La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
L'ancien site est a présent archivé pour la postérité et en mode "lecture seule". Vous pouvez consulter l'ensemble du contenu et des anciennes discussions du forum,
mais plus créer de nouveaux topics ni écrire de nouvelles réponses.
N'hésitez pas à rejoindre le Discord de la Pierre de Tear en cliquant ici: Discord Pierre de Tear
- L'équipe des Admins: Klian, Owyn et DS
[RP-ON]Où il est question du jeu du chat et de la souris
(Sujet créé par Myrielle l 26/11/10 à 13:43)
Tar Valon - La Tour Noire.
Où comment Myrielle Sedai place sur le grand échiquier ses propres pièces, les unes après les autres, sans qu'il y paraisse. Une saine préparation, avant la bataille.
[HRP : Topic Rp introductif du personnage de Myrielle. Celles et ceux présents à la Tour Noire peuvent participer.]
Parmi les interminables étagères lourdement pourvues de manuscrits, dont certaines noyées sous une poussière accumulée au fil des âges passés, une femme se tenait, d'une absolue dignité, à l'égale d'une souveraine courtisée par maints dignitaires. Autour d'elle un silence sépulcral, tout juste inquiété par le bruit sec et sourd de pages parcourues d'un œil expert, se succédant les unes aux autres. L'aurait-on interrogée, la femme n'aurait su dire, en vérité, depuis quand elle était ici, perdue et isolée dans l'une des innombrables ailes de la bibliothèque de la Tour. Des minutes, sans doute pas. Des heures, plus vraisemblablement. Depuis le coucher du soleil, en réalité. Et, tandis que l'aube déjà s'élevait au-dehors, elle n'esquissait toujours pas le moindre signe susceptible d'indiquer la finalité de ses pérégrinations nocturnes.
Vêtue d'une robe seyante aux tonalités de nature morte, avec un liseré émeraude pour souligner la délicatesse de ses poignets et de son buste, la femme donnait à cet instant l'impression d'une entité désertée de toute vie. Seul le léger battement de ses longs cils, parfois, venait briser son immobilisme prononcé. Belle, exquise, oui, sans nul doute l'avait-elle été. L'était-elle encore, si l'on omettait l'extrême froideur de ses iris céruléennes, d'un bleu adamantin. Et la pâleur de sa peau, très prononcée. Un sourire, à dire vrai, illuminerait son être. Mais autant demander à la Lune d'accorder la grâce d'un regard au Soleil.
Plusieurs dizaines de pages dévorées, après le lever de l'astre diurne, et la femme finit par ranger le manuscrit étudié. Le temps d'un soupir, l'air bourdonna autour d'elle. Tranquillement, de fines nappes de poussière reprirent leur place sur le manuscrit et alentours, comme par miracle. Elle effaça toute trace de sa visite, soigneusement, le passage de ses propres pas bientôt balayé par la poussière. Qui viendrait ici découvrirait un monde inchangé depuis des années.
Rejoignant tranquillement et sereinement les allées et couloirs les plus peuplés de la bibliothèque de la Tour, elle en quitta bientôt les quartiers pour rejoindre ceux de son Ajah. Chemin faisant, adressant de brèves salutations ici ou là à ses pairs, hommes et femmes réunis dans la Tour, elle intercepta au détour d'une galerie une acceptée visiblement en service commandé. Celle-ci se fendit d'un salut prononcé et révérencieux, ainsi que de coutume.
"-Myrielle Sedai,... ?"
La femme ne pipa mot en retour, observant l'Acceptée. Cette dernière baissa les yeux, se dandinant sur place, peu à l'aise. Tel était bien le problème, avec les Aes Sedai. Soyez trop pressé à obéir et vous éveillerez les soupçons. Hésitez et vous obtiendrez le même résultat. Une grillade que l'on tourne et retourne. Voici ce qu'elle était pour une Aes Sedai, songea l'Acceptée.
La voix fusa finalement, de cristal.
"-Il vous faudra me montrer vos devoirs, Faralin."
L'Acceptée acquiesça, retenant une grimace. Le ton et la forme employés ne laissaient guère de doute quant au sujet de discussion. Malheureusement, les informations recueillies feraient bien pâle figure face aux attentes de son interlocutrice. Pour tout dire, il n'y avait rien de nouveau sous le soleil.
L'Aes Sedai quitta la jeune Faralin, sans plus rien dire. Poursuivant donc sa route, elle parvint finalement aux quartiers de l'Ajah Brune, se mêlant à un groupe d'Aes Sedai. D'ici moins d'une heure, il lui faudrait dispenser des cours sur la géopolitique et les relations entretenues entre les maisons nobles du Cairhien. Mais d'abord, se rafraîchir. Peut-être lui faudrait-il également songer à prendre quelques heures de sommeil, dans la journée. Ses nuits étaient aussi occupées que ses jours, ces temps-ci. Sinon plus.
