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L'est du Ghealdan est en proie depuis plusieurs jours à des bandes armées qui sillonnent la campagne, s'arrêtant dans chaque village pour y imposer leur loi par la force quand cela est nécessaire. Ces hommes se disent de l'armée de l'armée de la main rouge et donc à ce titre considèrent comme un du l'obéissance des villageois.
Du haut de sa tour, le roi Adur regarde tristement la campagne environnante de la capitale. Au loin une fumée noire apparaît, surement un autre village incendié par ses fichus bandits.
Difficilement il revient s'assoir à son bureau, son arthrite le fait de plus en plus souffrir . Il ne peut même plus se débarrasser de ces maudits bandits lui-même. Obliger de faire appel à ses neveux, des vrais charognards à tourner autour de lui en attendant qu'il crève.
Sans héritier, sa santée déclinante, il ne lui reste que son intelligence...
Il se demande d'ailleurs si ses imbéciles ne sont pas à l'origine de ses pillages simplement pour le destabiliser. Il sait que la population commence à être tres mécontente. Mais ils ne sont pas assez intelligents pour ca.
Adur secoue la tête, profondément déprimé il tourne le regard vers son Adèle, décédée il y'a 10 ans. Non jamais il n'aurait pu la répudier pour se remarier avec une jeune femme féconde ni engendrer des batards. Voilà où l'amour l'a conduit mais il ne regrette rien...
MULTI ========= Plus il y aura de règles et de lois, plus il y aura de vols et de voleurs. Lao Tseu.
Du haut de son cheval, le chef des pillards contemplait la fumée qui s’élevait dans le ciel.
Cela faisait plus de deux mois qu’il avait commencé à dévaster cette région à la tête d’une petite troupe qui se prétendait fidèles du dragon. La plupart n’étaient que des paysans ou des bandits attirés par la promesse de richesses et d’aventure, mais un nombre sans cesse croissant d’entre eux étaient de sincères suivants du dragon, persuadés qu’ils accomplissaient sa volonté en ramassant tous ces butins. Et c’est peut être le cas…
En effet, le message prodigué par le chef de ces mécréants est à l’opposé de ses actes : Il prétend servir le bien et la justice et affirme que ses actions, bien qu’immorales, sont nécessaires à la survie de la Lumière et à la victoire finale du dragon. Et il sait s’y faire ! Nul ne sait s’il reçoit véritablement ses ordres du Seigneur dragon mais en tout cas, ses hommes en sont persuadés. Ses grands discours ont poussé plus d’un paysan à quitter son foyer et à prendre les armes au nom du Dragon.
Quel que sois les véritables motivations de cette bande, le butin amassé au terme de ce mois de pillage est considérable. Le Ghealdan est à feu et à sang et la population commence à fuir le pays vers des territoires plus cléments. Le revers de la médaille est que les expéditions sont de plus en plus difficiles. Les villageois commencent à s’organier en milices et, depuis peu, une troupe entière de blancs manteaux est venue prêter main forte aux soudards du roi Adur. Mais cela importe peu. Presque tout l’est du Ghealdan étant sous le contrôle des bandits.
Le Seigneur Roublard fut rappelé à la réalité par les gémissements du fermier. Cette fois-ci, la bande s’était attaquée à l’exploitation d’un paysan riche dont la ferme n’avait jamais été visitée par les pillards. L’éleveur ayant protesté et contesté leur autorité, tous ses biens étaient en train d’être saisis et son plus jeune fils avait eu les yeux crevés. On se soumettait aux serviteurs du Seigneur Dragon ou on mourrait. Tournant son visage vers le pauvre homme, le Roi bandit darda vers lui un regard rendu indéchiffrable par le casque intégral qu’il portait. Après quelques secondes, le fermier se tut, apeuré par le ton menaçant du masque de son tortionnaire. Exaspéré, le cavalier pris la parole, sa voix horriblement déformée par son casque :
-Cesse de te plaindre fermier ! Remercie plutôt le Seigneur Dragon d’être encore en vie !
