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Trois jeunes filles et deux garçons, cinq novices pour devenir ce qu’ils désirent. Ils semblaient tous avoir le même âge qu’Azeleen, du moins leur apparence laissait ainsi à penser tant ils avaient la même aisance dans leurs mouvements.
Une jeune fille aux cheveux bruns courts et ébouriffés, au regard pétillant et au sourire facile, à la démarche souple et à l’allure de reine menait le groupe.
Derrière elle, un garçon qui lui ressemblait étrangement. Les cheveux bruns en bataille, son regard vert assombri par de la poussière d’anges noirs, l’expression neutre, il marchait avec l’assurance des princes de sang. On pouvait presque deviner à la façon dont son bras droit se balançait contre lui qu’il recherchait une épée autrefois portée à son côté.
Une jeune fille, de taille plus grande que la moyenne, aux longs cheveux roux, à la peau de pèche nacrée semblait absorber dans ses pensées, la tête abaissée, le démarche hésitante de celle, rêveuse qui s’oublie dans ce qu’elle imagine, ensorcelée.
A sa suite, marchait Azeleen, jeune fille d’une quinzaine d’années, plus petite que la moyenne, la taille fine et la peau blanche comme la neige nouvelle. Elle arborait une expression farouche, déterminée. Ses lèvres étaient pincées, tant elle demeurait concentrée. Son regard de nuit souligné de noir de suie brûlait d’un feu inextinguible.
Enfin, pour terminer le défilé, venait un jeune garçon, qui, on pouvait le deviner à sa façon de marcher et de se tenir était de ceux qui aiment se donner en spectacle. Pourtant, rien de notable dans sa nature et son apparence. Il était de taille et de corpulence moyenne. Sans beauté ni laideur. Si ce n’était cette expression sournoise et suffisante qu’il affichait sur son visage, rien ne laissait présager que ce garçon saurait se faire remarquer.
Quant à leurs tatouages, marques de distinction révérées, Azeleen ne put en apercevoir que trois en tout et pour tout. A l’air libre ou protégés sous un voile léger, ils se dissimulaient.
La jeune fille aux cheveux courts affichait semblait-il, la marque des flammes sur sa nuque.
Le jeune garçon derrière elle affichait un dessin de nuit qui courrait le long de son cou pour suivre la courbe de ses joues et venir mourir sous son œil droit en une longue spirale veloutée. Elle n’avait pu décrypter et ce faisant ignorait le secret de ce dessin qui accentuait le côté sombre du jeune garçon.
Enfin, Azeleen avait pu apercevoir rien qu'un instant, mais un instant suffisant, l’étoile du soir dessinée le long du poignet de la jeune fille rousse quand celle ci s'était recoiffée.
Ils avançaient toujours, ignorant où on les conduisait, mené par la Malien’drhéa drapée de bleu roi. Il vint alors à l’esprit d’Azeleen qu’elle n’avait aperçut aucun tatouage sur les Malien’drhéa. Les cachait-elle ? Les protégeait-elle ?
Cet état de fait frappa son esprit d’un trait indélébile. Pourquoi ?
Ses pensées défilèrent ainsi, tournoyant selon le rythme de sa marche et de son souffle, de son cœur et de son esprit. Concentrée, elle ne prêtait pas attention où ses pas la menaient.
Ils se retrouvèrent enfin dans un jardin d’Anduin, leur longue route prit fin. Fleurs séchées, arbres mourant ne demeurant que l’ombre d’eux même dans une position de souffrance apparente, cailloux émoussés, bancs de pierre fatigués, ainsi était le spectacle d’un hiver trop long dans un été trop rude pour des êtres de vie autrefois bénis.
La malien’drhéa les menèrent au centre de ce jardin, où des sentiers de pierres sombres venaient se rejoindre en une lente ascension serpentine. Une fois arrivés au centre de cet Eden de désespoir, elle se retourna d’un mouvement vif, surprenant chacun de ses novices.
Elle était belle, son visage d’un ovale parfait révélait deux yeux dorés qui brillaient d’un feu sauvage, ces traits étaient fins, comme sculptés par des doigts de maître. Elle était habillée d’une robe bleu roi, unie, épousant ses formes pour s’évaser à partir de la taille en une souple et large corolle. De sa peau, on ne percevait que la grâce dorée de ses mains veloutées et le teint de ses joues rosées. Ces cheveux d’un roux flamboyant tombaient en cascade bouclée le long de ses reins.
D’elle émanait arrogance et assurance, la fierté vibrant à l’unisson de sa respiration, transpirant par moment de suffisance exaltée.
C’est d’une voix chaude et caressante qu’elle s’exprima enfin à leur intention :
"- Mon nom sera Feranea : celle qui décide. Je n’en aurais pas d’autres pour vous. "
Elle s’interrompit un instant, imprimant ainsi son nom sous l’effet de l’impatience dans ces esprits encore chétifs d’ignorance.
"- Votre nom, vous ne me le donnerez pas. Je le déciderai pour vous, jusqu’au jour où enfin, vous pourrez décider du votre avec raison. Ainsi est la loi dans la forteresse, ainsi il en va pour vous comme pour tous ceux qui vous ont précédé et qui vous suivront."
Elle toisa du regard chacun d’eux d’un air sévère, puis se mit en marche en direction d’un arbre chétif et d’apparence maladive. Elle le caressa d’une main, effleurant par moment ses aspérités ou le griffant de temps à autre de ses ongles acérés.
On croirait une ronce couverte d’épines, elle caresse pour mieux blesser.
Feranea reprit d’un ton détaché, le sourire aux lèvres :
"- Vous me dessinerez cet arbre du mieux que vous pourrez. Si votre travail est bien fait, vous le saurez… Je veux de l’application, de la concentration, du désir et du talent. "
C’est tout, elle ne nous donne aucun conseil, rien qui ne puisse nous aider.
