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(Sujet créé par Kellen l 15/09/07 à 16:49)
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Kellen
14/09/2007 22:50
Ferme les paupières, rejoins la nuit.

De temps en temps, j'écris quelques histoires. C'est la première fois que je post sur un forum un début d'inspiration. Je voudrai juste que vous me donniez vos impressions si vous avez le courage et l'envie de le lire.

Je vous remercie d'avance.



Elle se réveilla le dos endolori, presque brisé par cette sourde sensation qu’est la souffrance. Elle essaya de se relever, gauchement. Un rictus de douleur entrouvrit ses lèvres rosées.
Avec malaise, elle s’assit, lentement.
Mesurant ces gestes et comptant le temps qui s’écoule jusqu’à la délivrance.

Une main maladroite chercha le contact de ce dos qui semblait ne plus lui appartenir. Elle tâtonna, fébrile. Ses doigts effleurèrent ce qu’elle redoutait mais aussi et surtout ce qu’elle attendait. Un désir lointain, un plaisir certain. Un soupir d’aise mêlé à un souffle de douleur s’envola dans l’air, effaçant quelque peu les mystérieux maux qui grandissaient en elle.

Elle réalisait, découvrait, alors que sa main, douce presque caressante parcourait le bas de son dos, que ses rêves étaient plus qu’ombres veloutées d’intemporalité. C’était réel, c’était la vérité. Elle n’avait rien imaginé.

Ainsi, j’ai été accepté. Je suis des leurs, je peux... je vais devenir…


Ses murmures moururent sur ses lèvres, un silence pesant naquit en cet instant, la laissant incrédule.

Elle retraça en l’effleurant avec appréhension le tracé qui maintenant dansait selon ses mouvements.
Une courbe dessinée simplement, une ligne délicate, un vide d’une blancheur lactescente. Doucement, elle se mit à rire, lentement, elle se laissa aller au sourire.

Ainsi, le froid, l’hiver, le gel seront miens…

Ses paroles pétillaient d’insolence.

Elle sourit à hier, elle sourit à ce qu’elle avait fait, fière.
Elle se rappela ce qui s’était passé la nuit dernière.
Elle, allongée sur le ventre, légèrement tremblante, alors qu’une main caressante la soutenait, retenant son souffle, fermant les yeux par a coups.
L’aiguille, fine, brillante. Celle qui l’avait mordu, glacé, brûlé, pincé.
Une sensation que nul ne pouvait décrire, tant elle était complexe et pénétrante. Une brûlure mêlée d’une coupure profonde, une entaille cuisante.
Un mélange de sensations imparfaites s’était accumulé en elle comme un orage. Elle avait tout renfloué en elle malgré tout, acceptant cette douleur comme un présent. C’était le prix à payer pour ce qu’elle voulait, pour ce qu’elle attendait.

Apprécierai je autant ce qui vient de m’être offert si je n’avais pas souffert ?

Elle demeura un instant songeuse, repensant à hier, pensive et rêveuse.

La cérémonie s’était tenue simplement, quelques paroles sacrées avaient été prononcées par la Haute et Sage. Paroles qui ne lui étaient parvenues qu’au travers d’une brume ouateuse. Elle avait entendu, mais tout était décousu. Un phrasé entonné lentement, comme une berceuse enfantine, quelques perles de sévérité entachées de cruel vanité venaient simplement tisser ça et là les fils de la réalité qui n’était plus enfantine.

Cependant, cette souffrance sacrée l’avait laissé quelque peu groguie. Alors qu’aujourd’hui, son dos semblait ne plus être qu’un souvenir, elle se rappela qu’hier, elle ne pensait qu’à lui avec déplaisir. Toute autre sensation, tout autre émotion n’était plus : enfouie sous la pluie qui déferlait en elle comme un torrent de larmes qui foudroie et broie, sans appel. Elle était restée apathique, mélancolique. Néanmoins aujourd’hui était autre : elle revêtait un masque d’une placidité certes fébrile mais transfiguré par la satisfaction d'être éveillé et tranquille.

Se relever occulta cependant ce nuage de félicité dans lequel elle se laissait bercer. Le simple mouvement de se relever pour extirper sa jambe de ce qui la couvait lui fut douleur lancinante, presque piquante comme le gel du mois de février. Vif, mordant, sauvage, captif.
Elle continua quand même, le mouvement étant esquissé.

Une jambe, puis l’autre.
Un soupir étouffé puis un autre.
Un effort encore un.
Un simple élan et hop.

Elle fut debout, hésitante, ployant sous son poids, ne se relevant qu’à peine, frêle, frémissante.
Elle avisa le miroir de plein pied qui se trouvait en face, surface de glace, douceur fugace, reflet de sa trace. Elle lui tourna le dos, gracile petite silhouette fragile.

Un instant, elle resta là, laissant sourire le miroir et ses espoirs.
L’instant d’après, elle tournait la tête, tirant sur son dos mais ignorant cet effort qui la broyait.

Et elle le vit, et fut ravie.

Un dessin noir, un tracé tissé, ferme et sauvage, un fil de nuit courant sur sa peau de lait dans le creux de ses reins.
Un flocon de neige sombre, un cristal de givre d’ombres, éternel sur elle.

Une marque indélébile, une distinction source de promesse.

J’ai accepté et été acceptée. Il va me falloir confirmer et rejouer ce qui a été joué.


Elle sourit, le pli de sa bouche proposant malice, son regard affichant une détermination farouche, imprévisible.

Azeleen caressa de nouveau son tatouage, encore en relief pour les quelques jours à venir. Simples petits monts de souffrance sur une fine couche de peau maintenant marquée à vie. Elle reporta son regard sur le pot de crème qui se trouvait sur la table de bois usée par le temps et le labeur. Un soin hydratant qui saurait apaiser les moindres douleurs…

Plongée dans ses pensées, elle ne vit pas l’heure tourner.
Une clochette au son discordant vint la rappeler à l’ordre, il était l’heure d’obéir et d’apprendre et déjà, elle trainait et s’oubliait.

Aussi rapidement qu’elle le pu, du moins aussi rapidement que son dos le permit, elle s’habilla de sa robe noire de laine brut. Un vêtement commun, si ce n’est qu’en lieu et place de son tatouage ne demeurait qu’un trou pour laisser à ceux de la communauté le loisir de voir ce qu’elle pouvait maîtriser.

