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Melyna fut surprise par la réaction du Myrdraal mais était prête à intervenir.
Elle créa rapidement un bouclier qui contra son attaque et lança un tissage de feu pour faire bruler l'engeance.
Il tomba au sol à moitié carbonisé, les restes de son corps continuant à s'agiter dans tous les sens.
Son attaque avait cependant permis à Alar de se relever et de s'enfuir une nouvelle fois.
*Il n'a pas l'air si mal en point que ça finalement. Ou il croit que je lui réserve le même sort que son lige... Quoi qu'il en soit il n'a toujours pas réussi à briser le bouclier.*
Melyna partit dans la direction qu'avait prise Alar pour essayer de le rattraper.
Une panique totale régnait maintenant dans le village.
J'ai mon chapeau et une épée, je suis prêt ! Alias de KenAcros
Elren toucha mortellement le premier trolloc après deux passes d'arme, puis enchaîna d'un geste perfectionné par l’entrainement pour décapiter le deuxième trolloc qui tentait de se relever alors même que le premier n'était pas encore retombé.
Il agita distraitement sa lame en observant les alentours à la recherche d'autre adversaires.
Avant que Chasaline ait pu tisser de nouvelles flammes ou Elren se choisir un nouvel adversaire, tous les Trollocs s'écroulent soudain à terre, raides morts. Surprise une seconde, Chasaline accourt ensuite pour rejoindre le jeune épéiste.
"On dirait que cette Melyna Sedai est plutôt efficace contre les myrddraals."
Puis, foudroyant Elren du regard :
"Rejoignons-la, et pas de bêtises, je tiens toujours la Saidar."
Ayant depuis longtemps outrepassé ses limites, Alar ne put cependant tenir très longtemps au rythme effréné qui lui avait permis de disparaître à la vue de Melyna. Il ralentit très vite, à bout de force, avança encore quelques pas d'une démarche chancelante mais ne put atteindre le fleuve où s'amassaient les habitants. Sachant que l'Aes Sedai le retrouverait sans peine et ne parvenant à se défaire du Bouclier, il s'adossa contre le mur d'une auberge et attendit qu'elle le rejoigne avec résignation.
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Ne prenant même pas la peine de teinter sa voix d'une émotion, Elren répondit à Chasaline avec une voix froide comme le coeur de l'hiver :
"Je ne compte pas faire de "bétises". Nous devrions nous dépecher de rejoindre Melyna Sedai."
Et il joignit le geste à la parole sans attendre la canalisatrice, il rengaina en se mettant à courrir à un rythme rapide mais soutenable sur des distances raisonnables.
Melyna finit par retrouver l'Aes Sedai qui s'était à nouveau adossé à un mur, visiblement à bout de forces.
"Enfin vous voila ! J'imagine que vous regrettez votre décision stupide de vous être enfui.
Ean et moi étions en train de négocier pour que le Kin ne vous tue pas.
Enfin, ce qui est fait est fait..."
Melyna tissait des liens pendant qu'elle parlait pour éviter que l'Aes Sedai ne s'échappe une nouvelle fois. L'Aes Sedai n'opposa aucune résistance et semblait totalement désabusé.
"Vous avez de la chance que ce soit moi qui vous retrouve et non Chasaline. Je vous conseille maintenant de vous taire ou d'être coopératif si vous ne voulez pas les énerver plus que de raison.
Nous allons attendre Chasaline et Elren et nous rejoindrons le camp du Kin rapidement."
Pour toute réaction, Alar tourna vers la sœur jaune un regard vide et sans âme. Lorsque le frisson de la saidar courut sur sa peau, il n'essaya même pas de s'y opposer d'une quelconque manière, pas plus qu'il ne répondit aux paroles de Melyna. Seulement après plusieurs secondes, il parvint à murmurer :
"Je vous demande seulement de me laisser voir son corps une dernière fois. Ensuite je ferai ce que vous voulez sans m'opposer à vous... Je vous en prie."
Un rien agacée, Chasaline se met à courir à petite foulée à la suite d'Elren. Elle a beau être d'une vivacité inhumaine pour son âge apparent, elle a puisé d'énormes quantités de Pouvoir pour affronter les fuyards puis les trollocs.
Melyna n'avait encore jamais eu de Lige pour cette raison. Elle savait que sa perte dévastait l'Aes Sedai. Elle ne pensait pas être capable de subir une telle peine.
Alar avait d'ailleurs l'air complétement dévasté et résigné.
"Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Son corps doit être... en très mauvais état.
Ne vaut il pas mieux garder la dernière image que vous avez de lui ?"
Melyna adapta le tissage pour qu'Alar puisse se mettre debout et marcher. Elle le soutint pour qu'il se relève.
"Chasaline semble mettre du temps à nous rejoindre, nous pouvons aller à sa rencontre pour ne pas perdre de temps."
À bout de forces et dépourvu de la moindre velléité de résistance, Alar laissa la sœur jaune l'aider à se remettre debout. La réponse de Melyna l'avait un instant réduit au silence, comme s'il pesait le pour et le contre, mais il finit par réagir d'une voix sans timbre :
"Je sais parfaitement dans quel état il est." Il avait senti chaque seconde de sa mort. "Il a été à mes côtés pendant vingt-six ans... Je vous en supplie, je ne vous demande qu'un instant."
Les morts ne se souciaient vraisemblablement pas de compagnie et d'honneurs posthumes, sa raison le lui dictait et il n'avait pas pour habitude de l'ignorer. Pourtant, l'idée d'abandonner le corps de son frère sans un regard sur le bord d'une route lui était pour l'heure bien plus inacceptable.