Le visage d’Azeleen exprima alors incrédulité, une expression qui devait sans doute se retrouver sur les traits de ces compagnons, ce qui fut tout de suite repéré par Feranea.
"- Non, je ne vous donne aucun conseil, à vous d’apprendre et de comprendre, de sentir et de tisser. Ceci est ma première leçon. L’instinct… "
Un rictus de défi s’épanouit sur le visage de la Malien’dhréa. Elle s’éloigna de quelques pas de l’arbre et croisa les bras, en signe d’impatience.
Les novices s’entreregardèrent, désabusés, ne sachant pas quoi faire. Ils n’avaient rien pour dessiner, aucun fusain ni papier. Ils regardèrent alors autour d’eux, tentant de trouver ce qu’il recherchait, un support, un soutien, de l’aide tout simplement.
Une forme s’approcha d’eux, discrètement, silencieusement. Quand celle-ci planta son regard de glace dans celui d’Azeleen, ce fut comme si toute respiration s’était tue, réprimée par la peur et l’inquiétude. Le temps sembla freiner sa course, retenu par des chaines suspendues aux désirs de la Haute et Sage. Car c’était bien elle qui venait d’arriver, toute de solennité habillée.
Sa voix métallique chanta alors à leur intention :
"- Vous trouverez tout ce qui vous sera utile près du buisson fourchu. "
Puis elle s’éloigna, allant rejoindre Feranea d’un pas assuré. Elles se mirent alors à discuter entre elles, ne prêtant plus aucune attention aux novices qui se trouvaient là.
Azeleen alla chercher les feuilles blanches qui étaient posées sous une pierre près du buisson fourchu. Elle fut imitée par le garçon au tatouage entrelacé sur sa joue. L’un ramassa les fusains, l’autre les parchemins. Puis, chacun s’assit par terre, à même le sol dur et froid, étrangement froid, alors que l’air était doux, si agréablement doux. Ils ne se regardèrent même pas, trop impressionnés par la Gardienne qui était à leurs côtés, attentive à leurs gestes bien que ne le montrant pas, mais ils n’en doutaient pas.
Azeleen s’installa aussi confortablement que le sol pouvait la laisser profiter, calant ses feuilles sur l’un de ses genoux. Elle observa attentivement l’arbre mourant, tentant d’en comprendre l’essence, la vie, l’apparence. Elle avait étudié dans les livres, elle savait qu’une simple représentation de l’arbre ne suffirait pas. Cela ne serait que portrait figé et vide, inutile, presque futile. Pourtant, son instinct lui disait de le dessiner, d’esquisser d’un trait ce qu’il était.
- Cela ne suffira pas. Si il fallait juste savoir dessiner, tout le monde saurait le faire. Que disaient donc les livres à ce sujet ?
Elle tenta de se souvenir des rares passages où il était parfois fait mention de l’art ancestral des Malien’drhéa. Ce n’était que quelques bribes ici et là, souvent dissimulés dans un long texte souvent peu intéressant.
- Feranea a dit que nous saurions quand notre travail sera bien fait, mais comment ?
Elle regarda autour d’elle discrètement, observant les autres novices assis à coté d’elle. La jeune fille rousse semblait perdue dans ses pensées, le regard vague et lointain, le jeune garçon à l’aspect sauvageon dessinait déjà grossièrement ce qu’il voyait, un sourire moqueur aux lèvres. Les deux autres novices qui se ressemblaient tant se regardaient de temps à autre puis au même moment reportaient leur regard sur l’arbre désigné. Ils semblaient songeurs, attentifs.
- Ils savent quoi faire apparemment, et moi je reste là à ne rien comprendre.
Elle replongea dans la contemplation de sa feuille vierge, où nulle trace de ce qu’elle aurait pu dessiner ne se devinait. Malgré tout, elle se concentra de plus en plus, tentant de sonder et de ressentir ce qu’il y avait à faire. Feranea avait parlé d’instinct…
Plongée dans ses pensées, dans ce désir entêté de réussir, elle ressentit une sorte de brûlure lancinante au niveau de ses reins, une douleur lointaine, presque incertaine. Elle n’y prêta pas attention au départ, croyant tout simplement que son tatouage avait besoin de soins. Puis lentement, son esprit glissa hors de son contrôle, comme un filet d’eau que l’on désire conserver entre ses mains mais qui se faufilent imperceptiblement entre les failles et les interstices. Son esprit semblait ne plus lui obéir, un vertige la saisit, l’emportant dans ses rets comme une tempête imprévisible. Une tempête de flocons d’hiver où le givre chante la morsure du froid et le baiser enivrant de la neige. Elle tenta de se ressaisir, de se rattraper à ce à quoi elle conservait encore un minimum de contrôle. Ses souvenirs. Ils lui appartenaient. Elle se rappela ce qu’on venait de lui ordonner, les paroles de Feranea résonnèrent dans son esprit, l’arbre, il faut dessiner l’arbre. Elle se raccrocha à ses paroles avec difficulté, la tempête était envoûtante, puissante et son parfum était ensorcelant. Il embrasait les sens.
- L’arbre, il faut dessiner l’arbre.
La tempête sembla alors se calmer, imperceptiblement, le vent sembla souffler moins fort, plus caressant. Il forma alors de minces fils de givre dentelé, s’entremêlant au départ de façon maladroite et malhabile pour ensuite s’effleurer de plus souple manière, doucement. L’arbre lentement se dessinait dans son esprit, le givre traçait courbes et ramages, tissant les lignes qui par moment étincelaient.
La tempête doucement se calmait dans l’esprit d’Azeleen, elle s’apprivoisait, contenue difficilement. Elle rouvrit les yeux qu’elle avait conservés fermés durant tout le travail de concentration qu’elle venait d’opérer quand elle réprima un geste d’étonnement à la vue de l’arbre dessiné.
