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Forum New World Of Fantasy 2013
(Sujet créé par Sordon l 21/07/13 à 18:54)
J'ai écrit un compte rendu de ce forum qui portais sur l'adaptation de romans au cinéma.
Je vous invites donc à lire les thème abordés, et du moment qu'on y est, a exposer vos propres opinons sur le sujet de l'adaptation des films et sur les différents aspects traité lors de ce forum.
Un mur? et alors, il est ou le problème? Hop par dessus
Le jeudi 11.07.2013, j'ai eu l'occasion d'assister au forum " New World Of Fantasy" dans le cadre du festival international du film fantastique de Neuchâtel (NIFFF). Le débat du jour était l'adaptation de romans au cinéma .
Les invités étaient pour la première heure : les frères Guillaumes, deux cinéastes de Genève réalisateurs de Max & Co et de plusieurs courts métrages, ainsi que l'écrivain Vincent Gessler, auteur entre autre de Cygnis et Mimosa.
La deuxième partie était une conférence donnée par Orson Scott Card, qui est, je le rappelle, l'auteur du cycle d'Ender, La saga des ombres, les chroniques d'alvin le faiseur et bien d'autres encore.
Je vais désormais tenter de vous résumer les sujets et thématiques qui ont été abordés. (Je suis désolé, je n'ai pensé à prendre des notes qu'une fois la conférence finie… Je résumerai donc tout de mémoire.…)
Les frères Guillaumes sont actuellement en train de réaliser une adaptation des fables de l'Humpur de Pierre Bordage, aidés pour cela par Vincent Gessler qui se charge de l'adaptation du roman.
Ils nous ont donc présenté leur travail, les raisons pour lesquelles ils ont choisi ce roman, les difficultés qu'ils ont pu rencontrer et leur vision de l'adaptation cinématographique.
Malheureusement, sans notes, je me trouve incapable de convenablement retranscrire les sujets abordés.
//Interlude
Le premier débat en présence d'Orson Scott Card portait sur l'adaptation d'Ender's Game (La Stratégie Ender) en film par Gavin Hood pour la fin de cette année.
"Avez-vous pris part à l'adaptation du film?"
A cette question, Card répond en rigolant : Et bien, j'ai effectivement écrit, non pas un, mais une bonne vingtaine de scripts pour l'adaptation au cinéma d'Ender's Game.
Voyez-vous, le problème avec ce roman, c'est que la quasi-totalité de l'histoire et des interactions se passent à l'intérieur de l'esprit d'Ender. Précisément là où la caméra ne peut pas aller. Mon premier script, bien que très fidèle au livre, n'allait pas du tout, car même si tout fan du livre pourrait s'exclamer "That's it! It is Ender's Game", toute personne n'ayant pas lu le livre dirait : j'ai pas compris, "Non je n'ai pas aimé…",
Le problème avec Ender, c'est que si l'on ne peut pas comprendre ses motivations, il apparait comme un petit garçon incroyablement violent et c'est tout. Il m'a donc fallu trouver un moyen pour transmettre ce qui se passait dans son esprit par des moyens extérieurs.
De scripts en scripts, je refaisais les mêmes erreurs, coupant Ender de ce qu'il est réellement. Je me suis donc penché sur ce qui faisait que le roman est apprécié. Et j'ai réalisé que ce n'est pas Ender mis au défi de commander, ni Ender et sa relation aux professeurs qui faisait apprécier le livre. Non, c'est Ender AVEC ses amis, Ender en tant que protecteur, ses relation avec les autres personnages tel que son suppléant Bean.
Ayant compris cela, j'ai pu écrire un script non pas sur Ender, mais sur les liens qui l'unissent à son groupe. Et c'est ainsi que j'ai pu, chemin faisant, produire un script rendant au mieux l'esprit de mon livre.
"Ah! Donc vous approuvez totalement le chemin qu'a pris le film?"
Partant d'un grand rire, Card explique que malheureusement une fois son script écrit, les financiers entrent en scène. "Voyez-vous je n'ai pas les 70 millions pour produire ce film, et si je les avais, je ne serais pas assez fou pour les investir dans un film." Et malheureusement, ce sont les financiers qui décident. Ils ont donc donné la direction à Gavin Hood, qui aurait très bien pu lire mes scripts, mais pour autant que je le sache, bien qu'ils me les aient achetés, il n'en a pas lu un seul jusqu'à présent. Ce qui est bien dommage, car il a produit les mêmes erreurs que moi au début…
Mais vous savez, c'est une production hollywoodienne… Donc tout ce qui est intelligent dans le livre, ils se sont arrangé pour que cela n'ait plus aucun sens…
Ce sera un bon film de distraction, un gros film de SF, mais les producteurs n'ont jamais voulu en faire un film profond, ce ne sera donc pas un film profond.