Mais, comment et pourquoi, de ce tatouage, naissaient tant de secrets ? ....
Aelghir
15/09/2007 16:49
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !

Texte intéressant, bien construit.
J'ai relevé des fautes d'orthographe, des mots mal employés, à mon sens, des phrases bancales.
Un rictus de douleur s’entrouvrit sur (entrouvrit)ses lèvres rosées.

ce qu’elle redoutait, oui ce qu’elle redoutait(redondance inutile)mais qu’elle attendait.

le mal qui grandissait en elle.(la douleur ou la malfaisance?)

Ses murmures moururent sur ses lèvres, incrédule. (incrédules)

Bon, là, je dois partir... si tu désires la suite des corrections, tu me le dis.


Kellen
15/09/2007 17:40
Ferme les paupières, rejoins la nuit.

Merci Aelghir d'avoir eu la gentillesse de lire mon texte et d'avoir souligner les erreurs qui sont maintenant corrigées.

Je suis prête à lire tout avis venant de toi ainsi que la suite de ta correction, si tu en as le temps évidement. ^^
Ellidan
15/09/2007 17:59
There's no escape in pain, you belong to me !

Oui, en effet, c'est assez prometteur. Je n'ai pas fait très attention, mais j'ai aussi vu "l'heure tournée", à mon avis, c'est plutôt tourner. Mais bon, je n'ai que quinze malheureuses années, peut-être est-ce une expression que je ne connais pas. Je ne suis qu'un puit d'ignorance. (Où ai-je donc bien pu lire ça?)
Kellen
15/09/2007 18:08
Ferme les paupières, rejoins la nuit.

Après parfois je ne sais combien de relectures, on ne voit plus ce qui saute aux yeux des autres. Merci Belgarion21, je viens de corriger. ^^

A 22 ans, je commence à yoyoter, ça promet.
Ellidan
15/09/2007 19:04
There's no escape in pain, you belong to me !

^^ de rien. Tu sais je n'aime pas trop signaler les fautes des autres personnes, parceque j'en fais moi-même beaucoup, souvent de frappe (aps,ce genre de choses...) ou d'innadvertance (C'est à la place de cet, par exemple), et desfois sur la conjugaison (à peu près tout ce qui touche au subjonctif).
Kellen
16/09/2007 12:31
Ferme les paupières, rejoins la nuit.

J'ai commencé une autre histoire il y a quelques temps mais avec mes Concours, je l'ai mis en pause :s. Malheureusement, ayant arrêté près de 3 mois, je n'arrivais plus à trouver l'inspiration mais en relisant cette introduction que je viens de poster et en imaginant la suite, je crois que je viens de la retrouver et que je pourrai même fusioner les deux histoires pour n'en former plus qu'une seule.

Si cela vous dit, je posterai l'autre histoire dans le Grimoire.
Ellidan
16/09/2007 14:08
There's no escape in pain, you belong to me !

Oui, ca nous (enfin moi en tout cas) dit^^
Aelghir
16/09/2007 14:15
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !

Oui, en effet, c'est assez prometteur. Je n'ai pas fait très attention, mais j'ai aussi vu "l'heure tournée", à mon avis, c'est plutôt tourner. Mais bon, je n'ai que quinze malheureuses années, peut-être est-ce une expression que je ne connais pas. Je ne suis qu'un puit d'ignorance. (Où ai-je donc bien pu lire ça?)


A propos de "l'heure tourner", il me semble que ton monde, bien qu'on en sche pas grand chose encore à son sujet, ne dispose pas de montre. Tourner fait référence au cadran de la montre. Il vaut mieux mettre "avancer".

Bon je t'écris entre parenthèses ce qui me semble mieux, mais attention, ma parole n'est pas d'évangile, hein !

Une main maladroite chercha (D'une main maladroite, elle chercha)le contact de ce dos qui semblait ne plus lui appartenir. Elle tâtonna, fébrile. Ses doigts effleurèrent ce qu’elle redoutait mais aussi et surtout ce qu’elle attendait. Un désir lointain, un plaisir certain. Un soupir d’aise mêlé à un souffle de douleur s’envola dans l’air, effaçant quelque peu les mystérieux maux qui grandissaient en elle.

Elle réalisait, découvrait, alors que sa main, douce presque caressante parcourait le bas de son dos, que ses rêves étaient plus qu’(bien plus que des)ombres veloutées d’intemporalité. C’était réel, c’était la vérité. Elle n’avait rien imaginé.

Ainsi, j’ai été accepté. Je suis des leurs, je peux... je vais devenir…

Ses murmures moururent sur ses lèvres, un silence pesant naquit en cet instant, la laissant incrédule.

Elle retraça en l’effleurant avec appréhension le tracé qui maintenant dansait selon ses mouvements.
Une courbe dessinée simplement, une ligne délicate, un vide d’une blancheur lactescente. Doucement, elle se mit à rire, lentement, elle se laissa aller au sourire.(je pense que le sourire doit venir avant le rire)

Ainsi, le froid, l’hiver, le gel seront miens…

Ses paroles pétillaient d’insolence.

Elle sourit à hier, elle sourit à ce qu’elle avait fait, fière.(fait fière, ça sonne mal)
Elle se rappela ce qui s’était passé la nuit dernière.
Elle, allongée sur le ventre, légèrement tremblante, alors qu’une main caressante la soutenait, retenant son souffle, fermant les yeux par a(à) coups.
L’aiguille, fine, brillante. Celle qui l’avait mordu(e), glacé(e), brûlé(e), pincé(e).
Une sensation que nul ne pouvait décrire, tant elle était complexe et pénétrante. Une brûlure mêlée d’une coupure profonde, une entaille cuisante.
Un mélange de sensations imparfaites s’était accumulé en elle comme un orage. Elle avait tout renfloué (?) en elle malgré tout, acceptant cette douleur comme un présent. C’était le prix à payer pour ce qu’elle voulait, pour ce qu’elle attendait.

Apprécierai(s)(-) je autant ce qui vient de m’être offert si je n’avais pas souffert ?

Elle demeura un instant songeuse, repensant à hier, pensive (répétition) et rêveuse.

