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Ursula K. Le Guin - Terremer
(Sujet créé par Klian (Admin) l 01/09/13 à 17:27)
Ursula Le Guin, née en 1929, est surtout connue pour ses deux cycles les plus monumentaux : le cycle de Terremer et le cycle de l'Eukumen (ou de Hain). Le premier est un cycle de fantasy, le second de science fiction.
Ci-dessous mon avis au sujet de ce cycle, que je vous recommande chaudement !
Le cycle de Terremer n'est pas une épopée de fantasy classique comme nous avons tant l'habitude d'en lire. Les trois premiers livres, auxquels nous nous intéressons ici, écrits entre 1968 et 1972, nous emmènent dans le monde magique de Terremer. Ils ne faut pas chercher, ici, la cohérence complète d'un monde alternatif, les enjeux géo-politiques ou les batailles épiques : dans cet univers fait de mots, quasi spirituel, Ursula K. Le Guin est à la recherche du sens de la vie et des sentiments profonds des femmes et des hommes qui en sont les protagonistes.
Dans ces trois premiers livres, nous embarquons, au sens propre, aux côtés de Ged, de Tenar et d'Arren, à la recherche de réponses aux questions qu'ils se posent. D'île en île, puisque Terremer n'est qu'un immense océan composé d'une myriade de petites terres émergées, les quêtes que mènent les personnages principaux de ces récits ne sont que le prétexte à la compréhension d'eux-mêmes, de leur rôle dans le monde, du sens de leur existence.
A Terremer, la magie est faite de mots : pour contrôler les choses, les êtres, les matières, il faut connaître leur Vrai nom. Le Vrai nom est chose est le mot qui les désigne dans le Langage de la Création, grâce auquel Segoy créa le monde et les îles de Terremer. Et toute chose semble avoir un vrai nom, même si cette question fait débat au sein du collège des Neuf Maîtres de Roke, l'île des mages.
Le premier des trois livres raconte l'histoire de Ged, qui se fait appeler Epervier (il est bien dangereux, à Terremer, de laisser connaître son Vrai nom !). Nous suivons d'abord Ged, mage au talent inné, lors de sa formation. Nous assistons à ses choix, les bons comme les mauvais. C'est justement l'un de ses mauvais choix qui va l'obliger à partir en quête de lui-même, poursuivi par son ombre tout au long d'un voyage plein de dangers, de rencontres et de retrouvailles. Vous en dire plus serait révéler trop, tant le récit suit un fil conducteur simple : c'est n'est justement pas ici l'important. Ce qui compte, pour Ged comme pour nous, est de réfléchir à soi, sur soi, de se construire et de comprendre.
On est bien loin, vous l'aurez compris, du souffle épique de la fantasy classique. Ce sont avant tout les relations interpersonnelles, les pensées et les questionnements des personnages qui dominent le récit. Les deux livres suivant parcourrent d'ailleurs le même cheminement.
Tenar, qui subit une existence imposée, faite de servitude et de croyances immuables au service des divinités chtoniennes, forces maléfiques, va devoir briser les murs autant mentaux que physiques qui l'entourent pour trouver (ou plutôt retrouver) son Vrai nom et sa propre vie.
Arren, lui, fils d'une des plus anciennes et plus renommées familles nobles de Terremer, va suivre Ged, devenu Archimage, dans une quête qui l'aidera à trouver sa place dans le monde et à comprendre que la valeur de la vie se situe justement dans sa finitude. La fantasy d'Ursula Le Guin est ici le prétexte à une question que se sont posés nombre de philosphoes existentialistes, chez qui l'angoisse se pose notamment devant le néant de la mort.
Original, certes, mais passionnant et prenant, il serait dommage que vous passiez à côté de l'univers de Terremer et de la manière si subtile et si riche qu'il a d'amener chacun de nous à réfléchir un peu !
Je plussoie l'intérêt de notre webmaster lupin pour cette série. J'ai lu L'Ultime Rivage et on est à mille lieu de cycles comme la Belgariade, ce qui n'est pas un mal.
On notera au passage que le studio Gibli a réalisé une adaptation en anime du cycle, sous la direction de Miyazaki fils : Goro. Pas forcément le meilleur film du studio mais j'ai bien aimé.