-Mais… Mon seigneur ! Vous m’avez tout pris ! Comment vais je continuer à vivre !
Poussant un soupir rendu inaudible par l’imposante masse d’acier qu’il portait sur son visage, le chef brigand fit un non de la tête en direction de l’un de ses hommes les plus fanatiques qui voulait punir ces paroles, puis il reporta de nouveau son attention sur son interlocuteur. Dialoguer avec ce pauvre hère semblait l’amuser…
-C’est l’occasion pour toi de prendre un nouveau départ. La roue à d’autres projets pour toi.
-D’autres projets! Mais vous avez crevé les yeux de mon fils !
Poissant un nouveau soupir, cette fois parfaitement audible, le Bandit Masqué jeta au fermier un regard si terrifiant que celui-ci se mis les mains devant le visage dans un futile réflexe de protection. Le cavalier commençait à se lasser de cette discutions…
-Son esprit ne sera plus troublé par des choses sans importance.
Puis il donna un coup de talon pour faire avancer son cheval vers un autre de ses hommes. Sans se retourner, il lança une dernière phrase au paysan :
-C’est un don de la Lumière. Remercie-la !
Arrivé à proximité de l’étable en flamme, le Seigneur bandit fit un rapide inventaire de la situation. Le bétail était guidé par les cavaliers en direction de la planque et les objets de valeurs chargés sur les chariots. L’arrière garde commençait déjà à effacer les traces.
Il était temps de quitter les lieux. La fumée allait guider les blancs manteaux jusqu’ici.
Ah ! Krane était content d'avoir parcouru du chemin depuis Caemlyn pour se retrouver ici. La vie était un long fleuve tranquille. Femme, nourriture et or. Que pourrait-on demander de plus... Rien.
Krane regarda autour de lui et vit ses compagnons. Le Seigneur bandit prêchait la Lumière et tout le baratin. Peut-être qu'il y croyait lui même. A voir ses discours, il pouvait bien être un de ses fanatiques du Dragon. Krane quant à lui, s'en fichait éperdument. Lui, il aimait l'action et l'or. Le reste, il le laissait aux grands de ce monde.
- Eh ! J'te lui ai crevé les deux yeux, ca t'pissait le sang par tous les trous, comme d'la sauce tomate. Il t'hurlait comme une gonzesse le gars. M'a supplicait mais j'a pas cédé mouai. J'm'en suis bien marré. Le roi soudard m'a filé un ordre, j'lésine pas. M'a dit de lui percer les yeux. J'l'ai exaucé. La Lumière de sa Sainteté le Dragon m'va pardonner qu'il m'a dit. J'm'en suis pas privé. finit-il dans un rire gras.
Il porte la main à sa lame et y voit du sang. Il crache dessus et essuie le sang laissait par le paysan sur le reste de sa tunique.
- J'te l'dis, vivre entre gars c'pas sain. Aurait du s'trouver une bonne femme avec des pommes prêtes à croquer. J'suis sur qu'on y aurait tous fait honneur à sa Dame moi. Ca pour sur, qu'on aurait tout donné.
Il s'essuie le visage plein de sang ayant giclé à l'aide de sa tunique avant de continuer à bavarder avec ses compagnons de fortune.
Krane se trouvait à quelques lieux du gros des troupes du Seigneur Bandit. Il avait été promu par le grand jeu du tirage de batonnets : Grand Eclaireur en chef de la journée. Insigne honneur s'il s'était porté volontaire...
Ainsi, grâce à ce jeu débile, il se retrouvait crapahutant dans les fourrés en espérant ne trouver personne avec pour compagnie trois autres "grands vainqueurs". Un peu plus à sa gauche, il pouvait voir Rat' un gaillard à l'air endormi d'une quinzaine d'année mais qui paraissait encore jeune. Son visage trahissait les dures réalités auxquels il avait du sans doute faire face. Ses yeux mi-clos et la démarche non chalante de son corps déguingandé rendaient un tableau d'un jeune homme encore dans l'adolescence mais semblant avoir veilli prématurément. A sa droite, les frères Borh et Anyl étaient là également. Les deux étaient des colosses pouvant écraser un homme avec leur main mais surement pas avec leur intelligence. A eux deux, ils pouvaient à peine rivaliser avec un homme normal. Voilà la troupe qui écumait le flanc Sud de la troupe du Seigneur Bandit.