La cérémonie s’était tenue simplement, quelques paroles sacrées avaient été prononcées par la Haute et Sage. Paroles qui ne lui étaient parvenues qu’au travers d’une brume ouateuse(ouatée). Elle (les)avait entendu(es), mais tout était décousu. Un phrasé entonné lentement, comme une berceuse enfantine, quelques perles de sévérité entachées de cruel (cruelle) vanité venaient simplement tisser ça et là les fils de la réalité qui n’était plus enfantine.(cette phrase est assez difficile à lire et à comprendre)

Cependant, cette souffrance sacrée l’avait laissé quelque peu groguie(groggy, et ce terme anglais n'a pas grand chose à faire dans ce texte). Alors qu’aujourd’hui, son dos semblait ne plus être qu’un souvenir, elle se rappela qu’hier, elle ne pensait qu’à lui avec déplaisir (beaucoup trop de "que" : 4). Toute (tout) autre sensation, tout autre émotion n’était plus : enfouie sous la pluie qui déferlait en elle comme un torrent de larmes qui foudroie et broie, sans appel. Elle était restée apathique, mélancolique. Néanmoins aujourd’hui était autre (différent) : elle revêtait un masque d’une placidité certes fébrile (placidité et fébrile sont antynomiques) mais transfiguré par la satisfaction d'être éveillé(e) et tranquille. (qu'est-ce qui est transfiguré ? Si c'est le masque ça fait étrange, puisque un masque n'a qu'une expression)

Se relever
occulta cependant ce nuage de félicité dans lequel elle se laissait bercer. Le simple mouvement de se relever (répétition) pour extirper sa jambe de ce qui la couvait (couvrait?) lui fut douleur lancinante, presque piquante comme le gel du mois de février. Vif, mordant, sauvage, captif.
Elle continua quand même, le mouvement étant esquissé.

Une jambe, puis l’autre.
Un soupir étouffé puis un autre.
Un effort encore un.
Un simple élan et hop.

Elle fut debout, hésitante, ployant sous son poids (on l'imagine obèse), ne se relevant qu’à peine, frêle, frémissante.
Elle avisa le miroir de plein pied qui se trouvait en face, surface de glace, douceur fugace, reflet de sa trace. Elle lui tourna le dos, gracile petite silhouette fragile.(ça fait beaucoup d'adjectifs)

Un instant, elle resta là, laissant sourire le miroir et ses espoirs.
L’instant d’après, elle tournait la tête, tirant sur son dos mais ignorant cet effort qui la broyait.

Et elle le vit, et fut ravie.

Un dessin noir, un tracé tissé, ferme et sauvage, un fil de nuit courant sur sa peau de lait dans le creux de ses reins.
Un flocon de neige sombre, un cristal de givre d’ombres, éternel sur elle(inutile).

Une marque indélébile, une distinction source de promesse.

J’ai accepté et été acceptée. Il va me falloir confirmer et rejouer ce qui a été joué.

Elle sourit, le pli de sa bouche proposant malice, son regard affichant une détermination farouche, imprévisible.

Azeleen caressa de nouveau son tatouage, encore en relief pour les quelques jours à venir. Simples petits monts de souffrance sur une fine couche de peau maintenant marquée à vie. Elle reporta son regard sur le pot de crème qui se trouvait sur la table de bois usée par le temps et le labeur. Un soin hydratant qui saurait apaiser les moindres douleurs…

Plongée dans ses pensées, elle ne vit pas l’heure tourner.
Une clochette au son discordant vint la rappeler à l’ordre, il était l’heure (temps) d’obéir et d’apprendre et déjà, elle trainait et s’oubliait.

Aussi rapidement qu’elle le pu(t), du moins aussi rapidement que son dos le permit, elle s’habilla de sa robe noire de laine brut(e). Un vêtement commun, si ce n’est qu’en lieu et place de son tatouage ne demeurait qu’un trou (expression peu heureuse) pour laisser à ceux de la communauté le loisir de voir ce qu’elle pouvait maîtriser.

Mais, comment et pourquoi, de ce tatouage, naissaient tant de secrets ? ....

Pin'shae
16/09/2007 14:25

Aielle ayant soumis un Champion.

Pour moi au contraire "Eternel sur elle", ca fait une jolie assonance (ou est-ce une allitération?) Enfin, je n'y connais pas grand chose, c'est juste mon avis.

Je développerai plus tard mais j'ai beaucoup aimé ta plume Kellen
Kellen
16/09/2007 16:03
Ferme les paupières, rejoins la nuit.

La remarque concernant l'heure qui tourne est très pertinente en effet. ^^
J'ai corrigé les fautes d'orthographe en priorité (merci pour le coup d'oeil expert, à force je ne vois plus rien :s), et je me suis attachée ensuite à corriger les fautes de syntaxe ainsi que les tournures de phrases trop alambiquées.

Une correction m'a fait rire ^^

Elle fut debout, hésitante, ployant sous son poids (on l'imagine obèse)

Je peux assurer que même très fine et mince, quand on vient de se faire charcuter le dos, on a l'impression de vivre un cauchemar, d'être incapable de se relever les premiers jours car on croit peser 10 fois son poids. ^^ Ca tire, ça brule, ça lance et on ne peut pas se mettre debout et se tenir bien droite. (le surnom de marie thérèse pour ceux qui se rappellent des inconnus et de leurs sketches est parfaitement approprié lol)

Après, il est certain que je peux changer la tournure de phrase pour ne pas prêter à confusion. et c'est ce que j'ai fait.

Ensuite, il y a certaines petites choses que je n'ai pas modifié : 3 fois rien mais pour moi c'est important (bon, juste 2 pitites choses en fait : les que que se répètent et le éternelle sur elle).
J'attache de l'importance au rythme des phrases et à leur sonorité. Les rimes viennent parfois toutes seules, sans que j'ai besoin de réflechir et les allitérations apparaissent d'elles même. J'aime quand un même son revient de temps à autre, quand il se répète et forme la lecture selon un rythme inattendu.
J'essaye de ne pas en abuser, car à force, cela doit ennuyer et fatiguer, mais de temps à autre, cela me plait.
C'est peut être une erreur de ma part, mais j'assume ce côté répétition de ma plume. Quand je lis mes quelques textes, ça chante et je trouve cela agréable.(Non, je ne suis pas sous l'emprise de substances hallucinogènes lol)

Enfin et surtout, un énorme et gigantesque merci à toi Aelghir pour avoir pris la peine de corriger et de réflechir à la façon de rendre ce texte agréable et plaisant à lire. Tes corrections semblent tout à fait naturelles, tombant sous le sens et donnant au texte de la légèreté.
Une fois introduites dans le texte, on se demande pourquoi on n'y avait pas pensé plus tôt ^^

Cela me permet de savoir quoi précisément travailler dans ma façon d'écrire. Merci à toi.