Je savais cela dès le départ et je l'accepte totalement. D'ailleurs, ceux qui veulent connaitre ce qu'il en est vraiment des idées peuvent toujours lire le roman. C'est ce qui est bien, le film ne vient pas pour remplacer le livre. Il est là en parallèle.
Et de plus, les acteurs choisis sont très bons et se chargeront de donner vie à mes personnages. Un acteur comme Harrison Ford saura à mon avis très bien transmettre ce qu'il faut pour que le film soit bon.
Et puis, vous savez, si ce film est assez bon, peut-être que les financiers prendront la peine pour le suivant d'en faire un encore meilleur.
Pour changer de sujet, le modérateur demande au public si quelqu'un a une question.
J'en profite alors pour poser une "question très vaste" comme l'a dit Card.
"Je voudrais savoir comment un écrivain de votre expérience s'y prend pour faire évoluer une simple idée en roman, quel est le processus qui vous permet de structurer et d'imbriquer de manière cohérente les différentes pièces qui composeront l'œuvre finale."
"Ah c'est là une question très vaste, je pourrais prendre des semaines pour y répondre! Mais je vais toutefois tenter de résumer le processus." Card explique alors que, quelle que soit l'idée qu'il puisse proposer à son éditeur, et même si ce dernier répond : "C'est génial, allez-y ", il est encore loin de pouvoir écrire un roman.
La première chose dont il a besoin pour écrire un roman, ce sont des personnages. Mais pour pouvoir donner vie à des personnages intéressants, vivants, il faut toujours garder à l'esprit les lois qui régissent l'univers que l'on souhaite décrire et simplement l'histoire que l'on veut raconter.
Card montre comment ces lois conditionnent les comportements des personnes qui composent son histoire
Il présente ensuite un exemple :
J'ai imaginé une suite à Ender's Game. Elle se situerait dans un futur où l'académie militaire n'aurait plus de raison d'exister, puisque la guerre serait finie. La question que je dois alors me poser est la suivante : "Que pourraient-t-ils bien faire?" La réponse: ils se convertissent en agence d'exploration et de colonisation car l'évolution démographique de la Terre pousse les humains à partir. Mais qu'en est-il alors du gouvernement des "nations unies" ? Etc. Une question en amène une autre, faisant émerger questions et réponses au fur et à mesure.
J'en arrive au moment où les nations de la Terre recommencent à se quereller, et où un acte de sabotage a lieu sur la station spatiale de l'académie, non pas comme acte terroriste, mais comme provocation, obligeant l'académie, qui est neutre, à participer au conflit, puis à gagner, imposant alors la paix une fois de plus.
Mais pour qu'une personne en arrive à forcer la défaite de son pays ainsi, les pressions qu'il subit doivent être importantes, et ces pressions découlent des règles qui régissent l'humain et sa politique… Une fois encore, je n'aurais pas pu justifier logiquement un tel acte si je n'avais pas pris en compte la trame globale. Et même là, je suis encore très loin d'avoir mes personnages… ce n'est qu'une idée étayée…
Selon Card, il est important d'avoir structuré son récit avant de s'y lancer, mais que de trop se fier à un canevas tue le romand, car cela empêche d'imbriquer correctement les idées qui arrivent en chemin.
Il explique que durant les trois premières semaines d'écriture d'un roman, il suit de près son storyboard, mais passé ce délai, ça ne sert plus à rien, car son histoire a tellement évolué que ce serait juste se contraindre et se limiter que de vouloir suivre à tout prix le schéma initial. Raison pour laquelle, selon lui, nous trouvons tant de films mauvais. Car, explique-il, un film est totalement planifié dès le départ, chaque scène est prévue, chiffrée et totalement inamovible, empêchant toute modification en cours de production.
Il cite un exemple: "Imaginez que l'on coupe la gravité…", il en décrit alors les conséquences : Vous pensez bien que notre design de maisons serait différent, tout devrait être attaché, et la notion d'étage n'aurait plus vraiment de sens… Pourtant face à la quantité de règles qui régissent un univers, ce n'est qu'une toute petite modification… pourtant cela remet la totalité de l'histoire en cause… Et prenez maintenant un vaisseau spatial. La gravité y change sans cesse, donc évidement que les règles sont différentes à l'intérieur, et par conséquent les comportements des gens également…
Ce sont tous ces détails qui rendent le récit cohérent et intéressant à lire.
