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Peinture fraîche
(Sujet créé par sylesis l 17/12/14 à 13:37)
non favori


La dernière histoire que j'ai écrite sur thème libre, il y a deux ans. Je la poste enfin ici pour montrer que je ne suis pas juste un sadique avec mes personnage .
Comme toujours, les critiques sont les bienvenues.



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sylesis
17/12/2014 13:49
2 bras 2 jambes 2 roues

"C'est un début Aout que ca s'est passé. J'avais pris une semaine de vacances et je m'étais attelé à l'entretien de la maison. Seul. Oui, j'étais célibataire aussi, à l'époque. Je l'ai toujours été en fait, mais je ne désespérais pas.
Oui donc je m'occupais de la maison : je repeignais la clôture ce jour là. Je faisais ca chaque année.
La journée avait été calme : il n'y a pas beaucoup d'autres maisons dans la quartier et la plupart servent surtout de résidences secondaires.

Il était bien cinq six heures de l'après-midi quand elle est arrivée. J'allais ranger mon pot et mes pinceaux quand j'ai entendu des aboiements dingues et un bruit de griffes sur l'allée en pierre. Je me suis retourné et je l'ai vu essoufflée, posant une main sur la peinture encore fraîche pour prendre appui et se retenir. Elle saignait à un bras et une jambe.
Je me suis approché.
Elle avait l'air apeurée mais n'a pas reculé.
Je lui ai demandé si ca allait, mais elle n'a pas répondu. Elle s'est évanouie alors que j'étais tout proche : j'ai juste eu le temps de la rattraper avant qu'elle ne tombe à terre.

Je l'ai prise dans mes bras et ramenée à l'intérieur. Je l'ai allongée sur mon lit avant de réfléchir à que faire.

Quoi ?
Oui, sur mon lit. Je n'ai pas de canapé, chez moi !

J'étais un peu perdu, je ne savais pas quoi faire. Je n'avais jamais vu personne comme elle avant. Elle faisait bien dans les un mètre vingt et avait tout d'un renard. Les pattes arrières, la fourrure, les oreilles et même une queue ! Mais elle avait aussi des petites mains délicates à cinq doigts avec de fines griffes, et un visage d'une finesse adorable au milieu duquel se trouvait un jolie petite truffe noire en guise de nez. La fourrure sur sa tête était plus longue que le reste du corps, comme des cheveux. L'intérieur de sa main droite était entièrement couvert de peinture.

En me calmant, j'ai décidé de commencer par le plus urgent : soigner ses blessures. Ca ressemblait à des morsures. De chiens peut être ? J'allais les désinfecter à l'iode mais je n'étais pas sûr qu'elle y réagisse bien. Finalement, j'ai pris de l'eau oxygénée, le stock de compresses qui me restait, quelques bandes médicales et j'ai nettoyé ses plaies.
Le picotement du désinfectant l'a réveillé et je me suis reculé rapidement, ne sachant quelle serait sa réaction. Elle n'a pas eu peur : elle s'est juste tournée vers moi en me regardant d'un air interrogateur. Je lui ai expliqué ce que je faisais, en parlant et en mimant : elle a du comprendre car elle s'est détendu. J'ai continué de nettoyer les blessures avant de poser des compresses propres et de mettre des bandes pour les maintenir en place.

Deux grognements d'estomacs m'indiquèrent qu'il était temps de faire un peu de cuisine. Elle fit signe de se lever alors que je quittais la chambre mais je lui dis de rester allongée. Après une peu d'hésitation, elle se remit bien confortablement sur le lit.

Je me suis fait un rapide sandwich au thon et j'ai préparé pour elle une casserole de soupe poulet vermicelle. J'ai amené l'ensemble à la chambre et commencé à la nourrir avec une grande cuillère. Je l'ai aidé à se redresser en mettant un deuxième oreiller dans son dos. Elle mangeât laborieusement le contenu d'une assiette avant de cligner des yeux de fatigue. J'ai ramené les restes à la cuisine tandis qu'elle s'endormait.
Pour être certain qu'elle aille bien, j'ai passé la nuit dans un fauteuil à coté du lit. C'était le seul autre endroit confortable de la maison, de toute façon.