Un gros merci aussi à Belgarion21 et à Pin'shae pour vos encouragements et votre gentillesse
Je tacherai, bientôt, de poster mon autre histoire.

Voici donc le texte, corrigé, peaufiné, travaillé :

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Elle se réveilla le dos endolori, presque brisé par cette sourde sensation qu’est la souffrance. Elle essaya de se relever, gauchement. Un rictus de douleur entrouvrit ses lèvres rosées.
Avec malaise, elle s’assit, lentement.
Mesurant ces gestes et comptant le temps qui s’écoule jusqu’à la délivrance.

D'une main maladroite, elle chercha le contact de ce dos qui semblait ne plus lui appartenir. Elle tâtonna, fébrile. Ses doigts effleurèrent ce qu’elle redoutait mais aussi et surtout ce qu’elle attendait. Un désir lointain, un plaisir certain. Un soupir d’aise mêlé à un souffle de douleur s’envola dans l’air, effaçant quelque peu les mystérieux maux qui grandissaient en elle.

Elle réalisait, découvrait, alors que sa main, douce presque caressante parcourait le bas de son dos, que ses rêves étaient bien plus que des ombres veloutées d’intemporalité. C’était réel, c’était la vérité. Elle n’avait rien imaginé.

Ainsi, j’ai été accepté. Je suis des leurs, je peux... je vais devenir…

Ses murmures moururent sur ses lèvres, un silence pesant naquit en cet instant, la laissant incrédule.

Elle retraça en l’effleurant avec appréhension le tracé qui maintenant dansait selon ses mouvements.
Une courbe dessinée simplement, une ligne délicate, un vide d’une blancheur lactescente. Lentement, elle se laissa aller au sourire, doucement, elle se mit à rire.

Ainsi, le froid, l’hiver, le gel seront miens…


Ses paroles pétillaient d’insolence.

Elle sourit à hier, elle sourit à ce qu’elle avait affronter, fière.
Elle se rappela ce qui s’était passé la nuit dernière.
Elle, allongée sur le ventre, légèrement tremblante, alors qu’une main caressante la soutenait, retenant son souffle, fermant les yeux par à coups.
L’aiguille, fine, brillante. Celle qui l’avait mordue, glacée, brûlée, pincée.
Une sensation que nul ne pouvait décrire, tant elle était complexe et pénétrante. Une brûlure mêlée d’une coupure profonde, une entaille cuisante.
Un mélange de sensations imparfaites s’était accumulé en elle comme un orage. Elle n'avait rien laissé paraitre de cette souffrance, acceptant cette douleur comme un présent. C’était le prix à payer pour ce qu’elle voulait, pour ce qu’elle attendait.

Apprécierais-je autant ce qui vient de m’être offert si je n’avais pas souffert ?

Elle demeura un instant songeuse, repensant à la nuit dernière, rêveuse.

La cérémonie s’était tenue simplement, quelques paroles sacrées avaient été prononcées par la Haute et Sage. Paroles qui ne lui étaient parvenues qu’au travers d’une brume ouatée. Elle les avait entendues, mais tout semblait décousu. Un phrasé entonné lentement, comme une berceuse enfantine. Mais loin de la douceur naïve, la voix prenait le gout amère de la cruelle sévérité, de la dure réalité.

Cependant, cette souffrance sacrée l’avait laissé quelque peu sonnée, jusqu'à l'assommer. Alors qu’aujourd’hui, son dos semblait ne plus être qu’un souvenir, elle se rappela qu’hier, elle ne pensait qu’à lui avec déplaisir. Tout autre sensation, tout autre émotion n’était plus : enfouie sous la pluie qui déferlait en elle comme un torrent de larmes qui foudroie et broie, sans appel. Elle était restée apathique, mélancolique. Néanmoins aujourd’hui était différent : elle paraissait calme et apaisée quoique fébrile et fatiguée.

Se relever occulta cependant ce nuage de félicité dans lequel elle se laissait bercer. Le simple mouvement de se mettre debout pour extirper sa jambe de ce qui la couvrait lui fut douleur lancinante, presque piquante comme le gel du mois de février. Vif, mordant, sauvage, captif.
Elle continua quand même, le mouvement étant esquissé.

Une jambe, puis l’autre.
Un soupir étouffé puis un autre.
Un effort encore un.
Un simple élan et hop.

Elle fut debout, hésitante, ne se tenant bien droite qu’avec peine, frémissante, tant la douleur l'assommait. Elle avisa le miroir de plein pied qui lui faisait face, surface de glace, reflet fugace. Elle lui tourna le dos, mince silhouette fragile.

Un instant, elle resta là, laissant sourire le miroir et ses espoirs.
L’instant d’après, elle tournait la tête, tirant sur son dos mais ignorant cet effort qui la broyait.

Et elle le vit, et fut ravie.

Un dessin noir, un tracé tissé, ferme et sauvage, un fil de nuit courant sur sa peau de lait dans le creux de ses reins.
Un flocon de neige sombre, un cristal de givre d’ombres, éternel sur elle.

Une marque indélébile, une distinction source de promesses.

J’ai accepté et été acceptée. Il va me falloir confirmer et rejouer ce qui a été joué.


Elle sourit, le pli de sa bouche proposant malice, son regard affichant une détermination farouche, imprévisible.

Azeleen caressa de nouveau son tatouage, encore en relief pour les quelques jours à venir. Simples petits monts de souffrance sur une fine couche de peau maintenant marquée à vie. Elle reporta son regard sur le pot de crème qui se trouvait sur la table de bois usée par le temps et le labeur. Un soin hydratant qui saurait apaiser les moindres douleurs…

Plongée dans ses pensées, elle ne se rendit pas compte que l'heure avançait.
Une clochette au son discordant vint la rappeler à l’ordre, il était temps d’obéir et d’apprendre et déjà, elle trainait et s’oubliait.

Aussi rapidement qu’elle le put, du moins aussi rapidement que son dos le permit, elle s’habilla de sa robe noire de laine brute. Un vêtement commun, si ce n’est qu’en lieu et place de son tatouage ne demeurait qu’un léger voile transparent pour laisser à ceux de la communauté le loisir de voir ce qu’elle pouvait maîtriser.

