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Café Noir.
(Sujet créé par Darkan l 04/10/10 à 14:17)
Petite histoire pour dépoussiérer le vieux grimoire.
Écrite il y a un moment dans un style qui n'est pas vraiment le mien, je la mets quand même à disposition pour relancer le principe de cette section.
En espérant qu'avec la joute informelle, le grimoire vive à nouveau...
Une lumière blanche m’aveugle. Premiers rayons de soleil. Foutus rideaux pas capable de me laisser pioncer un peu plus. Résultat : 5h56. Bravo. Comment passer les nuits les plus courtes possibles. Je me lève avec un sérieux mal de crâne et un goût de cendres dans la bouche. Qu’est ce que j’ai bien pu foutre hier ? Surement la faute à cette bouteille gisant sur le sol. L’appart est plus en bordel que jamais. Toujours dans le coltard je range machinalement les papiers qui traînent par terre et jette ce qui doit l’être dans la poubelle. Serait peut être temps que je m’habille. Après un bon coup d’eau sur le visage, je commence à y voir plus clair. Pas de scotch tout de suite, il me faut un café. Bien noir.
J’aurais dû m’y attendre. Après fouille minutieuse de mes placards, pas le moindre café. Je devrais pourtant en avoir vu le nombre de tasses que j’ingurgite pour tenir la journée. « Que de laisser aller, c’est affligeant » aurait dit ma pauvre mère. Je m’en fous. J’ai plus qu’à sortir. J’attrape mon caban et mes clefs et c’est parti pour la jungle sociale des faux semblants.
Fais pas chaud ce matin, revigorant pour certains … moi je me les pèle juste. J’aime pas l’hiver. Tout ce blanc partout et cette neige qui vous trempe en même temps qu’elle vous glace. Les réverbères sont encore allumés et luttent tant bien que mal contre cette nuit qui tarde à laisser sa place. J’ai dû rêver ces rayons de soleil. Tout est encore si noir. Je marche dans une bouillasse elle aussi noirâtre qui me pourrit les chaussures. « Oh, la neige c’est beau, c’est la pureté ! » Mon cul ouais, on est en ville. La neige rurale c’est tout juste de la crasse mélangée à la pollution, aux traces de pneus et qui rajoute sa petite touche glauque à cette journée qui commence bien mal. Comment ça je suis de mauvaise humeur ? Mais j’ai bien de droit de l’être. Il me faut mon café. Noir.
Continuant mon chemin tout en ruminant mes sombres pensées, j’aperçois au bout de la rue un de ces bars d’alcoolos du coin dans lesquels je ne mets jamais les pieds. Une enseigne lumineuse devant dater de l’avant guerre annonce en clignotant d’une lumière blanche trop aveuglante qu’ils servent 24h/24. Ca ira pour cette fois, surtout qu’à cette heure pas grand-chose doit être ouvert. Avant d’entrer je soupire un bon coup et me compose un visage un peu plus serein mais suffisamment fermé pour pas qu’on vienne me parler. Je veux boire mon café tranquille et me casser de là.
Passé le pas de la porte, tous les visages se lèvent et se figent sur moi, me donnant envie de tourner les talons vite fait. Quoi ? Vous avez jamais vu un mec pas rasé, la gueule en travaux et les yeux de qui a passé une nuit trop courte ? De toute façon vous êtes tous comme moi ici. Des minables. Mettant un terme à mon monologue intérieur je me force à un second pas dans ce miteux café. Les murs sont d’un blanc jamais lavé, les tables sales et mal éclairées. Les quatre ou cinq types présents ont enfin détourné le regard.
« Bonjour. Je vous sers votre café ?
- Hein ?? » Cette garce de serveuse m’a fait sursauter. Je déteste être surpris.
« Oui, un café s’vous plait. Bien noir.
- Et un doughnut chocolat blanc ?
- Ah heu, oui pourquoi pas. » Pas bête, ça a pas l’air mauvais ces machins. « Merci ».
Elle m’apporte mon café dans un petit verre transparent qui m’a l’air d’une propreté discutable. Et un gros doughnut sur une serviette en papier.
« Je vous laisse manger tranquillement, je garde la note au comptoir. » Et ben, je commence à l’apprécier celle là. C’est vrai, quoi de plus pénible que de devoir payer la bouffe que t’as à peine devant les yeux ? Je mange, je profite de mon café et je paye après. Voila. Je suis un peu moins en colère d’un coup. Enfin un truc qui va. Et surtout j’ai mon café, ma petite drogue légale. Profitons donc.
Par contre elle pourrait arrêter de me regarder du coin de l’œil d’une façon aussi condescendante. Et ce petit sourire du genre : « Je sais ce que vous traverser, je suis avec vous. » On se connaît pas ok, et j’ai aucun problème moi. Ca doit être comme ça qu’elle fidélise les pauvres clients qu’elle a, en jouant l’assistante sociale. Remarque, ils en ont bien besoin ces mecs…
Tiens, je crois que le peu de bonne humeur que j’avais s’est évaporé. Allez, il est temps de se casser.
