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Texte : le sacrifice du cavalier
(Sujet créé par Bébel l 16/10/17 à 18:23)
L'appel de Kyr pour son projet de lecture m'a incité à fouiller mes archives.
Je suis ainsi retombé sur ce texte que j'avais écrit pour la joute 20 (début 2008 !).
Le thème était multiple : chacun avait pu proposer le sien.
Fan du jeu d'échecs, j'avais sans vergogne proposé le thème "sacrifice de cavalier", et donc écrit ma nouvelle en fonction de celui-ci.
Sutemus plissait les yeux dans la tourmente. Abrité derrière le Bouclier d’Assaut, la main crispée sur sa lance, prêt à la projeter de biais, il voulait surtout garder en vue le Cavalier Anturus, dont la protection lui avait été confiée à ce moment très précis du combat. Le centaure, faisant fi de la tempête et des bourrasques, avait conquis une parcelle très importante du terrain, d’où il maintenait presque à lui seul le camp adverse sous pression. Pas beaucoup plus loin, presque face à eux, le Général Polmorfi faisait entendre une voix qui n’avait plus rien de juvénile. La mise en place initiale était finie désormais, et on déplorait les premières pertes dans les deux camps. L’orage avait changé la donne, et le moindre mouvement devenait risqué. Sutemus lui-même, pourtant pas le plus exposé de tous, avait déjà trébuché plusieurs fois lors de simples changements de pieds.
Miraltal venait de faire sortir un de ses puissants Rocs de derrière la ligne de Boucliers d’Assaut, quand soudain, un cri énorme, inhumain, se fit entendre.
Lorsque le messager du roi arriva dans la majestueuse propriété, Anturus était occupé à discuter de la récolte avec son chef vigneron. C’était une soirée rêvée, le soleil faiblissait doucement vers des tons orangés qui radoucissaient les ombres. Se frayant un chemin parmi les nombreux serviteurs du centaure, et sans un regard pour les vignes opulentes parfaitement alignées vers l’horizon, le messager se dirigea vers le maître des lieux :
- Messire, le Roi vous fait mander de toute urgence au Palais Royal.
- Le Roi est mon Seigneur. Je vous suis.
Anturus laissa glisser son regard sur les vignes, puis sur le vigneron :
- Bien, nous reparlerons de tout cela à mon retour. D’ici là, je vous fais confiance pour soigner ces plants.
Le vigneron opina. Il savait les inquiétudes de son maître pour que leur domaine conservât sa position de fournisseur royal. Puis Anturus laissa là les humains qui l’entouraient et se dirigea d’un pas assuré vers la villa.
Une fois le centaure préparé pour le voyage, il rejoignit le messager du roi et, escortés par les quatre lanciers du domaine, ils se mirent en route pour Caïssa. Anturus avait le cœur lourd, et ne put s’empêcher de jeter un dernier regard vers sa villa, où les femmes et les centaurelles lui lançaient leur au revoir. Mais le centurion se reprit bien vite, et, revenu à la hauteur du cheval du messager, il lui demanda d’une voix ferme des précisions sur ce qui le ramenait si vite à la ville blanche :
- Ah, sire, répliqua l’homme, je ne saurais vraiment vous le dire. Mes instructions ont été fort brèves. Il me semble que c’est en rapport avec les Alfils.
Anturus ne dit rien, mais les pensées funestes de la guerre s’imposèrent à son esprit. « Seraient-ils donc en avance ? pensa-t-il. Je comprendrais alors cette urgence. » Face à lui, le soleil brusquement chuta derrière les collines.
Ils arrivèrent à Caïssa alors que la nuit était déjà bien sombre. La capitale s'était éteinte, quelques passants discrets, quelques chats qui de loin en loin troublaient les lumières éparses des lanternes. Sans un mot, le cortège rejoignit l'Hémicycle, ce bâtiment aux dimensions singulières qui donnait tout son cachet au coeur de la ville.
