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Big Bang
(Sujet créé par rhav' l 14/01/12 à 13:26)
Parfois j'écris des petites histoires. Mais à chaque relecture, je trouve ça mauvais. Besoin d'un oeil neuf et d'une critique qui m'aide à me sortir des styles littéraires de Jordan et Asimov, mes deux auteurs préférés.
Bonne lecture.
Une onde de choc vint ajouter son effet aux milliers des précédentes, perturbant une fois de plus le cours des pensées de Larmion. Sur la dernière planète de l'univers, il s'attelait encore et toujours à la finalisation du grand plan. Il avait défini les lignes directrices depuis bien longtemps, mais il lui restait encore d'innombrables détails à régler.
La température frisant le zéro absolu ne le touchait pas. L'obscurité non plus. La dernière planète de la création, corps céleste mort depuis des millions d'années, baignait sans soleil dans la dernière poche d'existence de l'univers. En réalité, l'univers ne se résumait plus qu'à cette boule de roche et sa sphère d'influence faiblissante.
Corps éthéré, Larmion évoluait à travers les couches géologiques de la planète, sans but. La Civilisation Majeure s'était penchée pendant des milliers d'années sur cette particularité. Du mouvement naît la pensée créatrice. Et jamais elle n'avait trouvé d'explication satisfaisante. Larmion n'avait pas le temps de trouver une explication. Il errait sans but parce que cela l'aidait à se concentrer, à ne pas attacher d'importance aux ultimes attaques du néant. La guerre qui n'était pas une guerre avait été perdue peu avant la naissance de l'astre dans lequel il évoluait et il n'était pas là pour renverser le cours des évènements. Non, on lui avait confié une mission.
La réalité vacillait.
Larmion savait que le temps lui était compté. Les défenses posées par les anciens ne tiendraient plus très longtemps. Il lui fallait à la fois terminer le grand plan et le mettre en oeuvre. Durant des siècles, il s'était attelé à cette tâche, soutenue par une résolution au-delà de toutes limites. En espérant que cela suffise. Mais parfois, il désespérait. Les anciens lui avait demandé l'impossible, l'avait chargé d'un fardeau sans bornes. Et il n'avait pas été âgé de plus de mille ans quand on le lui avait imposé. À peine adulte et dernier espoir de l'univers. À peine adulte et condamné à être le dernier esprit encore conscient de l'univers.
La planète s'ébranla sous un coup particulièrement rude du néant. Encore un coup que Larmion se força à ignorer. Il trouvait que cela devenait de plus en plus difficile de rester concentré sur son objectif. Il assigna une fraction de son esprit à l'étude de cette impression, étudiant avec minutie sa mémoire, analysant les causes, effets et temps de réaction. Une seconde plus tard, la conclusion était sans appel. Il lui fallait désormais cent fois plus de temps qu'à l'époque des premières attaques pour se remettre au travail. Un laps de temps encore faible selon ses critères, mais inquiétant selon les constantes de l'univers.
Malgré la situation, c'était merveille ce que ses facultés lui permettaient de faire. À l'échelle d'un être pensant, cela le classait sûrement au même niveau qu'une divinité. Probablement même plus puissant. Et dans les siècles qui avaient suivi sa "promotion", il l'avait été encore davantage, investi de la force mentale de toutes les formes de vie pensante de la Civilisation Majeure et de la force physique de toute la matière de l'univers, exception faite de la dernière planète. Mais à l'échelle de l'univers, est-ce que ce serait suffisant ?
Larmion s'allarma du cour de ses réflexions. Jamais il ne s'était permit de telles divagations et même si elles n'avaient pas prit plus de temps à être formulées que n'importe quelle autre pensée, un assaut du néant à ce moment précis aurait pu souffler le dernier sursaut d'existance. Il était vraiment urgent d'en finir au plus vite. À présent, chaque pensée compterait.
Il sentit une fracture se dessiner dans les profondeurs de la roche et malgré ses réflexions sur la nécessité d'être concentré, il se perdit dans l'observation malsaine. La fracture s'aggrandissait, prenait de l'espace, gagnait en surface dans toutes les directions. La fracture devint faille, des morceaux s'arrachant de toutes parts. Dans son esprit, la conscience du réel palliait à l'absence de lumière et il pouvait percevoir dinstinctement jusqu'à chaque atome de matière. Ou percevoir l'ensemble, dans une myriade de couleurs sombres, tantôt mat, tantôt brillante. Larmion percevait même les forces en présence, comme les courants dans une mer observée du ciel.
La faille gagna en vitesse et bientôt, elle atteignit la surface en plusieurs endroits de la planète, déchirant le paysage silencieux de mort. La mort de toute chose.
Pendant qu'il observait, fasciné, Larmion sentit une émotion le gagner. Arrivant à son paroxysme au moment précis où les failles se rejoignaient les unes les autres, elle le secoua de tout son être de pensée, balayant la fascination par l'horreur.
Le néant s'élançait d'une dernière attaque qui disloquait la planète.
Il n'était plus temps de s'alarmer ou d'achever les derniers détails du grand plan. Il fallait l'exécuter, en espérant qu'il ne soit pas déjà trop tard.
Larmion fit appel à toutes les ressources de son être, pour atteindre toute la force de l'univers contenue dans son être, jusqu'à la plus petite pensée du tout dernier être et à la dernière parcelle d'énergie du tout dernier atome de la création, réunissant une somme de pouvoir dépassant l'imagination pour faire frémir le néant. Chargé aux extrêmes limites de ses capacités, il voyait défiler dans son être les images de tout ce qui avait jamais été, ressentait les émotions de toutes les créatures ayant jamais vêcue, percevait la naissance et la mort de toutes les galaxies et encore des milliers d'autres sensations au point de perdre toute identité et conscience de soit. Il rassembla ses dernières forces et dans un acte désespéré, menacé d'être détruit par son propre pouvoir, il en usa.
Pour créer un nouvel univers.
Le néant recula, en une marée qui mettrait des milliards et des milliards d'années avant de revenir. La Civilisation Majeure avait associé le mot "éternité" à celui de néant. À juste titre. Le néant attendrait de nouveau son heure.