"On peut observer que dans vos roman, vous décrivez toujours des personnages en famille. Est-ce que pour vous la famille à quelque chose de particulier?"
Evidement que la famille est importante, mais ce n'est pas pour cela que j'écris des personnages accompagnés.
Card expose alors les raisons pour lesquelles il écrit sur des groupes de personnages. Il montre, et selon moi avec raison, qu'un personnage n'est pas "quelqu'un", mais un ensemble d'interactions et de relations entre plusieurs personnes. Il propose la situation d'un couple avec une fille unique : Pour la mère, la fille ne représente pas la même chose que son mari, et par conséquent elle n'a pas la même attitude envers sa fille qu'envers son mari. Pareil pour le père. Et même si pour la fille, les deux autres personnes sont ses parents, elle ne pense pas la même chose de son père que de sa mère, et par conséquent ses relations avec ses parents ne sont pas les mêmes.
Et puisque, selon Card, une personne n'est que ce que l'on peut voir d'elle au travers de ses attitudes, bien qu'il n'y ait que trois enveloppes physiques, c'est bel et bien six personnages qui sont à décrire. Ce qui les rend d'autant plus réels, soit attachants soit détestables, voir les deux selon les situations.
Alors qu'une personne sans relation avec d'autres n'est qu'un masque qu'il se colle sur la tête, semblable avec tout le monde puisque qu'il n'est avec personne. Card dit que c'est très simple de créer un tel personnage, il suffit de le faire intelligent, beau et hop, c'est parti, on a un personnage parfait. Mais un tel personnage n'est pas abouti. A moins bien sûr que ce soit ce que l'on veut pour l'un des protagonistes de l'histoire.
Et il laisse entrevoir la difficulté de rester cohérent lorsque l'on n'a pas trois, mais des dizaines de personnages qui interagissent entre eux…
"On constate également que la plupart de vos personnages ont une religion. Quelle importance la religion a-t-elle pour vous?"
A cela Card répond :
Bien que je sois profondément croyant, ce n'est pas la raison qui me pousse à écrire à propos des religions dans mes romans. C'est plutôt dans le but de définir des personnages plus profonds, plus réels que j'ai recours à la religion.
Je considère que les personnes qui se disent sans religion sont des personnes irrespectueuses envers les autres. Car une personne qui refuse de se reconnaitre comme croyante, est en réalité en train d'affirmer sa supériorité sur les autres.
En effet si l'on résume le discours d'une telle personne, on peut synthétiser par : "Moi je connais La vérité tandis que la religion c'est bon pour les ignorants…" ce que Card décrit également comme un processus de pensée fanatique.
Card dit que pour pouvoir convenablement coexister avec les autres, il faut accepter ses propres convictions mais également accepter que les personnes en face de nous ne partagent pas forcement les même convictions que nous.
Selon lui, il ne faut jamais parler à la légère de ce que les autres pensent. Il exemplifie : Prenez un environnementaliste, ne lui parlez jamais légèrement du réchauffement climatique, sous peine de le vexer voir de l'offenser.
Par cet exemple, on peut comprendre que Card entend par "religion" convictions profondes.
Il ajoute : " Comme vous le savez certainement, je suis mormon. Donc je m'attends toujours à trouver des personnes qui voient le monde d'une manière différente.
Je ne souhaite pas être prosélyte. Et c'est pourquoi je n'écris jamais à propos de ma religion, mais d'une autre religion, et sans jamais en parler à la légère. C'est pourquoi je peux ainsi dire que je ne tente pas de prêcher ma voie, mais effectivement de parler sérieusement et avec du recul de la religion dans sa globalité.
"Dans la majorité de vos récits, on trouve soit des conflits, soit même des guerres ouvertes. Selon vous, la guerre est-elle inévitable?"
A cette question, Card répond par l'affirmative, arguant que, malgré les progrès réalisés par l'homme, sa nature le pousse toujours à dominer.
Il développe ensuite une théorie sur les mâles alpha et la structure de la société. Selon lui, la présence de dominant et le conflit qui en résulte avec les dominés est un frein à l'évolution sociale. En effet, dans ce genre de système, un petit groupe finit par se faire détruire par un plus grand, mais un seul individu, aussi fort soit-il, ne peut défendre un groupe important. Ce qui amène à la destruction puis au morcellement du groupe, qui donne naissance à plusieurs petits groupes qui se font détruire… etc.
Selon lui, la capacité des humains à se coaliser est la raison pour laquelle nous avons tant progressé. Toutefois, la convoitise et le besoin de s'étendre nous force à empiéter sur le territoire des autres.