Alors que Krane avançait en regardant autour de lui, il vit Anyl porter la main à son ventre et tombait face contre terre dans un silence quasi irréel. Krane se jeta par terre et chercha d'où venait la flêche pour y trouver l'archer. Il rampa en ne perdant pas de vue les environs. Il vit alors un mouvement et une flêche vint se planter non loin de lui. Un bruit étouffé se fit entendre.
Bordel, c'était Rat'... J'spére qu'ce p'tit chieur a pas claqué. J'm'en va t'le bourrer d'coups si j'dois m'sortir seul de ce merdier. pensa-t-il Krane sortit son couteau doucement. Il venait d'apercevoir l'archer. Le gars semblait seul mais Krane savait que ses hommes étaient rarement seuls. Il l'avait dans sa ligne de mire. Le gars semblait pas l'avoir vu. Il était concentré sur quelque chose plus à droite. De la direction où regardait l'archer , Krane entendit un bruit puis un hurlement.
Ah !! Borh t'en a trouvé un. Il va passer un sale quart d'heure suis'là. pensa-t-il
Alors que le cri commencait à s'atténuer, l'archer, se redressa et visa plus sur sa gauche. Krane en profita pour se glisser derrière l'archer et lui sauta dessus en l'immobilisant. L'homme perdit le contrôle de son arc et envoya sa flêche dans le décor. Mais Krane ne perdit pas de temps, il était derrière l'archer qui cherchait à se libérer de son étreinte. Krane qui l'enserrait et qui mit son couteau sous la gorge du gars, lui murmura : - Gars, si tu t'trémousses encore, m'en va t'faire un s'cond sourire. souriant lui-même.
L'archer sentait la peur. Krane avait son visage proche de celui de son adversaire. Il semblait jeune. Un peu plus vieux que Rat mais guère plus. Il essaya de prendre la parole : - Je recherche l'armée du Seigneur Bandit. Je veux rejoindre la Lumière du Dragon.
Dans un rire gras, Krane lui murmura : - T'as la chance mec, tu nous a trouvé. dit Krane dans un rire dénué de sourire. T'as des potes dans le coin ?
L'archer bredouilla une réponse que Krane ne comprit pas mais en tendant l'oreille, il n'entendit pas un bruit. Le silence était déroutant. Puis il vit émergeait Borh avec le corps d'un homme complétement désarticulé. L'homme avait sans doute plusieurs os cassés mais il ne parlerait jamais. Son regard était déjà vitreux.
D'une voix de stentor, Borh déclara avec un sourire : - Cassé le jouet. Peut en avoir un autre ?
L'archer devint encore plus blême que sa tunique et chercha à se libérer mais Krane le maintenait bien. - T'as l'heure. Va voir si Rat' a pas crevé dans un buisson.
Une voix non loin de lui arriva. C'était Rat'. Il avait le bras rougi et une flêche cassée dans celui-ci. Il était furax d'avoir été blessé. Son couteau dans l'autre main était plein de sang frais. Il avait dû trouver un autre de ses lascars et il s'était sans doute vengé. [violet]- Je suis là. J'en ai eu un qui allait te régler ton compte Krane. Tu devrais me remercier.[/violet]
- J'te pisse à la raie Rat'. C'ton boulot. J'ai pas t'remercier pour ca.
Krane se tourna vers l'archer. - Bon P'ti, tu restes tranquil' ou j'te livre à mes amis qui s'ront content de t'triturer les boyaux.