Bien des heures plus tard, plume à la main, Myrielle signa de traits noirs et glacés le registre d'emprunt des ter'angreal, sous l'œil attentif de sa garante la plus zélée, Azaléa Sedai. Aussi droite qu'une colonne de marbre, celle-ci veillait avec la plus grande attention, sinon prudence sur ces précieux biens issus d'un autre temps, pour la majorité. Les yeux marqués aux coins par de fines ridules, la chevelure flamboyante striée de plusieurs filaments blancs, signe manifeste d'un âge respectable, elle ne se résolut finalement pas à masquer sa curiosité.
« - Et quel usage en ferez-vous ? La nuit n'est-elle donc pas faite pour dormir ? J'ai toujours pensé qu'il était une perte de temps notoire que d'arpenter le Tel'aran'rhiod. Si vous souhaitez voyager, usez donc de vos semelles. Depuis combien de temps portez-vous le châle déjà ? Je n'ai pas souvenance de vous avoir jamais vue quitter la Tour et... »
Brusquement, le flot de parole s'endigua de lui-même. Face à la gardienne du registre, Myrielle offrait l'image d'une colombe sereine aux serres d'aigle. D'un regard givrant, à peine atténué d'un sourire de façade, elle se permit une légère inclinaison du chef, quittant le registre des yeux. Évidemment, se disait-elle, il serait inconvenant de trop brusquer Azaléa Sedai. L'expérience de cette dernière et sa longévité inspiraient la retenue, à défaut du respect. Et puis il n'était guère dans son intérêt de provoquer de futiles tensions. Aussi Myrielle adoucit-elle les traits de son visage, graduellement.
« - Vos conseils sont aussi avisés que de coutume. Je ne doute pas de leur utilité et, le Pouvoir Unique en soit témoin, beaucoup devraient s'y conformer. »
Mais pas elle, dans l'immédiat.
Prenant le ter'angreal entre ses mains, anneau grossier sans valeur apparente, elle le glissa dans son escarcelle et, sans autre forme de procès, ajouta :
« -Naturellement, il vous sera restitué sous de brefs délais. Il est toujours intéressant, sinon formateur, d'appréhender de nouvelles facettes de ce monde. Je ne vous apprends rien, Azaléa Sedai. Vos prouesses passées ne cessent d'alimenter certains soliloques. »
Les seuls vôtres en l'occurrence, asséna-t-elle silencieusement. Azaléa ne laisserait pas de traces impérissables dans les annales. Sur ces dernières pensées, Myrielle prit congé d'une moue figée. Ce qu'elle était venue chercher était à présent entre ses mains. Et il ne s'agissait pas de ce pour quoi Azaléa avait œuvré avec diligence. Pas tout à fait.
Ces cinq là, pour une raison où une autre, avaient emprunté un ter'angreal permettant d'accéder au Tel'aran'rhiod, ainsi qu'elle avait pu le lire, toute appliquée à signer le registre. Et l'un d'entre eux, malheureusement, serait appelé à l'égarer prochainement.
Myrielle n'en connaissait aucun des cinq, sinon de vue. Et mis à part quelques bruits de couloir, elle n'en saurait guère davantage que présentement. Cela devrait bien suffire. Ne devant pas éveiller les soupçons, ou la moindre interrogation, elle ne pourrait elle-même conserver que quelques jours le ter'angreal emprunté. Or sa tâche, à priori, lui prendrait plus de temps.
Myrielle en avait conclu qu'il lui fallait donc, aussi pénible et peu glorieux que cela soit, subtiliser un ter'angreal dont l'usage et la disparition ne pourraient, d'aucune façon, remonter jusqu'à elle.
Hapofrys Sedai serait la victime. On le disait distrait. Et il était issu de l'Ajah Noire. Une ineptie, une aberration, une ignominie au regard des temps anciens dont elle avait étudié les moindres fragments. Qu'ils soient tous aveuglés par la Lumière ! Le pire étant probablement l'indifférence non pas feinte mais volontaire, de la plus grande majorité des êtres vifs de ce monde...
La situation était tragique. A trop fermer les yeux, à trop nier l'évidence, tous enterraient petit à petit, doucement mais sûrement, la Lumière. Qui avait-il de naturel à vivre aux côtés de... Myrddraal,... et autres engeances ? Autrefois, les Aes Sedai n'en étaient-ils pas les ennemis jurés ?
L'esprit fulminant, Myrielle s'imposa un exercice de novice, susceptible de ramener un brin de quiétude au cœur de ses songes.