Des tissages rouges et argent dansaient le long de son tronc fatigué, se repoussant avec véhémence, électrisant l’air là où les fils se touchaient. Les yeux ronds de surprise d’Azeleen furent plus éloquents que la moindre parole, tout comme l’expression de la jeune fille aux cheveux courts. Azeleen maintenait la tempête de givre sous son contrôle, bien que parfois, quelques éraflures de froid venaient entailler son esprit de brûlure glacée, mais elle s’entêtait. Tout comme l’autre jeune fille.
Un frisson la parcourut alors, ce fut comme un coup de fouet, cinglant, comme quelque chose qui coupe la respiration et laisse haletant. Elle reprit ses esprits, secouant la tête avec furie. Une main ferme était posée sur son épaule, celle de la Gardienne. Elle regarda alors autour d’elle et vit la jeune fille aux cheveux courts afficher la même mine ébahie sous la poigne dure de Feranea.
- Que s’est-il passé ? J’avais réussi et voilà que maintenant il n’y a plus rien, je me sens si… vide…
La Gardienne desserra son étreinte, libérant Azeleen qui soupira d’aise et de soulagement.
"- Relevez vous, tous…"
Feranea vint s’installer près de la Haute et Sage, en retrait. La Gardienne s’exprima alors d’une voix froide, en colère.
"- Voici ce qu’il ne faut pas faire, surtout quand vous êtes aussi inexpérimentées. Engager un combat, êtes vous donc aussi aveugles et dénuées de bon sens pour ne pas sentir quand quelqu’un exerce son talent ? "
Azeleen et l’autre jeune fille rougirent quelque peu, gênées. Les autres novices les regardaient d’un air suffisant. Ils n’avaient pas commis d’erreurs, peut être aussi parce qu’ils n’avaient pas réussi…
"- Néanmoins, vous avez réussi… Là où d’autres ont échoué. "
Ce fut alors le tour aux autres novices de se sentir mal à l’aise.
"- Vous avez entamé votre apprentissage, démêlé les premiers nœuds d’une trame plus complexe encore que ce que vous pouvez imaginer. Cette trame vous la suivrez toujours, elle vous est destinée. Nul ne sait où elle vous mènera, ce que vous y découvrirez et ce qui vous sera permis d’exercer. C’est à vous d’y travailler. La cérémonie des distingués m’a permis de desceller chez vous les premiers nœuds qui vous étaient destinés. Le reste vous est dévolu. Nous ne pourrons que vous guider… "
Ses yeux brillaient tels des pierres étoiles. Menaçantes.
"- Quand aux autres, vous devrez réessayer encore. La voie des Malien’drhéa ne peut passer que par là. "
Elle posa un dernier regard sur l’assemblée, jaugeant une nouvelle fois les novices, lisant en eux avec brutalité. Puis elle s’éloigna, silhouette rouge sang dans un décor dénué de couleurs et de saveurs.
Feranea poursuivit :
"- Ceux qui ont échoué vont continuer à s’exercer ici. Vous me dessinerez cet arbre, je le veux pour ce soir… Pour celles qui ont réussit, ne croyez pas que vous avez tout compris. Il vous faudra vous exercer jusqu’à ce que vous contrôliez parfaitement ce que vous avez découvert. Cela n’est peut être pas plus simple que ce qu’ont à faire les autres. Au contraire… "
D’un regard, elle intima aux autres novices de se rasseoir. Ils reprirent alors leur travail, mal à l’aise.
"- Ramassez vos affaires et suivez moi."
Azeleen et la jeune fille prirent leurs affaires dans leurs mains fébriles.
"- Tu seras Bressiera, celle qui enflamme. Toi, tu seras Frostia, celle qui apporte le froid. "
Bressiera et Frostia ne dirent mot, peinant à reconnaître un autre nom que le leur. Azeleen, maintenant Frostia, demeura silencieuse, abasourdie par le dessin qu’elle tenait. Une dentelle de givre était venue brûler le papier pour représenter l’arbre défiguré. Bressiera lui rendit son regard étonné, sur son parchemin ne restait plus que de la dentelle calcinée.
Captivant!
Juste quelques petites choses : "Elle arborait sur son visage une expression farouche," je dis pas que c'est mal, il faudrait demander à Aelghir, mais je dirait que "sur son visage" est superflu.
"...transpirant par moment de suffisante exaltée. " Ce n'est pas plutôt "suffisance"?
Est-ce Feraena ou Feranea? On touve les deux. Je me souviens que mon héros, à la base, s'appelait Ellidas, et j'avais oublié de le modifier. C'est peut-être ça, ou des fautes de frappe?
"Le reste, vous est dévolu." Je crois que la virgule est en trop.
Voilà, rien de bien important en soi, l'ensemble est très bien^^
C'est effectivement beaucoup de fautes de frappe. Suffisance, Feranea et la virgule sont corrigés. Il en va de même pour le visage, cela était peut être de trop en effet.
"- J’étais pourtant sure de l’avoir poser là ce matin… "
La Gardienne murmurait de vagues remontrances contre elle-même, cherchant dans le fouillis organisé de son bureau où elle avait bien pu laisser le manuscrit qu’elle traduisait.
Des livres étaient rangés en piles le long des murs, des feuillets à l’écriture cursive et lointaine attendaient d’être traduits dans des portefeuilles violets bordés de rouge cramoisi. Au sol, un parquet au bois rose vernuré de violine apportait à la pièce douceur et fraicheur. Au centre, se tenait majestueux, un bureau massif de bois d’ébène ornementé d’incrustations d’argent. Une sombre solennité émanait de lui, comme un être vivant, il distillait ses humeurs dans la pièce. Sur les murs, des tentures souples de soie violette rappelaient le parquet. Des anciennes tapisseries, à la symbolique sacrée, mais en partie perdue venaient agrémenter la pièce d’originalité, rompant la monotonie du ton sur ton.