Krane se libéra et Borh prit l'archer dans sa poigne de fer. - Borh, t'Frangin ? Le colosse haussa les épaules. Il devait même plus penser à son frangin. Rat' va voir si Anyl est encore là.
Rat' partit et revient au bout de quelques minutes. [violet]- Y vit encore mais y gueule comme un putois. Va falloir le porter.[/violet]
- Borh t'occupes t'frangin. Rat' et moi on s'occupe de Mr. Couillu et on décanille maintenant.
Le retour fut folklorique. L'archer devait être poussé. Rat' lui mit quelques coups pour lui faire comprendre à quel point c'était mal de tirer dans un homme. Borh portait son frère avec un visage de marbre et je tenais fermement notre jeune compagnon qui avait manifestement plus l'espoir d'être acceuilli en héros. Nous allions le livrer au Seigneur Bandit.
MULTI ========= Plus il y aura de règles et de lois, plus il y aura de vols et de voleurs. Lao Tseu.
Le purificateur embrassa du regard les alentours de la ferme. Le chariot était déjà en route et ses hommes marchaient d'un pas nonchalant en direction de leur planque, à quelques kilomètres de là.
Le seigneur bandit était satisfait. La journée avait été fructueuse: de nombreuses fermes encore inviolées étaient passé sous son autorité et le chariot était plus lourd de butins que jamais.
Voyant ses éclaireurs revenir, Le purificateur fit avancer son cheval dans leur direction. Apparemment, ils avaient trouvé quelque chose. Un sbire du roi ou un espion de ces maudits blancs manteaux? A moins que ce ne sois l'un de ces paysans qui tente de se faire un nom en assassinant le criminel le plus rechercher du Ghealdan...
Arrivé en face de Krane, l'homme masqué inspecta un instant le prisonnier avant de poser ses yeux sur le bandit:
-Que le Dragon te garde Krane. Que s'est il passé? Qui est cet homme?
Krane vit arriver Seigneur Bandit à sa rencontre. - Ouais, soyez garder par l'Dragon vous z'aussi. Trois gars au moins nous sont tombés sur l'rable à une d'zaine de m'nutes. Deux sont raides et le gadiou là, a essayé d'nous vendre son baratin quand on l'a ficelé. Voilà t'y pas qu'il nous dit qu'il cherche à nous r'joindre. Krane cracha par terre avant de reprendre. Un de mes gars est inutilisable. Soit on l'soigne soit y crève. Rat' a l'bras en compote. Y a besoin d'soin aussi lui. J'vais...
Dans un effort désespéré et prenant sur lui, le jeune homme se dégagea de la poigne de Krane pour se jeter au pied du Seigneur Bandit. -... Seigneur, mes frères et moi nous cherchions votre armée pour la rejoindre quand vos hommes nous ont attaqué. Nous avons dû nous défendre. Nous ne...
Krane se précipita sur lui et lui asséna un coup de pied bien senti dans les côtes. L'homme se plia en deux par terre en se tenant le ventre et en laissant échapper un léger gémissement. - Mens pas, sale batard. On t'y a jamais dit que mentir c'est mal. Puis se tournant vers le Seigneur Bandit. J'dois en faire quoi Seigneur ?
MULTI ========= Plus il y aura de règles et de lois, plus il y aura de vols et de voleurs. Lao Tseu.
Le purificateur s'avança jusqu'aux deux hommes, sa botte de fer s'écrasant à quelques centimètres de la tête de l'intrus.
-Tout homme désirant servir le Seigneur Dragon est le bienvenu dans nos rangs. Montez à l'arrière du chariot avec les autres archers.
Et le bandit se tourna vers Krane, laissant le nouveau se relever et grimper dans le chariot. Puis, une fois que l'archer fut hors de portée de voix, il s'adressa à son soldat:
-Surveille le Krane. Je n'ai pas confiance en cette engeance. Jette le sous les sabots des blancs manteaux si c'est nécessaire.
Se tournant vers le sud, le Purificateur pu observer un nuage de poussière qui s'élevait dans le ciel.