Mais, comment et pourquoi, de ce tatouage, naissaient tant de secrets ? ....
Aelghir
17/09/2007 11:08
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !

De rien. J'ai beaucoup apprécié la seconde lecture.
J'aime bien
qui se trouvait en face, surface de glace, reflet fugace.


Si j'osais... bon, je te propose Qui lui faisait face, pour entendre un f de plus.


Et j'attends la suite !
Kellen
17/09/2007 18:04
Ferme les paupières, rejoins la nuit.

Voici la suite :

En des temps lointains, le monde n’était qu’un.
Certains l’ont oublié, mais d’autres se souviennent de ce qui fut néanmoins.
Les légendes ont pris corps, les mémoires fredonnent.
Un seul pays, une seule contrée.
Autrefois, unie dans la prospérité.
Un seul cœur, une seule destinée.
Aujourd’hui, fané, désemparé, brisé.

Melaendrhia, l’enchantée, guérissait et tissait,
Tout ce qui se doit d’être tissé, tout ce qui se doit d’être dessiné.

Seleandréa, la bien nommée, créait et décidait,
Tout ce qui se doit d’être construit, tout ce qui se doit d’être écrit.

Gaendriela, la tendre aimée, chantait et dansait,
Tout ce qui se doit d’être énoncé, tout ce qui se doit d’être inventé.

Ainsi étaient les trois sœurs, ainsi étaient leurs cœurs.
Liées, ensorcelées, elles guidaient et soumettaient.

En des temps lointains, le monde n’était qu’un.
Certains l’ont oublié, mais d’autres se souviennent de ce qui fut néanmoins.
Les légendes ont pris corps, les mémoires fredonnent.
Un seul pays, une seule contrée.
Autrefois, unie dans la prospérité.
Un seul cœur, une seule destinée.
Aujourd’hui, fané, désemparé, brisé.

Melaendrhia, l’enchantée, envoûtait les dessins pour pouvoir régner.
Tout ce qui se doit d’être tissé, tout ce qui se doit d’être dessiné, elle l’ensorcelait d’un trait.

Seleandréa, la bien nommée, pensait et incantait pour pouvoir régner,
Tout ce qui se doit d’être construit, tout ce qui se doit d’être écrit, en silence, elle le murmurait.

Gaendriela, la tendre aimée, artiste chevronnée, utilisait sa voix et son charme pour régner.
Tout ce se doit d’être énoncé, tout ce qui se doit d’être inventé, en pas et vocalises, elle l’exprimait.

Ainsi étaient les trois sœurs, ainsi étaient leurs cœurs.
Charmées, passionnées, elles s’oubliaient et brisaient.

En des temps lointains, le monde n’était qu’un.
Certains l’ont oublié, mais d’autres se souviennent de ce qui fut néanmoins.
Les légendes ont pris corps, les mémoires fredonnent.
Un seul pays, une seule contrée.
Autrefois, unie dans la prospérité.
Un seul cœur, une seule destinée.
Aujourd’hui, fané, désemparé, brisé.

Mais le monde n’est plus,
Perdu, autrefois il fut.
Mais le monde sera,
Retrouvé, bientôt, il revivra.

Cependant le monde, un jour, découvrira,
La perte, la mémoire, la légende,
De ces trois sœurs parjures, qui, au-delà,
Ont défié et affronté, leur nature.

Les nuages s’estomperont, les pluies cesseront, les flammes s’étoufferont.
Le pays de naguère sera, le pays des trois sorcières renaitra.



Azeleen fredonnait cette ancienne comptine qu’un jour, elle avait entendu et retenu. Un ménestrel était venu dans son village et avait enchanté de sa voix les cœurs et les âmes des hommes et des femmes. Ce ménestrel avait entonné d’autres chansons encore, narrant combats et batailles, amours condamnés et passions enflammées, contant l’ancien temps, celui oublié, désavoué, renié. Elle s’était demandé alors où était la vérité dans ce qui était conté ? Mais sa mère, comme la plupart des gens de son temps, avait oublié ce qui se racontait. Elle ne reçut d’ailleurs de celle-ci, que coups d’œil désemparés et promesses désabusées.
« Plus tard, Azeleen, plus tard. »
Elle s’était alors adressé à l’homme qui savait manier les mots et les chants.
Le ménestrel avait alors sourit de sa naïveté, et lui avait donc chanté la farandole des frères Des’trialé. Une comptine moqueuse et pleine de moral sur la curiosité des enfants trop ignorants. Du haut de ses dix ans, d’un esprit vif et impulsif, elle avait pris la mouche, giflant l’homme assis devant elle, personnage auquel on devait respect et politesse.

"- Je ne serai plus ignorante... "

Elle frotta sa joue inconsciemment à ce souvenir, le regard sombre, étincelant, point de malice ne demeuraient dans ses yeux brulants. La gifle de sa mère en retour l’avait brisé, laissant une empreinte cramoisie qui avait brûlé sa peau et plus encore son cœur d’une marque indélébile. Dès ce jour là, elle s’était promis de savoir et de connaitre, de ne plus demeurer ignorante, de faire tout pour devenir "celle qui invente". Elle avait alors multiplié les sacrifices.

Alors qu’elle était lasse et épuisée d’aider sa mère dans la taverne que celle-ci possédait, chaque soir, après le labeur, elle se rendait dans la bibliothèque des Sages pour étudier et se préparer à devenir ce qu’elle désirait.
Tous les huit jours, à l’aube de Samnéa, jour de promesse, elle allait aider de sa bonne volonté, lors de la cérémonie de bienveillance, les femmes qui étaient devenues ce qu’elle désirait.
Tous les ans, au crépuscule de Dymphnéa, où le vent tisse les fils du destin, où la lumière embrase les fils de notre chemin, où l’eau ruisselle sur les fils de notre fin, elle allait prêter assistance aux femmes qui demeuraient ce qu’elle désirait devenir.

Une malien’drhéa.

C’est l’esprit remplit de ces souvenirs d’enfance, qu’Azeleen se rendait dans la salle des Offices, pour y suivre son premier cours d’artiste. Une malien’drhéa étant tout simplement une artiste, tissant et guérissant, par le dessin. Sa maîtrise du pouvoir passait par son habileté à tisser et dessiner.
Mais pas seulement.