L’une d’elle attirait l’attention, non pas à cause de sa décrépitude avancée ou des couleurs qui étaient presque toutes passées. Non, l'oeil était attiré par cette œuvre. Au premier regard en effet, la curiosité était piquée : le dessin, qu'on devinait esquissé il y a de cela des années, demeurait digne des plus belles œuvres conservées, bien après des siècles de vie traversés. Cette tapisserie représentait trois femmes en procession. La première apparaissait jeune et radieuse, sa silhouette rappelait la grâce des danseuses. Une beauté parfaite, une élégance naturelle qui faisait qu’en esquissant à peine le geste de son prochain pas de danse, on imaginait sans peine le suivant.
La seconde était plus calme. Droite, au port de reine, tout simplement belle, elle était représentée dans une attitude pensive, réfléchie. Portant d’une main un livre et de l’autre des pinceaux, elle symbolisait ce qu’on pouvait penser être une Malien’drhéa de l’ancien temps. Venait ensuite la troisième et dernière femme. D’âge mur, le regard sombre et froid, la silhouette arrogante et fière, elle incarnait le pouvoir et la puissance, tant son charisme impressionnait. Elle ne tenait rien dans ses mains, ses vêtements étaient simples, ses gestes inexistants. Mais on devinait qu’elle était la plus puissante.
On aurait pu les dire sœurs ou cousines tant la ressemblance entre elles était frappante, mais la simple pensée se refusait à imaginer pareille parenté. La tenture disait non, refusant toute conjecture, sans que l'on comprenne pourquoi, sans que l'on sache comment. Mais malgré tout, malgré cela, on saisissait les liens de parenté dans le sens et la couleur des trames.
Le seul symbole que l’on pouvait traduire avec de vagues soupçons était ce tatouage étrange que chacune portait à leur front : un croissant de lune bleuté venait orner leur visage d'une parure sacrée. Vénéraient-elles un culte de la lune à elle trois ? Etaient-elles prêtresse de la nuit en ce temps là ? Etaient-elles les représentations de trois lunes sacrées ?
Personne véritablement ne le savait. Les hypothèses s’échafaudaient mais la raison demeurait cachée.
Une lointaine chanson leur était pourtant consacrée, que la Gardienne connaissait mais qu’elle n’arrivait pas véritablement à déchiffrer, à mettre en lien avec le passé, car le passé était en parti perdu, détruit, oublié.
"- Haute et Sage, excusez moi mais avez-vous perdu quelque chose ? "
Une Malien’drhéa venait d'entrer dans la pièce. La Gardienne se releva d’un bond, sortant la tête de ses notes et papiers, le regard furibond.
"- Ma cousine, notre lien de parenté ne vous donne pas tous les droits en cette cité. Et certainement pas celui de pénétrer dans mon bureau sans y avoir été invitée. Que faites vous là ? "
La jeune femme s’excusa en esquissant une révérence parfaite, d’une rare élégance. Cependant son visage ne trahissait pas le moins du monde une quelconque gêne.
Ces deux femmes étaient en effet cousines de part le roi de Malien, Gridevald Le Malin. Le souverain avait été fin joueur et subtil stratège, tirant sa carte du jeu avec audace et talent quand le temps s’était montré complice et délice.
Il s’était tout simplement arrangé pour installer sur le trône des Malien’drhéa une parente qu’il avait lui-même élevée. Les Malien’drhéa étaient en effet un symbole. Elles exerçaient leur autorité face au roi, parfois contre lui, jugeant et décidant, découvrant et créant, alors que le roi ne pouvait que guerroyer et gouverner…
Ainsi, Gridevald avait décidé que réunir le pouvoir double en une seule et même main, la sienne, serait à son avantage. Tempora était sa nièce, enfant abandonnée dès l’enfance, sa mère, la sœur du roi, avait succombé à l’accouchement en la mettant au monde et son père en était mort de chagrin, délaissant la seule enfant née de cette union. Gridevald l’avait donc recueillie, la chérissant avec tendresse mais projetant déjà de l’utiliser à ses fins le moment venu. Il l’avait élevée en compagnie de ses enfants dont Greavial faisait partie.
Fille de roi et princesse de sang, elle avait cette allure effrontée de celles qui se savent de haut rang et depuis l’enfance avait conservé cette mine arrogante et suffisante. Malgré cela, elle faisait partie des plus douées des Malien’drhéa, en compétition constante avec sa parente.
Cependant le roi avait de nombreux projets. Il avait suivit pendant quelque temps l’enseignement des Malien’drhéa, ainsi était la coutume pour les enfants du sang, et avait découvert en lui ce talent particulier de desceller, avant même qu’elle ne naisse, la lueur en une personne. Il avait décidé que Tempora serait la Gardienne et l’avait élevée dans cette optique. Quant à Greavial, son tour viendrait, quand il le déciderait.
Ainsi, Tempora avait prit conscience très tôt des projets de son oncle et loin de les réprouver, elle les acceptaient avec froideur et même, l’encourageait. Elle avait donc été acceptée à douze ans en tant que novice et rapidement avait prouvé sa valeur et ses talents en devenant à l’âge de quatorze ans une Malien’drhéa. Lorsque la Gardienne précédente décéda quelques années plus tard, le roi entreprit de faire jouer ses relations au sein même du conseil pour faire élire la plus prometteuse des jeunes acceptées de la forteresse. Il fit tant et si bien dans l’ombre que personne ne soupçonna qu’il fut à l’origine de cette élection. Quelques murmures s’élevèrent néanmoins à cette nomination mais il furent vite réprimés et tombèrent sans plus tarder dans l’oubli. Ainsi fut choisie Tempora, consciente que son accession à ce titre était redevable à son oncle mais consciente également que c’étaient ses talents en grande partie qui avaient joué en sa faveur.
