La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
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De temps en temps, j'écris quelques histoires. C'est la première fois que je post sur un forum un début d'inspiration. Je voudrai juste que vous me donniez vos impressions si vous avez le courage et l'envie de le lire.
Je vous remercie d'avance.
Elle se réveilla le dos endolori, presque brisé par cette sourde sensation qu’est la souffrance. Elle essaya de se relever, gauchement. Un rictus de douleur entrouvrit ses lèvres rosées.
Avec malaise, elle s’assit, lentement.
Mesurant ces gestes et comptant le temps qui s’écoule jusqu’à la délivrance.
Une main maladroite chercha le contact de ce dos qui semblait ne plus lui appartenir. Elle tâtonna, fébrile. Ses doigts effleurèrent ce qu’elle redoutait mais aussi et surtout ce qu’elle attendait. Un désir lointain, un plaisir certain. Un soupir d’aise mêlé à un souffle de douleur s’envola dans l’air, effaçant quelque peu les mystérieux maux qui grandissaient en elle.
Elle réalisait, découvrait, alors que sa main, douce presque caressante parcourait le bas de son dos, que ses rêves étaient plus qu’ombres veloutées d’intemporalité. C’était réel, c’était la vérité. Elle n’avait rien imaginé.
Ainsi, j’ai été accepté. Je suis des leurs, je peux... je vais devenir…
Ses murmures moururent sur ses lèvres, un silence pesant naquit en cet instant, la laissant incrédule.
Elle retraça en l’effleurant avec appréhension le tracé qui maintenant dansait selon ses mouvements.
Une courbe dessinée simplement, une ligne délicate, un vide d’une blancheur lactescente. Doucement, elle se mit à rire, lentement, elle se laissa aller au sourire.
Ainsi, le froid, l’hiver, le gel seront miens…
Ses paroles pétillaient d’insolence.
Elle sourit à hier, elle sourit à ce qu’elle avait fait, fière.
Elle se rappela ce qui s’était passé la nuit dernière.
Elle, allongée sur le ventre, légèrement tremblante, alors qu’une main caressante la soutenait, retenant son souffle, fermant les yeux par a coups.
L’aiguille, fine, brillante. Celle qui l’avait mordu, glacé, brûlé, pincé.
Une sensation que nul ne pouvait décrire, tant elle était complexe et pénétrante. Une brûlure mêlée d’une coupure profonde, une entaille cuisante.
Un mélange de sensations imparfaites s’était accumulé en elle comme un orage. Elle avait tout renfloué en elle malgré tout, acceptant cette douleur comme un présent. C’était le prix à payer pour ce qu’elle voulait, pour ce qu’elle attendait.
Apprécierai je autant ce qui vient de m’être offert si je n’avais pas souffert ?
Elle demeura un instant songeuse, repensant à hier, pensive et rêveuse.
La cérémonie s’était tenue simplement, quelques paroles sacrées avaient été prononcées par la Haute et Sage. Paroles qui ne lui étaient parvenues qu’au travers d’une brume ouateuse. Elle avait entendu, mais tout était décousu. Un phrasé entonné lentement, comme une berceuse enfantine, quelques perles de sévérité entachées de cruel vanité venaient simplement tisser ça et là les fils de la réalité qui n’était plus enfantine.
Cependant, cette souffrance sacrée l’avait laissé quelque peu groguie. Alors qu’aujourd’hui, son dos semblait ne plus être qu’un souvenir, elle se rappela qu’hier, elle ne pensait qu’à lui avec déplaisir. Toute autre sensation, tout autre émotion n’était plus : enfouie sous la pluie qui déferlait en elle comme un torrent de larmes qui foudroie et broie, sans appel. Elle était restée apathique, mélancolique. Néanmoins aujourd’hui était autre : elle revêtait un masque d’une placidité certes fébrile mais transfiguré par la satisfaction d'être éveillé et tranquille.
Se relever occulta cependant ce nuage de félicité dans lequel elle se laissait bercer. Le simple mouvement de se relever pour extirper sa jambe de ce qui la couvait lui fut douleur lancinante, presque piquante comme le gel du mois de février. Vif, mordant, sauvage, captif.
Elle continua quand même, le mouvement étant esquissé.
Une jambe, puis l’autre.
Un soupir étouffé puis un autre.
Un effort encore un.
Un simple élan et hop.
Elle fut debout, hésitante, ployant sous son poids, ne se relevant qu’à peine, frêle, frémissante.
Elle avisa le miroir de plein pied qui se trouvait en face, surface de glace, douceur fugace, reflet de sa trace. Elle lui tourna le dos, gracile petite silhouette fragile.
Un instant, elle resta là, laissant sourire le miroir et ses espoirs.
L’instant d’après, elle tournait la tête, tirant sur son dos mais ignorant cet effort qui la broyait.
Et elle le vit, et fut ravie.
Un dessin noir, un tracé tissé, ferme et sauvage, un fil de nuit courant sur sa peau de lait dans le creux de ses reins.
Un flocon de neige sombre, un cristal de givre d’ombres, éternel sur elle.
Une marque indélébile, une distinction source de promesse.
J’ai accepté et été acceptée. Il va me falloir confirmer et rejouer ce qui a été joué.
Elle sourit, le pli de sa bouche proposant malice, son regard affichant une détermination farouche, imprévisible.
Azeleen caressa de nouveau son tatouage, encore en relief pour les quelques jours à venir. Simples petits monts de souffrance sur une fine couche de peau maintenant marquée à vie. Elle reporta son regard sur le pot de crème qui se trouvait sur la table de bois usée par le temps et le labeur. Un soin hydratant qui saurait apaiser les moindres douleurs…
Plongée dans ses pensées, elle ne vit pas l’heure tourner.
Une clochette au son discordant vint la rappeler à l’ordre, il était l’heure d’obéir et d’apprendre et déjà, elle trainait et s’oubliait.
Aussi rapidement qu’elle le pu, du moins aussi rapidement que son dos le permit, elle s’habilla de sa robe noire de laine brut. Un vêtement commun, si ce n’est qu’en lieu et place de son tatouage ne demeurait qu’un trou pour laisser à ceux de la communauté le loisir de voir ce qu’elle pouvait maîtriser.
Mais, comment et pourquoi, de ce tatouage, naissaient tant de secrets ? ....
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Texte intéressant, bien construit.
J'ai relevé des fautes d'orthographe, des mots mal employés, à mon sens, des phrases bancales.
Un rictus de douleur s’entrouvrit sur (entrouvrit)ses lèvres rosées.
ce qu’elle redoutait, oui ce qu’elle redoutait(redondance inutile)mais qu’elle attendait.
le mal qui grandissait en elle.(la douleur ou la malfaisance?)
Ses murmures moururent sur ses lèvres, incrédule. (incrédules)
Bon, là, je dois partir... si tu désires la suite des corrections, tu me le dis.
Oui, en effet, c'est assez prometteur. Je n'ai pas fait très attention, mais j'ai aussi vu "l'heure tournée", à mon avis, c'est plutôt tourner. Mais bon, je n'ai que quinze malheureuses années, peut-être est-ce une expression que je ne connais pas. Je ne suis qu'un puit d'ignorance. (Où ai-je donc bien pu lire ça?)
^^ de rien. Tu sais je n'aime pas trop signaler les fautes des autres personnes, parceque j'en fais moi-même beaucoup, souvent de frappe (aps,ce genre de choses...) ou d'innadvertance (C'est à la place de cet, par exemple), et desfois sur la conjugaison (à peu près tout ce qui touche au subjonctif).
J'ai commencé une autre histoire il y a quelques temps mais avec mes Concours, je l'ai mis en pause :s. Malheureusement, ayant arrêté près de 3 mois, je n'arrivais plus à trouver l'inspiration mais en relisant cette introduction que je viens de poster et en imaginant la suite, je crois que je viens de la retrouver et que je pourrai même fusioner les deux histoires pour n'en former plus qu'une seule.
Si cela vous dit, je posterai l'autre histoire dans le Grimoire.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Oui, en effet, c'est assez prometteur. Je n'ai pas fait très attention, mais j'ai aussi vu "l'heure tournée", à mon avis, c'est plutôt tourner. Mais bon, je n'ai que quinze malheureuses années, peut-être est-ce une expression que je ne connais pas. Je ne suis qu'un puit d'ignorance. (Où ai-je donc bien pu lire ça?)
A propos de "l'heure tourner", il me semble que ton monde, bien qu'on en sche pas grand chose encore à son sujet, ne dispose pas de montre. Tourner fait référence au cadran de la montre. Il vaut mieux mettre "avancer".
Bon je t'écris entre parenthèses ce qui me semble mieux, mais attention, ma parole n'est pas d'évangile, hein !
Une main maladroite chercha (D'une main maladroite, elle chercha)le contact de ce dos qui semblait ne plus lui appartenir. Elle tâtonna, fébrile. Ses doigts effleurèrent ce qu’elle redoutait mais aussi et surtout ce qu’elle attendait. Un désir lointain, un plaisir certain. Un soupir d’aise mêlé à un souffle de douleur s’envola dans l’air, effaçant quelque peu les mystérieux maux qui grandissaient en elle.
Elle réalisait, découvrait, alors que sa main, douce presque caressante parcourait le bas de son dos, que ses rêves étaient plus qu’(bien plus que des)ombres veloutées d’intemporalité. C’était réel, c’était la vérité. Elle n’avait rien imaginé.
Ainsi, j’ai été accepté. Je suis des leurs, je peux... je vais devenir…
Ses murmures moururent sur ses lèvres, un silence pesant naquit en cet instant, la laissant incrédule.
Elle retraça en l’effleurant avec appréhension le tracé qui maintenant dansait selon ses mouvements.
Une courbe dessinée simplement, une ligne délicate, un vide d’une blancheur lactescente. Doucement, elle se mit à rire, lentement, elle se laissa aller au sourire.(je pense que le sourire doit venir avant le rire)
Ainsi, le froid, l’hiver, le gel seront miens…
Ses paroles pétillaient d’insolence.
Elle sourit à hier, elle sourit à ce qu’elle avait fait, fière.(fait fière, ça sonne mal)
Elle se rappela ce qui s’était passé la nuit dernière.
Elle, allongée sur le ventre, légèrement tremblante, alors qu’une main caressante la soutenait, retenant son souffle, fermant les yeux par a(à) coups.
L’aiguille, fine, brillante. Celle qui l’avait mordu(e), glacé(e), brûlé(e), pincé(e).
Une sensation que nul ne pouvait décrire, tant elle était complexe et pénétrante. Une brûlure mêlée d’une coupure profonde, une entaille cuisante.
Un mélange de sensations imparfaites s’était accumulé en elle comme un orage. Elle avait tout renfloué (?) en elle malgré tout, acceptant cette douleur comme un présent. C’était le prix à payer pour ce qu’elle voulait, pour ce qu’elle attendait.
Apprécierai(s)(-) je autant ce qui vient de m’être offert si je n’avais pas souffert ?
Elle demeura un instant songeuse, repensant à hier, pensive (répétition) et rêveuse.
La cérémonie s’était tenue simplement, quelques paroles sacrées avaient été prononcées par la Haute et Sage. Paroles qui ne lui étaient parvenues qu’au travers d’une brume ouateuse(ouatée). Elle (les)avait entendu(es), mais tout était décousu. Un phrasé entonné lentement, comme une berceuse enfantine, quelques perles de sévérité entachées de cruel (cruelle) vanité venaient simplement tisser ça et là les fils de la réalité qui n’était plus enfantine.(cette phrase est assez difficile à lire et à comprendre)
Cependant, cette souffrance sacrée l’avait laissé quelque peu groguie(groggy, et ce terme anglais n'a pas grand chose à faire dans ce texte). Alors qu’aujourd’hui, son dos semblait ne plus être qu’un souvenir, elle se rappela qu’hier, elle ne pensait qu’à lui avec déplaisir (beaucoup trop de "que" : 4). Toute (tout) autre sensation, tout autre émotion n’était plus : enfouie sous la pluie qui déferlait en elle comme un torrent de larmes qui foudroie et broie, sans appel. Elle était restée apathique, mélancolique. Néanmoins aujourd’hui était autre (différent) : elle revêtait un masque d’une placidité certes fébrile (placidité et fébrile sont antynomiques) mais transfiguré par la satisfaction d'être éveillé(e) et tranquille. (qu'est-ce qui est transfiguré ? Si c'est le masque ça fait étrange, puisque un masque n'a qu'une expression)
Se relever occulta cependant ce nuage de félicité dans lequel elle se laissait bercer. Le simple mouvement de se relever (répétition) pour extirper sa jambe de ce qui la couvait (couvrait?) lui fut douleur lancinante, presque piquante comme le gel du mois de février. Vif, mordant, sauvage, captif.
Elle continua quand même, le mouvement étant esquissé.
Une jambe, puis l’autre.
Un soupir étouffé puis un autre.
Un effort encore un.
Un simple élan et hop.
Elle fut debout, hésitante, ployant sous son poids (on l'imagine obèse), ne se relevant qu’à peine, frêle, frémissante.
Elle avisa le miroir de plein pied qui se trouvait en face, surface de glace, douceur fugace, reflet de sa trace. Elle lui tourna le dos, gracile petite silhouette fragile.(ça fait beaucoup d'adjectifs)
Un instant, elle resta là, laissant sourire le miroir et ses espoirs.
L’instant d’après, elle tournait la tête, tirant sur son dos mais ignorant cet effort qui la broyait.
Et elle le vit, et fut ravie.
Un dessin noir, un tracé tissé, ferme et sauvage, un fil de nuit courant sur sa peau de lait dans le creux de ses reins.
Un flocon de neige sombre, un cristal de givre d’ombres, éternel sur elle(inutile).
Une marque indélébile, une distinction source de promesse.
J’ai accepté et été acceptée. Il va me falloir confirmer et rejouer ce qui a été joué.
Elle sourit, le pli de sa bouche proposant malice, son regard affichant une détermination farouche, imprévisible.
Azeleen caressa de nouveau son tatouage, encore en relief pour les quelques jours à venir. Simples petits monts de souffrance sur une fine couche de peau maintenant marquée à vie. Elle reporta son regard sur le pot de crème qui se trouvait sur la table de bois usée par le temps et le labeur. Un soin hydratant qui saurait apaiser les moindres douleurs…
Plongée dans ses pensées, elle ne vit pas l’heure tourner.
Une clochette au son discordant vint la rappeler à l’ordre, il était l’heure (temps) d’obéir et d’apprendre et déjà, elle trainait et s’oubliait.
Aussi rapidement qu’elle le pu(t), du moins aussi rapidement que son dos le permit, elle s’habilla de sa robe noire de laine brut(e). Un vêtement commun, si ce n’est qu’en lieu et place de son tatouage ne demeurait qu’un trou (expression peu heureuse) pour laisser à ceux de la communauté le loisir de voir ce qu’elle pouvait maîtriser.
Mais, comment et pourquoi, de ce tatouage, naissaient tant de secrets ? ....
Pour moi au contraire "Eternel sur elle", ca fait une jolie assonance (ou est-ce une allitération?) Enfin, je n'y connais pas grand chose, c'est juste mon avis.
Je développerai plus tard mais j'ai beaucoup aimé ta plume Kellen
La remarque concernant l'heure qui tourne est très pertinente en effet. ^^
J'ai corrigé les fautes d'orthographe en priorité (merci pour le coup d'oeil expert, à force je ne vois plus rien :s), et je me suis attachée ensuite à corriger les fautes de syntaxe ainsi que les tournures de phrases trop alambiquées.
Une correction m'a fait rire ^^
Elle fut debout, hésitante, ployant sous son poids (on l'imagine obèse)
Je peux assurer que même très fine et mince, quand on vient de se faire charcuter le dos, on a l'impression de vivre un cauchemar, d'être incapable de se relever les premiers jours car on croit peser 10 fois son poids. ^^ Ca tire, ça brule, ça lance et on ne peut pas se mettre debout et se tenir bien droite. (le surnom de marie thérèse pour ceux qui se rappellent des inconnus et de leurs sketches est parfaitement approprié lol)
Après, il est certain que je peux changer la tournure de phrase pour ne pas prêter à confusion. et c'est ce que j'ai fait.
Ensuite, il y a certaines petites choses que je n'ai pas modifié : 3 fois rien mais pour moi c'est important (bon, juste 2 pitites choses en fait : les que que se répètent et le éternelle sur elle).
J'attache de l'importance au rythme des phrases et à leur sonorité. Les rimes viennent parfois toutes seules, sans que j'ai besoin de réflechir et les allitérations apparaissent d'elles même. J'aime quand un même son revient de temps à autre, quand il se répète et forme la lecture selon un rythme inattendu.
J'essaye de ne pas en abuser, car à force, cela doit ennuyer et fatiguer, mais de temps à autre, cela me plait.
C'est peut être une erreur de ma part, mais j'assume ce côté répétition de ma plume. Quand je lis mes quelques textes, ça chante et je trouve cela agréable.(Non, je ne suis pas sous l'emprise de substances hallucinogènes lol)
Enfin et surtout, un énorme et gigantesque merci à toi Aelghir pour avoir pris la peine de corriger et de réflechir à la façon de rendre ce texte agréable et plaisant à lire. Tes corrections semblent tout à fait naturelles, tombant sous le sens et donnant au texte de la légèreté.
Une fois introduites dans le texte, on se demande pourquoi on n'y avait pas pensé plus tôt ^^
Cela me permet de savoir quoi précisément travailler dans ma façon d'écrire. Merci à toi.
Un gros merci aussi à Belgarion21 et à Pin'shae pour vos encouragements et votre gentillesse
Je tacherai, bientôt, de poster mon autre histoire.
Voici donc le texte, corrigé, peaufiné, travaillé :
Elle se réveilla le dos endolori, presque brisé par cette sourde sensation qu’est la souffrance. Elle essaya de se relever, gauchement. Un rictus de douleur entrouvrit ses lèvres rosées.
Avec malaise, elle s’assit, lentement.
Mesurant ces gestes et comptant le temps qui s’écoule jusqu’à la délivrance.
D'une main maladroite, elle chercha le contact de ce dos qui semblait ne plus lui appartenir. Elle tâtonna, fébrile. Ses doigts effleurèrent ce qu’elle redoutait mais aussi et surtout ce qu’elle attendait. Un désir lointain, un plaisir certain. Un soupir d’aise mêlé à un souffle de douleur s’envola dans l’air, effaçant quelque peu les mystérieux maux qui grandissaient en elle.
Elle réalisait, découvrait, alors que sa main, douce presque caressante parcourait le bas de son dos, que ses rêves étaient bien plus que des ombres veloutées d’intemporalité. C’était réel, c’était la vérité. Elle n’avait rien imaginé.