Azeleen, habillée de sa robe de laine sombre, suivait les groupes de novices, garçons ou filles, qui se rendaient dans la salle des Offices. Plongée dans ses pensées, l’expression de son visage empreinte de rêverie, elle ne prêtait pas attention aux voiles transparents qui laissaient apparaître les tatouages des autres novices, aux regards espiègles et fuyants des étudiants qui s’apprêtaient à apprendre. Elle arriva enfin dans une salle immense, aux colonnades de pierres noires sur lesquelles glissaient des liserés de gemmes scintillantes. Le sol était de verre, d’un verre bleuté chamarré de nuances mordorées. Les murs étaient d’une blancheur délicate, nacrée, n’aveuglant pas sous le feu du soleil et du brasier.

En Malien, en effet, dans sa contrée, toujours le feu devait danser. Ainsi un brasier tissé des mains des Malien’drhéa était sans cesse incanté. Un feu aux flammes d’un rouge sang, aux nuances de violine et de vert poison qui toujours chantait, ne consumant rien si ce n’était l’esprit et le temps.
Une contrée de quasi désert, chaude, séduisante, envoûtante, bien que traître et infidèle.
Les saisons s’enchaînaient, toutes sous l’emprise de la chaleur suffocante, tour à tour, l’une après l’autre, elles s’estompaient. Et pourtant l’hiver existait, quand le jour mourrait, la nuit était son repère, sombre, sans lumière, glacé, il se déchaînait... Et quand revenait le jour, l’hiver décedait, sans une plainte, sans un appel, sachant qu’il reviendrait quand la lumière sombrerait. Etrange valse dans une contrée pas moins sauvage.

Le symbole de Malien se dessinait donc d’encre rouge mêlée de violet et d’émeraude, une flamme fine, dessinée simplement de quelques traits. Cet emblème nimbé de rayons tels des fils entremêlés trônait d’ailleurs dans la salle comme une couronne au dessus de l’arche, une porte sacrée que seuls quelques novices seraient destinés à traverser.

Aussi, les yeux d’Azeleen s’agrandirent d’étonnement, ébahie. Elle avait étudié dans les livres et les ouvrages anciens, elle avait donc quelques connaissances sur la nature et l’essence même de ce qui l’entourait et pourtant, le voir et le lire était bien différent. Ne sachant trop où poser son regard tant il était attiré de toutes parts, elle avança, sans prêter attention où ses pieds se posaient. Des murmures, quelques rires étouffés l’entouraient, puis se fut le silence, un silence sacré.

Une femme approchait.


Aelghir
18/09/2007 10:49
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !

Bien. J'aime beaucoup la chanson.
Thismardoch
20/09/2007 00:19


En lisant le dernier commentaire d'Aelghir, je me suis dit que je n'allais lire que la chanson, mais en fait j'ai continué sans m'en rendre compte. Ton texte est complètement prenant . J'aime beaucoup la Fantasy, j'aime beaucoup les textes qui sonnent joliment, avec des rimes/assonnances/allitérations, et je retrouve les deux dans ton texte. Continue !

"Etrange valse dans une contrée pas moins sauvage."
-> "Sauve, achète, range" — pardon, "Sauvage, étrange" — sont des mots distincts. Donc cette phrase me parait assez illogique (même si belle)
Kellen
20/09/2007 17:16
Ferme les paupières, rejoins la nuit.

Merci beaucoup à vous deux.
Je suis ravie que cela vous plaise, cela fait chaud au coeur.

Pour la phrase : "Etrange valse dans une contrée pas moins sauvage", je suis assez d'accord avec toi Thismardoch. Il y a quelque chose qui ne va pas. Au départ, cela ne m'avait pas sauté aux yeux et quand je l'ai relut après l'avoir posté, ça m'a géné. Depuis, deux jours, cela me tourne dans la tête et je cherche le mot juste qui conviendrait.




Ellidan
20/09/2007 20:05
There's no escape in pain, you belong to me !

Wouhaou! Thismardoch t'as fait un compliment! J'suis jaloux!^^
Thismardoch
20/09/2007 23:28


Je t'ai pas faitlemoindre compliment??? :-/

Si c'est le cas ce n'est pas bien de ma part.
Parce que tes textes sont biens, j'aime bien le scenario, pour l'instant, Belgarion.

Mais bon, je trouve ceux de Kellen VRAIMENT beaux. (ensuite, il faut que le contenu suive... )

Aussi, une petite précision : je suis scientifique, donc bon, il ne faut pas t'en faire si je préfère un texte à un autre.
Kellen
20/09/2007 23:32
Ferme les paupières, rejoins la nuit.

Désolée, aujourd'hui, j'ai un peu (beaucoup) révisé, il a donc fallut que je m'évade un peu dans l'écriture.

J'espère que je ne décevrai pas par la suite en tout cas.

Vêtue de soie rouge sang, sa robe était simple, sans fioritures, presque grave. Seuls quelques liserés d’un vert poison tissés aux bords des manches venaient rompre la monotonie du sang qui semblait glisser sur son corps, suivant ses mouvements, anticipant même ces gestes esquissés avec une élégance envoûtante. L’étole qu’elle portait au dessus de sa robe ne laissait aucun doute sur son identité. Elle était la Gardienne, la plus vénérée Malien’drhéa, appelée Haute et Sage, respectée. Pourtant, pour le moment, nul ne pouvait retenir les traits de celle qui s’avançait, si fière. Une capuche large toujours couleur de flammes, telle une couronne de sacre, dissimulait une partie de son visage d’un quelconque regard.

Son pas était l’enfant du silence, tant sa marche était de celle qui glisse, gracile.
Son allure était de celle des reines, impérieuse, altière, hautaine. Elle était tout simplement souveraine. Son regard sombre, nimbé de nuit charbonneuse, sembla glisser furtivement sur chaque visage qui était tourné vers elle, non pas pour reconnaître ou retenir mais pour percer et transpercer. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres blêmes et fines. Un sourire appréciateur, qui mesure et pèse, qui jauge et examine. Celui, carnassier des gens qui savent. Un simple regard, un geste à peine esquissé était plus parlant qu’un discours, car d’elle émanait un sensation qui foudroie, une impression de puissance qui laisse la peau frissonnante et le souffle haletant.

Azeleen, comme n’importe quelle novice présente, retint son souffle et se laissa envouter, le regard capturé par cette aura sacrée. Lui aurait-on demandé de parler à l’instant même que seul le silence aurait trouvé aisance entre ses lèvres. Le temps semblait suspendu, l’instant était retenu, il demeurait présent, ne s’effaçant pas ni ne s’estompant.

