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Il était une fois un tout petit lutin qui habitait une toute petite maison dans une très grande fôret. Non loin de chez lui s'épanouissait un village rempli de lutins beaux, souriants et heureux. Le tout petit lutin aurait tant aimé faire partie de ce joli village, mais pour y être accepté, les autres lutins lui demandaient de décrocher la lune. Alors il construisit une immense épuisette, très longue et tous les soirs il tentait d'attraper l'astre luisant. Les bras tendus, les yeux levés, il secouait son filet jusqu'à ce que la rosée mouille ses chaussons et que la lune s'efface dans les premiers rayons grisâtres. Et toutes les nuits, il attrapait une ou deux étoiles qui filait trop près de son filet, il les enfermait dans un bocal et serrait fort le couvercle. Mais point de lune ronde.
L'après midi venu il allait au village pour montrer son bocal et tout le monde riait et tout le monde le montrait du doigt, ce lutin qui ne ramenait que des étoiles alors qu'on lui demandait la lune. Il rentrait chez lui le cœur si lourd qu'il en traînait les pieds, posait son bocal sur son étagère et s’asseyait sur sa vieille chaise pendant que de grosses larmes roulaient sur ses belles joues. Il regardait ses centaines de bocaux, avec leurs centaines d'étoiles qui s'agitaient, bondissaient, étincelaient... mais qui brillaient de moins en moins au fur et à mesure que les jours passaient. Ses premières étoiles palissaient, se posaient au fond de leur bocal, leurs branches souples repliées autour d'elles.
Un jour que le lutin pleurait, regardant ses bocaux sans lune, sa toute première étoile clignota, une fois, deux fois, trois fois... et s'éteignit. Une seule fois. Inquiet, il se leva, oublia ses larmes et ouvrit le bocal. Il posa la toute petite étoile dans le creux de sa main, et elle émit une faible lumière tremblotante, très pâle, très triste. Le petit lutin ne voulait pas éteindre les étoiles alors il courut dehors, dans l'herbe et sans ses chaussons. Il leva la main très haut pour que la petite étoile sente la lune et ses amies. Il resta comme ça une heure, deux heures, trois heures et la petite étoile repris de sa lumière, agita ses branches et s'envola haut dans le ciel. Il retourna dans sa maison, sortit tous ses bocaux et dévissa tous ses couvercles. Il tendit vers le ciel toutes ses étoiles, les vieilles, les jeunes, les petites, les grosses, les grises, les dorées et maigrichonnes et les toutes dodues et avant tout, celles qui palissaient de désespoir. Et toutes se remplissaient de lumière et s'envolaient pour virevolter dans le ciel autour de leur lune bienveillante. Mais à la grande surprise du petit lutin, elles ne se fondirent pas dans la multitude d'étoiles tout là haut, là haut, elles redescendirent auprès du petit lutin, voletant à toute vitesse autour de sa maison. Elles fonçaient par les portes, les fenêtres, se poursuivaient et se croiser sans jamais s'entrechoquer. Au petit matin quand le soleil menaça de dépasser l'horizon, elles se cachèrent dans l'âtre de la cheminée froide, s’entassèrent, se serrèrent les unes contre les autres et attendirent patiemment que le jour s'éteigne. La nuit suivante et toutes les autres, elles reprenaient leur balai endiablé et le petit lutin, riait, riait de les voir tant s'amuser.
L'histoire ne dit pas si la lumière des étoiles attira un autre petit lutin solitaire ou si notre ami resta loin de ses congénères. Mais il comprit qu'il ne servait à rien de vouloir en vain décrocher la lune pour des gens qui ne voyaient ni ses efforts, ni la beauté de ses étoiles, alors qu'il pouvait en offrir des milliers de ces petits trésors à lui même.