Ainsi, j’ai été accepté. Je suis des leurs, je peux... je vais devenir…
Ses murmures moururent sur ses lèvres, un silence pesant naquit en cet instant, la laissant incrédule.
Elle retraça en l’effleurant avec appréhension le tracé qui maintenant dansait selon ses mouvements.
Une courbe dessinée simplement, une ligne délicate, un vide d’une blancheur lactescente. Lentement, elle se laissa aller au sourire, doucement, elle se mit à rire.
Ainsi, le froid, l’hiver, le gel seront miens…
Ses paroles pétillaient d’insolence.
Elle sourit à hier, elle sourit à ce qu’elle avait affronter, fière.
Elle se rappela ce qui s’était passé la nuit dernière.
Elle, allongée sur le ventre, légèrement tremblante, alors qu’une main caressante la soutenait, retenant son souffle, fermant les yeux par à coups.
L’aiguille, fine, brillante. Celle qui l’avait mordue, glacée, brûlée, pincée.
Une sensation que nul ne pouvait décrire, tant elle était complexe et pénétrante. Une brûlure mêlée d’une coupure profonde, une entaille cuisante.
Un mélange de sensations imparfaites s’était accumulé en elle comme un orage. Elle n'avait rien laissé paraitre de cette souffrance, acceptant cette douleur comme un présent. C’était le prix à payer pour ce qu’elle voulait, pour ce qu’elle attendait.
Apprécierais-je autant ce qui vient de m’être offert si je n’avais pas souffert ?
Elle demeura un instant songeuse, repensant à la nuit dernière, rêveuse.
La cérémonie s’était tenue simplement, quelques paroles sacrées avaient été prononcées par la Haute et Sage. Paroles qui ne lui étaient parvenues qu’au travers d’une brume ouatée. Elle les avait entendues, mais tout semblait décousu. Un phrasé entonné lentement, comme une berceuse enfantine. Mais loin de la douceur naïve, la voix prenait le gout amère de la cruelle sévérité, de la dure réalité.
Cependant, cette souffrance sacrée l’avait laissé quelque peu sonnée, jusqu'à l'assommer. Alors qu’aujourd’hui, son dos semblait ne plus être qu’un souvenir, elle se rappela qu’hier, elle ne pensait qu’à lui avec déplaisir. Tout autre sensation, tout autre émotion n’était plus : enfouie sous la pluie qui déferlait en elle comme un torrent de larmes qui foudroie et broie, sans appel. Elle était restée apathique, mélancolique. Néanmoins aujourd’hui était différent : elle paraissait calme et apaisée quoique fébrile et fatiguée.
Se relever occulta cependant ce nuage de félicité dans lequel elle se laissait bercer. Le simple mouvement de se mettre debout pour extirper sa jambe de ce qui la couvrait lui fut douleur lancinante, presque piquante comme le gel du mois de février. Vif, mordant, sauvage, captif.
Elle continua quand même, le mouvement étant esquissé.
Une jambe, puis l’autre.
Un soupir étouffé puis un autre.
Un effort encore un.
Un simple élan et hop.
Elle fut debout, hésitante, ne se tenant bien droite qu’avec peine, frémissante, tant la douleur l'assommait. Elle avisa le miroir de plein pied qui lui faisait face, surface de glace, reflet fugace. Elle lui tourna le dos, mince silhouette fragile.
Un instant, elle resta là, laissant sourire le miroir et ses espoirs.
L’instant d’après, elle tournait la tête, tirant sur son dos mais ignorant cet effort qui la broyait.
Et elle le vit, et fut ravie.
Un dessin noir, un tracé tissé, ferme et sauvage, un fil de nuit courant sur sa peau de lait dans le creux de ses reins.
Un flocon de neige sombre, un cristal de givre d’ombres, éternel sur elle.
Une marque indélébile, une distinction source de promesses.
J’ai accepté et été acceptée. Il va me falloir confirmer et rejouer ce qui a été joué.
Elle sourit, le pli de sa bouche proposant malice, son regard affichant une détermination farouche, imprévisible.
Azeleen caressa de nouveau son tatouage, encore en relief pour les quelques jours à venir. Simples petits monts de souffrance sur une fine couche de peau maintenant marquée à vie. Elle reporta son regard sur le pot de crème qui se trouvait sur la table de bois usée par le temps et le labeur. Un soin hydratant qui saurait apaiser les moindres douleurs…
Plongée dans ses pensées, elle ne se rendit pas compte que l'heure avançait.
Une clochette au son discordant vint la rappeler à l’ordre, il était temps d’obéir et d’apprendre et déjà, elle trainait et s’oubliait.
Aussi rapidement qu’elle le put, du moins aussi rapidement que son dos le permit, elle s’habilla de sa robe noire de laine brute. Un vêtement commun, si ce n’est qu’en lieu et place de son tatouage ne demeurait qu’un léger voile transparent pour laisser à ceux de la communauté le loisir de voir ce qu’elle pouvait maîtriser.
Mais, comment et pourquoi, de ce tatouage, naissaient tant de secrets ? ....
En des temps lointains, le monde n’était qu’un.
Certains l’ont oublié, mais d’autres se souviennent de ce qui fut néanmoins.
Les légendes ont pris corps, les mémoires fredonnent.
Un seul pays, une seule contrée.
Autrefois, unie dans la prospérité.
Un seul cœur, une seule destinée.
Aujourd’hui, fané, désemparé, brisé.
Melaendrhia, l’enchantée, guérissait et tissait,
Tout ce qui se doit d’être tissé, tout ce qui se doit d’être dessiné.
Seleandréa, la bien nommée, créait et décidait,
Tout ce qui se doit d’être construit, tout ce qui se doit d’être écrit.
Gaendriela, la tendre aimée, chantait et dansait,
Tout ce qui se doit d’être énoncé, tout ce qui se doit d’être inventé.
Ainsi étaient les trois sœurs, ainsi étaient leurs cœurs.
Liées, ensorcelées, elles guidaient et soumettaient.
En des temps lointains, le monde n’était qu’un.
Certains l’ont oublié, mais d’autres se souviennent de ce qui fut néanmoins.
Les légendes ont pris corps, les mémoires fredonnent.
Un seul pays, une seule contrée.
Autrefois, unie dans la prospérité.
Un seul cœur, une seule destinée.
Aujourd’hui, fané, désemparé, brisé.
Melaendrhia, l’enchantée, envoûtait les dessins pour pouvoir régner.
Tout ce qui se doit d’être tissé, tout ce qui se doit d’être dessiné, elle l’ensorcelait d’un trait.
Seleandréa, la bien nommée, pensait et incantait pour pouvoir régner,
Tout ce qui se doit d’être construit, tout ce qui se doit d’être écrit, en silence, elle le murmurait.
Gaendriela, la tendre aimée, artiste chevronnée, utilisait sa voix et son charme pour régner.
Tout ce se doit d’être énoncé, tout ce qui se doit d’être inventé, en pas et vocalises, elle l’exprimait.
Ainsi étaient les trois sœurs, ainsi étaient leurs cœurs.
Charmées, passionnées, elles s’oubliaient et brisaient.
En des temps lointains, le monde n’était qu’un.
Certains l’ont oublié, mais d’autres se souviennent de ce qui fut néanmoins.
Les légendes ont pris corps, les mémoires fredonnent.
Un seul pays, une seule contrée.
Autrefois, unie dans la prospérité.
Un seul cœur, une seule destinée.
Aujourd’hui, fané, désemparé, brisé.
Mais le monde n’est plus,
Perdu, autrefois il fut.
Mais le monde sera,
Retrouvé, bientôt, il revivra.
Cependant le monde, un jour, découvrira,
La perte, la mémoire, la légende,
De ces trois sœurs parjures, qui, au-delà,
Ont défié et affronté, leur nature.
Les nuages s’estomperont, les pluies cesseront, les flammes s’étoufferont.
Le pays de naguère sera, le pays des trois sorcières renaitra.
Azeleen fredonnait cette ancienne comptine qu’un jour, elle avait entendu et retenu. Un ménestrel était venu dans son village et avait enchanté de sa voix les cœurs et les âmes des hommes et des femmes. Ce ménestrel avait entonné d’autres chansons encore, narrant combats et batailles, amours condamnés et passions enflammées, contant l’ancien temps, celui oublié, désavoué, renié. Elle s’était demandé alors où était la vérité dans ce qui était conté ? Mais sa mère, comme la plupart des gens de son temps, avait oublié ce qui se racontait. Elle ne reçut d’ailleurs de celle-ci, que coups d’œil désemparés et promesses désabusées.
« Plus tard, Azeleen, plus tard. »
Elle s’était alors adressé à l’homme qui savait manier les mots et les chants.
Le ménestrel avait alors sourit de sa naïveté, et lui avait donc chanté la farandole des frères Des’trialé. Une comptine moqueuse et pleine de moral sur la curiosité des enfants trop ignorants. Du haut de ses dix ans, d’un esprit vif et impulsif, elle avait pris la mouche, giflant l’homme assis devant elle, personnage auquel on devait respect et politesse.
"- Je ne serai plus ignorante... "
Elle frotta sa joue inconsciemment à ce souvenir, le regard sombre, étincelant, point de malice ne demeuraient dans ses yeux brulants. La gifle de sa mère en retour l’avait brisé, laissant une empreinte cramoisie qui avait brûlé sa peau et plus encore son cœur d’une marque indélébile. Dès ce jour là, elle s’était promis de savoir et de connaitre, de ne plus demeurer ignorante, de faire tout pour devenir "celle qui invente". Elle avait alors multiplié les sacrifices.
Alors qu’elle était lasse et épuisée d’aider sa mère dans la taverne que celle-ci possédait, chaque soir, après le labeur, elle se rendait dans la bibliothèque des Sages pour étudier et se préparer à devenir ce qu’elle désirait.
Tous les huit jours, à l’aube de Samnéa, jour de promesse, elle allait aider de sa bonne volonté, lors de la cérémonie de bienveillance, les femmes qui étaient devenues ce qu’elle désirait.
Tous les ans, au crépuscule de Dymphnéa, où le vent tisse les fils du destin, où la lumière embrase les fils de notre chemin, où l’eau ruisselle sur les fils de notre fin, elle allait prêter assistance aux femmes qui demeuraient ce qu’elle désirait devenir.
Une malien’drhéa.
C’est l’esprit remplit de ces souvenirs d’enfance, qu’Azeleen se rendait dans la salle des Offices, pour y suivre son premier cours d’artiste. Une malien’drhéa étant tout simplement une artiste, tissant et guérissant, par le dessin. Sa maîtrise du pouvoir passait par son habileté à tisser et dessiner.
Mais pas seulement.
Azeleen, habillée de sa robe de laine sombre, suivait les groupes de novices, garçons ou filles, qui se rendaient dans la salle des Offices. Plongée dans ses pensées, l’expression de son visage empreinte de rêverie, elle ne prêtait pas attention aux voiles transparents qui laissaient apparaître les tatouages des autres novices, aux regards espiègles et fuyants des étudiants qui s’apprêtaient à apprendre. Elle arriva enfin dans une salle immense, aux colonnades de pierres noires sur lesquelles glissaient des liserés de gemmes scintillantes. Le sol était de verre, d’un verre bleuté chamarré de nuances mordorées. Les murs étaient d’une blancheur délicate, nacrée, n’aveuglant pas sous le feu du soleil et du brasier.
En Malien, en effet, dans sa contrée, toujours le feu devait danser. Ainsi un brasier tissé des mains des Malien’drhéa était sans cesse incanté. Un feu aux flammes d’un rouge sang, aux nuances de violine et de vert poison qui toujours chantait, ne consumant rien si ce n’était l’esprit et le temps.
Une contrée de quasi désert, chaude, séduisante, envoûtante, bien que traître et infidèle.
Les saisons s’enchaînaient, toutes sous l’emprise de la chaleur suffocante, tour à tour, l’une après l’autre, elles s’estompaient. Et pourtant l’hiver existait, quand le jour mourrait, la nuit était son repère, sombre, sans lumière, glacé, il se déchaînait... Et quand revenait le jour, l’hiver décedait, sans une plainte, sans un appel, sachant qu’il reviendrait quand la lumière sombrerait. Etrange valse dans une contrée pas moins sauvage.
Le symbole de Malien se dessinait donc d’encre rouge mêlée de violet et d’émeraude, une flamme fine, dessinée simplement de quelques traits. Cet emblème nimbé de rayons tels des fils entremêlés trônait d’ailleurs dans la salle comme une couronne au dessus de l’arche, une porte sacrée que seuls quelques novices seraient destinés à traverser.
Aussi, les yeux d’Azeleen s’agrandirent d’étonnement, ébahie. Elle avait étudié dans les livres et les ouvrages anciens, elle avait donc quelques connaissances sur la nature et l’essence même de ce qui l’entourait et pourtant, le voir et le lire était bien différent. Ne sachant trop où poser son regard tant il était attiré de toutes parts, elle avança, sans prêter attention où ses pieds se posaient. Des murmures, quelques rires étouffés l’entouraient, puis se fut le silence, un silence sacré.
En lisant le dernier commentaire d'Aelghir, je me suis dit que je n'allais lire que la chanson, mais en fait j'ai continué sans m'en rendre compte. Ton texte est complètement prenant . J'aime beaucoup la Fantasy, j'aime beaucoup les textes qui sonnent joliment, avec des rimes/assonnances/allitérations, et je retrouve les deux dans ton texte. Continue !
"Etrange valse dans une contrée pas moins sauvage."
-> "Sauve, achète, range" — pardon, "Sauvage, étrange" — sont des mots distincts. Donc cette phrase me parait assez illogique (même si belle)
Merci beaucoup à vous deux.
Je suis ravie que cela vous plaise, cela fait chaud au coeur.
Pour la phrase : "Etrange valse dans une contrée pas moins sauvage", je suis assez d'accord avec toi Thismardoch. Il y a quelque chose qui ne va pas. Au départ, cela ne m'avait pas sauté aux yeux et quand je l'ai relut après l'avoir posté, ça m'a géné. Depuis, deux jours, cela me tourne dans la tête et je cherche le mot juste qui conviendrait.
Désolée, aujourd'hui, j'ai un peu (beaucoup) révisé, il a donc fallut que je m'évade un peu dans l'écriture.
J'espère que je ne décevrai pas par la suite en tout cas.
Vêtue de soie rouge sang, sa robe était simple, sans fioritures, presque grave. Seuls quelques liserés d’un vert poison tissés aux bords des manches venaient rompre la monotonie du sang qui semblait glisser sur son corps, suivant ses mouvements, anticipant même ces gestes esquissés avec une élégance envoûtante. L’étole qu’elle portait au dessus de sa robe ne laissait aucun doute sur son identité. Elle était la Gardienne, la plus vénérée Malien’drhéa, appelée Haute et Sage, respectée. Pourtant, pour le moment, nul ne pouvait retenir les traits de celle qui s’avançait, si fière. Une capuche large toujours couleur de flammes, telle une couronne de sacre, dissimulait une partie de son visage d’un quelconque regard.
Son pas était l’enfant du silence, tant sa marche était de celle qui glisse, gracile.
Son allure était de celle des reines, impérieuse, altière, hautaine. Elle était tout simplement souveraine. Son regard sombre, nimbé de nuit charbonneuse, sembla glisser furtivement sur chaque visage qui était tourné vers elle, non pas pour reconnaître ou retenir mais pour percer et transpercer. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres blêmes et fines. Un sourire appréciateur, qui mesure et pèse, qui jauge et examine. Celui, carnassier des gens qui savent. Un simple regard, un geste à peine esquissé était plus parlant qu’un discours, car d’elle émanait un sensation qui foudroie, une impression de puissance qui laisse la peau frissonnante et le souffle haletant.
Azeleen, comme n’importe quelle novice présente, retint son souffle et se laissa envouter, le regard capturé par cette aura sacrée. Lui aurait-on demandé de parler à l’instant même que seul le silence aurait trouvé aisance entre ses lèvres. Le temps semblait suspendu, l’instant était retenu, il demeurait présent, ne s’effaçant pas ni ne s’estompant.
Quand enfin, le temps reprit son cours, tranquille et languide, il s’enfuit, ne laissant que le souvenir de ce qui fut, un mince reliquat de ce qui était advenu. La Gardienne monta les marches de l’estrade toutes de roches sombres estampillées de quelques étoiles opales. Elle fit face à l’assemblée, demeurant silencieuse, recherchant une attention qu’elle ne pouvait recevoir plus fervente.
Puis, d’un geste souple, elle ôta sa capuche de soie, dévoilant ses bras d’albâtre sur lesquels couraient tatouages et dessins d’éternité. Des volutes sans fin, des arabesques de dentelle, des étoiles sans éclats, oeuvres sombres, couleur de charbon, saveur de nuit, senteur de folie, dans un ciel de lait sans nuage. La marque de son pouvoir, la distinction de son aura. Elle était celle qui pouvait maîtriser ce qui n’accepte pas d’être dompté, ce qui se refuse à être nommé et défié. La Gardienne gardait, tout ce qui se doit d’être conservé, tout ce qui se doit d’être en fin de compte oublié.
Chacun dans la pièce avait le regard posé sur ses bras d’éternité et ses dessins incantés. Pourtant, au bout d’un moment, les yeux remontèrent lentement le long de ces membres qui commandaient. Le regard passa de la danse des nuances à la couleur unie vermillon de la souveraine. L’épaule fut dépassée, fine et frêle, le cou se laissa observer, pour mieux remonter.
Il était une coutume en Malien. Bien que la Gardienne ne soit pas souveraine d’état, elle n’en demeurait pas moins reine de grâce et de pouvoir. Aussi jamais son visage ne se déparait de cette couronne de flammes qui encadrait ses traits de leur sombre cachette. Ainsi, personne en dehors des murs de l’assemblée des Malien’drhéa, n’avait jamais aperçut ce que dissimulait cette capuche de soie.
Ainsi, quand le regard de chacun découvrit la nature même de cette femme respectée et désirée, un étonnement perlé d’incrédulité parcourut l’assemblée. Certains s’étaient imaginés la Gardienne vieille et sans beauté, d’autres l’aurait pensé sans âge, le teint hâve et pâle. D’aucuns encore, se la seraient représentés sans expression, froide et glaciale.
La vérité était toute autre, ou peut être était-elle ce qu’ils espéraient en fin de compte. La Gardienne était de ces femmes qui n’ont pas d’âge, mais qui ne sont pas dénuées de beauté, une beauté brute, sauvage. Les yeux sombres et perçants, soulignés par une brume de poussières sombres, le front haut et droit, encadré par de longs cheveux noirs, d’un noir d’encre. Ses lèvres formant un pli sévère, mince et fin.
Mais plus que tout, ce qui attirait l’attention était ces tatouages qui s’entremêlaient sur sa peau tels des fils de soie dansant au vent. Sur chaque joue, une arabesque légère venait s’enrouler, fine et avec souplesse dessinée. Le long de son front, venait se caresser deux fils de suie l’un contre l’autre, l’un dans l’autre, comme pour symboliser un diadème d’ombres.