Après presque une heure, elle a commencé à remuer dans le lit, et à haleter. J'ai posé ma main sur son front : il était brûlant. J'allais la réveiller pour lui donner un fébrifuge, avant de me demander si ca lui conviendrait : je n'avais pas pansé ses blessures pour l'empoisonner ensuite.
Finalement, j'ai mouillé des compresses et les ai mises sur son front, les changeant régulièrement.

J'ai été réveillé par une main posée sur ma joue : elle étais assise dans le lit et me regardait en souriant. Apparemment j'avais basculé de mon fauteuil et j'étais tombé sur le coté du lit, la tête sur sa jambe. Elle semblait plus vive que la veille. Je mis la main sur son front : la fièvre était tombée.

Je me mis alors à changer ses pansements : les morsures n'avaient pas du être profondes car elles guérissaient bien et rapidement malgré les saignements de la veille. A tout hasard, je lui remis de nouvelles compresses et une bande. Après avoir avalé une autre assiette de soupe, elle montra des signes d'inconfort et regarda autour d'elle. Pris d'une idée, je l'aidais à se lever, la guidais jusqu'aux toilettes et lui expliquait brièvement comment les utiliser avant de m'éloigner rapidement. Elle me retrouva ensuite, plus sereine, et je la ramenais jusque dans le lit.

Pour passer un peu le temps, j'essayais de lui parler un peu. Elle ne dit jamais un mot, mais se faisait très bien comprendre avec les expressions de son visage, et les mouvements de ses oreilles et ses mains. Son sourire était adorable.

Elle finit par se rendormir. Elle se réveilla vers midi et me rejoignit à la cuisine alors que je préparais quelque chose de plus consistant cette fois. Je remarquais alors qu'elle était aussi à l'aise à quatre pattes qu'en marchant debout. Nous primes le repas à la table cette fois. Ceci fait, nous retournâmes à la chambre pour un peu de repos.
Je restais là à la regarder, même alors qu'elle se rendormait : elle était magnifique.

J'hésite quant à la façon de décrire ce que je ressentais : l'amour semble un mot trop grossier et généraliste; la vénération a une note trop religieuse. Ca se rapprochait plus d'une admiration de son innocence et d'un profond désir d'être à ses cotés, de la protéger et de la préserver. Je souhaitais continuer de voir ses sourires si généreux et ses yeux clairs comme le cristal.

Je lui ai retiré définitivement ses bandages le lendemain : les blessures s'étaient bien refermée et n'avaient plus saigné depuis la veille. Ma patiente semblait bien récupérer.

Le soir, alors que j'étais en pyjama dans le fauteuil, encore exilé volontaire de mon propre lit, elle me fit signe de venir m'asseoir dessus en face d'elle.
Ce que je fis.
Elle leva la tête et me regarda, puis passa ses bras autour de moi.

Avez vous déjà ressenti ce sentiment où vous donneriez votre vie pour une cause ou une personne, Ce moment où tout s'éclaircit dans votre esprit ? Je l'ai vécu à cet instant, alors que je lui rendais son étreinte.

________

Nous sommes restés assis sur le lit, dans les bras l'un de l'autre. La différence de taille entre nous s'estompa tandis que je découvris de nouvelles sensations, et je la regardais finalement droit les yeux dans les yeux. Je parvins à me débarrasser non sans aide de mes désormais encombrants vêtements de nuit, et nous regardais tous les deux : elle innocente comme Eve, et moi en tenue d'Adam.

Elle descendit du lit et me fit signe de la suivre, ce que je fit, me retrouvant le nez à terre. M'adapter à ma nouvelle morphologie me prit du temps mais j'y parvins, grâce à l'accorte main qui me fut offerte. Elle rit doucement de mes échecs mais ne se moquât pas. Après coup, je réussis à la suivre sans me faire distancer.

Nous sortîmes de la maison : le soleil se levait à peine. Ma guide nous emmenait vers l'extérieur du village. Nous fîmes un détour par un verger, nous faufilant sous la haie d'arbres serrés. Quelques pommes tombées nous firent offices de petit déjeuner tandis que nous repartions rapidement par crainte d'être vu. Nous arrivâmes enfin à une forêt où ma compagne, tous sens aux aguets, se détendît. Les hautes fougères compactes formaient un refuge parfait et nous nous sommes endormis blottis l'un contre l'autre, épuisés par la course que nous venions de faire à quatre pattes.