-Quand on parle du loup! Ils ont du être attirés par la fumée de la grange! En route! Il faut être au camp au plus vite!
Remontant à cheval, le seigneur bandit pris la tête de la troupe, exhortant ses hommes à accélérer.
Krane jeta un regard noir à l'archer et murmura au Seigneur : - Ouais, j'm'en va pas l'perdre la vérole.
Krane regarda le Purificateur s'en allait et lança ses ordres à ses compagnons de route : - Borh, t'emmène ton frangin au r'bouteu et prends l'autre de Rat'. Faudrait pas qu'y claque d'vant nous.
Alors que Rat' passait près de lui en l'incendiant du regard, il lui glissa à l'oreille : - Lache pas le ptiot nouveau. S'tu l'vois faire un truc louche, tu m'le dis. J'pense que sa Seigneurie voudra l'savoir. A ce m'ment, il s'ra à touai.
Puis Krane prit la direction du campement avec le reste des hommes.
Le peuple est le même partout. Quand on dore ses fers, il ne hait pas la servitude. MULTI D'EMIN
Les Blancs Manteaux étaient enfin arrivés au Ghealdan et dans l'esprit de son Sous-Lieutenant, Azgaroth, il n'y avait aucun doute. La Lumière entrait enfin pour percer les ténèbres de l'ombre. À la tête de son régiment, le Sous-Lieutenant, assis bien droit et le visage sévère, avait fier allure sur son destrier d'un blanc impeccable dont le cuir rouge de la selle, bordée de rainures dorées, et les rênes faisaient ressortir la pureté.
Le Sous-Lieutenant avait sonné le départ avec le lever du soleil. C'était, chez lui, une coutume. La Lumière devait accompagner chacun de ses pas. Il marchait dans la Lumière où il ne marchait pas. Et il attaquait sous la Lumière, ou il n'attaquait pas. Et puis, la Lumière le dirigeait. Les informations qu'il avait reçu l'avait guidé, mais la fumée qui s'élevait du village lui avait confirmé que ses sources étaient fiables. Dès qu'il put déceler, à l'horizon, quelques mouvements, Azgaroth leva un bras bien haut qu'il dirigea ensuite vers la fumée. Immédiatement, un détachement partit au galop. Ils ne rattraperaient sûrement pas les bandits à cheval, mais peut-être qu'ils pourraient faire un prisonnier ou deux parmi ceux qui n'avaient pas de montures afin de les questionner. Pour sa part, le Sous-Lieutenant Azgaroth continua de son allure régulière vers la ferme de débris fumant.
Il arriva bientôt à un amoncellement de ruines à l'odeur âcre. Son regard ne put rien trouver qui n'ait été touché par les flammes. Quelques-uns de ses soldats lui amenèrent bientôt deux hommes. L'un des deux, le plus âgé, avait les cheveux blancs rayés visiblement encore de noir et soutenait le plus jeune qui marchait en trébuchant sur le moindre petit obstacle.
"Sous-lieutenant, nous avons découvert ces deux survivants", annonça un jeune sergent.
Du haut de son cheval - le sous-lieutenant n'aurait pas mis le pied à terre dans un endroit aussi sale ! - Azgaroth baissa le regard vers le plus âgé des deux. "Qui es-tu ?", demanda-t-il simplement, mais d'un ton si autoritaire que le fermier craignit fort de déplaire à cet officier s'il n'eut répondu sur le champ.
"Mon nom est Greyor, Officier. J'ai toujours marché devant la Lumière, mon Seigneur ! Et c'était ma ferme. Le Purificateur, qu'il dit s'appeler, vient de la réclamer pour le Seigneur Dragon. Mais mon Seigneur, ce sont des bandits ! Ma ferme aurait pu produire encore longtemps, et ils l'ont détruites ! Et regardez ce qu'ils ont fait à mon fils ! Ils lui ont crevés les yeux ! Comment pourrons-nous gagner notre vie maintenant ?"