Couronnée, certainement elle l’était, tant son charisme et sa prestance impressionnaient. Certes le statut de Gardienne imposait respect mais plus encore, la personne, la femme derrière le masque de la Haute et Sage était de celle qui ne se sous estime pas, qui attire et inspire.
Elle le savait, elle ne l’ignorait pas et ce faisant en jouait.
Elle soupira doucement, puis inspira silencieusement. Prenant la mesure de l’impatience de l’assemblée, elle plissa quelque peu les yeux. Sa voix s’éleva alors, métallique, cinglante, presque envoûtante.
- Que le feu danse en vous. Maliené siat Malien’drhéa.
*Malien ne vivra que par les malien’drhéa *, une phrase consacrée qui annonçait solennité et heures sombres.
Les respirations s’unirent en un même chant de silence, presque retenues, elles n’osaient pas chanter. La Gardienne continua, de la même voix de celle qui sait être reine :
- Vous vous êtes présentés, tous autant que vous êtes, et vous avez été choisis parmi tant d’autres. Désormais novices, vous aurez à apprendre et comprendre ce qu’est de maîtriser le dessin et le tissage. L’Art des Malien’drhéa vous sera enseigné… si vous vous en montrez dignes.
Azeleen se rappela la cérémonie de la distinction.
Tous les deux ans, une grande assemblée se réunissait dans l’amphithéâtre de pierre lune, au pied de la forteresse des Malien’drhéa. Le souvenir de sa construction était perdu dans la mémoire collective, nul ne se rappelait plus quand et pourquoi cet édifice avait été bâti. Désormais, les malienii considéraient que l’amphithéatre du choix avait toujours été là. Rares étaient les occasions où les malienii remettaient en question ce qui les entouraient. Ils vivaient le moment présent, se souvenant parfois du passé comme d’une époque révolue et idéalisée mais rien de plus profond en eux n’éveillait la curiosité. Ils acceptaient, tout simplement. Pourtant, parfois, chez certains, la flamme d’un éveil s’embrasait, le plus souvent dans la jeunesse et les enfants. Alors, poussés par un sentiment inextinguible de soif, improbable pour la plupart des habitants, ceux là se mettaient à s’entêter de savoir et de comprendre. Ils posaient questions sur questions, dérangeaient et mettaient mal à l’aise.
Quand, alors, la cérémonie se préparait, il arrivait que les plus curieux et assoiffés s’installent dans l’amphithéâtre avant même que ne se lève le soleil qui annonçait le début des festivités. Puis, les heures s’écoulant, lentement, les distingués venaient remplir les bancs.
A la fin de la journée, quand le crépuscule s’embrasait, tous les décidés se trouvaient assis, déterminés. En général, une trentaine attendaient. Commençait alors la cérémonie, la consécration.
Toutes les Malien’drhéa, en procession, défilaient sur la scène. L’une après l’autre, elles montaient ensuite les marches de pierre lune bleutées et sur la dernière arcade, venaient se disposer pour encadrer les distingués. La Gardienne ainsi que ses filles liées, trois prêtresses en tout, demeuraient seules sur la scène.
Trois prêtresses guidées par les paroles de la Haute et Sage se préparaient. L’une préparait l’encre sacrée, l’envoûtant par des moulinets complexes de son poignet, dessinant tout simplement. Une autre incantait l’aiguille qui tisserait le tatouage sur la peau des désignés, l’ensorcelant par des gravures fines d’une main experte et précise. La dernière enfin, guérisseuse de son état, se préparait à offrir ses soins et son aide à ceux qui souffriraient. Elle n'effacerait pas leur souffrance, c'était le prix à payer pour devenir ce qu'il désirait, mais elle la rendrait supportable, elle ferait en sorte que les blessures s'estompent en quelques jours, ne laissant pour cicatrice que le souvenir...
Une chaîne où chaque maillon comptait, indispensable.
La Gardienne, ce travail esquissé, appelait alors à elle chaque distingué. A l’écoute de leur nom, chaque futur novice se levait et se dirigeait vers la scène. Entourées de flammes la Gardienne et les Trois filles liées attendaient. Elles prenaient en charge le distingué de mains expertes, fermes. La Gardienne savait, elle reconnaissait la fibre Malien’drhéa au cœur même de ces êtres innocents et devinait, lisait en eux comme dans un livre ouvert. Elle sentait ce que chacun développerait comme don de prédilection, et ce faisant dessinait en un endroit précis du corps le symbole de ce talent en attente. Comment, nul ne le savait. C’est un secret conservé par les Malien’drhéa consacrées.
Ainsi, la nuit s’écoulait, l’encre elle aussi coulait, marquant à vie ces êtres qui avaient été choisis.
Azeleen se remémora cet instant où elle s’était levée, grelottante de froid sous l’hiver Malieni. Le baiser de l’hiver est mordant, il pince et étreint d’une caresse sans fin. Qui a vécu dehors en pleine nuit garde à jamais le souvenir des d’aiguilles de givre qui ronge le sang et s’infiltre au cœur même de la vie. Elle s’était retrouvée face à la Gardienne, silhouette sombre encapuchonnée de nuit et pourtant, elle n’avait pas eu peur, elle n'avait pas douté. La Haute et Sage n’eut pas à effleurer de sa main le front d’Azeleen, elle avait ressentit son don, puissant et impatient. Un sourire s’esquissa sur son visage, invisible pour la jeune fille. Elle s’était en effet demandée toute la soirée de qui pouvait provenir ce souffle vibrant aussi terrifiant d’hiver. Il avait d’ailleurs faillit à plusieurs reprises la déstabiliser lors de la détermination des autres dons précédents. Mais, cette enfant était là. Cette enfant si puissante.
Elle avait alors désigné la table entourée de flammes et avait allongé Azeleen sur le ventre. Découpant doucement le dos de sa robe, dans le creux de ses reins, la Gardienne avait commencé son travail de dessin. La fille liée guérisseuse avait tenue la main de la jeune fille, rassurante et réconfortante. Les deux autres filles liées encadraient la Gardienne, dessinant dans leurs esprit lié le tatouage dédié au don du temps.
Quand ce fut terminé, Azeleen avait reçut l'aide de la guérisseuse, et deux Malien’drhéa étaient venues la raccompagner ainsi que la soutenir à regagner sa nouvelle demeure : la forteresse des flammes, demeure des Malien’drhéa.
- Rares seront ceux qui réussiront à atteindre l’inatteignable.
Cette voix métallique la ramena à la réalité. De nouveau, elle reporta son attention sur la Gardienne.
- Rares seront ceux qui deviendront Malien’drhéa.
D’un geste de la main, elle esquissa un mouvement souple et rapide, d’une complexité non dissimulée. La salle se mit alors à vibrer, la lumière se mit à danser. Sur les roches, les opales étoiles se mirent à pulser. En y prêtant attention, ces gemmes scintillantes n’étaient rien d’autres que des pierres lune, pour la plupart bleutées. Certaines cependant étaient couleur de pluie, nacrées, d’autres encore parsemaient de ci de là, la couleur tamisée d’un ciel d’orage.
- Approchez vous de la colonne de nuit la plus proche de vous et effleurez la. La couleur des pierres lunes vous indiquera la voie à suivre.
D’abord hésitant, les novices s’entreregardèrent, incrédules. Cependant, la parole de la Gardienne avait valeur de loi et lui obéir se devait d’être exécuté sur le champ. Aussi, les novices, garçons et filles, se mirent en marche, se bousculant parfois, s’évitant souvent, chacun trouva une colonne à sa convenance.
Azeleen sans s’en rendre compte avait choisi une pierre se trouvant à proximité de la Gardienne. Plus précisément, elle s’était placée sur le côté de l’estrade, l’arche des Melien’drhéa se trouvant à portée de main. Elle posa sa main doucement sur la surface qu’elle supposait glacée. A sa grande surprise, une sensation piquante mais néanmoins chaleureuse accueillit son contact. La Gardienne se retourna alors en un mouvement brusque. Une décharge électrique venait de lui parcourir l’échine. Elle posa son regard sombre et froid, impérieux, sur Azeleen, qui ne se doutait de rien. Les pierres bleutées se teintèrent alors du plus beau de bleu, celui des rois, pur et profond. Elle regarda alors autour d’elle, ne sachant trop quoi faire. Elle esquissa un geste de surprise, les yeux ronds d’étonnement. Près de la Gardienne, se tenaient quatre Malien’drhéa. Chacune portait une étole différente. Blanche, rouge, verte et bleue. Azeleen ne les avaient pas vu arriver et elle supposa que personne d'autres ne les avaient entendu, chaque novice affichant sur son visage l'expression de ceux qui se sentent désemparés.
Cependant, elles étaient là et il fallait obéir. Azeleen se dirigea vers la jeune Malien’drhéa habillée de bleu roi. Les autres novices se dirigèrent vers leurs Malien’drhéa désignées. Lentement les groupes se formèrent, petit à petit ils grandirent. Quand enfin, tout le monde eut trouvé son chemin, en silence, les Malien’drhéa se mirent en route. La procession commença par la jeune habillée de blanc puis fut suivi par l’arrogante verte, l’hautaine rouge pour finir par la belle et glaciale bleu roi.
Chacun se mit en marche, sous le regard examinateur de la Gardienne. Azeleen remarqua alors que dans son groupe, ils n’étaient que cinq. Juste cinq alors qu'au départ, ils étaient une trentaine.
Trois jeunes filles et deux garçons, cinq novices pour devenir ce qu’ils désirent. Ils semblaient tous avoir le même âge qu’Azeleen, du moins leur apparence laissait ainsi à penser tant ils avaient la même aisance dans leurs mouvements.
Une jeune fille aux cheveux bruns courts et ébouriffés, au regard pétillant et au sourire facile, à la démarche souple et à l’allure de reine menait le groupe.
Derrière elle, un garçon qui lui ressemblait étrangement. Les cheveux bruns en bataille, son regard vert assombri par de la poussière d’anges noirs, l’expression neutre, il marchait avec l’assurance des princes de sang. On pouvait presque deviner à la façon dont son bras droit se balançait contre lui qu’il recherchait une épée autrefois portée à son côté.
Une jeune fille, de taille plus grande que la moyenne, aux longs cheveux roux, à la peau de pèche nacrée semblait absorber dans ses pensées, la tête abaissée, le démarche hésitante de celle, rêveuse qui s’oublie dans ce qu’elle imagine, ensorcelée.
A sa suite, marchait Azeleen, jeune fille d’une quinzaine d’années, plus petite que la moyenne, la taille fine et la peau blanche comme la neige nouvelle. Elle arborait une expression farouche, déterminée. Ses lèvres étaient pincées, tant elle demeurait concentrée. Son regard de nuit souligné de noir de suie brûlait d’un feu inextinguible.
Enfin, pour terminer le défilé, venait un jeune garçon, qui, on pouvait le deviner à sa façon de marcher et de se tenir était de ceux qui aiment se donner en spectacle. Pourtant, rien de notable dans sa nature et son apparence. Il était de taille et de corpulence moyenne. Sans beauté ni laideur. Si ce n’était cette expression sournoise et suffisante qu’il affichait sur son visage, rien ne laissait présager que ce garçon saurait se faire remarquer.
Quant à leurs tatouages, marques de distinction révérées, Azeleen ne put en apercevoir que trois en tout et pour tout. A l’air libre ou protégés sous un voile léger, ils se dissimulaient.
La jeune fille aux cheveux courts affichait semblait-il, la marque des flammes sur sa nuque.
Le jeune garçon derrière elle affichait un dessin de nuit qui courrait le long de son cou pour suivre la courbe de ses joues et venir mourir sous son œil droit en une longue spirale veloutée. Elle n’avait pu décrypter et ce faisant ignorait le secret de ce dessin qui accentuait le côté sombre du jeune garçon.
Enfin, Azeleen avait pu apercevoir rien qu'un instant, mais un instant suffisant, l’étoile du soir dessinée le long du poignet de la jeune fille rousse quand celle ci s'était recoiffée.
Ils avançaient toujours, ignorant où on les conduisait, mené par la Malien’drhéa drapée de bleu roi. Il vint alors à l’esprit d’Azeleen qu’elle n’avait aperçut aucun tatouage sur les Malien’drhéa. Les cachait-elle ? Les protégeait-elle ?
Cet état de fait frappa son esprit d’un trait indélébile. Pourquoi ?
Ses pensées défilèrent ainsi, tournoyant selon le rythme de sa marche et de son souffle, de son cœur et de son esprit. Concentrée, elle ne prêtait pas attention où ses pas la menaient.
Ils se retrouvèrent enfin dans un jardin d’Anduin, leur longue route prit fin. Fleurs séchées, arbres mourant ne demeurant que l’ombre d’eux même dans une position de souffrance apparente, cailloux émoussés, bancs de pierre fatigués, ainsi était le spectacle d’un hiver trop long dans un été trop rude pour des êtres de vie autrefois bénis.
La malien’drhéa les menèrent au centre de ce jardin, où des sentiers de pierres sombres venaient se rejoindre en une lente ascension serpentine. Une fois arrivés au centre de cet Eden de désespoir, elle se retourna d’un mouvement vif, surprenant chacun de ses novices.
Elle était belle, son visage d’un ovale parfait révélait deux yeux dorés qui brillaient d’un feu sauvage, ces traits étaient fins, comme sculptés par des doigts de maître. Elle était habillée d’une robe bleu roi, unie, épousant ses formes pour s’évaser à partir de la taille en une souple et large corolle. De sa peau, on ne percevait que la grâce dorée de ses mains veloutées et le teint de ses joues rosées. Ces cheveux d’un roux flamboyant tombaient en cascade bouclée le long de ses reins.
D’elle émanait arrogance et assurance, la fierté vibrant à l’unisson de sa respiration, transpirant par moment de suffisance exaltée.
C’est d’une voix chaude et caressante qu’elle s’exprima enfin à leur intention :
"- Mon nom sera Feranea : celle qui décide. Je n’en aurais pas d’autres pour vous. "
Elle s’interrompit un instant, imprimant ainsi son nom sous l’effet de l’impatience dans ces esprits encore chétifs d’ignorance.
"- Votre nom, vous ne me le donnerez pas. Je le déciderai pour vous, jusqu’au jour où enfin, vous pourrez décider du votre avec raison. Ainsi est la loi dans la forteresse, ainsi il en va pour vous comme pour tous ceux qui vous ont précédé et qui vous suivront."
Elle toisa du regard chacun d’eux d’un air sévère, puis se mit en marche en direction d’un arbre chétif et d’apparence maladive. Elle le caressa d’une main, effleurant par moment ses aspérités ou le griffant de temps à autre de ses ongles acérés.
On croirait une ronce couverte d’épines, elle caresse pour mieux blesser.
Feranea reprit d’un ton détaché, le sourire aux lèvres :
"- Vous me dessinerez cet arbre du mieux que vous pourrez. Si votre travail est bien fait, vous le saurez… Je veux de l’application, de la concentration, du désir et du talent. "
C’est tout, elle ne nous donne aucun conseil, rien qui ne puisse nous aider.
Le visage d’Azeleen exprima alors incrédulité, une expression qui devait sans doute se retrouver sur les traits de ces compagnons, ce qui fut tout de suite repéré par Feranea.
"- Non, je ne vous donne aucun conseil, à vous d’apprendre et de comprendre, de sentir et de tisser. Ceci est ma première leçon. L’instinct… "
Un rictus de défi s’épanouit sur le visage de la Malien’dhréa. Elle s’éloigna de quelques pas de l’arbre et croisa les bras, en signe d’impatience.
Les novices s’entreregardèrent, désabusés, ne sachant pas quoi faire. Ils n’avaient rien pour dessiner, aucun fusain ni papier. Ils regardèrent alors autour d’eux, tentant de trouver ce qu’il recherchait, un support, un soutien, de l’aide tout simplement.
Une forme s’approcha d’eux, discrètement, silencieusement. Quand celle-ci planta son regard de glace dans celui d’Azeleen, ce fut comme si toute respiration s’était tue, réprimée par la peur et l’inquiétude. Le temps sembla freiner sa course, retenu par des chaines suspendues aux désirs de la Haute et Sage. Car c’était bien elle qui venait d’arriver, toute de solennité habillée.
Sa voix métallique chanta alors à leur intention :
"- Vous trouverez tout ce qui vous sera utile près du buisson fourchu. "
Puis elle s’éloigna, allant rejoindre Feranea d’un pas assuré. Elles se mirent alors à discuter entre elles, ne prêtant plus aucune attention aux novices qui se trouvaient là.
Azeleen alla chercher les feuilles blanches qui étaient posées sous une pierre près du buisson fourchu. Elle fut imitée par le garçon au tatouage entrelacé sur sa joue. L’un ramassa les fusains, l’autre les parchemins. Puis, chacun s’assit par terre, à même le sol dur et froid, étrangement froid, alors que l’air était doux, si agréablement doux. Ils ne se regardèrent même pas, trop impressionnés par la Gardienne qui était à leurs côtés, attentive à leurs gestes bien que ne le montrant pas, mais ils n’en doutaient pas.
Azeleen s’installa aussi confortablement que le sol pouvait la laisser profiter, calant ses feuilles sur l’un de ses genoux. Elle observa attentivement l’arbre mourant, tentant d’en comprendre l’essence, la vie, l’apparence. Elle avait étudié dans les livres, elle savait qu’une simple représentation de l’arbre ne suffirait pas. Cela ne serait que portrait figé et vide, inutile, presque futile. Pourtant, son instinct lui disait de le dessiner, d’esquisser d’un trait ce qu’il était.
- Cela ne suffira pas. Si il fallait juste savoir dessiner, tout le monde saurait le faire. Que disaient donc les livres à ce sujet ?
Elle tenta de se souvenir des rares passages où il était parfois fait mention de l’art ancestral des Malien’drhéa. Ce n’était que quelques bribes ici et là, souvent dissimulés dans un long texte souvent peu intéressant.
- Feranea a dit que nous saurions quand notre travail sera bien fait, mais comment ?
Elle regarda autour d’elle discrètement, observant les autres novices assis à coté d’elle. La jeune fille rousse semblait perdue dans ses pensées, le regard vague et lointain, le jeune garçon à l’aspect sauvageon dessinait déjà grossièrement ce qu’il voyait, un sourire moqueur aux lèvres. Les deux autres novices qui se ressemblaient tant se regardaient de temps à autre puis au même moment reportaient leur regard sur l’arbre désigné. Ils semblaient songeurs, attentifs.
- Ils savent quoi faire apparemment, et moi je reste là à ne rien comprendre.