Quand enfin, le temps reprit son cours, tranquille et languide, il s’enfuit, ne laissant que le souvenir de ce qui fut, un mince reliquat de ce qui était advenu. La Gardienne monta les marches de l’estrade toutes de roches sombres estampillées de quelques étoiles opales. Elle fit face à l’assemblée, demeurant silencieuse, recherchant une attention qu’elle ne pouvait recevoir plus fervente.

Puis, d’un geste souple, elle ôta sa capuche de soie, dévoilant ses bras d’albâtre sur lesquels couraient tatouages et dessins d’éternité. Des volutes sans fin, des arabesques de dentelle, des étoiles sans éclats, oeuvres sombres, couleur de charbon, saveur de nuit, senteur de folie, dans un ciel de lait sans nuage. La marque de son pouvoir, la distinction de son aura. Elle était celle qui pouvait maîtriser ce qui n’accepte pas d’être dompté, ce qui se refuse à être nommé et défié. La Gardienne gardait, tout ce qui se doit d’être conservé, tout ce qui se doit d’être en fin de compte oublié.

Chacun dans la pièce avait le regard posé sur ses bras d’éternité et ses dessins incantés. Pourtant, au bout d’un moment, les yeux remontèrent lentement le long de ces membres qui commandaient. Le regard passa de la danse des nuances à la couleur unie vermillon de la souveraine. L’épaule fut dépassée, fine et frêle, le cou se laissa observer, pour mieux remonter.

Il était une coutume en Malien. Bien que la Gardienne ne soit pas souveraine d’état, elle n’en demeurait pas moins reine de grâce et de pouvoir. Aussi jamais son visage ne se déparait de cette couronne de flammes qui encadrait ses traits de leur sombre cachette. Ainsi, personne en dehors des murs de l’assemblée des Malien’drhéa, n’avait jamais aperçut ce que dissimulait cette capuche de soie.

Ainsi, quand le regard de chacun découvrit la nature même de cette femme respectée et désirée, un étonnement perlé d’incrédulité parcourut l’assemblée. Certains s’étaient imaginés la Gardienne vieille et sans beauté, d’autres l’aurait pensé sans âge, le teint hâve et pâle. D’aucuns encore, se la seraient représentés sans expression, froide et glaciale.

La vérité était toute autre, ou peut être était-elle ce qu’ils espéraient en fin de compte. La Gardienne était de ces femmes qui n’ont pas d’âge, mais qui ne sont pas dénuées de beauté, une beauté brute, sauvage. Les yeux sombres et perçants, soulignés par une brume de poussières sombres, le front haut et droit, encadré par de longs cheveux noirs, d’un noir d’encre. Ses lèvres formant un pli sévère, mince et fin.
Mais plus que tout, ce qui attirait l’attention était ces tatouages qui s’entremêlaient sur sa peau tels des fils de soie dansant au vent. Sur chaque joue, une arabesque légère venait s’enrouler, fine et avec souplesse dessinée. Le long de son front, venait se caresser deux fils de suie l’un contre l’autre, l’un dans l’autre, comme pour symboliser un diadème d’ombres.
Couronnée, certainement elle l’était, tant son charisme et sa prestance impressionnaient. Certes le statut de Gardienne imposait respect mais plus encore, la personne, la femme derrière le masque de la Haute et Sage était de celle qui ne se sous estime pas, qui attire et inspire.
Elle le savait, elle ne l’ignorait pas et ce faisant en jouait.

Elle soupira doucement, puis inspira silencieusement. Prenant la mesure de l’impatience de l’assemblée, elle plissa quelque peu les yeux. Sa voix s’éleva alors, métallique, cinglante, presque envoûtante.


- Que le feu danse en vous. Maliené siat Malien’drhéa.

*Malien ne vivra que par les malien’drhéa *, une phrase consacrée qui annonçait solennité et heures sombres.

Les respirations s’unirent en un même chant de silence, presque retenues, elles n’osaient pas chanter. La Gardienne continua, de la même voix de celle qui sait être reine :

- Vous vous êtes présentés, tous autant que vous êtes, et vous avez été choisis parmi tant d’autres. Désormais novices, vous aurez à apprendre et comprendre ce qu’est de maîtriser le dessin et le tissage. L’Art des Malien’drhéa vous sera enseigné… si vous vous en montrez dignes.

Azeleen se rappela la cérémonie de la distinction.
Tous les deux ans, une grande assemblée se réunissait dans l’amphithéâtre de pierre lune, au pied de la forteresse des Malien’drhéa. Le souvenir de sa construction était perdu dans la mémoire collective, nul ne se rappelait plus quand et pourquoi cet édifice avait été bâti. Désormais, les malienii considéraient que l’amphithéatre du choix avait toujours été là. Rares étaient les occasions où les malienii remettaient en question ce qui les entouraient. Ils vivaient le moment présent, se souvenant parfois du passé comme d’une époque révolue et idéalisée mais rien de plus profond en eux n’éveillait la curiosité. Ils acceptaient, tout simplement. Pourtant, parfois, chez certains, la flamme d’un éveil s’embrasait, le plus souvent dans la jeunesse et les enfants. Alors, poussés par un sentiment inextinguible de soif, improbable pour la plupart des habitants, ceux là se mettaient à s’entêter de savoir et de comprendre. Ils posaient questions sur questions, dérangeaient et mettaient mal à l’aise.
Quand, alors, la cérémonie se préparait, il arrivait que les plus curieux et assoiffés s’installent dans l’amphithéâtre avant même que ne se lève le soleil qui annonçait le début des festivités. Puis, les heures s’écoulant, lentement, les distingués venaient remplir les bancs.
A la fin de la journée, quand le crépuscule s’embrasait, tous les décidés se trouvaient assis, déterminés. En général, une trentaine attendaient. Commençait alors la cérémonie, la consécration.

Toutes les Malien’drhéa, en procession, défilaient sur la scène. L’une après l’autre, elles montaient ensuite les marches de pierre lune bleutées et sur la dernière arcade, venaient se disposer pour encadrer les distingués. La Gardienne ainsi que ses filles liées, trois prêtresses en tout, demeuraient seules sur la scène.