Je fus réveillé un moment plus tard par une truffe touchant la mienne et un sourire malicieux. Malgré son air enjoué, j'entendis sa respiration saccadée : la demoiselle était visiblement encore essoufflée et fatiguée.
Elle s'était alors redressée et m'avait incité à faire de même. L'atmosphère de la forêt avait changée depuis notre arrivée pendant la matinée. La journée s'achevait et l'air était chargé d'une nuance de senteurs dont l'harmonie touchait du chef d’œuvre : l'essence des résineux chauffé par le soleil se combinait à l'arôme des fleurs de sous-bois. La lumière filtrée donnaient à l'ensemble une impression d'irréalité. Je ne peux pas mieux décrire l'atmosphère, désolé. Je ne suis pas certains qu'on puisse la décrire avec des mots, tout court : il faudrait la vivre pour comprendre.

A l'expression de ma compagne devant mon air ébahi, il était évident qu'elle s'attendait à ma surprise. et qu'elle en était heureuse.
Nous sommes resté assis un moment près d'un arbre, avant qu'elle ne m'incite à nouveau à la suivre. Nous avons longé un petit cour d'eau en nous enfonçant plus profondément dans la forêt, jusqu'à arriver à un bosquet planté de part et d'autre de la rivière. Quelques efforts pour se glisser à l'intérieur, et nous avions devant nous une source souterraine. Mon amie me fit signe de rester là tandis qu'elle ressortait.

Elle revint un moment après, haletante, avec deux pommes dont nous ne fîmes que quelques bouchées. Le soleil se couchât finalement. Elle s'assit contre moi et nos queues se croisèrent tandis qu'une féerie nocturne débutait devant nos yeux. Des vers luisants s'étaient éveillés et réalisaient un ballet de toute beauté. La source, éclairée par la lumière lunaire, prenait quant à elle des couleurs irisée de toute beauté. A coté de moi, ma compagne s'était allongée sur le ventre, prenant ma main pour poser sa tête, et avait fermé les yeux.

Je restais là un moment à admirer le spectacle de la nature, avant de me tourner vers mon amie.
Elle ne bougeait plus.
Elle ne respirait plus.
Sur ses lèvres était dessiné un sourire énigmatique, comme si elle venait enfin de trouver une nouvelle sérénité.

____________


Je ne sais plus trop ce qui s'est passé par la suite. J'ai couru à travers les arbres, l'esprit de plus en plus vaseux. Je ne comprenais plus ce qui se passait, ce qui m'arrivait.
Je me suis réveillé en pleine nuit dans mon lit, en sueur. Sur la table de nuit se trouvaient une plaquette de paracetamol, une bouteille d'eau et de la crème. Avais-je attrapé une insolation et fait un cauchemar de fièvre ?

Le lendemain matin, me sentant un peu plus d'attaque, je partît vers la forêt et suivît le cour d'eau, mais ne trouvais rien : la rivière se contentait de traverser le bois. Je continuais mes recherches pendant plusieurs heures, en vain.

Finalement, je suis revenu chez moi et ai posé la main sur la clôture, avant de me rappeler qu'il fallait plusieurs jours avant qu'elle ne sèche parfaitement.
Poussé par une intuition soudaine, j'ai regardé le coté intérieur, près de l'entrée. Y était visible une petite empreinte de main avec une pointe au bout de chacun des cinq doigts.

A compter de ce jour, je n'ai plus jamais touché à cette clôture.
Bébel
20/12/2014 07:32
Tear for Fears

Merci pour ce texte, une belle incursion dans le fantastique.
Tu aimes les renards, non ?

sylesis
20/12/2014 16:29
2 bras 2 jambes 2 roues

Oui, ils me passionnent. Je les trouve très beaux ( couleurs de la fourrure et traits fins), mais aussi en lisant et regardant quantité de vidéos et de photos, on se rend compte qu'ils ont vraiment une personnalité fascinante et une très grande intelligence. D'un autre coté, je crois qu'on pourrait dire la même chose de toute espèce animale : la faune ne nous est pas inférieure, seuls les moyens de communication et d'interaction diffèrent des nôtres.

Ici j'ai voulu tenter de retrouver/restituer ce sentiment d'émerveillement que ressent le narrateur : je l'ai ressenti dans un rêve ( la personne était humaine par contre) avant de me mettre à écrire cette histoire et c'est incroyable. J'ai réussi en partie, je crois : chaque fois que je relis ce texte, je me sens vraiment bien, détendu.
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