myope (détail important) prenant amants en rase campagne normande ou un jeune homme de dix huit découvrant l'amour, la société et la vie sur fond de Révolution de 1848 : entre études de droit et ambitions artistiques et mondaines, comment va évoluer cette graine d'homme ? Elle, c’est la femme qui sait capter les jeunes adolescentes en fleur jusqu’à ce qu’elles perçoivent l’ironie sous la plume magnifique (j’ai sincèrement haï Flaubert ce jour-là, j’ai longtemps pleuré), lui, c’est un peu le pendant des Illusions perdues de Balzac, roman d'une certaine passion… avec ici une écriture ciselée tout simplement hurlifloumante.
Pour amoureux de George Sand : la correspondance Sand-Flaubert est une pure merveille d’amitié, d’intelligence, de sensibilité… pour comprendre l’interpénétration de deux univers et voir Flaubert s’avancer quelque peu hors de sa tour d’ivoire à gueuloir incorporé (vous connaissez le principe du gueuloir ?).
La Curée, de Zola : mon Zola préféré, incontestablement ! Un Phèdre sous le second empire, avec en héroïne Renée, une femme-fleur… Un portrait d’une déchéance décrit avec autant de minutie que de force, une critique des parvenus en teintes glauques, une partition de la passion développée avec beaucoup de génie et de beauté. Faites attention à maître Zola, il a tendance à faire passer des choses atroces au détour d’une phrase bien soyeuse… histoire de mieux faire passer ses critiques de la perversion façon Napoléon III plus tard.
Les liaisons dangereuses, C. de Laclos : un roman épistolaire adapté un nombre incalculable de fois au cinéma pour les plus paresseux d’entre vous (j’ai deux exemples qui me viennent en tête : celui que j’ai revu ce week-end avec un casting imparable, Close-Malkovitch-Pfeifer-Thurman-Reeves, et Sexe intentions avec Sarah Michelle Gellar que j’avais trouvé plutôt sympa et astucieux Par contre si vous pouvez éviter la version de Milos Forman, c’est pas plus mal )… si vous voulez comprendre le sens du mot libertinage… assister à un terrible jeu d’échecs où s’entrelacent trahison, cruauté, vengeance, calcul, manipulation… dans un style souple, fin, d’une cruauté froide souvent, vif, et surtout, surtout, d’une perfection formelle redoutable… ce livre est fait pour vous !
Un beau ténébreux, Gracq : c’est classe de lire du Gracq en édition José Corti, déjà ;p Surtout quand on peut s’acheter le bouquin et couper les pages soi-même Un roman breton, comment résister ? Une mise en roman de quelques vers de Vigny, ayant pour thème : Deux jeunes amoureux décidés à en finir avec la vie, s'en vont passer un week-end ensemble. Au bout du week-end ils se tuent ensemble. Une atmosphère de drame intense, une écriture se déroulant comme un récit poétique… un roman mystérieux, romantique ( !), policier, dérisoire, troublant, irrationnel, étonnant… Comme tout livre de Gracq, une rencontre avec une certaine idée de la poésie et de la théâtralité. Et une sorte de sensualité fourbe dans la plume…
L'écume des Jours, de Boris Vian: incontestablement un de livres qui m'a énormément marquée, un roman entre poésie et amertume, une curieuse maladie frappe la douce Chloé si chère au coeur de Colin, que faire pour la sauver dans un univers étrange rythmé par le jazz ? Un de mes classiques à moi que j'ai Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher de surprise.
Conseils en vrac : Bel-Ami de Maupassant (à découvrir en bonus, deux nouvelles : le Horla et la Morte, mes deux préférées), La chute de Camus (vertigineux), L’espoir de Malraux (c’est dur, je préfère prévenir), Le père Goriot de Balzac (pour Rastignac, pour la description de la pension, pour les derniers paragraphes), Le rouge et le noir de Stendhal (que je préfère à la Chartreuse, pour ma part ; à Althéa si elle passe par là ; une écriture sensuelle et nerveuse), Aurélia de Nerval (parce que ça se passe de commentaires), Les misérables d’Hugo (un bon gros pavé à déguster sous la couette… en pleurant ) et Voyage au bout de la nuit (parce que bon, même si j’ai beaucoup de mal avec Céline, il y a des rencontres littéraires qu’il faut tester, pour comprendre). Arf, j’ai oublié Rabelais. Plus tard
Je préconise évidemment toute la Recherche du Temps Perdu (avec une prédilection particulière pour A l’ombre des jeunes filles en fleur).