Elle replongea dans la contemplation de sa feuille vierge, où nulle trace de ce qu’elle aurait pu dessiner ne se devinait. Malgré tout, elle se concentra de plus en plus, tentant de sonder et de ressentir ce qu’il y avait à faire. Feranea avait parlé d’instinct…
Plongée dans ses pensées, dans ce désir entêté de réussir, elle ressentit une sorte de brûlure lancinante au niveau de ses reins, une douleur lointaine, presque incertaine. Elle n’y prêta pas attention au départ, croyant tout simplement que son tatouage avait besoin de soins. Puis lentement, son esprit glissa hors de son contrôle, comme un filet d’eau que l’on désire conserver entre ses mains mais qui se faufilent imperceptiblement entre les failles et les interstices. Son esprit semblait ne plus lui obéir, un vertige la saisit, l’emportant dans ses rets comme une tempête imprévisible. Une tempête de flocons d’hiver où le givre chante la morsure du froid et le baiser enivrant de la neige. Elle tenta de se ressaisir, de se rattraper à ce à quoi elle conservait encore un minimum de contrôle. Ses souvenirs. Ils lui appartenaient. Elle se rappela ce qu’on venait de lui ordonner, les paroles de Feranea résonnèrent dans son esprit, l’arbre, il faut dessiner l’arbre. Elle se raccrocha à ses paroles avec difficulté, la tempête était envoûtante, puissante et son parfum était ensorcelant. Il embrasait les sens.
- L’arbre, il faut dessiner l’arbre.
La tempête sembla alors se calmer, imperceptiblement, le vent sembla souffler moins fort, plus caressant. Il forma alors de minces fils de givre dentelé, s’entremêlant au départ de façon maladroite et malhabile pour ensuite s’effleurer de plus souple manière, doucement. L’arbre lentement se dessinait dans son esprit, le givre traçait courbes et ramages, tissant les lignes qui par moment étincelaient.
La tempête doucement se calmait dans l’esprit d’Azeleen, elle s’apprivoisait, contenue difficilement. Elle rouvrit les yeux qu’elle avait conservés fermés durant tout le travail de concentration qu’elle venait d’opérer quand elle réprima un geste d’étonnement à la vue de l’arbre dessiné.
Des tissages rouges et argent dansaient le long de son tronc fatigué, se repoussant avec véhémence, électrisant l’air là où les fils se touchaient. Les yeux ronds de surprise d’Azeleen furent plus éloquents que la moindre parole, tout comme l’expression de la jeune fille aux cheveux courts. Azeleen maintenait la tempête de givre sous son contrôle, bien que parfois, quelques éraflures de froid venaient entailler son esprit de brûlure glacée, mais elle s’entêtait. Tout comme l’autre jeune fille.
Un frisson la parcourut alors, ce fut comme un coup de fouet, cinglant, comme quelque chose qui coupe la respiration et laisse haletant. Elle reprit ses esprits, secouant la tête avec furie. Une main ferme était posée sur son épaule, celle de la Gardienne. Elle regarda alors autour d’elle et vit la jeune fille aux cheveux courts afficher la même mine ébahie sous la poigne dure de Feranea.
- Que s’est-il passé ? J’avais réussi et voilà que maintenant il n’y a plus rien, je me sens si… vide…
La Gardienne desserra son étreinte, libérant Azeleen qui soupira d’aise et de soulagement.
"- Relevez vous, tous…"
Feranea vint s’installer près de la Haute et Sage, en retrait. La Gardienne s’exprima alors d’une voix froide, en colère.
"- Voici ce qu’il ne faut pas faire, surtout quand vous êtes aussi inexpérimentées. Engager un combat, êtes vous donc aussi aveugles et dénuées de bon sens pour ne pas sentir quand quelqu’un exerce son talent ? "
Azeleen et l’autre jeune fille rougirent quelque peu, gênées. Les autres novices les regardaient d’un air suffisant. Ils n’avaient pas commis d’erreurs, peut être aussi parce qu’ils n’avaient pas réussi…
"- Néanmoins, vous avez réussi… Là où d’autres ont échoué. "
Ce fut alors le tour aux autres novices de se sentir mal à l’aise.
"- Vous avez entamé votre apprentissage, démêlé les premiers nœuds d’une trame plus complexe encore que ce que vous pouvez imaginer. Cette trame vous la suivrez toujours, elle vous est destinée. Nul ne sait où elle vous mènera, ce que vous y découvrirez et ce qui vous sera permis d’exercer. C’est à vous d’y travailler. La cérémonie des distingués m’a permis de desceller chez vous les premiers nœuds qui vous étaient destinés. Le reste vous est dévolu. Nous ne pourrons que vous guider… "
Ses yeux brillaient tels des pierres étoiles. Menaçantes.
"- Quand aux autres, vous devrez réessayer encore. La voie des Malien’drhéa ne peut passer que par là. "
Elle posa un dernier regard sur l’assemblée, jaugeant une nouvelle fois les novices, lisant en eux avec brutalité. Puis elle s’éloigna, silhouette rouge sang dans un décor dénué de couleurs et de saveurs.
Feranea poursuivit :
"- Ceux qui ont échoué vont continuer à s’exercer ici. Vous me dessinerez cet arbre, je le veux pour ce soir… Pour celles qui ont réussit, ne croyez pas que vous avez tout compris. Il vous faudra vous exercer jusqu’à ce que vous contrôliez parfaitement ce que vous avez découvert. Cela n’est peut être pas plus simple que ce qu’ont à faire les autres. Au contraire… "
D’un regard, elle intima aux autres novices de se rasseoir. Ils reprirent alors leur travail, mal à l’aise.
"- Ramassez vos affaires et suivez moi."
Azeleen et la jeune fille prirent leurs affaires dans leurs mains fébriles.
"- Tu seras Bressiera, celle qui enflamme. Toi, tu seras Frostia, celle qui apporte le froid. "
Bressiera et Frostia ne dirent mot, peinant à reconnaître un autre nom que le leur. Azeleen, maintenant Frostia, demeura silencieuse, abasourdie par le dessin qu’elle tenait. Une dentelle de givre était venue brûler le papier pour représenter l’arbre défiguré. Bressiera lui rendit son regard étonné, sur son parchemin ne restait plus que de la dentelle calcinée.
Captivant!
Juste quelques petites choses : "Elle arborait sur son visage une expression farouche," je dis pas que c'est mal, il faudrait demander à Aelghir, mais je dirait que "sur son visage" est superflu.
"...transpirant par moment de suffisante exaltée. " Ce n'est pas plutôt "suffisance"?
Est-ce Feraena ou Feranea? On touve les deux. Je me souviens que mon héros, à la base, s'appelait Ellidas, et j'avais oublié de le modifier. C'est peut-être ça, ou des fautes de frappe?
"Le reste, vous est dévolu." Je crois que la virgule est en trop.
Voilà, rien de bien important en soi, l'ensemble est très bien^^
C'est effectivement beaucoup de fautes de frappe. Suffisance, Feranea et la virgule sont corrigés. Il en va de même pour le visage, cela était peut être de trop en effet.
"- J’étais pourtant sure de l’avoir poser là ce matin… "
La Gardienne murmurait de vagues remontrances contre elle-même, cherchant dans le fouillis organisé de son bureau où elle avait bien pu laisser le manuscrit qu’elle traduisait.
Des livres étaient rangés en piles le long des murs, des feuillets à l’écriture cursive et lointaine attendaient d’être traduits dans des portefeuilles violets bordés de rouge cramoisi. Au sol, un parquet au bois rose vernuré de violine apportait à la pièce douceur et fraicheur. Au centre, se tenait majestueux, un bureau massif de bois d’ébène ornementé d’incrustations d’argent. Une sombre solennité émanait de lui, comme un être vivant, il distillait ses humeurs dans la pièce. Sur les murs, des tentures souples de soie violette rappelaient le parquet. Des anciennes tapisseries, à la symbolique sacrée, mais en partie perdue venaient agrémenter la pièce d’originalité, rompant la monotonie du ton sur ton.
L’une d’elle attirait l’attention, non pas à cause de sa décrépitude avancée ou des couleurs qui étaient presque toutes passées. Non, l'oeil était attiré par cette œuvre. Au premier regard en effet, la curiosité était piquée : le dessin, qu'on devinait esquissé il y a de cela des années, demeurait digne des plus belles œuvres conservées, bien après des siècles de vie traversés. Cette tapisserie représentait trois femmes en procession. La première apparaissait jeune et radieuse, sa silhouette rappelait la grâce des danseuses. Une beauté parfaite, une élégance naturelle qui faisait qu’en esquissant à peine le geste de son prochain pas de danse, on imaginait sans peine le suivant.
La seconde était plus calme. Droite, au port de reine, tout simplement belle, elle était représentée dans une attitude pensive, réfléchie. Portant d’une main un livre et de l’autre des pinceaux, elle symbolisait ce qu’on pouvait penser être une Malien’drhéa de l’ancien temps. Venait ensuite la troisième et dernière femme. D’âge mur, le regard sombre et froid, la silhouette arrogante et fière, elle incarnait le pouvoir et la puissance, tant son charisme impressionnait. Elle ne tenait rien dans ses mains, ses vêtements étaient simples, ses gestes inexistants. Mais on devinait qu’elle était la plus puissante.
On aurait pu les dire sœurs ou cousines tant la ressemblance entre elles était frappante, mais la simple pensée se refusait à imaginer pareille parenté. La tenture disait non, refusant toute conjecture, sans que l'on comprenne pourquoi, sans que l'on sache comment. Mais malgré tout, malgré cela, on saisissait les liens de parenté dans le sens et la couleur des trames.
Le seul symbole que l’on pouvait traduire avec de vagues soupçons était ce tatouage étrange que chacune portait à leur front : un croissant de lune bleuté venait orner leur visage d'une parure sacrée. Vénéraient-elles un culte de la lune à elle trois ? Etaient-elles prêtresse de la nuit en ce temps là ? Etaient-elles les représentations de trois lunes sacrées ?
Personne véritablement ne le savait. Les hypothèses s’échafaudaient mais la raison demeurait cachée.
Une lointaine chanson leur était pourtant consacrée, que la Gardienne connaissait mais qu’elle n’arrivait pas véritablement à déchiffrer, à mettre en lien avec le passé, car le passé était en parti perdu, détruit, oublié.
"- Haute et Sage, excusez moi mais avez-vous perdu quelque chose ? "
Une Malien’drhéa venait d'entrer dans la pièce. La Gardienne se releva d’un bond, sortant la tête de ses notes et papiers, le regard furibond.
"- Ma cousine, notre lien de parenté ne vous donne pas tous les droits en cette cité. Et certainement pas celui de pénétrer dans mon bureau sans y avoir été invitée. Que faites vous là ? "
La jeune femme s’excusa en esquissant une révérence parfaite, d’une rare élégance. Cependant son visage ne trahissait pas le moins du monde une quelconque gêne.
Ces deux femmes étaient en effet cousines de part le roi de Malien, Gridevald Le Malin. Le souverain avait été fin joueur et subtil stratège, tirant sa carte du jeu avec audace et talent quand le temps s’était montré complice et délice.
Il s’était tout simplement arrangé pour installer sur le trône des Malien’drhéa une parente qu’il avait lui-même élevée. Les Malien’drhéa étaient en effet un symbole. Elles exerçaient leur autorité face au roi, parfois contre lui, jugeant et décidant, découvrant et créant, alors que le roi ne pouvait que guerroyer et gouverner…
Ainsi, Gridevald avait décidé que réunir le pouvoir double en une seule et même main, la sienne, serait à son avantage. Tempora était sa nièce, enfant abandonnée dès l’enfance, sa mère, la sœur du roi, avait succombé à l’accouchement en la mettant au monde et son père en était mort de chagrin, délaissant la seule enfant née de cette union. Gridevald l’avait donc recueillie, la chérissant avec tendresse mais projetant déjà de l’utiliser à ses fins le moment venu. Il l’avait élevée en compagnie de ses enfants dont Greavial faisait partie.
Fille de roi et princesse de sang, elle avait cette allure effrontée de celles qui se savent de haut rang et depuis l’enfance avait conservé cette mine arrogante et suffisante. Malgré cela, elle faisait partie des plus douées des Malien’drhéa, en compétition constante avec sa parente.
Cependant le roi avait de nombreux projets. Il avait suivit pendant quelque temps l’enseignement des Malien’drhéa, ainsi était la coutume pour les enfants du sang, et avait découvert en lui ce talent particulier de desceller, avant même qu’elle ne naisse, la lueur en une personne. Il avait décidé que Tempora serait la Gardienne et l’avait élevée dans cette optique. Quant à Greavial, son tour viendrait, quand il le déciderait.
Ainsi, Tempora avait prit conscience très tôt des projets de son oncle et loin de les réprouver, elle les acceptaient avec froideur et même, l’encourageait. Elle avait donc été acceptée à douze ans en tant que novice et rapidement avait prouvé sa valeur et ses talents en devenant à l’âge de quatorze ans une Malien’drhéa. Lorsque la Gardienne précédente décéda quelques années plus tard, le roi entreprit de faire jouer ses relations au sein même du conseil pour faire élire la plus prometteuse des jeunes acceptées de la forteresse. Il fit tant et si bien dans l’ombre que personne ne soupçonna qu’il fut à l’origine de cette élection. Quelques murmures s’élevèrent néanmoins à cette nomination mais il furent vite réprimés et tombèrent sans plus tarder dans l’oubli. Ainsi fut choisie Tempora, consciente que son accession à ce titre était redevable à son oncle mais consciente également que c’étaient ses talents en grande partie qui avaient joué en sa faveur.
Depuis lors, elle gouvernait cette institution selon son bon vouloir, et non selon celui de son oncle qui ne tarderait pas un jour à se rendre compte que sa nièce n’était plus sous son contrôle. Cependant, en vieux renard qu’il était, il avait installé sa fille à ses côtés, espionnant et guettant ses moindres faits et gestes. Et la voilà qui était là, minaudant et grinçant des dents à la recherche d’une faute ou d’une méprise à divulguer à son père…
"- J’ai frappé plusieurs fois à votre porte et n’entendant personne répondre, j’ai cru qu’il vous était arrivé malheur. "
"- Votre sollicitude m’enchante mais cela ne répond pas à ma question, Greavial. Que faites vous dans mon bureau ? "
"- Je suis venue vous apporter le compte rendu des tests effectués ce matin sur les novices rouges. Il y a quelques éléments prometteurs mais le reste ne compte pas. Ils ont la lueur mais elle vacille sous le moindre de leur souffle. "
"- J’aurai très bien pu m’en rendre compte moi-même en lisant le rapport de Dymphnéa. "
"- Mais il vous aurait manqué quelque chose."
Greavial sourit, affichant un air de fausse modestie.
"- Votre don est certes utile mais il ne peut rendre service sans mon autorisation expresse. Vous savez que je peux bruler votre talent, si vous n’y prenez garde. "
Greavial ne cilla pas à l’écoute de ces menaces. Sa cousine était peut être la Gardienne mais c’était son père qui l’avait placé là, sur ce trône. Jamais elle n’irait à l’encontre de sa fille…
"- Vous ne le brulerez pas, il vous est trop utile comme vous le dîtes. "
"- Ne soyez pas trop prompte à dispenser jugement sur ce que vous ignorez. Et surtout, ne me tentez pas… "
La Gardienne grinça des dents, ne cachant pas son exaspération devant tant d’audace et d’insoumission.
"- Je suis moi-même allez voir certains apprentissages ce matin et je n’ai rien à apprendre de toi… "
Elle accentua le tutoiement pour bien faire comprendre le rang que devait occuper Greavial en sa présence.
"- Vous avez donc été voir les bleu roi ? Comme toujours, c’est la meilleure promotion, mais celle-ci a un goût particulier. Certes, nos neveux et nièces y ont été nommés, mais il y a autre chose."
"- Je n’ai rien à apprendre de toi. Maintenant retourne à tes devoirs. Tout de suite ! "
Greavial salua d’une impeccable révérence sa cousine, souriant d’un air narquois de l’avoir ainsi énervée. Elle se dirigea vers la porte et quand elle ouvrit celle-ci pour sortir, elle se retourna, le regard sombre.
"- Ne crois pas pouvoir la dompter. Hiver est imprévisible. On ne peut le défier. J’ai vu où son fil allait, au-delà des nœuds et des impasses, j’ai vu de quoi elle était capable. Elle pourra réunir ce qui a été séparé et perdu voilà des centaines d’années. "
Les yeux de la Gardienne se mirent à briller d’un feu sauvage, la colère bouillonnant en elle comme un brasier ardent. Puis, sa cousine ne fut plus là, l’absence remplaçait sa présence, soulagée.
Greavial avait en effet le don unique de lire les fils de la destinée de chaque enfant porteur de la lueur. Elle pouvait les démêler, les comprendre et abuser de ce talent. La puissance d’une Malien’drhéa provenant essentiellement de ses compétences en matière de compréhension de ces nœuds obscurs qui entravaient la progression. Ainsi si une novice ou même une jeune Malien’drhéa venait à apprendre quel don elle serait en mesure de posséder plus tard, avant même de le sentir ou de le découvrir, son pouvoir en serait fortement diminué, ou même pire, il pourrait s’enfuir et disparaître à jamais. La Gardienne aussi avait ce talent, mais il fallait bien l’avouer, il était bien moins développé que celui de Greavial. Elle, elle pouvait voir presque tout le fil, parfois même au delà, alors que Tempora, malgré tous ces efforts, ne pouvait apercevoir que quelques nœuds et carrefours de ci de là.
"- Je n’ignore pas que l’Hiver ne se dompte pas en Malien. Il est et ne se défie pas. On l’accepte, on le contourne parfois, mais jamais on ne peut l’affronter. Il est imprévisible, impatient, tempétueux. Cette jeune fille est prometteuse, elle est douée. Mais bien que l’hiver ne puisse être maîtrisé, il peut être affaibli, contrecarré par le feu, la chaleur, le brasier… "
La Gardienne retourna à ses recherches. Le manuscrit d’Orgala était là, sur son bureau. Elle l'avait enfin retrouvé et devait finir de le traduire. Elle était certaine que déchiffrer ce courrier d'un autre temps lui apporterait les réponses à des questions qu'elles cherchaient depuis longtemps…
"Au sol, un parquet au bois rose vernuré de violine apportait à la pièce douceur et fraicheur. Au centre, se tenait majestueux, un bureau massif de bois d’ébène ornementé d’incrustations d’argent. Il apportait à la pièce une sombre solennité." Ca fait une répétition
"une élégante naturelle" élégante ou élégance?
"de rentrer dans la pièce." Je mettrais plutôt d'entrer dans la piece. Mais tu fais comme tu veux, ici, ça peut pas être considéré comme une faute.
"Ses deux femmes " Ces deux femmes.
"Gridevald le malin." Je mettrais "le Malin" moi...