Et même si ses autres ne souhaitent pas de conflit, il suffit qu'un seul des deux camps attaque pour forcer l'autre à se défendre ou à être dominé par la culture conquérante.
Mais comme les personnes voulant être dominées sont rares, le conflit éclate et on en revient à l'ancienne loi, le plus fort écrase et domine l'autre. Il prend l'exemple de la deuxième guerre mondiale pour illustrer cela.
Les Français n'ont jamais voulu se battre contre les Allemands, allant jusqu'à donner à Hitler tout ce qu'il voulait, juste dans le but d'éviter le conflit. Mais Hitler voulait la guerre et donc il l'a eue.
Puis selon ce que Card a entendu, nombre de Français ont préféré le combat clair, où il est possible de se défendre contre un agresseur, plutôt que de devoir s'humilier et lécher la botte d'un étranger.
Ce qui selon lui montre que quoi que l'on dise, l'humain est une créature qui préfère se battre à mort pour sa liberté plutôt que de voir cette dernière partir en fumée.
Il illustre cette nature dans ses romans entre autre par le conflit entre les humains et les Doryphores.
Ces derniers, une fois qu'ils ont réalisé que les humains sont présents sur Terre, battent en retraite et les laissent tranquilles. Pourtant les humains, par sécurité, partent attaquer les Doryphores sur leur propre monde et commettent un Xénocyde. Le conflit porté par Ender est unilatéral, mais les Doryphores n'ont d'autre choix que de tenter de se défendre.
Voilà, j'espère avoir été assez fidèle au discours et aux idées des frères Guillaumes, de Vincent Gessler et d'Orson Scott Card.
Je suis toutefois bien conscient que ce texte est marqué par mon interprétation, mes défauts de mémoire et ma traduction.
Merci de m'avoir lu et bonnes vacances pour ceux qui en ont.
Un mur? et alors, il est ou le problème? Hop par dessus
Bah alors? Personne pour les débats?
Je lance alors :
Selon moi, un très bon livre avec une grande communauté est voué à l'échec lors de son adaptation.
En effet, les fan du livres serons forcement frustré de ne pas retrouver la touche de l'écrivain dans le film, voir carment de perdre l'histoire.
Et pour ceux qui ne connaissent pas les livres, c'est en général un grand défit pour l'adaptateur de garder la qualité d'un roman lors de la traduction...
En revanche, un livre imparfaits, permet de garder que le meilleur du livre, et d'améliorer le résultat lors du passage a l'écran, permettant ainsi de découvrir de nouvelles choses qui ne dénaturent pas l'œuvre de base.
Je lance alors :
Selon moi, un très bon livre avec une grande communauté est voué à l'échec lors de son adaptation.
En effet, les fan du livres serons forcement frustré de ne pas retrouver la touche de l'écrivain dans le film, voir carment de perdre l'histoire.
Et pour ceux qui ne connaissent pas les livres, c'est en général un grand défit pour l'adaptateur de garder la qualité d'un roman lors de la traduction...
J'ai pas lu tout le résumé, mais il me semble quand même qu'on a un contre-exemple ultime là : Game of Thrones d'HBO. A song of ice and fire était déjà un livre super connu avec une immense communauté de fans, et pourtant on peut dire qu'en dehors de deux trois râleurs et quelques détails, l'adaptation est un succès reconnu même par les fans. C'est une série, certes, donc avec plus de latitude qu'un film, mais tout de même.
Le fait d'avoir eu G.R.R Martin comme consultant et même à l'écriture de certains épisodes a dû bien aider à conserver le style du livre, aussi.
Un mur? et alors, il est ou le problème? Hop par dessus
Oui en effet.
Je suis personnellement fan du livre et j'apprécie la série. Mais comme tu l'a fait remarquer, le format choisit permet de suivre de manière très détaillée l'histoire.
Et Comme George martin suit tous ce qui se référé à son univers,en effet le ton y est.
Par contre, ce qui est dommage, c'est que c'est trop exactement l'histoire. En regardant un épisode, on n'apprend rien de nouveau par rapport au passage correspondant des livres.
Et c'est personnellement tout de même une chose que j'apprécie. Avec modération bien sur, sinon on tombe dans le cas ou l'histoire est perdue, ou l'œuvre est proprement massacrée. Pour illustrer ce cas, sans hésiter, je cite Bilbo le hobbit.
En revanche une adaptation très réussie, et qui à marché bien au delà de sa communauté de fan est sans doute Le seigneur des anneaux.
Blade Runner est une adaptation où, à mon avis l'histoire à été adapté comme il faut, mais dans laquelle le ton de l'œuvre original est perdu.