Un jour je prendrai le temps de parler (ajout des deux mots suivants par édition de post, si c'est pas du lapsus ou de l'humour involontaire, ça ) de Proust ici. Pas ce soir. Demain peut-être
Petite « sous » catégorie autobiographie (vous apprendrez bien assez vite les liens entre autobiographie et roman…)
L'Amant, Marguerite Duras : tout commence sur la vision d'un visage fracassé pour remonter, à partir d'une photo, vers les débuts de sa féminité, d'un premier amour. C'est un de ses romans phares, un des moins hermétiques… Pas celui que je préconiserais pour commencer Duras (Le ravissement ! Le ravissement !), ce serait plutôt celui-ci : Le ravissement de Lol V. Stein, un livre sublime jusqu’aux larmes sur la folie, l’absence, le désir, la mort… l’abolition de soi lié à une dépression…
Il est au programme de l’agrégation Avec Le Vice Consul Et India Song
Les Mots, de JP Sartre : autobiographie assez extraordinaire du chef de file des existentialistes. Lire et Ecrire, deux maîtres mots autour desquels tisser une vie, des ambitions, des envies. Une curieuse vision de soi, de l'enfance et des livres.
Enfance de Nathalie Sarraute : un parcours avec plein de points de suspension où tu finis par t'interroger plus sur ta propre enfance qu'à en apprendre sur celle de l'auteur... Une curieuse façon d'écrire, qui s'interroge au fur et à mesure de sa progression : finalement, elle n'écrit pas tant sur les souvenirs que sur la mémoire elle-même et sur comment se construit un souvenir. Moi qui suis souvent plongée dans mes souvenirs, ça m'a beaucoup fascinée, comme processus d'écriture. C'est assez léger et tendre, plein d'humour aussi, très abordable.
Voilà, après vous pouvez vous farcir les Confessions de Rousseau si vous avez faim, moi j’arrive toujours pas à les digérer
Dans la catégorie poésie (tez pas à en lire), les nominés sont :
Homère, L’Iliade et l’Odyssée : vous pensiez vraiment que je n’allais pas en parler ? Je vais faire très court : se priver de lire les premières pages de notre littérature occidentale, ça serait très triste Rien que la fin de l’Iliade… et l’épisode des sirènes… J’en ai un peu plus parlé ici… Enfin bon. Une grande partie de notre culture repose sur ces deux textes aussi essentiels que la Bible. Pour les amoureux de l’antiquité, je ne peux que préconiser L’Enéide de Virgile (un condensé de l’œuvre d’Homère adapté à la souplesse de la langue latine) et Les Métamorphoses d’Ovide (si vous aimez la mythologie, c’est une mine d’informations !).
Une petite voix me souffle de parler de mon Stace adoré, mais le texte est moins abordable (tant au point de vue du contenu que du prix du volume)
Rimbaud pour son œuvre complète : parce qu’on connaît tous plus ou moins le personnage et le mythe, et qu’il faudrait peut-être songer à le lire un jour, pour comprendre le mythe, justement. Au moins Le bateau ivre, quoi, siouplaît… Comment résister à l’attrait d’un phénix ? Car les mots crépitent comme autant de flammes, se distordant sous les cris(es) de l’adolescent rageur, provocateurs, aigus, brisés, lames et flammes. Il s’agit de s’aventurer avant tout, peu importe le résultat. De tenter, d’oser, de cerner les silences, de les maltraiter pour leur faire rendre gorge. Il s’agit d’être homme avant tout, dans toutes ses incohérences et ses doutes, d’explorer les infinies possibilités de l’homme avant tout (et ce à travers ce qui le fait homme, à savoir le langage). Un bouquet de nerfs trop sensible, à fleur d’encre, un ange déchu et déçu qui eut raison de partir, comme l’écrit si bien Char, se consumer à d’autres soleils pour mieux vivre en poésie, finalement. Comme pour vivre le bouillonnement en lui sans les voiles de l’encre, qui sont aussi fascinants et pleins de promesses qu’ils présentent une admirable impossibilité à s’y unir, s’y draper, s’y laisser éternellement bercer… Hum, je m’égare. Difficile de vous cacher à présent qu’il est mon poète de prédilection
Les fleurs du mal , Baudelaire : « Charles, il disait l'albatros, il en est mort à marcher sur la terre… » (Les Têtes Raides, Ginette)… difficile de couper à la perfection formelle de ces vers hésitants jusqu’au vertige entre abysses et sublime, aspirant au beau et à l’évasion, oscillant entre volupté et désenchantement, entre quête mystique et esthétique d’un idéal de plénitude… S’il m’enivre moins que Rimbaud (sauf quand il recourt au poison…), sans doute parce que je suis plus attirée par le côté brouillon et enthousiaste (au sens le plus étymologique du terme : plein du dieu) de ce dernier et parce que je lui en veux à cause de sa vision de la femme dans Semper eadem, je ne puis que vous lancer une « invitation au voyage » (surtout quand ce poème est lu par Luchini…).