« Merci monsieur. Bonne journée et à demain. »
Je me marre. Tu peux compter là dessus ma jolie, je risque pas de remettre les pieds ici de si tôt.
Prendre l’air va me faire du bien. Je ressors donc du café et ce froid mordant m’assassine de nouveau. Après quelques pas, je plonge les mains au fond des poches de mon caban pour les réchauffer et ressors un bout de papier plié en quatre et tout gondolé. Me rappelle pas avoir déjà vu ce machin. Je m’apprête machinalement à le jeter dans la bouillasse du caniveau mais la curiosité me pousse à d’abord y jeter un œil. Mon pouce s’engage sous le premier coin et le soulève pour l’ouvrir. Je me rends compte que je tiens une carte de visite en papier kraft, un peu épaisse et cornée, usée aux pliures comme si on s’était amusé à la plier et déplier un nombre incalculable de fois.
Mais qu’est ce que ça fout là ?
Je m’approche d’un réverbère et me cale contre pour avoir suffisamment de lumière pour décrypter ce qu’il y a marqué dessus. En belles lettres d’imprimerie malgré une encre un peu passée, ce que je pense être un nom est inscrit : Zvi Schwarz. Je suis bien avancé avec une telle saloperie imprononçable. Pourrait pas s’appeler Jean Dupont nan ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! En dessous figure une adresse. Ça, au moins, je connais. C’est dans un quartier populaire quelques pâtés de maisons plus loin mais j’y ai jamais mis les pieds. Je grommèle que je cognerais bien le petit malin qui s’amuse à mettre des trucs dans ma veste. J’en profite pour vérifier en la tapotant la poche intérieure du caban mais la forme familière de mon portefeuille m’assure qu’il s’y trouve encore. Manquerait plus qu’on m’ait fait les poches dans ce bar miteux. Ou bien est-ce hier soir. Si seulement je pouvais me rappeler ce que j’ai bien pu foutre de la soirée … Mais ce satané mal de tête s’obstine à m’empêcher de réfléchir, même amoindri par ma première dose de café.
En me penchant à nouveau sur la carte je découvre un message écrit à la main juste en dessous de l’adresse. De minuscules pattes de mouches qu’il me faut presque coller à mon nez pour réussir à les déchiffrer. La phrase est lapidaire. Rdv aujourd’hui. Venez tout de suite. Je reste perplexe un instant à me demander quel rendez-vous je pourrais bien avoir pris avant de réaliser le ridicule de la situation. Je trouve un mot dans ma poche, un truc datant de je sais pas quand, avec un nom à coucher dehors dessus et je me figure être le bienheureux destinataire de ce message qui doit se presser pour rencontrer le cher titulaire de ladite carte de visite… Va te faire foutre Zvi machin. Personne m’écrit, je dois voir personne. Je jette enfin ce maudit bout de papier juste en dessous du réverbère, bien dans la neige crasseuse. Là, c’est ta place. J’aurais dû faire ça dès le début, ça m’aurait évité de relancer mon mal de tête à force de traduire ces foutus hiéroglyphes.
Bon, c’est pas grave. Je vais encore marcher un moment, ça pourra me faire que du bien. Je vois même pas pourquoi je m’emmerde avec ces broutilles.
La ville commence à peine à émerger de la nuit et on entend quelques voitures avec leurs crétins de conducteurs faisant rugir leurs moteurs. Les chiens, eux, font ce qu’ils savent faire de mieux : aboyer sans arrêt, bien entendu sans que leurs maîtres bougent le petit orteil. Mériterait des bons coups de pied au cul tout ce beau monde. On peut pas se promener tranquille ici. Remarque, y a mieux comme ballade. J’ai les pieds de plus en plus gelés et le bas du pantalon couvert de gadoue ; les immeubles sont grisâtres et bien trop hauts et le peu d’espaces verts est en fait un terrain miné, bien piégés qu’ils sont de toutes ces déjections canines. De ces grosses merdes de chien oui, pas de raison de faire de la poésie dans un tel dépotoir qu’on nomme ville moderne.
Mon humeur s’améliorant visiblement, je continue mon chemin en ruminant tout le mal que je pense de chaque chose m’entourant. Je ne guide pas mes pas, je marche juste. Je navigue dans mes pensées et ma destination importe peu. Cette sensation bien connue au fond de moi commence à resurgir, lentement mais surement. Il va bientôt me falloir un autre café noir. Quand je dis que c’est une drogue ! Et alors, je fonctionne à ça et je risque pas de changer. Subitement je suis arraché à mon introspection profonde par une saloperie de voiture qui roule trop vite, et surtout trop près du trottoir. Elle me couvre littéralement de neige sale, d’eau glacée et de je ne sais quoi encore. Je reste pétrifié, une tempête faisant rage dans mon crâne, me demandant si je dois au choix rire, pleurer ou égorger un de ces foutus chiens qui jappent comme pour se moquer de moi. Je crois que même en y réfléchissant bien et en le faisant exprès je ne pourrais pas être dans un tel état et passer une si mauvaise journée. « C’est le karma disait ma mère. » Si elle savait comme je peux la maudire en ce moment avec ses phrases de merde juste bonnes à énerver plus encore.