"ce talent particulier de desceller avant même qu’elle ne naisse, la lueur en une personne." Je mettrais une virgule avant "avant".
"ses nœuds obscurs qui entravaient la progression," Je crois que c'est "ces"
"son pouvoir en serait fortement diminuer" diminué.
"Tempora, ne pouvait voir qu’au-delà de quelques nœuds, de quelques carrefours, Greavial, elle, pouvait voir presque tout le fil, et parfois même au-delà…
" Je pense qu'il faudrait revoir la phrase, au niveau des virgules.
Sinon dans le dernier paragraphe, au niveau des IL, ça colle pas. Où alors écrit hiver avec une majuscule.
Voilà, désolé d'être aussi froid dans ma correction, mais j'arrive pas à faire autrement. Sinon continue, c'est très bien!
Merci Belgarion.
J'avais pourtant relut je ne sais combien de fois le texte mais à force de le lire, on le connait par coeur et même les mots mal écrits ne sautent pas aux yeux. ^^
Je vais peut être attendre avant de mettre la suite et l'histoire parallèle que j'avais écrit il y a quelques temps, cela risquerait de faire beaucoup de corrections dans la même journée.
Je vais relire et tout revérifier pour éviter de fatiguer les yeux et les méninges.
J'ai encore relut mon texte et j'ai modifié certaines tournures de phrase.
Au vu des fautes et des maladresses, je me demande si je vais encore poster. Ca ne donne pas envie de lire et ça en devient ridicule de faire des fautes comme ça.
Arrêter de poster! Permet moi de te dire que je ne suis pas d'accord. Je n'ai pas posté jusqu'ici parce que faire des critiques n'est pas mon fort, mais j'aime ce texte
C'est bien construit, bien écrit malgré des maladresses mais bon, qui n'en fait pas en débutant ou même plus tard?
Pour progresser il faut passer par ce stade de la critique. Il y a tant de fautes dont on ne s'apercoit pas soi même. Je ne compte plus le nombre de fois ou j'ai écrit des passages dont on m'a dit que la tournure était horrible. A chaque fois ca me vexe un peu et me fait mal aussi de ne pas arriver à ce que je voudrais mais ce n'est pas pour autant qu'il faut abandonner
Ton texte est vraiment sympa, agréable à lire, captivant à certains moments. L'histoire m'intrigue et me plait, j'ai envie de continuer à le lire. N'abandonne pas
Merci Mélisande, c'est très gentil et tu as raison sur le fait que pour progresser, il faut accepter la critique et ne pas baisser les bras.
Déjà se rendre compte de ses erreurs et essayer de les corriger est un bon début.
Petit à petit, j'espère un jour, je n'aurai plus trop besoin d'être guidée.
J'écris pour me détendre, pour oublier ces révisions qui me prennent la tête et pour me faire plaisir. Du moment que je n'oublies pas que c'est juste pour me faire plaisir, que c'est un moment de loisir, je continuerai à écrire avec bonheur.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Trop occupé pour lire ces derniers temps, je viens de corriger mon manque d'attention. Mes impressions sont positives dans l'ensemble. le récit est toujours captivant, les personnages sont vivants et attrayants. Le style poétique, contourné est plaisant mais a les défauts de ses qualités, c'est à dire parfois un peu lourd, un peu obscur. Cela conduit aussi à des répétitions assez nombreuses et à des mots inutiles ( ex : soit disant malaise). Apprends à alléger un peu tes phrases, je parle en connaissance de cause).Quelques fautes d'orthographe comme des infinitifs après avoir ou bleus rois au lieu de bleu roi (pas de marque du pluriel dans le cas d'un adjectif de couleur suivi d'un nom ou d'un adjectif), tu devrais écrire les "bleu roi".
en résumé, j'aime beaucoup ton histoire.
Je viens de me rendre compte d'un truc étrange concernant mon histoire parallèle que j'avais écrit en début d'année. oO
Oui je n'arrivais pas à m'endormir hier soir et j'y ait repensé pour pouvoir la modifier quelque peu et l'intégrer dans ce que je suis en train d'écrire là.
Enfin, pour cela soit complet, il faudra encore intégrer une autre histoire parallèle et réunir tout ça.
Enfin bref, le problème est qu'avant même d'avoir lu la Roue du temps (je n'avais même pas ce cycle à l'époque et ne connaissais même pas... ) j'ai appelé mon perso principal Elayne et j'ai introduit un monde de souvenirs et de rêves qui ressemble un peu au Tel'aran'rhiod.
Je ne m'en étais pas rendu compte avant... Cela vient de me sauter aux yeux.
C'est assez déstabilisant.
Feranea avançait à une allure pressée, l'attitude déterminée. Tant et si bien qu’il arrivait parfois aux deux novices qui la suivaient de se mettre à courir pour la rattraper. Elles s’échangeaient des regards inquiets, interrogateurs.
- Mais où nous emmène t-elle. Elle va nous perdre si elle continue à courir ainsi après le vent…
Elles traversèrent couloirs et corridors, grimpèrent escaliers sur escaliers, s’enfonçant toujours plus profondément dans la forteresse. Ici et là quelques fenêtres laissaient pénétrer la lumière, permettant de regarder au dehors ce qu’il se passait. Jardins et enclos défilaient les uns après les autres, tous différents, tous particuliers dans leur couleur et agencement. Quelques personnes discutaient dans ces havres de paix, d’autres y travaillaient ou s’exerçaient.
Elles finirent enfin par arriver au cœur même d’une Tour perchée dans l’aile Ouest, celle dédiée à la conservation et à la restauration des biens du passé. Feranea ralentit l’allure, ce qui fut accueillit par un soupir de soulagement repris en cœur par les deux novices.
- « Je ne veux pas vous entendre. Ni l’une, ni l’autre.»
Elle regarda tour à tour Bressiera et Frostria, leur intimant silence par le regard en plus de l’ordonner si gracieusement par la parole. Les novices hochèrent la tête, en signe d’assentiment, dissimulant mal leur inquiétude et leur épuisement.
La Malien’drhéa ouvrit une porte usée par le temps, le bois montrant ici et là quelques détails de fatigue qui ne laissaient rien présager de bon quant à l’isolation de la pièce qui se trouvait là.
Les deux jeunes filles se faufilèrent derrière elle, découvrant un lieu dédié à la restauration des plus belles pièces de tapisseries. Celles-ci, fatiguées à force d’exposition à la lumière et à l’humidité, se ternissaient, perdaient leur couleur et s’effilochaient. Certaines étaient étendues sur de longues cordes de chanvre, d’autres reposaient sur des tables basses destinées à cet emploi, d’autres encore, les plus abîmées, étaient délicatement posées sur des tables de travail percées au centre pour pouvoir les réparer.
Naturellement, pour conserver encore cette vieillesse latente, la pièce était plongée dans une obscurité partielle, aussi quelques rares bougies parsemaient ici et là les murs et l’humidité y était presque inexistante.
Au fond de la pièce qui était bien vaste, se cachaient deux portes dans l’ombre. Seule une personne au courant de leur présence dans cette obscurité aurait pu les desceller.
Feranea se dirigea vers l’une d’elle, évitant les tables et chaises de travail avec souplesse et élégance. Azeleen et sa camarade esquissèrent un geste pour la suivre quand celle-ci se retourna :
- « Restez là et ne touchez à rien. Vous m’avez comprise. Abîmer quelque chose et je vous promets que votre séjour ici sera pire que vos pires cauchemars…»
Elles se figèrent sur place, obéissantes et affligées.
Elles attendirent donc que Feranea s’engouffre dans la nuit et que le bruit d’une serrure qui se referme se soit enclenché pour oser de nouveau esquisser un mouvement et regarder autour d’elle les trésors que recelait cette pièce.
- « Où sommes nous à ton avis ? demanda Azeleen. »
- « Je l’ignore, j’ai perdu le sens de l’orientation à force de tourner et de marcher dans ce labyrinthe. Mais apparemment nous sommes arrivées dans l’aile Ouest, là où les Malien’drhéa entreposent, restaurent et redécouvrent les secrets du passé. »
Bressiera s’avança pour étudier de plus près une tapisserie. La danse des flammes imprimaient des ombres mouvantes sur le motif, un défilé de nuages sombres semblaient défiler dans ces cieux très terre à terre.
- « Comment le sais tu ? ».
- « Mon père a été autrefois novice, il connaissait la forteresse par cœur. Il me l’a donc décrite et je me souviens de certains détails. L’aile Ouest est dédiée aux souvenirs, l’aile Nord à l’habitation, l’aile Est, à l’étude et à l’apprentissage, alors que l’aile Sud nous est interdite, c’est là que logent et travaillent les Malien’drhéa. Il s’est bien gardé par contre de me prévenir sur les méthodes d’apprentissage... Au fait - son ton prit le rythme enjoué d’une ballade enfantine - je m’appelle Sanéa.»
- « Et moi, Azeleen. »
Le silence s’installa momentanément entre les deux jeunes filles. Elles observaient avec attention les tapisseries et parchemins sur lesquels dormaient les dessins.
Bressiera exprima alors à haute voix ce qu’elle pensait :
- « Je me demande de quelle époque ils datent. Nous avons tout perdu depuis le grand sommeil. Peut être que ces œuvres remontent à des temps qu’on ne soupçonne même pas. »
- « Un jour nous le saurons peut être. »
- « Oui, un jour vous le saurez. »
Bressiera et Frostia sursautèrent en chœur, déplaçant quelques tables sous l’effet de la surprise et du mouvement de recul. Une voix s’était élevée, nasillarde, chevrotante. La voix d’une vieille femme. Elle sortit de la nuit, les ombres mouvantes issues de la danse hésitante des chandelles dessinaient sur son visage parcheminé des rides effrayantes. Pourtant, son regard était doux, caressant. Il luisait de gentillesse et de promesses.
- « Ne craignez rien, je ne vous ferai aucun mal et n’irai pas rapporter que vous avez désobéit aux ordres. »
Malgré le fait que sa voix était désagréable à entendre, le ton de celle-ci incitait à écouter.
- « Vous êtes ici sans véritablement savoir pourquoi. N’est ce pas ? »
Elles esquissèrent un signe de la tête ensemble, mais gardèrent le silence, toujours effrayées. Elles peinaient à comprendre véritablement ce qu'elle disait, tant tout ce qui sortait de sa bouche semblait obscurci par la folie ou l'égarement.
- « Ne vous inquiétez pas, elle ne reviendra pas tout de suite. »
La vieille femme avait capté les regards inquiets en direction de là où était partie Feranea.
- « Je peux lire en vous comme dans un livre ouvert. Je sais ce que vous ignorez et saurait toujours ce qui vous fera défaut. L’une et l’autre vous serez toujours différentes, comme opposées. Mais dans cette opposition, vous trouverez une certaine complémentarité. »
Elle s’arrêta pour reprendre son souffle, siffla lourdement et reprit :
- « Vous venez d’arriver, vous ignorez encore les fondements même de la nature de ces pouvoirs qui vous sont légués. Depuis la nuit des temps, les trames s’enchevêtrent et se défont, les nœuds se démêlent ou s’entremêlent plus encore. Lire ces trames et ces dessins et desseins n’est pas chose aisée, cela s’apprend, les inciter à faire ce que vous voulez l’est plus encore. Vous avez tout à l’heure démêler un des fils de votre destinée, et vous l’avez enchevêtré à votre guise à ce qui vous entourait. Vous l’avez guidé, choisi, compris. Pour le moment, vous n’avez accès qu’avec limite à votre propre fil, mais un jour viendra où vous pourrez lire plus loin. Au-delà et en deça et tout recommencera. »
Elle s’essouffla encore, prenant une pause qui la requinquerait quelque peu.
- « Je ne fais que vous dire ce qui doit être dit. Vous avez déjà découvert cela, je ne fais que vous le répéter alors que vous n’avez fait que le murmurer. Un jour vous comprendrez pourquoi et comment. Pourquoi ces fils, ces tatouages, ces nœuds, ce passé, ces oublis et surtout … ces trois sœurs. »
Elle toussa bruyamment, prenant appui sur une des tables qui se tenait près d’elle. Un bruit de serrure grinçante vint chanter aux oreilles des novices. Celles-ci se retournèrent d’un seul mouvement, prête à voir surgir Feranea derrière elles avec son lot de menaces et de politesses…
La porte s’ouvrit enfin et les bruits de pas de Feranea trouvèrent un écho assourdissant dans les oreilles des novices. Elle sortit de l’ombre et les observa, le regard de glace. Elle tenait avec douceur sous son bras un parchemin protégé dans un écrin de velours noir incrusté d’argent.
Elle passa près de ses élèves, le regard inquisiteur. Ne trouvant rien à redire ou à faire observer, elle se dirigea vers la porte de sortie.
- « Suivez moi et ne faites pas de bruit. »
Azeleen et sa camarade suivirent Feranea sans attendre, mais avant de quitter la pièce, elles regardèrent derrière elles afin de jeter un dernier regard sur ce qu’il s’était passé... La vieille femme s’était volatilisée.
- « J’espère que vous n’avez pas fait de bruit, Terandy et Tulmia détestent quand elles sont dérangées lors de leur travail.»
Elle ferma la porte en la poussant lourdement tant le sol était, au niveau de la porte, peu nivelé pour le confort. Les deux novices soupirèrent de soulagement en entendant Feranea prononcer les noms présumés de deux Malien'drhéa. Elles n’avaient pas rêvé, elles ne l’avaient pas imaginée. Cette vieille femme devait être une Malien'drhéa...
Feranea repartit de son allure empressée vers la sortie, suivie de ces deux jeunes élèves quelque peu désabusées et rêveuses.
Elles retraversèrent couloirs et corridors, descendirent escaliers sur escaliers. Néanmoins le retour fut plus reposant et plus empreint de soulagement que l’aller.
Alors que le décor rappelait quelques vagues souvenirs aux deux novices, Feranea infléchit sa course vers un couloir inexploré encore par leurs jambes endolories. Elles se dirigeaient vers le centre de la forteresse, pénétrant plus profondément dans le cœur de la demeure. Les minutes défilèrent, elles rencontrèrent quelques autres Malien’drhéa qui saluaient Feranea à son abord, puis ne rencontrèrent de nouveau plus personne. Elles étaient seules…
Enfin, la marche de Feranea se fit plus souple et légère, elle ralentit son pas bien que nulle fatigue ne s’esquisse même d’un trait sur son visage. Elles arrivèrent dans une pièce somptueuse ceinturée de colonnes de pierre lune aux nuances d’un ciel orageux. En fait de pièce, c’était plutôt un immense couloir qui encerclait une autre salle menue, aux murs de nacre violacée. Les plafonds étaient délicatement ouvragés de moulures argentées. Le sol était une œuvre d’art unique, d’un seul tenant, tout de pierre lune azurée. Il brillait d’un aspect velouté.
Feranea s’avança vers la seule porte qui donnait sur la salle encerclée. Une jeune fille sortit alors de l’ombre d’une colonne, gracile et frêle, elle rayonnait d’autorité. Feranea s’arrêta à sa vue et salua avec révérence la jeune fille au teint lumineux.
- « La Gardienne m’a invité à venir lui apporter cette relique. »
- « La Gardienne agit selon son bon plaisir : Maliené siat Malien’drhéa. »
Cette phrase consacrée prononcée, Feranea savait qu’elle pouvait désormais passer. Elle était acceptée par l’une des filles liées, protectrices désignées par et pour la Gardienne. Celles-ci étaient trois, liées à la Haute et sage et dépositaires d’une partie de son pouvoir inné, puissantes et respectées.
Alors que la jeune fille s’effaçait, reculant gracieusement vers les colonnes, Azeleen reconnut la prêtresse qui l’avait guérit et soulagée la nuit de la cérémonie des distingués. Aussi, tout en avançant, elle l’observa discrètement, tentant de percer le mystère de ses yeux qui l’intriguaient.
Mais Feranea ouvrit la porte donnant sur le bureau de la Haute et Sage, tirant Azeleen à la fois de son observation et de sa rêverie. La Malien’drhéa, d’un regard qu’elles commençaient à bien connaître, leur intima l’ordre de la suivre et de rester derrière elle. Elles retinrent alors leur respirations, juste le temps de pénétrer dans la pièce où se tenait, souveraine, la Gardienne.
"Vous m’avez compris" je crois que c'est vous m'avez comprise, "m" étant COD et placé avant avez, donc le participe s'accorde et tout et tout...
Tu devrais remplacer les * par des -, ça ferait plus... classique?
"Bressiera et Frostia sursautèrent en cœur" je crois que l'expression est "en choeur" et ne s'utilise que pour les paroles. Mets plutôt "à l'unisson".
"elles ne l’avaient pas imaginé" si tu parles de la vieille femme, ce dont je ne suis pas sûr... c'est pareil, il faut un e à la fin de rêvé.
Sinon c'est toujours le même commentaire : super. Continue^^
Novice Maintenant Multi d'Emin (à compter du 4 novembre de l'an de grâce 2007)
Heu je n'ai lu que le début, l'intro de la page une donc je ne vais pas juger le contenu lui même mais seulement ton écriture : C'est fluide et agréable à lire, les figures de styles sont bien placées et n'allourdissent pas le texte : Je trouve que tu écris vraiment super bien. Les fautes d'orthographe on s'en fout, et je trouve que les corrections que l'on te fait ne sont que des détails, le texte est tres bien même sans elles. Alors n'arrête pas de poster pour des malheureuses fautes qui franchement sont dérisoires ^^ Désolée les puristes correcteurs je dis ce que je pense
Nan nan, t'inquiète pas! On lui dit pas d'arrêter à cause des fautes, au contraire. Ce serait juste dommage de laisser un si beau texte plein de fautes de frappe et d'inattention.
La Gardienne se tenait debout, immobile, près d’une haute fenêtre sans rideau. Il était étrange de voir ainsi cette fenêtre éclairer la pièce d’une lumière naturelle. Cette salle était en effet encerclée d’un couloir constitué de colonnes de pierre lune. Nulle lumière de l’extérieure ne pouvait donc pénétrer dans ce bijou protégé dans son écrin. Mais ainsi était la pièce. Alors même que vous y posiez le pied, une impression d’intemporalité, d’irréalité vous embrassaient et chacun l’acceptait. Peut être était ce le produit de la magie de la Gardienne, nulle ne le savait. Peut être pas même elle…
Ainsi, son visage était tourné vers l’extérieur, sa silhouette était encadrée d’une lueur blafarde alors que la nuit commençait à tomber… Elle semblait perdue dans la contemplation de ce qui n’était pas, car rien derrière cette fenêtre ne pouvait exister, et pourtant, elle regardait. Droite et d’un maintien noble, elle incarnait l’autorité faite femme. Elle portait alors une simple robe de satin rouge, sans fioritures. Le col était haut, remontant jusque sous le menton. Ses bras étaient englobés dans des manches lâches, retenues au coude par un lien de velours, seul ornement d’une robe qui épousait ses formes et tombait souple et étroite le long de ses jambes. Elle était belle, et elle le savait.