Depuis lors, elle gouvernait cette institution selon son bon vouloir, et non selon celui de son oncle qui ne tarderait pas un jour à se rendre compte que sa nièce n’était plus sous son contrôle. Cependant, en vieux renard qu’il était, il avait installé sa fille à ses côtés, espionnant et guettant ses moindres faits et gestes. Et la voilà qui était là, minaudant et grinçant des dents à la recherche d’une faute ou d’une méprise à divulguer à son père…
"- J’ai frappé plusieurs fois à votre porte et n’entendant personne répondre, j’ai cru qu’il vous était arrivé malheur. "
"- Votre sollicitude m’enchante mais cela ne répond pas à ma question, Greavial. Que faites vous dans mon bureau ? "
"- Je suis venue vous apporter le compte rendu des tests effectués ce matin sur les novices rouges. Il y a quelques éléments prometteurs mais le reste ne compte pas. Ils ont la lueur mais elle vacille sous le moindre de leur souffle. "
"- J’aurai très bien pu m’en rendre compte moi-même en lisant le rapport de Dymphnéa. "
"- Mais il vous aurait manqué quelque chose."
Greavial sourit, affichant un air de fausse modestie.
"- Votre don est certes utile mais il ne peut rendre service sans mon autorisation expresse. Vous savez que je peux bruler votre talent, si vous n’y prenez garde. "
Greavial ne cilla pas à l’écoute de ces menaces. Sa cousine était peut être la Gardienne mais c’était son père qui l’avait placé là, sur ce trône. Jamais elle n’irait à l’encontre de sa fille…
"- Vous ne le brulerez pas, il vous est trop utile comme vous le dîtes. "
"- Ne soyez pas trop prompte à dispenser jugement sur ce que vous ignorez. Et surtout, ne me tentez pas… "
La Gardienne grinça des dents, ne cachant pas son exaspération devant tant d’audace et d’insoumission.
"- Je suis moi-même allez voir certains apprentissages ce matin et je n’ai rien à apprendre de toi… "
Elle accentua le tutoiement pour bien faire comprendre le rang que devait occuper Greavial en sa présence.
"- Vous avez donc été voir les bleu roi ? Comme toujours, c’est la meilleure promotion, mais celle-ci a un goût particulier. Certes, nos neveux et nièces y ont été nommés, mais il y a autre chose."
"- Je n’ai rien à apprendre de toi. Maintenant retourne à tes devoirs. Tout de suite ! "
Greavial salua d’une impeccable révérence sa cousine, souriant d’un air narquois de l’avoir ainsi énervée. Elle se dirigea vers la porte et quand elle ouvrit celle-ci pour sortir, elle se retourna, le regard sombre.
"- Ne crois pas pouvoir la dompter. Hiver est imprévisible. On ne peut le défier. J’ai vu où son fil allait, au-delà des nœuds et des impasses, j’ai vu de quoi elle était capable. Elle pourra réunir ce qui a été séparé et perdu voilà des centaines d’années. "
Les yeux de la Gardienne se mirent à briller d’un feu sauvage, la colère bouillonnant en elle comme un brasier ardent. Puis, sa cousine ne fut plus là, l’absence remplaçait sa présence, soulagée.
Greavial avait en effet le don unique de lire les fils de la destinée de chaque enfant porteur de la lueur. Elle pouvait les démêler, les comprendre et abuser de ce talent. La puissance d’une Malien’drhéa provenant essentiellement de ses compétences en matière de compréhension de ces nœuds obscurs qui entravaient la progression. Ainsi si une novice ou même une jeune Malien’drhéa venait à apprendre quel don elle serait en mesure de posséder plus tard, avant même de le sentir ou de le découvrir, son pouvoir en serait fortement diminué, ou même pire, il pourrait s’enfuir et disparaître à jamais. La Gardienne aussi avait ce talent, mais il fallait bien l’avouer, il était bien moins développé que celui de Greavial. Elle, elle pouvait voir presque tout le fil, parfois même au delà, alors que Tempora, malgré tous ces efforts, ne pouvait apercevoir que quelques nœuds et carrefours de ci de là.
"- Je n’ignore pas que l’Hiver ne se dompte pas en Malien. Il est et ne se défie pas. On l’accepte, on le contourne parfois, mais jamais on ne peut l’affronter. Il est imprévisible, impatient, tempétueux. Cette jeune fille est prometteuse, elle est douée. Mais bien que l’hiver ne puisse être maîtrisé, il peut être affaibli, contrecarré par le feu, la chaleur, le brasier… "
La Gardienne retourna à ses recherches. Le manuscrit d’Orgala était là, sur son bureau. Elle l'avait enfin retrouvé et devait finir de le traduire. Elle était certaine que déchiffrer ce courrier d'un autre temps lui apporterait les réponses à des questions qu'elles cherchaient depuis longtemps…
"Au sol, un parquet au bois rose vernuré de violine apportait à la pièce douceur et fraicheur. Au centre, se tenait majestueux, un bureau massif de bois d’ébène ornementé d’incrustations d’argent. Il apportait à la pièce une sombre solennité." Ca fait une répétition
"une élégante naturelle" élégante ou élégance?
"de rentrer dans la pièce." Je mettrais plutôt d'entrer dans la piece. Mais tu fais comme tu veux, ici, ça peut pas être considéré comme une faute.
"Ses deux femmes " Ces deux femmes.
"Gridevald le malin." Je mettrais "le Malin" moi...
"ce talent particulier de desceller avant même qu’elle ne naisse, la lueur en une personne." Je mettrais une virgule avant "avant".
"ses nœuds obscurs qui entravaient la progression," Je crois que c'est "ces"
"son pouvoir en serait fortement diminuer" diminué.
"Tempora, ne pouvait voir qu’au-delà de quelques nœuds, de quelques carrefours, Greavial, elle, pouvait voir presque tout le fil, et parfois même au-delà…
" Je pense qu'il faudrait revoir la phrase, au niveau des virgules.