Bon, je continuerais bien dans le XIXe (mon siècle littéraire préféré, vous croyez ?) avec Hugo, et puis surtout Nerval, Mallarmé et Corbière, mais je vais tenter de varier les plaisirs un peu.
Un petit tour au seizième siècle peut-être ? Difficile de choisir… je ne connais pas encore assez bien Louise Labbé pour trouver les mots justes pour donner envie de la lire, je vais donc me rabattre sur Joachim du Bellay, dont je préfère la personnalité modeste à l’ego surdimensionné de Ronsard, j’avoue, Les Regrets, forcément… très beau témoignage de l’esprit renaissance… à lire en les confrontant avec ses poèmes en langue latine pour en comprendre l’ironie distanciée. Un poète faussement personnel et redoutablement fin et intelligent.
Il me reste encore une modeste place à offrir au XX e siècle…
Arf… Aragon, Apollinaire, Eluard, Char, Michaux… ? Je vous laisse choisir par vous même entre Le roman inachevé, Alcools, Capitale de la douleur, Fureur et mystère et Plume, tiens. Je peux pas me décider à tirer aux dés le « gagnant » de ce soir, c’est trop difficile, et j’ai déjà la sensation de laisser de côté trop de monde ;p
Un peu de poésie étrangère : n’importe quel recueil de Pessoa, Feuilles d’Herbe de Whitman, n’importe quel recueil de Yeats, Hypérion d’Hölderlin et Les élégies de Duino de Rilke… bon, je m’arrête, je me fais mal à me dire « mais tu oublies Blake et Thomas, là… ». La poésie est mon genre littéraire préféré, j’aurais du mal à vous le cacher
Bon. Pas de catégories essais… parce que je n’en consomme pas beaucoup, sauf ceux de Montaigne, à petites doses.
Dans la catégorie électrons libres
Au Bonheur des Ogres, Daniel Pennac (et toute la série des Malaussène : la Fée Carabine, la Petite Marchande de Prose...) : une pittoresque famille de Belleville (quartier de Paris joliment chanté par Alexis HK ; quand je dis pittoresque... boah... y'a une voyante, un tit jeune qui fout le feu à son collège, un petit aux lunettes cerclées de rose... normal quoi) sous la langue de l'aîné, Benjamin, conteur né à la langue gouleyante, bouc émissaire de profession (si, si), qui se trouve toujours embarquée dans des aventures policières invraisemblables : UN REGAL ! CULTISSIME !
Si par un nuit d'hiver un voyageur, d'Italo Calvino : un livre amoureux de la lecture ! Imaginez que vous achetez un livre et que celui-ci soit mal découpé, résultat, vous vous retrouvez au bout de dix pages avec le début d'un autre livre... et ainsi de suite de livres en livres, de telle sorte que vous trouverez un beau panorama de ce que peut offrir la lecture dans toute sa variété
Le nom de la rose, Umberto Eco : grand polar médiéval autour de la lecture et d'un chapitre manquant de la Poétique d'Aristote, autour du rire... Une masse d'érudition impressionnante, un livre labyrinthe fascinant et grandiose, un ENORME monument de mes heures de lectrice (nombreuses, donc). De lui, je conseille également ses articles, Pastiches et Postiches(dont Gablebo parlera mieux que moi s’il en a envie… surtout le premier article, hein Gab’ ) et Comment voyager avec un saumon: si jamais vous vous êtes demandés comment ne pas parler de foot, comment se préparer sereinement à la mort, comment répondre à la question comment ça va, quelle lettre de refus aurait pu recevoir l'auteur de la bible, comment tracer une carte de l'empire au format 1:1... ces livres sont faits pour vous De l’humour, de l’érudition, de la finesse d’esprit : un cocktail parfait.