Feranea s’avança silencieusement, ses pas glissant sur le parquet comme une nymphe glisse sur l’eau. Azeleen et Sanéa suivaient, incrédules, regardant autour d’elles avec discrétion pour ne pas se faire remarquer. Elles s’arrêtèrent brusquement, alors que la Malien’drhéa esquissait une révérence respectueuse à l’intention de la Haute et Sage. Elles s’exécutèrent aussitôt, reproduisant plus ou moins bien le mouvement gracieux et digne de celle qui les précédait.
Feranea se releva enfin, imitée par les deux novices. Le silence était d’or, pesant, et chacune attendait que La Gardienne le fasse fondre d’un geste.
La voix métallique de la Haute et Sage s’éleva, refroidissant l’ambiance qui n’était déjà que trop glaciale. Elle ne tourna pas la tête, ne regarda pas les trois jeunes femmes qui se tenaient là.
- « Sortez le parchemin de l’étui et déroulez le sur la table de bois d’Aliné. »
Feranéa s’exécuta, prompte et vive. Toute son arrogance ayant apparence d’obéissance.
Elle prit l’écrin de velours noir et d’un geste trancha le sceau de protection apposé par elle il y avait de cela quelques années. Azeleen et Sanéa auraient-elles été plus expérimentées, elles auraient aperçu le tranchant d’une lame recourbée tissée de fils sombres couper un ruban de métal de la même teinte sombre sur l’écrin.
L’étui fut ouvert, et le penchant doucement, Feranéa en extraya le parchemin qui y était conservé. Elle alla vers la table de bois rosé placée en retrait à côté de la fenêtre et déroula ce qui ressemblait à une carte sur laquelle étaient notées quelques indications dans une langue inconnue.
Feranea avait étudié lors de son noviciat auprès des archivistes et artistes Malien’drhéa. Elle maîtrisait parfaitement les moyens de protéger et de préserver une œuvre d’art par le dessin. Quelques fils attachés ici et là, quelques tensions adroitement partagées sur la toile, tout ceci évidement réversible, et le parchemin tenait sans qu’aucun objet ou aucune épingle ne soit utile pour conserver celui-ci déroulé. C’était un art et une maîtrise fine et précise du pouvoir était demandée…
Feranéa retourna près des Novices, les transperçant d’un regard froid qui intimait respect et silence.
- « Vous rappelez vous où nous avons trouvé ce parchemin Filaé ? »
- « Oui, Haute et Sage. Sur les rives d’un lac à la surface de glace éternelle, près de la forêt de Driédy, à un peu moins de cinquante lieues au Nord de la Forteresse. »
- « Vous rappelez vous quelque chose de particulier ce jour là ? »
- « Non, Haute et Sage. J’étais jeune novice à cette époque, encore inexpérimentée. »
Feranéa de premier nom Filaé, se rappelait juste qu’elle avait souffert de maux de tête douloureux cette nuit où elles avaient découvert ce parchemin enchâssé dans un écrin de glace. Une étrange mélodie avait entamé son sommeil quand enfin, elle avait été autorisée à se reposer. Un chant qu’elle ne pouvait reprendre, car elle ne le connaissait pas mais celui-ci demeurait cependant dans sa tête, répétant sa ritournelle qui semblait éternelle. Souvent cette mélodie venait troubler son sommeil, mais c’en était devenu une telle habitude qu’elle n’y prêtait même plus attention.
Tempora se retourna alors dos à la lumière et se dirigea vers la table où était posé le parchemin. Elle l’effleura du bout des doigts, concentrée.
Elle ne se rappelait que trop ce qu’il s’était passé cette nuit là. La difficulté de dégager ce parchemin incrusté dans la glace, la douleur de faire face à l’hiver qui mordait et griffait de son baiser mortel. C’était comme irréel, une force semblait empêcher d’atteindre le passé. Par moment le parchemin apparaissait entier, alors que par instant, il disparaissait presque complètement. De flou, il devenait distinct, mais toujours flottant, comme impalpable, improbable. Comme si il n’était pas de ce monde, comme si il voulait s’échapper… Elles avaient enfin, au prix d’un grand effort qui avait laissé l’une des novices presque folle tant son esprit avait été malmené par la lutte, réussi à retirer le parchemin. Alors même qu’elle le prenait dans ses mains, une brûlure lancinante s’insinua dans ses doigts, remontant dans ses mains et ses bras. Cette douleur fut accompagnée d’un chant, une mélodie inconnue, entêtante aux paroles incompréhensibles. Elle lâcha le parchemin d’un geste, comme foudroyée sur place. Quand celui-ci eut touché terre, la glace à la surface du lac commença à se briser lentement. Les déchirures grandirent et allèrent mourir au tiers du lac, stoppant leur progression par le froid glacial qui demeurait dans ces entrailles. La mélodie retentit alors avec fracas à travers la plaine, les arbres chancelèrent, les esprits tremblèrent. Puis tout redevint normal. La novice qui avait souffert de l’extraction de la relique était morte, terrassée par la folie qui s’était emparée d’elle. Deux autres Malien’drhéa étaient tombées dans un sommeil profond d’où elles n’étaient sorties que quelques jours plus tard, désormais et pour toujours muettes… Les deux autres novices présentes ainsi que les quatre autres Malien’drhéa qui avaient escorté la Gardienne avaient tout oublié, refoulant ce souvenir plus profondément qu’aucun autre. Oui, elle se rappelait, et ne voulait pas oublier. Ce parchemin était une clef, elle se devait de comprendre ce qu’il s’était passé.
Elle s’était souvenue d’un détail ce matin, quand elle avait de nouveau croisé le regard d’Azeleen, un flocon de neige identique à celui que celle-ci portait était inscrit sur le parchemin maudit. Un détail, un indice qu’elle ne voulait pas négliger.
- « Avez-vous croisé Greavial sur votre chemin ? »
Sa voix était neutre, curieuse peut être, mais rien de plus, rien de moins. Cependant, Filaé n’ignorait pas l’opposition qui sapait les relations entre la Gardienne et sa cousine, aussi, répondit-elle d’une voix assurée et ferme afin de ne pas l’énerver ou l’indisposer.
- « Non, Haute et sage. Je ne l’ai pas croisée dans les couloirs. »
La Gardienne ne répliqua pas. Toujours toute à sa contemplation du parchemin, elle conserva ce mutisme inhérent aux dirigeants quand ils escamotent un projet en secret.
- « Avez-vous reçu des nouvelles de Timonéa ? Elle est partie depuis près d’une semaine et nous sommes sans nouvelles depuis lors. »
Timonéa était une des Malien’drhéa chargée de trouver des reliques du passé. Passionnée par l’histoire et la mémoire, elle était érudite et experte en traduction de textes anciens. Une rumeur avait filé à travers bois et champs, colportée par qui voulait y croire et était donc arrivée aux oreilles des Malien’drhéa. Une pierre avait été retrouvée sur une des plages de la mer sauvage, comportant des inscriptions illisibles. Dès que Timonéa avait eu vent de cette trouvaille, elle n’avait eu de cesse de tourner en rond dans son cabinet pour échafauder hypothèses et réflexions sur cette découverte, jusqu’à ce que Tempora lui offre l’opportunité d’aller par elle-même vérifier cette rumeur. Elle était partie par un beau matin accompagnée de deux autres Malien’drhéa et de trois chevaliers et depuis, le silence avait été roi entre la forteresse et l’érudite passionnée. Ceci inquiétait Tempora car elle connaissait bien Timonéa et son exaltation fiévreuse à déchiffrer et décrypter toute nouvelle découverte. Ainsi, ne pas recevoir de nouvelles fraîches était plus qu’étonnant de sa part, surtout que la mer sauvage n’était qu’à quelques dizaines de lieux d’ici…
Feranéa ne su que répondre à la Gardienne. Celle-ci était toujours au courant de tout. Elle recevait courriers sur courriers, rapports sur rapports des moindres faits et gestes du peuple. Qu’elle demeure ignorante la surprenait. C’était comme découvrir un défaut, une faille dans un trésor parfait. De plus, Tempora avait hésité il y a avait fort longtemps pour choisir ses trois filles liées. Timonéa avait été le premier choix de Tempora, puis elle s’était rétractée. Elle avait finalement décidé de laisser sa liberté d’esprit et d’action à son amie, au prix d’un grand sacrifice… mais quand bien même, un lien indéfectible les unissait, un lien particulier.
- « Non, Haute et Sage. Personne, je pense à la forteresse, n’a reçu de nouvelles de Timonéa. Elle est sûrement absorbée dans l’étude de cette pierre que l’on dit unique. »
La Gardienne quitta la contemplation de cette carte d’un autre temps pour se retourner vers les trois jeunes femmes qui se tenaient, respectueuses, près d’elle.
- « Peut être. Après tout, Timonéa est une artiste unique, qui a besoin de liberté et de confiance pour s’épanouir. »
Azeleen écoutait les paroles de l’une et l’autre des Malien’drhéa, les yeux ronds. Elle était abasourdie d’entendre ce qui se disait. La Gardienne, souveraine et reine, pouvait s’inquiéter, pouvait douter. Elle demandait parfois soutien et acceptait l’amitié. Elle était donc femme, humaine même. Et cette part de la personnalité de la Gardienne surprenait Azeleen qui s’était toujours imaginée Tempora comme une lointaine et presque inhumaine femme, étrangère à toutes formes de sensations et d’émotions.
- « Feranéa, comment avez-vous nommé ces deux jeunes filles ? »
Bien que Gardienne, elle ne pouvait nommer les deux jeunes novices, car le pouvoir de nommer avait été laissé aux formatrices. Elle comprenait, décryptait les talents et dons, mais ne pouvait lire et appeler ce qui avait été nommé auparavant par une autre. Il fallait que celle qui avait baptisé lui offre le don de nommer à son tour celles qu’elle avait appelées. Ainsi allait le pouvoir du nom, celui qui possédait le nom pouvait décider et avait quelques pouvoirs sur la destinée de chacun, du moins tant que le nom véritable n’était pas choisi par la personne nommée par une autre… Pour le moment les novices étaient donc à la merci de leur formatrice.
C’est ainsi que personne ne connaissait le nom véritable de chacun, pour préserver une liberté déjà malmenée par le destin peu commun des Malien’drhéa…
Connaître en effet le nom véritable, le nom unique était tout simplement une carte pour trouver le fil unique de la destinée de chacun. Le reconnaître permettait donc de l’infléchir, de le guider ou de le couper… Dangereux pouvoir qui était là.
Mais pour le moment, il n’y avait nul danger important pour les novices. Le nom qui leur était offert n’était qu’un fil mince, presque imperceptible et infime qui leur était adjoint. Le maîtriser n’était que de peu d’importance et ne relevait pas du danger. Cela servait surtout à leur imposer obéissance et les formatrices savaient jouer de ce talent caché…
Ainsi était la coutume en Malien : le premier nom, celui offert par les parents étaient de droit connu, le deuxième nom, prérogative offerte aux Malien’drhéa formatrices était offert de droit à la Gardienne et offert si on le décidait aux autres qui le demandaient. Par contre, le dernier nom, celui qu’on se donnait, celui que l’on cachait et conservait pour soi était secret. On se baptisait en fin de formation, quand le moment de devenir ce que l’on désirait arrivait.
Par conséquent, le nom de Filaé était connu de tous car il était son premier nom. Feranéa était son nom de Formatrice, celui qu’elle s’était donné le pouvoir d’offrir, son nom de novice était par presque tous oublié désormais. Quant à son nom véritable, elle le gardait secret…
- « Voici Bressiera, celle qui enflamme et Frostia, celle qui apporte le froid. »
Elle désigna tour à tour Sanéa et Azeleen qui baissèrent la tête à l’écoute de ces noms qu’elles n’acceptaient pas, tant ils leurs apparaissaient étrangers.
Tempora regarda Sanéa avec un soupçon de gentillesse dans le regard. Elle était sa nièce, fille du roi et son frère l’accompagnait. Elle lui ressemblait quelque peu par ces yeux d’acier qui transperçaient et pourtant, elle semblait bien différente. On pouvait deviner que ces fossettes aimaient souvent dessiner les coins d’un sourire parfait, que ces yeux malgré leur noirceur, aimaient pétiller d’insouciance. Elle était passionnée, enjouée, tout le contraire d’elle-même qui était froide et calculatrice…
Quand elle reporta son regard sur Azeleen, elle demeura pensive un instant. Cette jeune fille était différente, elle était ambitieuse, mais il y avait autre chose…
- « Bien, voici donc Bressiera et Frostia. Opposées en talent. Alors que l’une gouverne le feu, l’autre commande à l’hiver… C’est intéressant. »
Elle reporta son regard sur le parchemin et demanda :
Une jeune fille, de taille plus grande que la moyenne, aux longs cheveux roux, à la peau de pèche nacrée semblait absorber dans ses pensées, la tête abaissée, le démarche hésitante de celle, rêveuse qui s’oublie dans ce qu’elle imagine, ensorcelée.
-> grammaticalement correct ainsi, mais trèèèès bizarre quand au sens. Je pense que c'est "semblait absorbée".
De sa peau, on ne percevait que la grâce dorée de ses mains veloutées et le teint de ses joues rosées. Ces cheveux d’un roux flamboyant tombaient en cascade bouclée le long de ses reins.
-> Ses cheveux
Il y a un mot qui me froisse un peu partout : "desceller" = enlever un sceau, je pense que l'orthographe pour repérer, voir, distinguer est "déceler" (à vérifier).
Vêtue de soie rouge sang, sa robe était simple, sans fioritures, presque grave.
-> sa robe est vêtue ?
Elle étais vêtue de soie rouge sang, sa robe etc...
Cela ne m'a pas choquée. Etant donné que je parle d'elle avant, pour moi, le "vêtue" se rapporte à la Gardienne. Mais bon, quand on écrit l'histoire, cela parait logique et sensé, je comprend que pour les autres cela ne soit pas aussi évident.
Une capuche large toujours couleur de flammes
-> pourquoi "toujours"?
Parce que sa robe est déjà de cette couleur.
elle ôta sa capuche de soie, dévoilant ses bras d’albâtre
-> euh... elle avait sa capuche sur ses bras ?
Quand on lève les bras, les manches glissent et dévoilent ceux-ci ? Je dois pas être faite comme les autres alors.
Correction : Une jeune fille de taille plus grande que la moyenne, aux longs cheveux roux, à la peau de pèche nacrée suivait. Elle semblait absorbée dans ses pensées, la tête abaissée, le démarche hésitante de celle, rêveuse qui s’oublie dans ce qu’elle imagine, ensorcelée.
Merci pour la correction en tout cas Thismardoch.
Je pense que c'est bien déceler en effet.
Pour les quinze jours sans rien, j'ai continué l'histoire mais j'ai juste oublié de poster. Je suis un peu overbooké en ce moment et tête en l'air comme je suis, j'oublie. ^^
Azeleen mit quelques instants à réagir. Elle regarda, incrédule, la Gardienne. Elle avait entendu les mots, les avait écoutés et répétés mais n’arrivait pas à leur donner un sens. Alors que son pied esquissait le premier mouvement vers la Haute et Sage, son esprit baignait toujours dans l’incompréhension la plus totale. Elle obéissait, ne comprenant pas pourquoi, hésitant même à chaque pas, mais malgré cela, elle pliait sa volonté selon les désirs incertains de la Gardienne, souveraine et décidée.
- Moi, mais que me veut-elle ?
Elle marcha lentement vers la Gardienne, le regard lointain, distant. Arrivée près d’elle, elle se retourna, leva ses cheveux d’un noir de jais à l’aide d’une de ses mains et montra son tatouage dissimulé derrière un léger voile. Pendant un temps qui parut fils d’éternité, le silence fut roi et couronné de toutes les attentions tant personne dans la pièce n'éprouva manifestement de désir de détrôner ce calme impérial qui s’était instauré. Les respirations furent retenues, les volontés contenues, les regards figés et scrutateurs. Chaque personne présente voulait savoir et comprendre, mais aucune ne pouvait même soupçonner ou deviner ce qui se passait.
Azeleen ne pouvait pas plus voir les faits et gestes de la Gardienne que les autres. A peine pouvait-elle les deviner en écoutant les bruissements et effleurements de ses doigts sur le papier. De temps à autre, la Haute et Sage marmonnait quelque chose, acquiesçant ou repoussant les idées qui semblaient lui venir à l’esprit. Finalement, elle releva la tête, l’expression neutre, indéchiffrable. Ses changements soudains de comportements étaient impressionnants. On devinait chez elle une habileté sous jacente caractéristique des manipulatrice avisées. Ceci faisait d'elle une diplomate avisée sachant jouer et déjouer les desseins et dessins d’un destin tout tracé.
- Ce qu’elle peut être étrange, je ne la comprends décidément pas…
La Haute et Sage alla s’asseoir lentement à son bureau et commença à rédiger une lettre d’une écriture rapide et soignée. La plume grattait le papier avec souplesse, pleins et déliés chantant une mélodie studieuse aux oreilles de chacune. Elle semblait plongée dans ces pensées, ne prêtant désormais plus aucune attention au monde qui l’entourait.
Ainsi, alors que le temps étirait son fil d’infini, Feranéa toussota quelque peu, indiquant par là qu’elle attendait quoi faire, prête à obéir. Azeleen reporta alors son regard sur la formatrice et sourit imperceptiblement. L’expression de Feranéa trahissait un soupçon de peur et d’inquiétude à peine dissimulé.
La Gardienne ne releva même pas la tête, tant elle semblait absorbée dans l’écriture de sa missive. Sa voix métallique vint cependant fouetter l’air de sa fermeté :
- « Vous pouvez disposer, Filaé. Allez rejoindre vos élèves. Ils travaillent depuis la fin de la matinée…
En réponse, Feranéa salua avec toute la dignité dont elle pouvait se gonfler et d’un regard, intima à Sanéa et Azeleen de la suivre. Celles-ci s’empressèrent d’obéir, soulagées de pouvoir quitter cet endroit qui les intimidait. Feranéa sourit et alla poser l’étui du parchemin sur une console aux volutes ivoirines. Ceci fait, elle ouvrit la porte du cabinet et sortit, suivie de près par ses deux novices.