Trois prêtresses guidées par les paroles de la Haute et Sage se préparaient. L’une préparait l’encre sacrée, l’envoûtant par des moulinets complexes de son poignet, dessinant tout simplement. Une autre incantait l’aiguille qui tisserait le tatouage sur la peau des désignés, l’ensorcelant par des gravures fines d’une main experte et précise. La dernière enfin, guérisseuse de son état, se préparait à offrir ses soins et son aide à ceux qui souffriraient. Elle n'effacerait pas leur souffrance, c'était le prix à payer pour devenir ce qu'il désirait, mais elle la rendrait supportable, elle ferait en sorte que les blessures s'estompent en quelques jours, ne laissant pour cicatrice que le souvenir...
Une chaîne où chaque maillon comptait, indispensable.

La Gardienne, ce travail esquissé, appelait alors à elle chaque distingué. A l’écoute de leur nom, chaque futur novice se levait et se dirigeait vers la scène. Entourées de flammes la Gardienne et les Trois filles liées attendaient. Elles prenaient en charge le distingué de mains expertes, fermes. La Gardienne savait, elle reconnaissait la fibre Malien’drhéa au cœur même de ces êtres innocents et devinait, lisait en eux comme dans un livre ouvert. Elle sentait ce que chacun développerait comme don de prédilection, et ce faisant dessinait en un endroit précis du corps le symbole de ce talent en attente. Comment, nul ne le savait. C’est un secret conservé par les Malien’drhéa consacrées.

Ainsi, la nuit s’écoulait, l’encre elle aussi coulait, marquant à vie ces êtres qui avaient été choisis.

Azeleen se remémora cet instant où elle s’était levée, grelottante de froid sous l’hiver Malieni. Le baiser de l’hiver est mordant, il pince et étreint d’une caresse sans fin. Qui a vécu dehors en pleine nuit garde à jamais le souvenir des d’aiguilles de givre qui ronge le sang et s’infiltre au cœur même de la vie. Elle s’était retrouvée face à la Gardienne, silhouette sombre encapuchonnée de nuit et pourtant, elle n’avait pas eu peur, elle n'avait pas douté. La Haute et Sage n’eut pas à effleurer de sa main le front d’Azeleen, elle avait ressentit son don, puissant et impatient. Un sourire s’esquissa sur son visage, invisible pour la jeune fille. Elle s’était en effet demandée toute la soirée de qui pouvait provenir ce souffle vibrant aussi terrifiant d’hiver. Il avait d’ailleurs faillit à plusieurs reprises la déstabiliser lors de la détermination des autres dons précédents. Mais, cette enfant était là. Cette enfant si puissante.

Elle avait alors désigné la table entourée de flammes et avait allongé Azeleen sur le ventre. Découpant doucement le dos de sa robe, dans le creux de ses reins, la Gardienne avait commencé son travail de dessin. La fille liée guérisseuse avait tenue la main de la jeune fille, rassurante et réconfortante. Les deux autres filles liées encadraient la Gardienne, dessinant dans leurs esprit lié le tatouage dédié au don du temps.
Quand ce fut terminé, Azeleen avait reçut l'aide de la guérisseuse, et deux Malien’drhéa étaient venues la raccompagner ainsi que la soutenir à regagner sa nouvelle demeure : la forteresse des flammes, demeure des Malien’drhéa.

- Rares seront ceux qui réussiront à atteindre l’inatteignable.

Cette voix métallique la ramena à la réalité. De nouveau, elle reporta son attention sur la Gardienne.

- Rares seront ceux qui deviendront Malien’drhéa.

D’un geste de la main, elle esquissa un mouvement souple et rapide, d’une complexité non dissimulée. La salle se mit alors à vibrer, la lumière se mit à danser. Sur les roches, les opales étoiles se mirent à pulser. En y prêtant attention, ces gemmes scintillantes n’étaient rien d’autres que des pierres lune, pour la plupart bleutées. Certaines cependant étaient couleur de pluie, nacrées, d’autres encore parsemaient de ci de là, la couleur tamisée d’un ciel d’orage.

- Approchez vous de la colonne de nuit la plus proche de vous et effleurez la. La couleur des pierres lunes vous indiquera la voie à suivre.

D’abord hésitant, les novices s’entreregardèrent, incrédules. Cependant, la parole de la Gardienne avait valeur de loi et lui obéir se devait d’être exécuté sur le champ. Aussi, les novices, garçons et filles, se mirent en marche, se bousculant parfois, s’évitant souvent, chacun trouva une colonne à sa convenance.

Azeleen sans s’en rendre compte avait choisi une pierre se trouvant à proximité de la Gardienne. Plus précisément, elle s’était placée sur le côté de l’estrade, l’arche des Melien’drhéa se trouvant à portée de main. Elle posa sa main doucement sur la surface qu’elle supposait glacée. A sa grande surprise, une sensation piquante mais néanmoins chaleureuse accueillit son contact. La Gardienne se retourna alors en un mouvement brusque. Une décharge électrique venait de lui parcourir l’échine. Elle posa son regard sombre et froid, impérieux, sur Azeleen, qui ne se doutait de rien. Les pierres bleutées se teintèrent alors du plus beau de bleu, celui des rois, pur et profond. Elle regarda alors autour d’elle, ne sachant trop quoi faire. Elle esquissa un geste de surprise, les yeux ronds d’étonnement. Près de la Gardienne, se tenaient quatre Malien’drhéa. Chacune portait une étole différente. Blanche, rouge, verte et bleue. Azeleen ne les avaient pas vu arriver et elle supposa que personne d'autres ne les avaient entendu, chaque novice affichant sur son visage l'expression de ceux qui se sentent désemparés.

Cependant, elles étaient là et il fallait obéir. Azeleen se dirigea vers la jeune Malien’drhéa habillée de bleu roi. Les autres novices se dirigèrent vers leurs Malien’drhéa désignées. Lentement les groupes se formèrent, petit à petit ils grandirent. Quand enfin, tout le monde eut trouvé son chemin, en silence, les Malien’drhéa se mirent en route. La procession commença par la jeune habillée de blanc puis fut suivi par l’arrogante verte, l’hautaine rouge pour finir par la belle et glaciale bleu roi.

Chacun se mit en marche, sous le regard examinateur de la Gardienne. Azeleen remarqua alors que dans son groupe, ils n’étaient que cinq. Juste cinq alors qu'au départ, ils étaient une trentaine.

Ellidan
28/09/2007 20:24
There's no escape in pain, you belong to me !

C'est toujours aussi beau. Juste, au début "le regard capturer par cette aura sacrée." C'est "capturé"^^
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