Sitôt la porte franchie, Anturus fut saisi par le brusque changement autour de lui. La Salle des Délégués bruissait des mille éclats d’une séance politique. Aucun orateur ne présidait l’assemblée, mais dans plusieurs endroits de l’hémicycle de petits groupes discutaient avec agitation. Un vieil homme en toge bleue se précipita vers le centaure qui s’apprêtait à rejoindre son groupe parlementaire.
- Anturus ! Te voilà enfin !
- Scipion ! M’expliqueras-tu ce qui se passe ?
- Ah, Anturus ! La situation est grave ! Les Alfils du Nord sont à nos frontières ! Nos agents viennent de faire parvenir l’information, et c’est la crise.
Le brouhaha qui l’obligeait à hausser la voix illustrait suffisamment son propos. Scipion poursuivit :
- Le groupe des Délégués Racistes a dû se faire exclure de la séance. Ils voulaient que l’on enferme tous les Alfils du royaume. Cela a failli dégénérer.
- Où sont-ils ?
- Ils ont rejoint la Villa Caïus. Il y a eu un peu de bousculade.
Anturus ne fut pas surpris. Les gardiens de l’Hémicycle, formés pour la plupart de vétérans, n’étaient pas des tendres.
- Et le roi ?
- Nous l’attendons d’un instant à l’autre. Il est en conférence avec les généraux.
Anturus quitta son vieil ami pour rejoindre son siège, se frayant un passage parmi les rares délégués Alfils présents. Ces créatures à torse humain, mais à la musculature surdéveloppée et au visage difforme, barré par un énorme appendice nasal, étaient des guerriers redoutables qui savaient se muer en ouvriers placides. Néanmoins leur infériorité intellectuelle vis-à-vis des centaures, et encore plus des humains, avait toujours freiné leur pleine intégration dans l’Hémicycle, sans parler du mépris affiché par les Racistes. Le fait que le péril provienne de leurs congénères du Nord n’allait pas arranger leurs affaires.
Anturus s’aperçut que les conversations autour de lui étaient marquées par le manque de renseignements dont disposaient les délégués. Il espérait que le roi en savait davantage, car pour l’heure il ne parvenait pas à cerner le problème avec précision. On ne savait guère quels étaient les effectifs de l’armée des envahisseurs, ni si une situation diplomatique était encore possible.
Soudain le silence se fit dans la salle. Le roi, en grande tenue, venait de faire son apparition, suivi par les cinq généraux suprêmes, eux-mêmes encadrés par les vingt meilleurs champions du royaume, ces guerriers extraordinaires qui à eux seuls, disait-on, pouvaient remporter des guerres.
Lorsque chacun eut regagné son siège, le roi prit enfin la parole. Jamais le vieux monarque n’avait paru si las.
- Messieurs les délégués, entama-t-il, le conseil extraordinaire s’est achevé sur la décision suivante : en accord avec les cinq généraux suprêmes, j’ai décidé que, face à la menace des Alfils du Nord, nous ne pouvons pas nous permettre d’affrontement direct avec leur armée. Selon toutes nos sources de renseignements, le nombre et l’organisation de ces légions dépassent de loin les estimations dont nous disposions jusqu’à présent.
Bien qu’il fût interdit d’interrompre le roi en plein discours, un léger bourdonnement commença à se lever dans la salle. L’armée royale passait depuis des générations pour la plus puissante du monde connu. Et les Alfils, bien que redoutables adversaires, n’avaient jamais été en mesure de contester cette prééminence. Jusqu’à ce jour.
- Peut-être serez-vous surpris d’entendre ces conclusions, prévint le roi, mais les faits sont là : la Confédération Clanique d’Our, que nous aurions pu considérer comme une protection suffisante, s’est fait facilement déborder par les Alfils du nord. Nos informateurs parlent de légions immenses marchant au pas cadencé, des engins de guerre, d’immenses convois d’intendance. A l’heure actuelle, un choc avec notre armée serait très incertain, et une défaite catastrophique.