La porte se referma sans un bruit, dissipant cette sensation sourde et oppressante qui s’était emparée de chacune présente. Feranéa se remit en marche en direction du couloir qui menait aux jardins quand elle en vit sortir un homme d’âge mur, pressé et empressé. Elle reconnut Teridié, le chevalier capitaine de la garde : un visage sombre, une silhouette haute et musclée, les mains calleuses. Les yeux d’azur de l’homme capturèrent le regard de Feranéa et un instant le temps parut s’arrêter. Sanéa et Azeleen ne bougèrent pas, attentives, immobiles, mal à l’aise. Teridié s’approcha de Feranéa et la prit à part, loin des oreilles indiscrètes des novices abasourdies. Bras dessus, bras dessous, ils s’éloignèrent de quelques pas, et allèrent se dissimuler derrière les colonnes, laissant les deux jeunes filles seules et indécises. Elles s’entreregardèrent, chacune aussi impuissante l’une que l’autre à démêler les nœuds de cet imbroglio. Sanéa se rapprocha d’Azeleen et murmura doucement :
- « As-tu compris un traître mot de ce qu’il se passe ici ? »
- « Pas le moins du monde. »
- « Mon père disait souvent que les Malien’drhéa étaient maîtresses dans l’art de dissimuler. Il se demandait même si parfois, elles ne se perdaient pas elles mêmes dans leurs secrets tant elles en manipulaient. »
- « Nous ne sommes que des novices et nous venons d’arriver, c’est normal que nous soyons perdues. » répondit Azeleen d’une voix mesurée et calme.
- « Je ne sais pas, je trouve que cela fait trop d’un coup… »
Sanéa afficha une mine boudeuse sur son visage, elle qui normalement tout sourire. Fille de roi, elle baignait depuis son enfance dans les rumeurs et complots du palais. Elle était toujours au courant des moindres nouveautés. Elle savait parfois manipuler quelques langues et bourses, s’amusait tantôt à jouer la marionnettiste dans une cour sournoise et impitoyable pour de petites choses sans importance, mais jamais elle n’avait été si écartée de toute connaissance et de tout pouvoir. Un sentiment de frustration s’empara d’elle, rongeant sa bonne volonté et sa joie de vivre. Un jour peut être, si elle ne la contrôlait pas, cette sensation pourrait s’écouler en elle comme un poison insidieux qui brise et attise les convoitises. Ambitieuse et assoiffée, elle était et demeurerait. Mais pour le moment, seulement, elle ne faisait que refuser et se lamenter. Elle demeurait passive, boudeuse et l’idée même d’agir selon son bon plaisir ne lui effleura pas l’esprit. Pour le moment.
Azeleen se rendit compte de ce brusque changement d’état d’esprit chez sa camarade. Elle baissa quelque peu la tête pour observer cette mine contrite et de ses yeux interrogateurs tenta de rassurer Sanéa.
- « Un jour, nous saurons. Nous sommes là pour ça de toutes façons. »
Sanéa esquissa un léger sourire à ces paroles réconfortantes et hocha la tête en signe d’assentiment. Elle posa son regard vers les colonnes où s’étaient dissimulées les deux personnes et tendit l’oreille pour vainement capter quelques bribes de renseignements. Azeleen l’imita, faisant mine d’observer de ci de là quelques reflets de pierre lune sur les colonnes à l’aspect velouté. Son regard lentement suivit les arabesques souples d’un reflet quand un mouvement attira son attention. Une cape grise s’envola dans l’obscurité d’un couloir et disparut aussi rapidement qu’elle était apparue. Azeleen voulut prévenir Sanéa de ce qu’elle venait d’apercevoir, intriguée. Elle voulait partager ce doute qui l'assaillait, afin de le dissiper ou de l'effacer, recherchant un soutien ou un réconfort incertain. Mais malheureusement pour elle, ce qu'elle avait cru entrevoir avait été si bref qu’elle attribua finalement cette vision à l’ambiance qui lui tournait la tête plutôt qu’à une réalité avérée et vérifiée. Elle haussa alors les épaules de dédain et se tança d’avoir une imagination aussi débordante. Alors qu’elle tournait la tête pour examiner d’autres volutes, la fille liée de la Gardienne qu’elle avait rencontrée tout à l’heure venait vers elle, les yeux baissés. Elle s’arrêta près d’elle et levant son regard, l’observa de ses yeux vairons, inquisiteurs.
- « Comment s’est passé votre premier cours ? » demanda t-elle de but en blanc d’une voix monocorde.
Azeleen tenta de trouver les mots pour décrire cette expérience dont elle se souvenait à peine.
- « Bien, autant que je me souvienne… »
- « C’est dire que vous ne vous en souvenez pas ou peu dans ce cas… »
Elle hocha la tête imperceptiblement, reconnaissant son ignorance. Les yeux de la fille liée l’intriguaient. Ils étaient vairons, l’un vert, l’autre violet. Tous deux intimaient le respect mais alors que l’un rassurait,l’autre transperçait.
- « Quel est votre nom ? » continua la fille liée d’une voix glacée.
Azeleen hésita sur le nom à lui donner, car elle avait déjà presque oublié celui qui lui avait été offert par Feranéa. Elle bouscula ses souvenirs pour retrouver ce qui venait de lui être donné et retrouva enfin ce qu’elle cherchait.
- « Frostia, je m’appelle Frostia. »
- « Et quel est le nom de votre camarade ? »
- « Je crois que c’est Bressiera… »
La fille liée ne dit rien, son visage inexpressif. Elle ne fit que porter son regard sur Sanéa et après un instant qui parut une éternité à Azeleen, elle se réinteressa à elle, placide.
Alors qu’Azeleen commençait à se détendre, n’étant plus questionnée, la fille liée lui attrapa le bras d’un geste prompt. Un frisson parcourut sa peau, électrisant ses sens et brouillant ses pensées. Une sensation d’étouffement broya sa gorge, une fièvre s’empara de son corps impuissant. Elle ploya sous le poids de cette main qui s’agrippait à son bras, féroce et sauvage. Sanéa courut à sa rencontre, la voyant ainsi affaiblie. Auparavant, elle n’avait pas osé la déranger, l’aura de la fille liée l’ayant intimidée.
Puis, aussi rapidement qu’un éclair vient déchirer le ciel et mourir dans un grondement sourd, Azeleen retrouva ses facultés et son équilibre. La fille liée l’avait lâché, sa main désormais inoffensive à son côté.
- « Mais, que faisiez vous ? » demanda Sanéa dans un cri plus aigu que la normale. Pétrie d’inquiétude, son filet de voix mourut sur ses lèvres dans un gargouillement sourd.
La fille liée ne répondit pas sur le moment, forte de son pouvoir et de son autorité.
- « Cela ne vous regarde pas. »
Elle s’éloigna ensuite sur ces mots, pensive, relâchant les fils qu’elle venait de tisser et de comprendre. Azeleen la suivit du regard, furieuse et énervée d’être ainsi ballotée de mains en mains selon le bon plaisir de chacun. Sanéa lui apporta ensuite son soutien alors qu’elle tentait de faire bonne figure, étirant son dos et détendant ses muscles endoloris.
- « Merci Sanéa, je crois que je me sens mieux. »
- « Je n’en mettrai pas ma main au feu. »
A ses mots Azeleen sourit, le talent de Sanéa pour le feu étant avéré, ses paroles annonçaient une ironie du sort amusante.
- « Je ne me laisserai plus jamais toucher par aucune Malien’drhéa » marmonna t-elle néanmoins en grinçant des dents.
Jamais elle ne s’était imaginée faire face à tant d’épreuves durant son apprentissage et elle n’en était encore qu’à sa première journée…
- « Ceci n’était rien en comparaison de ce que Liuynaï peut exercer sur vous Frostia. »
- Cette voix… la Gardienne…
Elles se retournèrent de concert, à peine surprises à force d’aller d’inconnus en rebondissements. La Gardienne se tenait près d’elles, regardant au loin, où Liuynaï s’était éloignée. Elle arborait une mine farouche, quelque peu désapprobatrice, un rien interrogatrice. Cependant, s’exercer à cet art habile de décrire les expressions de la Haute et Sage n’était pas aisé et l’inquiétude du désarroi ne pouvait se déceler et se différencier sur ce visage d’acier. Aussi, Azeleen doutait de son interprétation hasardeuse.
- « Elle a posé sa main sur vous alors que vous ne vous y attendiez pas. Elle l’a senti et ayant une partie de votre nom, elle a tenté de déceler en vous ce qui l’intrigue et l’émeut, l’indiffère et l’effraie. »
Elle reposa enfin son regard sur les deux novices et sourit, presque rassurante.
- « Vous ne pouvez comprendre pour le moment, mais elle a tenté de vous lier à elle, de prolonger votre identité à la sienne, de modifier ce qui était en ce qu’elle souhaite. Je l’ai arrêté avant que tout ne soit scellé. C’est l’un de ses dons, l’un de ses plus faibles et émoussés… Quelque chose en vous l’a incité à tisser ce lien entre vous deux… »
Ses paroles avaient la saveur de l’eau que l’on verse sur une plaie de façon brusque et indisciplinée. L’eau tente de soigner et de laver la blessure mais plutôt que de soulager, elle brûle et anime un feu inextinguible tant que le repos n’est pas exercé. Elle le savait. Elle ne voulait pas réconforter, elle voulait juste prévenir et non guérir. Ces jeunes filles deviendront Malien’drhéa, elles en verront d’autres, pensa t-elle.
- « Retournez voir Feranéa, je pense qu’elle n’en a plus pour très longtemps avec Teridié. »
Sanéa et Azeleen s’exécutèrent, frustrées de se sentir plus impuissantes et ignorantes que jamais. La formatrice, à ce moment là, refit surface et se dirigea vers elles, la mine défaite. Teridié la suivait, visiblement aussi inquiet qu’elle. Il passa près d’elles et poursuivit sa route jusque la Gardienne. Celle-ci l’accueillit aimablement et lui indiqua son bureau d’un geste ferme mais gracieux. Ils s’engouffrèrent tous les deux par la porte et disparurent.
- « Suivez moi, nous retournons au jardin. »
Azeleen perçut un léger tremblement dans la voix de la formatrice, bien qu’elle ait retrouvé son allure hautaine et son maintien d’arrogance royal. Elle se mit en marche, encore plus pressée qu’auparavant. Les nouvelles qu’elle venait de recevoir n’étaient pas bonnes. Le Gaendar s’embrasait.
Ce passage a été un vrai plaisir à écrire. Bien qu'au début, j'ai eu du mal : j'avais les idées mais je n'arrivais pas à les relier entre elles. Le début fut le plus difficile à écrire en fait, puis, cela fait, tout à suivit, avec facilité. Un vrai régal. J'en suis contente et pour le moment, ce passage fait parti de mes préférés.
Je suis contente qu'il te plaise en tout cas Mélisande.
J'ai commencé la suite mais le prochain passage n'est pas tout à fait fini.
Désolé de n'avoir pu lire avant... J'étais un peu surchargé. Bref,
"Elle alla vers la table de bois rosé placée en retrait à côté de la fenêtre et déroula ce qui ressemblait à une carte sur laquelle étaient notées quelques indications dans une langue inconnue."
"Souvent cette mélodie venait troubler son sommeil, mais c’en était devenu une telle habitude qu’elle n’y prêtait même plus attention."
"Elle lâcha le parchemin d’un geste, comme foudroyée sur place. Quand celui-ci eut touché terre, la glace à la surface du lac commença à se briser lentement. Les déchirures grandirent et allèrent mourir au tiers du lac, stoppant leur progression par le froid glacial qui demeurait dans ces entrailles. La mélodie retentit alors avec fracas à travers la plaine, les arbres chancelèrent, les esprits tremblèrent. Puis tout redevint normal" C'est peut-être une figure de style qui m'est inconnue, mais je dirais que tout ce passage devrait être au plus que parfait, comme le reste.
"- « Avez-vous croisé Greavial sur votre chemin ? » " ce passage et tous ceux qui lui sont semblables sont un peu bizarres. Le tiret est inutile, et il est mal placé. Si tu veux vraiment le mettre, mets-le à l'intérieur des guillemets.
"Personne, je pense à la forteresse n’a reçu de nouvelles de Timonéa." Ca manque de virgules à mon avis^^
"Il fallait que celle qui avait baptisé lui offre le don de nommer à son tour celles qu’elle avait appelées." Je crois en tout cas...
"Le reconnaître permettait de donc de l’infléchir, de le guider ou de le couper… Dangereux pouvoir qui était là. " Y'a un de en trop.
"IL se demandait même si parfois, elles ne se perdaient pas elles mêmes dans leurs secrets tant elles en manipulaient." Faute de frappe sur Il.
"Sanéa afficha une mine boudeuse sur son visage, elle qui normalement était habituée à sourire." Je pense que le normalement est en trop.
"Azeleen se rendit compte de ce brusque changement d’état d’esprit chez sa camarade. Elle baissa quelque peu la tête pour observer cette mine contrite et de ses yeux interrogateurs tenta de rassurer Sanéa." Je ne pense pas qu'on puisse vraiment rassurer quelqu'un avec un regard interrogateur... A la limite, "Elle baissa quelque peu la tête pour observer cette mine contrite de ses yeux interrogateurs et tenta de rassurer Sanéa."
"Azeleen voulut prévenir Sanéa de ce qu’elle venait d’apercevoir mais ce qu’elle avait entrevu fut si bref qu’elle attribua cette vision à l’ambiance qui lui tournait la tête plutôt qu’à une réalité avérée et vérifiée." C'est un peu lourd comme phrase non? je te conseille d'enlever le "ce qu'elle avait entrevu"
"Ces jeunes filles deviendraient Malien’drhéa, elles en verront d’autres, pensa t-elle." Je dirais qu'il faudrait mettre soit "...elles en verraient d'autres..." soit "ces jeunes filles deviendront...".
"Il passa près d’elles et poursuivit sa route jusque la Gardienne." jusqu'à la gardienne!
Voilà^^ Sinon c'est vrai que c'est pas mal comme passage!
"Elle alla vers la table de bois rosé placée en retrait à côté de la fenêtre et déroula ce qui ressemblait à une carte sur laquelle étaient notées quelques indications dans une langue inconnue."
Corrigé.
"Souvent cette mélodie venait troubler son sommeil, mais c’en était devenu une telle habitude qu’elle n’y prêtait même plus attention."
Je crois que c'est s'en non ?
"Elle lâcha le parchemin d’un geste, comme foudroyée sur place. Quand celui-ci eut touché terre, la glace à la surface du lac commença à se briser lentement. Les déchirures grandirent et allèrent mourir au tiers du lac, stoppant leur progression par le froid glacial qui demeurait dans ces entrailles. La mélodie retentit alors avec fracas à travers la plaine, les arbres chancelèrent, les esprits tremblèrent. Puis tout redevint normal" C'est peut-être une figure de style qui m'est inconnue, mais je dirais que tout ce passage devrait être au plus que parfait, comme le reste.
Le plus que parfait est lourd dans un récit. Mais je vais remanier ce passage, changé de temps demande de revoir la syntaxe pour ne pas alourdir la lecture ^^
"- « Avez-vous croisé Greavial sur votre chemin ? » " ce passage et tous ceux qui lui sont semblables sont un peu bizarres. Le tiret est inutile, et il est mal placé. Si tu veux vraiment le mettre, mets-le à l'intérieur des guillemets.
C'est une faute de frappe le "-. ^^ Je vais corriger. Je me suis emmêlée les pinceaux entre word et la pierre.
Après pour les guillemets, au secours
"Personne, je pense à la forteresse, n’a reçu de nouvelles de Timonéa." Ca manque de virgules à mon avis^^
Corrigé, (je dois parler très vite parce que cela ne m'a pas sauté au yeux, je l'aurai dit d'une traite )
"Il fallait que celle qui avait baptisé lui offre le don de nommer à son tour celles qu’elle avait appelées." Je crois en tout cas...
Corrigé.
"Le reconnaître permettait donc de l’infléchir, de le guider ou de le couper… Dangereux pouvoir qui était là. " Y'a un de en trop.
Hop Envolé. ^^
"Il se demandait même si parfois, elles ne se perdaient pas elles mêmes dans leurs secrets tant elles en manipulaient." Faute de frappe sur Il.
Corrigé.
"Sanéa afficha une mine boudeuse sur son visage, elle qui normalement était tout sourire." Je pense que le normalement est en trop.
Corrigé.
"Azeleen se rendit compte de ce brusque changement d’état d’esprit chez sa camarade. Elle baissa quelque peu la tête pour observer cette mine contrite et de ses yeux interrogateurs tenta de rassurer Sanéa." Je ne pense pas qu'on puisse vraiment rassurer quelqu'un avec un regard interrogateur... A la limite, "Elle baissa quelque peu la tête pour observer cette mine contrite de ses yeux interrogateurs et tenta de rassurer Sanéa."
La phrase ainsi corrigée est un peu lourde je trouve, ce que j'essaye justement de travailler. :s je vais réflechir à ça.
"Azeleen voulut prévenir Sanéa de ce qu’elle venait d’apercevoir mais ce qu’elle avait entrevu fut si bref qu’elle attribua cette vision à l’ambiance qui lui tournait la tête plutôt qu’à une réalité avérée et vérifiée." C'est un peu lourd comme phrase non? je te conseille d'enlever le "ce qu'elle avait entrevu"
Azeleen voulut prévenir Sanéa de ce qu’elle venait d’apercevoir, intriguée. Elle voulait partager ce doute qui l'assaillait, afin de le dissiper ou de l'effacer, recherchant un soutien ou un réconfort incertain. Mais malheureusement pour elle, ce qu'elle avait cru entrevoir avait été si bref qu’elle attribua finalement cette vision à l’ambiance qui lui tournait la tête plutôt qu’à une réalité avérée et vérifiée. Elle haussa alors les épaules de dédain et se tança d’avoir une imagination aussi débordante.
"Ces jeunes filles deviendront Malien’drhéa, elles en verront d’autres, pensa t-elle." Je dirais qu'il faudrait mettre soit "...elles en verraient d'autres..." soit "ces jeunes filles deviendront...".
Hop
"Il passa près d’elles et poursuivit sa route jusque la Gardienne." jusqu'à la gardienne!
C'est un titre honorifique comme la Haute et Sage, j'ai mis un G pour le souligner tout le long de l'histoire je crois.
"Souvent cette mélodie venait troubler son sommeil, mais c’en était devenu une telle habitude qu’elle n’y prêtait même plus attention."
Je crois que c'est s'en non ?
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"mais c'était devenu" -> "mais c'en était devenu" ("c' " est contraction de "ça")
je crois qu'il faut bien mettre "c'en".
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"Personne, je pense à la forteresse, n’a reçu de nouvelles de Timonéa." Ca manque de virgules à mon avis^^
Corrigé, (je dois parler très vite parce que cela ne m'a pas sauté au yeux, je l'aurai dit d'une traite smile.gif )
--
Je pencherais plutôt pour "Personne à la forteresse, je pense, n'a reçu de nouvelles de Timonéa", sinon le "je pense" s'applique à la forteresse, pas à la phrase toute entière.
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Sinon, j'ai bien lu le dernier épisode, je n'ai pas grand chose à dire dessus, sinon que c'était bien (il est un peu trop tard pour mieux).