Sinon dans le dernier paragraphe, au niveau des IL, ça colle pas. Où alors écrit hiver avec une majuscule.
Voilà, désolé d'être aussi froid dans ma correction, mais j'arrive pas à faire autrement. Sinon continue, c'est très bien!
Merci Belgarion.
J'avais pourtant relut je ne sais combien de fois le texte mais à force de le lire, on le connait par coeur et même les mots mal écrits ne sautent pas aux yeux. ^^
Je vais peut être attendre avant de mettre la suite et l'histoire parallèle que j'avais écrit il y a quelques temps, cela risquerait de faire beaucoup de corrections dans la même journée.
Je vais relire et tout revérifier pour éviter de fatiguer les yeux et les méninges.
J'ai encore relut mon texte et j'ai modifié certaines tournures de phrase.
Au vu des fautes et des maladresses, je me demande si je vais encore poster. Ca ne donne pas envie de lire et ça en devient ridicule de faire des fautes comme ça.
Arrêter de poster! Permet moi de te dire que je ne suis pas d'accord. Je n'ai pas posté jusqu'ici parce que faire des critiques n'est pas mon fort, mais j'aime ce texte
C'est bien construit, bien écrit malgré des maladresses mais bon, qui n'en fait pas en débutant ou même plus tard?
Pour progresser il faut passer par ce stade de la critique. Il y a tant de fautes dont on ne s'apercoit pas soi même. Je ne compte plus le nombre de fois ou j'ai écrit des passages dont on m'a dit que la tournure était horrible. A chaque fois ca me vexe un peu et me fait mal aussi de ne pas arriver à ce que je voudrais mais ce n'est pas pour autant qu'il faut abandonner
Ton texte est vraiment sympa, agréable à lire, captivant à certains moments. L'histoire m'intrigue et me plait, j'ai envie de continuer à le lire. N'abandonne pas
Merci Mélisande, c'est très gentil et tu as raison sur le fait que pour progresser, il faut accepter la critique et ne pas baisser les bras.
Déjà se rendre compte de ses erreurs et essayer de les corriger est un bon début.
Petit à petit, j'espère un jour, je n'aurai plus trop besoin d'être guidée.
J'écris pour me détendre, pour oublier ces révisions qui me prennent la tête et pour me faire plaisir. Du moment que je n'oublies pas que c'est juste pour me faire plaisir, que c'est un moment de loisir, je continuerai à écrire avec bonheur.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Trop occupé pour lire ces derniers temps, je viens de corriger mon manque d'attention. Mes impressions sont positives dans l'ensemble. le récit est toujours captivant, les personnages sont vivants et attrayants. Le style poétique, contourné est plaisant mais a les défauts de ses qualités, c'est à dire parfois un peu lourd, un peu obscur. Cela conduit aussi à des répétitions assez nombreuses et à des mots inutiles ( ex : soit disant malaise). Apprends à alléger un peu tes phrases, je parle en connaissance de cause).Quelques fautes d'orthographe comme des infinitifs après avoir ou bleus rois au lieu de bleu roi (pas de marque du pluriel dans le cas d'un adjectif de couleur suivi d'un nom ou d'un adjectif), tu devrais écrire les "bleu roi".
en résumé, j'aime beaucoup ton histoire.
Je viens de me rendre compte d'un truc étrange concernant mon histoire parallèle que j'avais écrit en début d'année. oO
Oui je n'arrivais pas à m'endormir hier soir et j'y ait repensé pour pouvoir la modifier quelque peu et l'intégrer dans ce que je suis en train d'écrire là.
Enfin, pour cela soit complet, il faudra encore intégrer une autre histoire parallèle et réunir tout ça.
Enfin bref, le problème est qu'avant même d'avoir lu la Roue du temps (je n'avais même pas ce cycle à l'époque et ne connaissais même pas... ) j'ai appelé mon perso principal Elayne et j'ai introduit un monde de souvenirs et de rêves qui ressemble un peu au Tel'aran'rhiod.
Je ne m'en étais pas rendu compte avant... Cela vient de me sauter aux yeux.
C'est assez déstabilisant.
Feranea avançait à une allure pressée, l'attitude déterminée. Tant et si bien qu’il arrivait parfois aux deux novices qui la suivaient de se mettre à courir pour la rattraper. Elles s’échangeaient des regards inquiets, interrogateurs.
- Mais où nous emmène t-elle. Elle va nous perdre si elle continue à courir ainsi après le vent…
Elles traversèrent couloirs et corridors, grimpèrent escaliers sur escaliers, s’enfonçant toujours plus profondément dans la forteresse. Ici et là quelques fenêtres laissaient pénétrer la lumière, permettant de regarder au dehors ce qu’il se passait. Jardins et enclos défilaient les uns après les autres, tous différents, tous particuliers dans leur couleur et agencement. Quelques personnes discutaient dans ces havres de paix, d’autres y travaillaient ou s’exerçaient.
Elles finirent enfin par arriver au cœur même d’une Tour perchée dans l’aile Ouest, celle dédiée à la conservation et à la restauration des biens du passé. Feranea ralentit l’allure, ce qui fut accueillit par un soupir de soulagement repris en cœur par les deux novices.
- « Je ne veux pas vous entendre. Ni l’une, ni l’autre.»
Elle regarda tour à tour Bressiera et Frostria, leur intimant silence par le regard en plus de l’ordonner si gracieusement par la parole. Les novices hochèrent la tête, en signe d’assentiment, dissimulant mal leur inquiétude et leur épuisement.
La Malien’drhéa ouvrit une porte usée par le temps, le bois montrant ici et là quelques détails de fatigue qui ne laissaient rien présager de bon quant à l’isolation de la pièce qui se trouvait là.