Nouveaux murmures dans les travées.
- Nos généraux se sont rangés à l’avis du généralissime Miraltal, dont, tous ici, vous pouvez estimer l’immense valeur, maintes fois démontrée. Avant d’envisager le combat contre cette armée, il faudra faire preuve de patience et d’endurance. C’est pourquoi nous tâcherons d’affaiblir l’ennemi, de le harceler de toutes les façons, que ce soit par les petites unités, mais aussi avec l’aide inestimable des meilleurs de nos champions.
Cette ultime précision aurait dû emporter l’adhésion des délégués. Ainsi Anturus, un brin consterné par cet aveu de faiblesse, retrouva-t-il un peu de cœur au simple énoncé du mot « champion », juste le temps pour que le général Polmorfi intervienne. Des cinq généraux suprêmes, il était considéré comme le plus brillant. Sa carrière ne comportait que des succès, et son audace était devenue proverbiale. Bien qu’il fût le fils aîné du roi et à ce titre héritier du trône, personne ne pouvait lui contester un talent militaire unique. Parce qu’il était le fils aîné du roi, il pouvait se permettre beaucoup de choses. Comme intervenir dans l’Hémicycle sans autorisation.
- Messieurs les délégués ! proclama-t-il, que le roi me pardonne, mais je ne peux laisser ce royaume sombrer sans réagir !
Cette intervention stupéfia l’ensemble des personnes présentes. Les Alfils, qui depuis quelque temps baissaient le regard, redressèrent subitement la tête. Polmorfi poursuivit.
- Vous ne pouvez pas ignorer que cette décision a été prise malgré le désaccord de trois des généraux suprêmes. Le titre de généralissime, que porte si bien le général Miraltal, ne peut suffire à écraser tout bon sens !
- Général Polmorfi ! hurla Miraltal.
Mais l’assemblée voulait que Polmorfi poursuive et laissa suinter sa réprobation. Le roi eut un geste d’impuissance.
- Merci père, lâcha le général. Nous sommes d’accord pour estimer que les Alfils du nord ne pourront nous atteindre avant un mois. Our est vaincu, certes, mais Our reste à traverser. Un mois. Nous avons un mois pour nous préparer. Pour insuffler à nos troupes ce petit supplément de discipline qui nous mettra au niveau des Alfils. Et notre armée réorganisée, propulsée par les exploits des champions, saura vaincre l’ennemi.
Les délégués attendaient une réaction. L’un d’eux interrogea :
- Mais pourquoi ne pas coupler ces deux stratégies ? Des troupes de harcèlement et la réforme du reste de l’armée !?
Polmorfi grimaça.
- Ce serait idéal, en effet. Mais nous risquons d’être en infériorité numérique, et il nous faut donc lever la plus grande armée possible. Les troupes de harcèlement nous enlèveraient trop de forces, surtout si, comme je le crains, elles ne reviennent pas.
Cette dernière phrase souleva un grondement dans les rangs des délégués. Le bruit s’amplifia, menaçant de dégénérer en tumulte. Le général Miraltal intervint :
- Le roi a déjà entendu ces arguments, et son choix est fait. Un mois, reprit-il plus fort pour calmer les quolibets qui naissaient çà et là, un mois c’est bien trop court. Notre armée ne sera pas plus forte. Et nous n’aurons rien fait pour ralentir l’armée adverse.
- Quand les Alfils du nord seront là, tempêta Polmorfi, leur organisation sans faille nous désagrègera. Un mois c’est mieux que rien, nous n’avons pas le choix.
Les vivats saluèrent le jeune général. Le général Miraltal se retourna vers son roi, implorant. Celui-ci eut un regard en l’air, comme s’il cherchait l’inspiration, puis il leva le bras, et le chahut, de mauvaise grâce, stoppa.