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Erlen arriva sur ces entre-faits, s'enquit de la situation et se mit à militer dans le sens d'Alar :
"Melyna Sedai, nous pouvons au moins laisser Alar Sedai revoir son corps avant de partir, cela ne nous coutera que quelques minutes et nous pourront repartir par un portail dès que ce sera fait. Cela à l'air d'être vraiment important à ses yeux."
Melyna soutenait toujours Alar et elle pressa le groupe pour sortir du village et rejoindre l'endroit ou se trouvait le corps de Malark. Il ne fallait pas qu'ils s'éternise dans les environs, mais ils devaient de toute façon sortir du village pour ouvrir le portail.
Elle demanda en chemin à Elren "Ou est l'autre prisonnier ? Est ce que Chasaline s'en est...occupé ?"
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Une part d'Elren, hors du Vide, n'en revenait pas, Il s'agissait bien du Lige que Chasaline avait carbonisé ! Il le savait depuis qu'il avait croisé son cadavre mais il était toujours en état de choc, bien que cela n'affectait pas son comportement tant qu'il ne lâchait pas le Vide.
"Je ne l'ai plus vu à partir du moment ou j'ai commencé à courir... Mais il ne nous aidera en aucun cas, il faut que l'on se dépêche avant que d'autres ennemis arrivent."
Chasaline rejoint le reste du groupe quelques secondes après Elren, et comprenant de quoi il est question, sa mine s'assombrit. Elle reste en retrait, les bras croisés, même tandis qu'ils se mettent en marche, dans une attitude d'impatience morne ou de dédain. Tandis que la question de Melyna lui parvient, puis la réponse d'Elren, elle ajoute seulement.
"Je ne l'ai vu nulle part, il doit déjà être loin... Tant pis, il ne savait rien de toute façon."
Lorsqu'ils arrivent à l'orée du village et à proximité du corps de Malark, elle s'éloigne de quelques pas dans une autre direction pour attendre le groupe, sans doute pour ne pas assister à la scène.
Le regard d'Alar avait glissé sur Elren et Chasaline au moment de leur arrivée, mais si jamais il avait été soulagé de l'intervention du premier, haineux de la présence de la seconde, il était difficile d'en trouver le moindre écho dans son regard terne. Il se laissa guider vers l'extérieur du village sans se préoccuper de ce que ce soit Melyna ou Elren qui le soutienne, ni même de leurs échanges. Il avait déjà oublié le jeune homme blond sorti seul victorieux de leur tentative.
Lorsque le corps de Malark fut en vue, cependant, encore baigné de fumées sombres, il se dégagea sans même s'en rendre compte et avança droit vers lui. L'odeur insoutenable des chairs brûlées le prit à la gorge dès qu'il s'agenouilla près de son frère, mais il ne parut pas s'en soucier, pas plus que de l'aspect ravagé du corps. Frappé dans le dos, Malark n'avait pas eu le temps de faire le moindre geste contre la douleur ou les flammes avant que la vie ne le quitte. Il gisait sur le ventre, visage tourné vers Alar ainsi qu'il l'avait été une seconde avant sa mort, à demi enfoui dans le sol brûlé. Restreint par les liens de Melyna, inspirant lourdement, Alar ne put qu'effleurer les restes inhumains de ses traits, sa main crispée et calcinée avec une douce sidération. Puis, il se pencha en avant jusqu'à ce que son front repose sur l'omoplate noircie de cendres, resta ainsi un court instant, suffoqué par la douleur et les fumées grasses, irrespirables.
Lorsqu'il finit par se redresser, chancelant, son visage gardait la même expression vide, hagarde. Mais il murmura d'une voix qui ressemblait presque à son timbre clair habituel :
"Melyna Sedai, si vous le pouvez, consentiriez-vous à faire disparaître ce qu'il reste de son corps ?"
Il aimait mieux ne laisser que des cendres se mêler à la poussière de l'Arad Doman plutôt qu'abandonner la dépouille aux soins de villageois inconnus.
Melyna essayait de rester stoïque face à la situation. Elle ne ressentait plus de dégout ou de révulsion devant un corps sans vie ou mutilé, mais elle savait très bien la douleur que l'on ressentait lorsque l'on perdait un être cher.
Le jeune Aes Sedai ne se remettrait surement jamais de la mort de son frère.
Sans protester, elle canalisa du feu pour bruler entièrement la dépouille de Malark.
Il ne resta alors plus que des cendres qui se dispersèrent rapidement.
La situation étant en partie de sa faute, elle préféra ne rien ajouter pour ne pas troubler alar.
Elle se tourna vers Chasaline qui assistait à la scène un peu à l'écart.
"Vous pouvez ouvrir le portail pour rejoindre votre groupe. Je crois que nous n'avons plus rien à faire ici."
Si Chasaline éprouvait davantage devant la scène qu'un ennui mortel, elle n'en montra rien, mains sur les hanches à bonne distance, mais eut le bon goût de ne pas intervenir. Tout au plus releva-t-elle les yeux quand Melyna tissa le feu, jeta un coup d’œil au corps qui se consumait, puis, en entendant les paroles de l'Aes Sedai, elle acquiesça d'un rapide signe de tête.
S'éloignant du village de quelques pas, elle se saisit de la Source et un portail apparut à moins d'un mètre devant elle, s'ouvrant sur la base du Kin à Weesin.
Dans la cour de l'ancien relais, un second portail était déjà ouvert, entourés des hommes de Mayene qui venaient de le franchir, mais ni Brecq, ni Ean n'avaient encore rejoint le reste de l'équipée. Chasaline traversa sans attendre.