Vivons heureux en attendant la mort et Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis de Pierre Desproges. Parce que quand même. Passer à côté d’un des plus grands prosateurs et orateurs de la fin du XX e ciel, siècle pardon (déformation passionnelle pour Yslaire passagère ), ça serait passer à côté de la dose d’ironie, de cynisme, de gouaille, d’intelligence noire et étincelante nécessaire pour vivre au quotidien.
Je vais même lui emprunter ma conclusion, pour ceux qui seraient effrayés par la masse de livres conseillés et n’oseraient pas se lancer :
« La culture, c’est comme l’amour. Il faut y aller par petits coups au début pour mieux en jouir plus tard ».
Etonnant, non ?
Bonne lecture, bon voyage et bonnes découvertes, j’espère
Chère Ys, je me suis régalée à te lire, en entier et en une fois... Exellentes recomandations, je retrouve les sensations que j'ai eu à la lecture de ces livres (je n'ai pas tout lu non plus). Et ça me fait plaisir de découvrire une nouvelle lectrice de Louise Labbé: merveilleuse poétesse de la Renaissance, je retrouve dans ses vers cet esprit XVIeme que j'aime tant, cette faconde...ha, je n'ai pas les mots. Elle me rapelle Pierre de Ronsard, mon poète preféré.
Merci beaucoup Ysandell ça m'a conforté dans mon idee de me remettre aux classiques. C'est bizarre mais ça me gene vraiment de pas les avoir tous lus. Si je meurt à 120 je pourrai peut-être reussir ce pari. Je ne suis pas toujours d'accord avec toi pour ce qui est de l'avis des bouquins mais c'est ce qui fait des discussions un vrai plaisir ça te dit qu'on se fasse un café un de ces 4? Je pourrais essayer de lire un de ces livres que tu aime tant et que j'avais envie de découvrir
Pour ce qui est des poemes ça risque pas étant donné que je ne raffole pas du tout de cette litterature mais bon les tragedies , les pieces de theatre ( oui je fait la différence ) les romans et autres rejouissances (tu le met dans roman "la chute" toi ?) je suis super motivée
Le roman (de littérature dite générale comme imaginaire –fantasy, sf…), ce serait comme un bon Morgon ou un verre de St Estephe (de cuvée 1981, pour les meilleures pages ;p) , dense en bouche et légèrement râpeux sur la fin, quelque chose d’intense et de complexe à la fois, dont les flagrances ne se révèlent pas d’un seul tenant mais se décantent de verres…euh, de gorgées en gorgées. Une présence stellaire et forte, avec des ciselures infinies à goûter par éclats.
hmmm ... voilà des paroles qui captent immédiatement mon attention et titillent mes papilles ...
Si mes professeurs de français m'avaient présenté les belles lettres sous cet aspect si capiteux, j'aurais été de suite comblé et Robert serait devenu bien plus vite mon ami.
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
Merci mille fois Ys!! Pour l'instant je ne l'ai que parcourue mais je prendrai le temps de la lire en détail ce week-end. Au moins j'aurai enfin quelque chose de sérieux (ben oui, venant d'une future prof de lettres classiques je ne pouvais pas espérer mieux ) En tout cas bonne chance pour la suite et l'agrégation!
Lisez KhimairaMénestrelle [/link] I like being a mess. It's who I am.
Tout d'abord je tiens tous à vous remercier de m'avoir lue jusqu'au bout et pour vos gentils mots, ça me touche plus que je ne saurais le dire (pour une fois que je suis à court de mots, profitez-en ).
Comment mieux s’évader qu’en parlant de livres ?
* débouche une bouteille de Mouton-Cadet et en verse un verre à Elbinoé avec un clin d’œil complice et amical *
A Rabelais, Barjavel et Saint-Exupéry
Isaeda : de rien, ce fut un plaisir ! Si tu as des questions ou si tu viens à bout de la liste… je serai ravie de la compléter ! surtout pour une demoiselle qui aime mon tonton Marcel, si je ne m’abuse
Adelis :
Et ça me fait plaisir de découvrire une nouvelle lectrice de Louise Labbé: merveilleuse poétesse de la Renaissance, je retrouve dans ses vers cet esprit XVIeme que j'aime tant, cette faconde...ha, je n'ai pas les mots. Elle me rapelle Pierre de Ronsard, mon poète preféré.