Le pauvre homme cessa de parler, la voix brisée. Le Sous-Lieutenant avait écouté le discours de Greyor en laissant promener son regard sur la propriété dévastée. Maintenant que le vieillard s'était tu, il regarda l'homme aux yeux crevés. C'était singulier. Celui-ci marcherait toujours dans les ténèbres, maintenant. La Lumière ne pénétrerait plus jamais son âme. Voué aux ténèbres, voilà ce qu'il était devenu par l'acte immonde de ces bandits.
"Ces bandits paieront chèrement leur infamie, fermier. Sois-en certain. J'ai ouïe dire que le roi Adur ne fait pas grand chose pour son peuple, mais la Lumière nous a dirigé vers vous et Ses enfants redresseront la situation dans ce pays où les Ténèbres s'allongent."
Se tournant sur sa selle il appela un des soldats tout près.
"Faites-les monter sur un chariot. Nous les emmenons avec nous."
Au loin, sur un cheval tout aussi blanc que celui d'Azgaroth, un autre officier s'approchait parmi les décombres. Il avait probablement fait le tour de la 'propriété'.
"Eh bien, Seigneur Melodrad, que vous a révélé votre premier regard ?"
INQUISITEUR Je détiens la VERITE ! Tremblez, Amis du Ténébreux ! Multi d'Aelghir
(Rpoff : les inquisiteurs sont-ils des officiers ? )
Parsifal Melodrad guidait son cheval immaculé à travers les décombres. Le Purificateur n'avait guère laissé pierre sur pierre. Ces hommes bien plutôt car un tel individu ne devait pas s'abaisser à la basse besogne. En témoignait le nom dont il s'affublait. Le Purificateur ! Quel orgueil digne du Ténébreux avait poussé ce brigand à choisir un titre qui narguait les Enfants de la Lumière ? Seuls ces derniers et en particulier les Inquisiteurs, pouvaient se targuer de purifier le monde des souillures qu'y avait vomies le Ténébreux. L'inquisiteur retint un ricanement qui aurait par trop résonné dans ce décor sinistre. Tel était le discours qu'il tiendrait à quiconque lui parlerait de cet exacteur.
Parsifal toisa le commandant qui venait de s'adresser à lui en interrompant ses réflexions. Azgaroth était un bel homme, aussi brun que lui-même était blond. Son port était fier mais c'était malgré tout un homme issu du peuple alors que lui, Parsifal Melodrad venait d'une des plus illustres familles d'Andor. Il esquissa un sourire, à peine un bref relèvement du coin gauche de sa bouche et laissa tomber :
- Ce qui vient de se passer en ces lieux ne pourrait que renforcer ma détermination à éradiquer le mal si j'avais quelques hésitations à emplir mon saint devoir. Mais tel n'est pas et ne sera jamais le cas. Le fermier a-t-il certifié que ces brigands agissaient pour le compte du soit-disant Purificateur ?
Parsifal avait parlé surtout pour la galerie, c'est à dire les quatre ou cinq soldats qui traînaient non loin des deux hommes. Puis il leur jeta un regard glacial et ils s'éloignèrent sans demander leurs restes. Le pouce gainé d'acier qu'il avait nonchalamment appuyé sur sa lèvre inférieure les avait sans doute aidés à prendre une décision rapide. Nul n'ignorait dans la troupe quel office remplissait cet accessoire particulièrement acéré.
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Le Sous-Lieutenant Azgaroth attendit que ses hommes soient tout à fait à leur ouvrage avant de répondre à l'inquisiteur. Et même à cela, ce ne fut pas sans faire se tourner sa monture sur elle-même de sorte que l'inquisiteur pouvait voir dans une direction et lui, dans une autre. Le paysage n'était pas plus agréable, mais à eux deux, ils pouvaient mieux voir si les hommes sous les ordres de l'officier travaillaient bien pour la Lumière. L'expérience avait démontré que la corruption des ténèbres gagnaient facilement et rapidement les hommes de toute position si on ne les tenait pas fermement en main et il n'était certainement pas dans l'intention du sous-lieutenant de laisser les ténèbres avancer de l'épaisseur d'un poil, que ce soit pour se hommes ou pour lui-même. Une discipline stricte, telle était sa devise. Cela lui avait permis, à force de travail rigoureux, de monter l'échelle de l'organisation des Blancs Manteaux.