- Je pensais que nous étions arrivés à un accord. Mais, vous le voyez, les choses sont bien compliquées. Je ne puis choisir entre deux talents qui à mes yeux sont égaux, mon général le plus valeureux et … mon fils.
Le silence était complet.
- Nous ne pouvons pas nous déchirer davantage. Le royaume doit subsister. C’est pourquoi … j’annonce solennellement la tenue d’un Chaturanga.
Anturus fixait intensément le vieux roi, puis il regarda les deux généraux rivaux pour observer leur réaction. Miraltal et Polmorfi se regardèrent, puis le fils du roi tendit la main au vieux général, qui la lui serra fermement mais sans agressivité. Les deux hommes allaient se livrer au plus indécis des Chaturangas.
Anturus regagna son logement urbain alors que l’aube avait déjà tiré du sommeil nombre d’habitants. Seul, d’un pas saccadé, il rentrait sans hâte, rempli des événements de la nuit. Le Chaturanga était un affrontement réglé lié depuis des générations à l’histoire de ce pays. Plusieurs fois déjà, il avait permis d’éviter divers troubles ou même une guerre civile. Le perdant devait admettre le bon droit de son vainqueur.
Sitôt la décision royale connue, les hérauts avaient appelé à travers la ville les meilleurs combattants de chaque caste pour former les deux équipes. Chacune était composée de seize unités : le Général menait la bataille, il était assisté d’un Champion, de deux Alfils, de deux Cavaliers, qui étaient presque toujours des centaures, et de deux Rocs, ces terribles oiseaux géants, avec leurs maîtres. Enfin, huit lourds Boucliers d’Assaut, poussés chacun par deux lanciers, servaient à la protection des huit combattants. Sur terrain découvert, il fallait tout faire pour capturer le général adverse. Le camp qui y parvenait remportait la victoire.
Les combats étaient toujours très engagés et incertains. En effet, tous les combattants étaient de capacités proches, et c’était, des deux généraux, le meilleur stratège qui l’emportait.
Anturus aurait voulu ne pas participer. Comme beaucoup, il aurait préféré attendre la bataille contre les Alfils. Les Chaturangas étaient très violents, souvent plus de la moitié des combattants périssaient. Et Anturus ne pouvait s’empêcher de penser que ces pertes représentaient un énorme gâchis.
Mais il avait vu les hommes s’avancer. Quelques écuyers, des palefreniers qui se proposaient pour pousser les Boucliers d’Assaut. Un maître-roc tirant son impressionnant animal derrière lui. Le regard empli d’une détermination sans faille. Puis un champion, enfin, s’était avancé. C’était Allungus, dont on pouvait être certain qu’il aurait préféré étriper des Alfils. Les quatre Alfils avaient été trouvés aisément, mais on pouvait comprendre que malgré leur fidélité au roi ils n’aient pas envie de combattre ceux qui demeuraient malgré tout leurs frères de sang.
Et il avait manqué deux combattants, tous deux pour le camp de Miraltal – à croire que le charisme du généralissime s’était étiolé. Et Anturus n’avait pas voulu que les centaures fussent les derniers à compléter les équipes. Miraltal ou Polmorfi, qui avait raison ? Malgré toute son expérience, il n’en savait rien. Mais son honneur lui avait soufflé de se proposer. Pour le royaume, sûrement, mais aussi pour lui-même. Montrer aux Racistes qu’ils n’avaient peut-être pas raison de mépriser autant les non-humains.
A présent, il rentrait dormir un peu, avant le premier entraînement.
Le jour du combat était arrivé très vite. Le royaume ne pouvait attendre longtemps.
Miraltal et Polmorfi avaient revêtu leur costume d’apparat. Leurs trente unités s’étaient disposées selon l’ordre immuable : un Roc à chaque coin, le Cavalier non loin, Général et Champion au centre et Alfils à leurs côtés. Devant eux, les huit Boucliers.