Je vais tenter de trouver les mots pour donner aux autres envie de la lire, alors Tu complèteras selon l’envie et l’inspiration…
Pourquoi lire Louise Labé ?
Peut-être, déjà, parce que nous n'avons pas pléthore de femmes poétesses (en vrac, les noms qui me passent par la tête : Sappho, la première d'entre elles, la neuvième muse selon Platon, Emily Dickinson, cette âme en incandescence qui sait capturer jusqu'à la flamme des roses rouges dans ses poèmes, Marina Tsvetaïeva...), et que rien que pour cela, il serait dommage de s'en priver Elle est d’autant plus importante qu’elle fut la première à revendiquer le droit des femmes à écrire et créer. C’est une sorte de George Sand du XVIe, si ça peut vous éclairer : une femme libre, audacieuse, d’un esprit vif et vivifiant, cultivée, sincère, entière. Une des premières féministes.
Pour son écriture, évidemment : tout d’abord, parce que c’est témoignage de l’esprit renaissance, cet esprit de culture et d’humanisme, tendant à vivifier l’esprit et à retrouver la place de l’homme dans le monde… un esprit poétique au sens le plus étymologique du terme : du grec poein, créer… Il s’agit bien de créer pour s’élever.
Si dame Labé sait faire son miel de Platon et Pétrarque, cette remarquable philosophe de l’amour nous propose également une création infiniment personnelle. Bien plus que celle de Ronsard et Du Bellay (à mon goût du moins), car Ronsard pratique fort souvent un discours de la séduction et du Bellay a une façon pernicieuse de critiquer… Ah elle est belle l’image- cliché du Joachim désespéré en exil !Un fourbe, oui !
Bref.
Dame Labé préfère explorer les infinies variations de l’âme féminine, à tenir un discours plus personnel tenant compte de ses désirs, de ses troubles comme de ses contradictions… c’est avec Sappho (dont elle a traduit le célèbre « l’égal des dieux ») la première femme à oser donner voix à la passion amoureuse, au désir de disposer tant de sa vie que de ses sentiments.
Comment mieux vous convaincre qu’avec un extrait ?
Ne reprenez, Dames, si j'ai aimé,
Si j'ai senti mille torches ardentes,
Mille travaux, mille douleurs mordantes.
Si, en pleurant, j'ai mon temps consumé,
Las ! que mon nom n'en soit par vous blamé.
Si j'ai failli, les peines sont présentes,
N'aigrissez point leurs pointes violentes :
Mais estimez qu'Amour, à point nommé,
Sans votre ardeur d'un Vulcain excuser,
Sans la beauté d'Adonis accuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses,
En ayant moins que moi d'occasion,
Et plus d'étrange et forte passion.
Et gardez-vous d'être plus malheureuses !
**
Pour Ronsard, je suis plus réservée de mon côté Si j’admire la perfection formelle de ses sonnets, l’ampleur de son œuvre et de sa culture, si je respecte en lui l’esprit renaissance poussé à son extrême… j’ai beaucoup de mal avec son ego qui m’apparaît surdimensionné (et pourtant, va savoir, j’aime beaucoup Hugo dont la devise est « ego Hugo »… mais il a quelque chose qui me touche plus… un côté enfant jouant au géant, parfois ? ), éclatant parfois au moment le moins attendu (je pense à « quand vous serez bien vieille… »…). C’est sans doute parce que je lui préfère Du Bellay, personnalité plus humble et douce d’apparence, en fait d’une finesse d’esprit déroutante et redoutable quand on considère bien l’ensemble de son œuvre (tant l’œuvre française que l’œuvre latine, donc… ses poèmes latins témoignent d’un esprit d’auto- dérision et d’une façon d’écrire en kaléidoscopie qui me plaisent beaucoup ), et qui n’hésitait pas à critiquer messire Pierre.
Il manque un peu de légèreté et d’humour à Ronsard pour que je l’apprécie totalement.
Mais ça, c’est une question de goût personnel après
**
Arwen :
les tragedies , les pieces de theatre ( oui je fait la différence )
Autant anticiper un peu sur nos retrouvailles : pourquoi fais-tu une différence ? Une préférence particulière pour les tragédies ?
(tu le met dans roman "la chute" toi ?)
Oui, même si, comme Le dernier jour d’un condamné, je le verrais volontiers adapté sur scène à cause de sa forme de monologue ou plutôt de pseudo-dialogue avec un interlocuteur muet. D’un point de vue strictement formel, malgré son côté théâtral (après tout, il fait la part belle au pouvoir du langage), je le mettrais dans les romans.