"Tout à fait. C'est l'oeuvre du Purificateur. Il n'y va pas de main molle. Ou plutôt, je soupçonne qu'il relâche trop la bride de ses hommes", répondit-il. C'est en serrant la mâchoire, transpirant vivement le dépit qu'il reprit: "Je veux bien croire que ce sont des bandits, mais je me retrouve avec un cas de conscience et je déteste ça. Comment un aveugle pourra-t-il jamais marcher à nouveau dans la Lumière ? Comment pourra-t-il être jamais autre chose qu'un fardeau pour son père ? L'homme travaillera dur pour eux deux et il a déjà des cheveux blancs et lui retirer son fils lui retirera le goût de se battre et de servir la Lumière."
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Pourquoi Azgaroth se souciait-il d'un simple fermier et de son fils ? Ce n'était guère plus que deux grains de poussière dans la Lumière, vite balayés par le vent de l'Histoire, cette Histoire qu'ils étaient en train d'aider à construire tous deux, l'inquisiteur et le sous-lieutenant. Et au nom de la Lumière, ils sauraient donner à l'Histoire la bonne direction pour sauver le monde d'une tempête comme jamais il n'y en eut. Même à l'époque du Dragon. - Notre tâche dépasse ce que vous nommez un cas de conscience. Marcher dans la Lumière exige des sacrifices. Si ce fermier n'est pas prêt à abandonner ses affections terrestres pour une cause plus grande, nous devons l'y aider. Dites-lui que nous prendrons soin de son fils comme l'exige son malheureux état. En compensation, qu'il s'engage parmi les Enfants. Il a certes les cheveux blancs mais ses bras sont robustes. Si vous rechignez à vous occuper du garçon, laissez-moi faire. La Justice et la Vérité guideront ma main. Une fin somme toute miséricordieuse ne peut que racheter le pauvre aveugle pour la Lumière.
Il toucha avec ferveur le soleil d'or et la crosse rouge ornant son tabard.
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Azgaroth leva un sourcil et se sourit à lui-même. Il avait bien sûr déjà pris sa décision, mais il voulait s'assurer du soutien de l'inquisiteur. Il n'y avait rien de plus important que de marcher dans la Lumière. Celle-ci devait être victorieuse à la Dernière Bataille et les Enfants de la Lumière devait s'assurer qu'elle le serait ! Aucune ombre ne devait demeurer dans le coeur de qui que ce soit.
"Dès que nous aurons rejoint notre camp, je m'en occuperai."
Le sous-lieutenant avait à peine terminer de parler qu'un des éclaireurs envoyés à la suite des bandits revenaient arrêtant brusquement son cheval tout près d'eux.
"Sous-Lieutenant, l'ennemi a établi un campement plus profondément dans la forêt, dans une clairière, à quelques lieues d'ici", dit-il sans attendre la permission de parler.
Azgaroth lui fit grâce et mit son excitation sur le dos d'un saint zèle. "Dès que nous aurons terminé de passer au crible les décombres, nous chevaucherons. Le soleil est encore haut et tant que la Lumière le permettra, nous nous battrons".
Encore une mission des plus rébarbatives. Une reconnaissance à la frontière nord... Il ne s'y passe jamais rien à la frontière Nord.
Il était entouré d'hommes qu'il ne connaissait pas vraiment. Aucun n'avait participé à sa dernière mission. Une fois de plus il avait dérapé et on l'avait mis là, où il ne risquait pas de commettre d'autres atrocités.
Il s'adressa aux autres. Plusieurs avaient l'habitude de traîner dans le coin, loin du front.