Les deux jeunes filles se faufilèrent derrière elle, découvrant un lieu dédié à la restauration des plus belles pièces de tapisseries. Celles-ci, fatiguées à force d’exposition à la lumière et à l’humidité, se ternissaient, perdaient leur couleur et s’effilochaient. Certaines étaient étendues sur de longues cordes de chanvre, d’autres reposaient sur des tables basses destinées à cet emploi, d’autres encore, les plus abîmées, étaient délicatement posées sur des tables de travail percées au centre pour pouvoir les réparer.
Naturellement, pour conserver encore cette vieillesse latente, la pièce était plongée dans une obscurité partielle, aussi quelques rares bougies parsemaient ici et là les murs et l’humidité y était presque inexistante.
Au fond de la pièce qui était bien vaste, se cachaient deux portes dans l’ombre. Seule une personne au courant de leur présence dans cette obscurité aurait pu les desceller.
Feranea se dirigea vers l’une d’elle, évitant les tables et chaises de travail avec souplesse et élégance. Azeleen et sa camarade esquissèrent un geste pour la suivre quand celle-ci se retourna :
- « Restez là et ne touchez à rien. Vous m’avez comprise. Abîmer quelque chose et je vous promets que votre séjour ici sera pire que vos pires cauchemars…»
Elles se figèrent sur place, obéissantes et affligées.
Elles attendirent donc que Feranea s’engouffre dans la nuit et que le bruit d’une serrure qui se referme se soit enclenché pour oser de nouveau esquisser un mouvement et regarder autour d’elle les trésors que recelait cette pièce.
- « Où sommes nous à ton avis ? demanda Azeleen. »
- « Je l’ignore, j’ai perdu le sens de l’orientation à force de tourner et de marcher dans ce labyrinthe. Mais apparemment nous sommes arrivées dans l’aile Ouest, là où les Malien’drhéa entreposent, restaurent et redécouvrent les secrets du passé. »
Bressiera s’avança pour étudier de plus près une tapisserie. La danse des flammes imprimaient des ombres mouvantes sur le motif, un défilé de nuages sombres semblaient défiler dans ces cieux très terre à terre.
- « Comment le sais tu ? ».
- « Mon père a été autrefois novice, il connaissait la forteresse par cœur. Il me l’a donc décrite et je me souviens de certains détails. L’aile Ouest est dédiée aux souvenirs, l’aile Nord à l’habitation, l’aile Est, à l’étude et à l’apprentissage, alors que l’aile Sud nous est interdite, c’est là que logent et travaillent les Malien’drhéa. Il s’est bien gardé par contre de me prévenir sur les méthodes d’apprentissage... Au fait - son ton prit le rythme enjoué d’une ballade enfantine - je m’appelle Sanéa.»
- « Et moi, Azeleen. »
Le silence s’installa momentanément entre les deux jeunes filles. Elles observaient avec attention les tapisseries et parchemins sur lesquels dormaient les dessins.
Bressiera exprima alors à haute voix ce qu’elle pensait :
- « Je me demande de quelle époque ils datent. Nous avons tout perdu depuis le grand sommeil. Peut être que ces œuvres remontent à des temps qu’on ne soupçonne même pas. »
- « Un jour nous le saurons peut être. »
- « Oui, un jour vous le saurez. »
Bressiera et Frostia sursautèrent en chœur, déplaçant quelques tables sous l’effet de la surprise et du mouvement de recul. Une voix s’était élevée, nasillarde, chevrotante. La voix d’une vieille femme. Elle sortit de la nuit, les ombres mouvantes issues de la danse hésitante des chandelles dessinaient sur son visage parcheminé des rides effrayantes. Pourtant, son regard était doux, caressant. Il luisait de gentillesse et de promesses.
- « Ne craignez rien, je ne vous ferai aucun mal et n’irai pas rapporter que vous avez désobéit aux ordres. »
Malgré le fait que sa voix était désagréable à entendre, le ton de celle-ci incitait à écouter.
- « Vous êtes ici sans véritablement savoir pourquoi. N’est ce pas ? »
Elles esquissèrent un signe de la tête ensemble, mais gardèrent le silence, toujours effrayées. Elles peinaient à comprendre véritablement ce qu'elle disait, tant tout ce qui sortait de sa bouche semblait obscurci par la folie ou l'égarement.
- « Ne vous inquiétez pas, elle ne reviendra pas tout de suite. »
La vieille femme avait capté les regards inquiets en direction de là où était partie Feranea.
- « Je peux lire en vous comme dans un livre ouvert. Je sais ce que vous ignorez et saurait toujours ce qui vous fera défaut. L’une et l’autre vous serez toujours différentes, comme opposées. Mais dans cette opposition, vous trouverez une certaine complémentarité. »
Elle s’arrêta pour reprendre son souffle, siffla lourdement et reprit :
- « Vous venez d’arriver, vous ignorez encore les fondements même de la nature de ces pouvoirs qui vous sont légués. Depuis la nuit des temps, les trames s’enchevêtrent et se défont, les nœuds se démêlent ou s’entremêlent plus encore. Lire ces trames et ces dessins et desseins n’est pas chose aisée, cela s’apprend, les inciter à faire ce que vous voulez l’est plus encore. Vous avez tout à l’heure démêler un des fils de votre destinée, et vous l’avez enchevêtré à votre guise à ce qui vous entourait. Vous l’avez guidé, choisi, compris. Pour le moment, vous n’avez accès qu’avec limite à votre propre fil, mais un jour viendra où vous pourrez lire plus loin. Au-delà et en deça et tout recommencera. »
Elle s’essouffla encore, prenant une pause qui la requinquerait quelque peu.