Lisez KhimairaMénestrelle [/link] I like being a mess. It's who I am.
Et les classiques étrangers alors, Le viel homme et la mer , par exemple ?
Z'en lisez pas ?
Bah si
* part du principe que quand on s'intéresse à la littérature, on goûte à tout pour se faire une idée globale de l'histoire littéraire : comment comprendre le romantisme français sans passer par l'Angleterre et l'Allemagne ?*
Je préfère Henry James (ah ! Portrait de femme, Le tour d'écrou ; son portrait de George Sand est assez intéressant, aussi) à Hemingway, ceci dit.
J'ai préféré privilégier dans ma liste les classiques de la littérature française, mais je peux en faire une pour les classiques étrangers, si vous voulez...? Elle sera sans doute plus limitée vu que je connais surtout la littérature allemande, anglaise et américaine. Et antique, évidemment
Je n'ai fait que quelques incursions dans les domaines italien, espagnol, russe (les grands noms, quoi), japonais et autres... je m'y plongerai plus quand j'aurai fini mes études... ça me fait saliver rien que d'y penser ;p
pourquoi fais-tu une différence ? Une préférence particulière pour les tragédies ?
Les pieces de theatre bien qu'ecrites par des auteurs differents ont cette tendence je trouve à en faire trop, qui les rend à mes yeux ininterressantes ( j'exagere un peu), je me suis beaucoup ennuyée en lisant ce type de littérature plus jeune, ce qui n'est pas le cas des tragedies. Bien sur qu'elles en font trop aussi mais leur nom parle de lui même "tragedie" n'est ce pas un drame catastrophique ? Quand on lit une tragedie on s'attend à voir des personages s'entredechirer, souffrir atrocement et mourir pour des broutilles comme un quiproquo ou autre. Je trouve aussi les personnages plus travaillés (apres ça depend surement des auteurs). Cela dit jamais une piece de theatre ne m'a marquée comme m'ont marqué les differentes tragedies que j'ai lu.
Oui, même si, comme Le dernier jour d’un condamné , je le verrais volontiers adapté sur scène à cause de sa forme de monologue ou plutôt de pseudo-dialogue avec un interlocuteur muet. D’un point de vue strictement formel, malgré son côté théâtral (après tout, il fait la part belle au pouvoir du langage), je le mettrais dans les romans
J'ai vu "la chute" deux fois au theatre jouée par Pierre tabard. C'etait magnifique!!!!!!!!! ah !!!! faudra que je te raconte !!!!!
Moi je le mettrai dans "prise de conscience de la condition humaine" ou quelquechose d'evocateur dans le même ton. La chute bien que narrant des faits n'est pas un roman : je ne me souviens plus des mots exacts mais quand il sous entend à la fin que ce qu'il a raconté ne s'est peut être jamais produit. Je trouve que les bouquins de freud se prettent mieux à la catégorie roman (dans le sens propre du terme ) que ce merveilleux et sombre livre.
Pour le dernier jour d'un condamné, je ne le met pas non plus dans la catégorie roman, surement dans la même catégorie que la chute.
EDIT: je viens de voir sur internet que pierre tabard est mort en 2003. Je suis ... ... C'est bizarre. J'ai toujours pensé qu'il reviendrait jouer "La chute" à paris. Il etait venu dans ma classe au lycée... je suis un peu triste et extremement déçue.
Je suis d'accord avec toi Arwen, je n'aprécie pas beaucoup le théatre, enfin, je n'ai jamais retrouvé le plaisir de lire que j'ai en lisant des romans. Je ne suis d'ailleurs allée qu'une seule fois au théatre, c'était pour voir le Bourgeois Gentilhomme, de Molière. J'avais adoré, bon, surtout la musique (De Lully). A la réfléxion, Molère est un des rares que j'apprécie.
En ce qui concerne les classiques étrangers, je ne crois pas en avoir lu beaucoup. Malgré mon amour pour la langue et la culture allemande, je n'ai jamais lu Goethe, ni Schiller...mais c'est une exellente idée, je vais m'y mettre. Ah, si, j'ai lu "Lolita", et je l'ai d'ailleurs recommandé à Isaeda. C'est vraiment un petit bijoux, tant au niveau du récit, qui est tres bien construit, qu'au niveau de la langue, d'un raffinement sans égale...