Oh la la, sérieusement, je deviens folle...
Vu tout ce que j'ai oublié ce matin et hier, et maintenant ça à mettre dans la catégorie je ne sais plus lire.
Non, j'ai un peu continué. ^^
En fait, cette histoire est composée de trois parties, j'en connais d'ailleurs déjà la fin, cela me fait un fil conducteur. Je réfléchis en ce moment à comment introduire ma troisième partie concernant le personnage qui vivrait dans le Graendar.
Je suis aussi en train de modifier la seconde partie qui se déroule en Séléans que j'avais déjà écrite auparavant pour que tout soit cohérent.
En ce moment donc, je réfléchis et muris la suite pour en donner un souffle nouveau et surprenant. Je cherche des surprises comme des gourmandises à dévorer. ^^
IL y aussi la joute n°20 qui me prend beaucoup de ma petite imagination. IL y a déjà pleins de sujets intéressants qui m'inspirent et je me plonge dans pleins d'idées.
Voici d'ailleurs la seconde partie : ce n'est que le début que j'ai corrigé :
I.
C’est par un pâle matin d’automne, où le soleil tarde à se lever, où ses rayons, faibles, peinent à faire fondre la glace de la nuit, que tout commence.
Le froid alors maître de l’obscurité rechigne à laisser place à la lumière, à s’effacer pour rendre vie au monde, à ce monde qui s’éveille, doucement. Il n’est qu’à l’aube de sa jeunesse, encore frêle et discret. Pas un bruit, pas un souffle ne vient ternir ce silence qui s’attarde sur les plaines et les forêts. Le lac à l’aspect de nuage est calme, serein. Il reflète le spectacle non encore inachevé de la nuit où trois lunes s’offrent à la vue. Un bien étrange spectacle que ce décor irréel.
Trois lunes de couleurs différentes, trois lunes d’influences diverses et mystérieuses qui par leur éclat apportent couleur et reflets chatoyants au lac nuageux. Sur les rives, de curieux cristaux traînent ici et là. Certains ont un aspect brut, comme inachevé, d’autres apparaissent polis et brillants. Nul ne connaît leur origine bien qu’un murmure apporté par le vent ait engendré une rumeur : le cœur d’un innocent est un cristal qui attend sa renaissance.
Au bord de ce lac, une jeune fille. On ignore son nom. Son regard semble lointain, son expression triste et nostalgique. Un reflet dans l’eau semble la tirer d’un rêve, les lunes l’appellent, l’attirent vers elles. Ce n’est pas véritablement un appel, c’est plus une suggestion qui s’insinue doucement dans le cœur, un sentiment qui grandit petit à petit. L’esprit de la jeune fille sombre de plus en plus, les souvenirs s’effacent de sa mémoire, les empreintes du passé deviennent floues, et disparaissent, inexorablement.
Alors que son esprit se glace lentement, son corps se met à bouger. Elle se dirige vers le lac, comme glissant sur le sol, d’une démarche souple.
Les lunes l’appellent, la jeune fille répond toujours et continue à marcher pour se perdre corps et âme. Les nuages du lac se mettent à bouger, entourant la jeune fille de leur bras cotonneux.
Des voix résonnent dans la tête de l’innocente : l’une est douce et rassurante, presque chantante, l’autre est brusque et violente, impérieuse, enfin la dernière est juge et implacable, elle murmure au silence et impose sa puissance.
Les mots ne seraient pas suffisants ici pour révéler leurs desseins, leurs paroles, car le secret est bien gardé, depuis longtemps, il demeure muet…
Trois voix pour trois lunes, trois visages pour un esprit qui se laisse guider aveuglément.
Trois voix qui autrefois s’élevaient librement mais qui maintenant sont emprisonnées fermement et qui attendent… Oui, qui attendent la délivrance.
Ce monde est jeune dans ses souvenirs mais il est plus ancien que la mémoire le laisse croire.
Il a perdu et pourtant il a vaincu et depuis hiver règne et enseigne que la mémoire se perd…
Il porte depuis toujours le nom de Séleans mais peu se souviennent encore de ce qu’il fut…
Les écrits ne sont plus, seules les paroles demeurent… Tout a été perdu…
La jeune fille avance toujours. Le lac est étrange, il n’est pas fait d’eau, de liquide. Nulle goutte ne vient l’effleurer. Tout n’est que nuage, souffle, ce sont des chaînes souples et douces qui vivent et contrôlent le lac. Mais rien ne peut entamer cette descente dans les profondeurs du mystère.
La jeune fille se trouve enfin au milieu du lac, son esprit vide, son cœur froid et libre.
Elle a tout oublié, joie, peine, tristesse, vie. C’est à peine si elle ressent qu’elle est maintenant différente. Son cœur ne lui appartient plus, il se transforme, devient cristal. Son esprit meurt, son corps sombre dans l’oubli. Elle s’oublie et finit par disparaitre…
Sur la rive, un cristal aussi brillant qu’une étoile est apparu. Il est d’un poli parfait, il ressemble à un miroir. Quand les rayons de lune l’effleurent, il prend des couleurs d’arc en ciel et rayonne doucement.
II.
Nous nous retrouvons sur les berges du lac aux nuages, quelques heures à peine après cette histoire malheureuse. Les lunes scintillent dans le ciel telles des joyaux, attendant une autre âme innocente faisant don de son cœur et de son esprit, livrant ainsi ses rêves, ses pensées pour ne jamais les voir se réaliser. Triste destin que celui de ces cœurs.
Quelle autre âme s’offrira donc en cette froide journée qui meurt à son tour …
Une ombre se profile dans la forêt qui borde le lac, une jeune fille de nouveau approche de la rive. Elle semble déterminée, et non pas démunie de volonté comme apparaissaient les autres. Que pousse donc cette jeune fille à se diriger ainsi vers ce lieu de tourments ?
A y regarder de plus près, des larmes coulent sur son visage, elle peine à reprendre sa respiration tant elle a couru. Elle avance de quelques pas et se laisse tomber sur la rive.
Une image se précise dans son esprit : celui d’une jeune fille au charmant sourire, douce et gracieuse, qui lui ressemble étrangement, quelques années semblent juste les séparer. Son image s’efface doucement, le brouillard estompe sa silhouette… laissant place aux nuages…
Un sentiment d’incompréhension étreint le cœur de la jeune fille. Pourquoi ?
Elle connait la tradition, tous les cinq ans, deux âmes innocentes de son village doivent perdre leur vie pour honorer les lunes. Ce sacrifice apporte prospérité et paix à leur communauté, les prêtresses du culte l’affirment mais comment vérifier que là réside la vérité ? Son peuple n’ayant connu que cette seule parole. Existait-il d’autres savoirs, d’autres regards ? Pouvait on imaginer le monde autrement ? Pouvait on avoir le choix ?
Maintenant, elle n’a plus le choix, elle est liée à ces lunes qui guident son peuple.Elle a prêté serment sans le désirer vraiment : il lui faut suivre le chemin de sa sœur. Le destin l’a décidé il y a à peine quelques heures autour de la pierre miroir de son clan. Ces images repassent en boucle dans son esprit et elle se refuse à admettre l’irrévocable.
Sa famille sera à l’abri du besoin, elle le sait car elle sera honorée le temps du cycle des lunes pour avoir offert ainsi deux de ses filles en sacrifice mais pensait-on vraiment aux cœurs innocents qui perdent la vie en se pliant à la tradition ?
Dans quelques heures, elle devra se préparer. Tout comme l’a fait sa sœur auparavant pour ensuite trouver l’oubli dans les profondeurs d’un lac qui avait tant de fois vu la mort. Jasdrian, car c’est ainsi que se nomme cette jeune fille doute et refuse ce cadeau empoisonné que lui offre la vie. Elle pleure longtemps sur ces rives à la triste réputation, jamais les âmes choisies n’avaient refusé ce présent des lunes. Jamais à sa connaissance…. Et pourtant…
Elle, elle se refuse à accepter ce qu’on lui demande. Elle n’a pas la douceur et l’abnégation de sa sœur, elle n’est pas la tendre enfant de la famille.
Toujours curieuse, farouche et impulsive Jasdrian est et restera. Le passé est le passé, il faut courir vers l’avenir et le construire… voilà ce qu’elle pense.
Elle lève alors les yeux au ciel et triste et furieuse, jure de ne pas se laisser faire, que les lunes n’auront pas son cœur, sa vie, son esprit… Pourtant insidieusement, les lunes s’approchent de son esprit, elles l’effleurent et l’appellent. Le temps leur donnera raison, Jasdrian leur appartiendra…
Un dernier regard à ce paysage aux tristes échos de mélancolie et elle s’en retourne au village, les prêtresses l’y attendent, droites et austères, douces et rassurantes, implacables et juges. Elles l’emmènent au temple au coucher du soleil et là commence la cérémonie, Jasdrian ne pouvant se soustraire à ce rite, pour sa famille, pour ceux qu’elle aime.
Parée d’une simple robe bleu nuit, son cou orné d’un fine pierre miroir, entourée de brasiers desquels émanent une fumée âcre et étrange, Jasdrian attend cet instant qu’elle redoute.
Mais insidieusement son esprit s’embrume, la pièce, les visages deviennent flous. Ils s’effacent doucement en se laissant déparer de leurs couleurs, de leurs éclats, de leurs natures et implacablement sa concentration s’estompe, le fil qui la relie à la réalité devient comme intouchable, incontrôlable… Elle perd pied et ne peut rien y faire…
La procession prend forme, les portes du temple s’ouvrent sur la nuit naissante. Le clan est réuni pour voir partir la dernière sacrifiée de l’année, celle qui apportera prospérité et richesse au village. La pierre miroir l’a annoncé, les prêtresses ont acquiescé et le silence a parlé.
Arrivés à la lisière du bois, les prêtresses laissent Jasdrian seule face à son destin. Elle appartient aux lunes maintenant, elles vont la guider vers sa dernière demeure, cela a toujours été ainsi et restera… Demain matin, elles iront récolter les pierres miroirs qui borderont les rives du lac sacré… Demain, peut être…
Jasdrian marche doucement, n’ayant que peu conscience de la réalité, du monde qui l’entoure. C’est une voie tracée de la couleur de Melaendrhia, la lune blanche qui enchante, que son esprit emprunte et son corps suit cette voie qui lui apparaît comme son dernier voyage…
Droite et sans obstacle est le chemin qui la mène vers un monde oublié… Elle se rapproche du lac qui prend l’aspect d’un monde nouveau pour son esprit brumeux. Elle s’arrête un instant, regardant cet horizon incertain qui s’offre à elle. Son cœur prend alors la couleur de la tristesse, de la mélancolie. Elle regarde les lunes qui doucement s’insinuent dans son cœur, dans son esprit et commence à discerner des voix dans le lointain. La route de Melaendrhia prend fin, tout comme la protection de la lune douce et chantante, charmante… Elle lui parle, la rassure, la guide et maintenant la blesse et l’invective.
Ses souvenirs comme les pétales d’une fleur trop fragile s’envolent emportés par le vent de l’oubli, sa mémoire disparaît petit à petit… La douce voix s’efface, laissant place à la violence qui étreint chaque parcelle de sa vie : les sentiments sont alors écrasés, dispersés sous la tempête, ainsi parlent et incantent Seleandréa et Gaendriela … Quelque chose se grave en elle, des griffes rongent son esprit, inscrivant en elle écrits et souvenirs dissous, perdus… Jasdrian doit poursuivre sa route, sa conscience endormit souffre d’être ainsi vidée de son essence, il faut fuir…
Mais fuir est il possible en ces circonstances ? Il faut se résigner…
Elle affronte le lac aux nuages qui l’encercle et l’accueille en tourbillons et volutes de douceur… Son esprit voit la route qui lui offrira la délivrance, là au bout du chemin, s’arrêtera la violence. Elle atteint ce paradis qui lui offre une autre parole, celui du jugement et pendant ce temps, son corps continue sa progression dans les méandres du lac, dans les profondeurs d’un monde ignoré du commun des mortels…
Il ne reste plus grand-chose de Jasdrian, son esprit s’endort doucement, son cœur, seul, affronte son destin, son jugement. Mais il ne peut résister. Imperceptiblement, il se fane et meurt. Jasdrian est prête à s’oublier, bientôt il ne restera rien d’elle… Et elle pleure, son dernier soupir sera celui de l’espoir perdu…
Soudain, une force s’insinue dans son cœur et éveille une flamme qui grandit un peu plus à chaque respiration. L’esprit de Jasdrian s’éveille doucement, le voile d’oubli s’estompe. Un souffle résonne dans sa tête et étreint son cœur. Jamais encore elle n’avait ressenti cela. Ce ne sont que de simples mots qui trouvent écho au plus profond d’elle-même, rien d’autre que des mots mais ces simples mots sont tout pour elle en cet instant où elle est seule, ces paroles lui correspondent et lui donnent confiance, force pour avancer, pour se retrouver et redevenir ce qu’elle était. Elle rouvre les yeux et bien que ne connaissant pas cette voix à qui elle doit sa renaissance, elle se promet de lui donner un visage.
Maintenant, elle sait, elle est de nouveau elle et la mort n’est pas, l’emprise des lunes s’efface. Lutter contre la flamme qui l’anime et la nourrit est vain, inutile… Elle se sauve, son esprit maintenant alerte et vif la conduit à la surface sans encombre, sans qu’aucun obstacle ne se glisse sur son passage, les lunes acceptent donc aussi facilement son refus, sa fuite… Est-ce possible ?
Cependant, le simple fait d’être vivante, de pouvoir penser librement est en soi une délivrance, un espoir, une chance.
Quelque chose a changé en elle, elle le ressent, ce voyage dans le lac ne l’a pas laissé indemne, elle est différente....
Sur la berge du lac, elle contemple ce qui devait être son tombeau, et qui lui a finalement offert une nouvelle vie. Elle longe ses rives glacées et remarque les cristaux qui jonchent le sol et qui lui rappellent étrangement les pierres miroirs que portent au cou les prêtresses. Jasdrian ne s’est jamais vraiment demandé d’où provenait ses pierres magiques qui à la lumière de la lune se dotent de pouvoir que seules les initiées peuvent contrôler et comprendre. Et en cet instant, ces pierres murmurent et soupirent. C’est un chant presque inaudible, une plainte aux doux accents de nostalgie et de tristesse. Intriguée, Jasdrian s’approche d’une pierre qui se trouve non loin d’elle. Petit à petit elle discerne les particularités de la pierre, ses défauts, ses couleurs. Elles murmurent une complainte des temps anciens, la voix est faible, hésitante, douce, envoûtante. Jasdrian poursuit son chemin, son instinct lui dit de ne pas toucher ces pierres, non pas par peur mais par respect mais elle se doute de leur origine… Elles sont les vestiges oubliés de cœurs et d’esprits que le destin a abandonné. Ces joyaux scintillent, offrent au monde leur voix et leur chant mais là s’arrêtent la magie.
Elle parcourt encore de quelques pas les berges et son cœur bercé par la monotonie du chant s’approche d’une pierre bien différente des autres qui rayonne doucement. Ses murmures ne semblent pas se perdre dans la nuit. Jasdrian sent son cœur se serrer et son esprit reprend doucement les paroles de la pierre sans qu’elle s’en rende compte. Seulement à y regarder de plus près ce n’est pas une mais deux pierres qui se trouvent à ses pieds, deux pierres magnifiques qui chantent et partagent, qui soupirent ensemble comme si elles se connaissaient depuis toujours.
Elle tend sa main vers elles malgré ce que lui dicte son instinct, et à peine sa main se trouve t-elle à quelques centimètres des miroirs, qu’une vision s’empare de son esprit la faisant hurler de douleur et de peine. Elle reconnaît la voix de sa sœur et entrevoit ces derniers moments dans le lac. Elle la voit disparaître, elle la voit devenir étoile et s’oublier pour ne laisser derrière elle que le vide, la mort, le silence… Mais la vision ne prend pas fin, elle se voit, elle, au fond du lac, prête à mourir et revenir à elle pour vivre et choisir.
Jasdrian hurle toujours quand enfin, elle est libérée de ce songe… Le choc la laisse à terre, sans aucune sensation, sans aucune pensée… Il lui faut quelques minutes pour qu’elle se remettre de cette vision et qu’elle commence à entrevoir les effets de son voyage au pays des nuages et de l’oubli. En lieu et place où se trouvait ce qu’elle a supposé être sa pierre, à coté de celle de sa sœur, seul demeure le sable. A sa main, une bague de cristal aux reflets étranges. Jasdrian la regarde de plus près, l’argent se mêle à la pierre miroir en arabesques fines et délicates, en son cœur réside un symbole qu’elle peine à déchiffrer. Elle tente alors de capter un rayon de lune, un seul reflet suffit…
Mais je me pose une question existentielle sur l'utilisation du mot "étrange" :
est-on dans l'un des cas suivants :
- le narrateur est extérieur au monde qu'il décrit, et vit par exemple dans notre monde à nous, ce qui expliquerait qu'il trouve le "spectacle", et le "lac" étranges, ou
- c'est la première fois que le narrateur voit le spectacle et le lac, qu'il trouve étranges par rapport au reste du monde dans lequel il vit, ou
- le spectacle et le lac sont différents de d'habitude, et en sont donc étranges ?
Je suis d'accord que c'est un peu bizarre comme question, puisque le narrateur n'est pas forcément une personne définie. Mais même sans se demander qui est le narrateur, il faut se poser la question du lecteur : veux-tu nous emmener au point de nous faire penser comme quelqu'un qui voit ce monde de l'intérieur ? Préfères-tu plutôt nous le faire voir en parallèle de ce que nous connaissons d'ici ?
Je suis aussi d'accord que c'est un peu du pinaillage.
Et que j'ai sans doute mieux à faire que mettre des commentaires inutiles en encombrant les thread alors que je suis fatigué.
PS : j'ai édité mon post pour essayer de reformuler plus clairement ma pensée. Il datait de ce matin, avant le dernier de Belgarion.
Tout ce que tu dis Thismardoch est toujours intéressant. Tu pointes souvent un détail qui permet de voir l'histoire autrement et c'est important.
A vrai dire je ne m'étais pas posé la question. Je pense que je me plaçais plus dans le cas du narrateur extérieur qui explique que quelque chose est anormal, qu'une impression s'en dégage qui gêne et met mal à l'aise, bien que les habitants de ce monde n'en soit peut être pas conscients.
veux-tu nous emmener au point de nous faire penser comme quelqu'un qui voit ce monde de l'intérieur ? Préfères-tu plutôt nous le faire voir en parallèle de ce que nous connaissons d'ici ?
C'est un exercice difficile déjà que de choisir.
J'étais en train de corriger la suite, je vais essayer de voir ce qui serait le mieux ou le plus agréable à lire.