- « Je ne fais que vous dire ce qui doit être dit. Vous avez déjà découvert cela, je ne fais que vous le répéter alors que vous n’avez fait que le murmurer. Un jour vous comprendrez pourquoi et comment. Pourquoi ces fils, ces tatouages, ces nœuds, ce passé, ces oublis et surtout … ces trois sœurs. »
Elle toussa bruyamment, prenant appui sur une des tables qui se tenait près d’elle. Un bruit de serrure grinçante vint chanter aux oreilles des novices. Celles-ci se retournèrent d’un seul mouvement, prête à voir surgir Feranea derrière elles avec son lot de menaces et de politesses…
La porte s’ouvrit enfin et les bruits de pas de Feranea trouvèrent un écho assourdissant dans les oreilles des novices. Elle sortit de l’ombre et les observa, le regard de glace. Elle tenait avec douceur sous son bras un parchemin protégé dans un écrin de velours noir incrusté d’argent.
Elle passa près de ses élèves, le regard inquisiteur. Ne trouvant rien à redire ou à faire observer, elle se dirigea vers la porte de sortie.
- « Suivez moi et ne faites pas de bruit. »
Azeleen et sa camarade suivirent Feranea sans attendre, mais avant de quitter la pièce, elles regardèrent derrière elles afin de jeter un dernier regard sur ce qu’il s’était passé... La vieille femme s’était volatilisée.
- « J’espère que vous n’avez pas fait de bruit, Terandy et Tulmia détestent quand elles sont dérangées lors de leur travail.»
Elle ferma la porte en la poussant lourdement tant le sol était, au niveau de la porte, peu nivelé pour le confort. Les deux novices soupirèrent de soulagement en entendant Feranea prononcer les noms présumés de deux Malien'drhéa. Elles n’avaient pas rêvé, elles ne l’avaient pas imaginée. Cette vieille femme devait être une Malien'drhéa...
Feranea repartit de son allure empressée vers la sortie, suivie de ces deux jeunes élèves quelque peu désabusées et rêveuses.
Elles retraversèrent couloirs et corridors, descendirent escaliers sur escaliers. Néanmoins le retour fut plus reposant et plus empreint de soulagement que l’aller.
Alors que le décor rappelait quelques vagues souvenirs aux deux novices, Feranea infléchit sa course vers un couloir inexploré encore par leurs jambes endolories. Elles se dirigeaient vers le centre de la forteresse, pénétrant plus profondément dans le cœur de la demeure. Les minutes défilèrent, elles rencontrèrent quelques autres Malien’drhéa qui saluaient Feranea à son abord, puis ne rencontrèrent de nouveau plus personne. Elles étaient seules…
Enfin, la marche de Feranea se fit plus souple et légère, elle ralentit son pas bien que nulle fatigue ne s’esquisse même d’un trait sur son visage. Elles arrivèrent dans une pièce somptueuse ceinturée de colonnes de pierre lune aux nuances d’un ciel orageux. En fait de pièce, c’était plutôt un immense couloir qui encerclait une autre salle menue, aux murs de nacre violacée. Les plafonds étaient délicatement ouvragés de moulures argentées. Le sol était une œuvre d’art unique, d’un seul tenant, tout de pierre lune azurée. Il brillait d’un aspect velouté.
Feranea s’avança vers la seule porte qui donnait sur la salle encerclée. Une jeune fille sortit alors de l’ombre d’une colonne, gracile et frêle, elle rayonnait d’autorité. Feranea s’arrêta à sa vue et salua avec révérence la jeune fille au teint lumineux.
- « La Gardienne m’a invité à venir lui apporter cette relique. »
- « La Gardienne agit selon son bon plaisir : Maliené siat Malien’drhéa. »
Cette phrase consacrée prononcée, Feranea savait qu’elle pouvait désormais passer. Elle était acceptée par l’une des filles liées, protectrices désignées par et pour la Gardienne. Celles-ci étaient trois, liées à la Haute et sage et dépositaires d’une partie de son pouvoir inné, puissantes et respectées.
Alors que la jeune fille s’effaçait, reculant gracieusement vers les colonnes, Azeleen reconnut la prêtresse qui l’avait guérit et soulagée la nuit de la cérémonie des distingués. Aussi, tout en avançant, elle l’observa discrètement, tentant de percer le mystère de ses yeux qui l’intriguaient.
Mais Feranea ouvrit la porte donnant sur le bureau de la Haute et Sage, tirant Azeleen à la fois de son observation et de sa rêverie. La Malien’drhéa, d’un regard qu’elles commençaient à bien connaître, leur intima l’ordre de la suivre et de rester derrière elle. Elles retinrent alors leur respirations, juste le temps de pénétrer dans la pièce où se tenait, souveraine, la Gardienne.
"Vous m’avez compris" je crois que c'est vous m'avez comprise, "m" étant COD et placé avant avez, donc le participe s'accorde et tout et tout...
Tu devrais remplacer les * par des -, ça ferait plus... classique?
"Bressiera et Frostia sursautèrent en cœur" je crois que l'expression est "en choeur" et ne s'utilise que pour les paroles. Mets plutôt "à l'unisson".
"elles ne l’avaient pas imaginé" si tu parles de la vieille femme, ce dont je ne suis pas sûr... c'est pareil, il faut un e à la fin de rêvé.
Sinon c'est toujours le même commentaire : super. Continue^^
Novice Maintenant Multi d'Emin (à compter du 4 novembre de l'an de grâce 2007)
Heu je n'ai lu que le début, l'intro de la page une donc je ne vais pas juger le contenu lui même mais seulement ton écriture : C'est fluide et agréable à lire, les figures de styles sont bien placées et n'allourdissent pas le texte : Je trouve que tu écris vraiment super bien. Les fautes d'orthographe on s'en fout, et je trouve que les corrections que l'on te fait ne sont que des détails, le texte est tres bien même sans elles. Alors n'arrête pas de poster pour des malheureuses fautes qui franchement sont dérisoires ^^ Désolée les puristes correcteurs je dis ce que je pense
Nan nan, t'inquiète pas! On lui dit pas d'arrêter à cause des fautes, au contraire. Ce serait juste dommage de laisser un si beau texte plein de fautes de frappe et d'inattention.