Anturus, attendant le signal, regardait le jeune lancier qui le protégeait. On eût dit un enfant. Les Boucliers d’Assaut subissaient les pertes les plus lourdes et rares étaient les Chaturangas voyant subsister plus de quatre ou cinq d’entre eux. Anturus fut pris de pitié pour ce garçon courageux qui regardait le camp adverse d’un air de défi.
- Bonjour, lancier ! Comment t’appelles-tu ?
- Sutemus, messire.
- Je te souhaite bon courage. Sois vaillant.
- Merci, messire.
Puis Sutemus se redressa lorsque le roi fit son apparition. Le monarque tint à saluer chacun des combattants. Ses traits semblaient gris. Comme s’il comprenait que les morts de la journée annonceraient ceux des semaines à venir.
Le roi alla s’installer tout en haut de la tour Ranga, d’où il verrait tout le jeu, à côté des quatre archers-arbitres. Les Rocs braillaient en attendant de s’élancer.
Puis les hérauts soufflèrent les quatre sonneries du départ. Aussitôt, les deux généraux rivaux lancèrent leurs ordres aux combattants. Il fallait progresser vers le Général adverse sans trop se découvrir. Les guerriers les plus forts, le Champion en tête, devaient attendre que le terrain fût moins fréquenté, pour éviter les mauvais sorts de début de jeu.
Anturus n’eut pas longtemps à attendre. Il se plaça d’entrée au centre du terrain, charge à lui de repousser tous ceux qui tenteraient de passer par là. Le ciel s’était couvert et bientôt un orage éclata. Le centaure eut une pensée furtive pour ses vignobles qui devaient bien souffrir sous la pluie. Puis un coup d’œil rapide en arrière, il croisa le regard de Miraltal qui lui décocha un sourire confiant. Le vieux général venait de demander à son deuxième roc de sortir de la ligne de Boucliers. Il voulait en finir au plus vite, prendre le risque de se faire contrer mais en essayant de surprendre le jeune Polmorfi, habitué aux louvoiements interminables.
Anturus commençait à ne plus bien voir devant lui, et il redoutait de se faire surprendre par l’arrivée imprévue d’une unité adverse, voire par le bras foudroyant du Champion Allungus. Puis il entendit cet ordre terrible de Miraltal :
- Cavalier Anturus ! Ramène-moi Polmorfi ! Maintenant !
Anturus ne pouvait pas réussir. Il était trop loin. Il se ferait intercepter avant. Miraltal avait sûrement tort de l’envoyer ainsi à la mort. Mais il devait respecter le vieux général. Alors, rassemblant ses forces, il poussa un cri sauvage et se jeta vers le Bouclier qui protégeait Polmorfi. Aussitôt, le Roc de défense resserra son bec puissant sur lui et il sombra dans l’inconscience. Mais Miraltal avait tout prévu. Son propre Roc profita de la diversion créée par le sacrifice du Cavalier pour venir menacer Polmorfi qui dut fuir. Un Alfil l’attendait. Polmorfi était cerné. Son seul espoir était le retour de son Champion, qui aurait retardé les agresseurs mais sans doute au prix de sa vie.
Polmorfi ne voulut pas priver le royaume d’un tel combattant. Alors il leva les deux bras et prononça la formule d’abandon : « Chamath !! ».
Aussitôt tous les guerriers survivants répétèrent : « Chamath ! Chamath ! »
Le jeune Sutemus était de ceux-là. Il se précipita vers le corps du Cavalier sacrifié.
Malgré la victoire, il se redressa en pleurs. Un Alfil vint vers lui.
- Sèche tes larmes, lancier ! Demain, le vrai combat commence !
Sutemus soupira, regarda l’Alfil qui tâchait de lui sourire, ramassa sa lance et rentra vers son camp.