"C'est toujours aussi mort ici ? Y a personne à se mettre sous la dent ?"
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Ces hommes de troupe n'ont décidément aucun savoir vivre. Heureusement pour celui-ci qu'il serve la Lumière, sinon il serait déjà passé de vie à trépas. Azgaroth devrait lui faire administrer quelques coups de fouet afin de garder le contrôle sur ses hommes. - Ne tardons pas à nous mettre en chemin, sous-lieutenant Azgaroth. Plus tôt nous serons sur ces brigands, plus tôt nous les vaincrons. Et si leur chef n'est pas parmi ceux-là, nous aurons quelque chance de lui donner la chasse avant la fin du jour. J'ai hâte de le tenir à portée de main.
Parsifal passa de façon explicite son pouce gainé d'acier sur sa propre gorge. Pour autant, il ne se hâterait pas de tuer le Purificateur, une fois celui-ci tombé en son pouvoir. Non, il le gagnerait à la Lumière par de longues et subtiles tortures.
Mais pourquoi est-ce que chaque fois qu'on se trouve dans un coin tranquille quelqu'un proteste ? Bon c'est sur que piller une ferme ca vaut toujours mieux que s'ennuyer dans ce coin perdu. Mais bon, il n'a pas vraiment envie de se retrouver devant les Blancs Manteaux ou les ramassis de l'armée du roi Adur.
La dernière fois que cela lui est arrivé, il a bien failli y rester. Les soldats lui ont laissé une vilaine entaille à l'épaule.
"Y'a qu'une ferme à des lieues à la ronde, c'est celle d'un vieux qui habite pas trés loin d'içi."
"Encore des vieux ! On dirait qu'il n'y a que ça dans ce pays..."
Ces compagnons de route n'avaient pas l'air de partager son envie d'action. La plupart étaient des brigands à la petite semaine et des paysans enhardis. Lui était un vétéran, avide de combat et de sang. Et ce n'était pas ici qu'il allait y trouver son compte...
Trois jours après notre nuit agitée dans les bois,nous étions enfin à destination. Le Ghealdan. Nous avions pris nos quartiers au beau milieu d'un clairière dans un petit bois. A part ces quelques arbres qui nous camouflaient, le paysage se composait exclusivement de champs et de quelques grandes fermes disséminées ici et là. Les gens d'ici n'avaient pas connu les horreurs de la guerre secouant le pays de près mais ils en avaient tous entendu parler et ça les rendait extrêmement méfiant...
J'étais avec Shaevar et Jibaï dans ma tente, nous avions réussi à nous séparer de l'Aes Sedaï et nous en profitions pour mettre nos plans au point.
"Très bien. Nous voilà à destination. Nous allons commencer par mettre en place un camps retranché. Comme ça nous aurons une position de repli et notre ravitaillement sera sécurisé. Je ne veux pas non plus de camps fortifié, nous agirons plus dans la discrétion. Nous nous camouflerons et nous coulerons dans le paysage. Pour vous deux par contre j'ai d'autres projets."
Je me tourne en premier lieu vers Jibaï.
"Tu iras voir le roi Adur. Tu lui apporteras un message de ma part. Tu iras en compagnie restreinte. Trois ou quatre personnes, pas plus."
Ensuite vers Shaevar.
"Quand à toi, tu partiras avec une compagnie en reconnaissance du terrain. Je veux connaître les positions des postes avancés du Pacificateur, ainsi que la véracité de la présence des Blancs Manteaux ici. Essaye de glâner quelques informations sur les forces du roi Adur tant que tu y es. Evitez les combats au maximum, si vous ne pouvez pas, ne laissez aucun survivant. Vous m'avez tous deux compris ?"
Il tourne son regard vers son compagnon. Il n'en était apparement pas à ses premiers combats. Lui n'était qu'un petit paysan qui avait tout perdu à cause de mauvaises récoltes successives. Il savait à peine manier son épée.
"Bah on peut quand aller lui rendre une petite visite..."