Ça doit bien faire dix minutes que je suis planté là, sans bouger, sans réfléchir, sans vivre. Black out. Je suis tellement lassé de cette vie. Il me semble loin le temps où je la trouvais belle et confortable et je n’arrive même pas à remonter le fil du pourquoi j’en suis arrivé là. Je suis là, c’est tout. Pas de passé, pas de futur et un présent qui vous glace les os.
Pour améliorer le tout, il se met à pleuvoir. Ça va être encore plus sympa mélangé à la neige. Je suis déjà trempé mais je me convaincs à bouger pour aller m’abriter sous des arcades. Je sais même pas où je suis, cette douche froide m’a complètement désorienté. Les colonnes supportant ce pseudo toit sont en faïence noir et blanc, genre pilier de piscine municipale, mais il doit manquer un bon tiers des carreaux. Je remarque à l’abri plusieurs entrées d’immeubles avec, devant chacune, une flopée de sordides boites aux lettres. Elles sont en ferraille d’un beige sale indéfinissable, toutes cabossées et taguées pour la plupart. Certaines façades sont même arrachées. Sans m’en rendre compte je laisse courir mes yeux sur chaque plaque, faisant défiler une multitude de noms inconnus. D’une arrière cour me parviennent des pleurs de bébé et une musique lointaine surement trop forte qui ne m’offre que des basses qui tapent et tapent comme le sang sur mes tempes. Déportant mon attention de ces bruits, je m’aperçois que mon regard est fixé sur une boite aux lettres en particulier. Fronçant les sourcils je regarde plus précisément et me fait la réflexion qu’elle ne possède pas de plaque conventionnelle comme sur les autres. A la place est scotché grossièrement un rectangle de papier. Je m’approche et, comme dans le meilleur des films de science fiction, je lis : Zvi Schwarz, 1er étage. C’en est trop pour moi. Je recule de stupeur d’un bon mètre et me cogne le dos contre un de ces foutus piliers à carreau de piscine.
Qu’est ce qui m’arrive bon dieu ? Je deviens fou c’est ça. Trop de café, pas assez de sommeil et voilà que j’ai des hallucinations. Cela ne peut être possible. D’un pas mal assuré je m’approche à nouveau et lis fébrilement chaque lettre avant de former les mots. Ces foutus mots. C’est pas possible. Zvi Schwarz. Ce nom tellement populaire que la moitié de la planète le porte. Voila pourquoi je le rencontre deux fois en si peu de temps. Je me tape la tête contre les boites aux lettres, quitte à les cabosser un peu plus et à fournir un nouveau motif à mon crâne pour me faire souffrir. Je dois rêver, c’est ça. Pas assez de sommeil.
« Bah tu montes pas m’sieur ? »
Cette petite voix fluette a bien faillit me faire avoir une crise cardiaque. Tournant vivement la tête après avoir sursauté, je découvre une fillette noire me dévisageant. Elle porte une salopette en jean délavée avec un simple maillot de corps blanc. Ses cheveux sont tressés en nattes africaines et retombent sur ses maigres épaules. Elle me regarde comme un demeuré, ses grands yeux noirs m’interrogeant. Je comprends sa réaction. Je pense que j’aurais été atterré de voir ma tête à ce moment là.
« Il vous attend m’sieur. » Elle semble presque impatiente.
« Pardon ? Que dis-tu ?
- Premier étage m’sieur. » Elle m’ouvre la porte de l’immeuble, la tenant pour que j’entre mais, devant trouver mon temps de réaction trop long, elle décide de la lâcher et de s’enfuir jouer dans la rue malgré la pluie.
Là, c’est sur qu’il me faut du café. Et pas qu’un. J’arrive même pas à réfléchir, à ruminer mes critiques habituelles et à cracher ma mauvaise humeur. La seule solution logique dans cette situation irrationnelle serait de monter à ce satané premier étage. Et bien soit, je suis plus à une divagation près et tout mouillé que je suis, me réchauffer à l’intérieur n’est pas une mauvaise idée.
L’ascenseur appelé, je l’entends descendre avec un tintement de chaines digne d’un bon accessoire sado-maso. J’ai pas confiance. La moquette le tapissant m’agresse les yeux dès que j’entre. Comment peut-on faire plus moche ? Une brève montée, une secousse et une courte sonnerie me font comprendre que je suis arrivé. Avec un grincement à réveiller les morts, la porte s’ouvre sur un couloir mal éclairé desservant un certain nombre de portes. Je trouve instantanément celle qui m’intéresse et m’approche. Sonnez et entrez. Okay. Au moment de presser le bouton, la porte s’ouvre subitement, me faisant rater de peu une deuxième crise cardiaque. Un petit bonhomme avec une calvitie plus qu’avancée et vêtu d’un gilet en laine gris à losanges se tient devant moi. De grosses lunettes avec des verres en cul de bouteille m’auraient en temps normal fait beaucoup rire ainsi que la courte moustache complétant le tableau du beauf moyen. Mais contre toute attente son sourire a quelque chose de rassurant. Il m’invite à entrer et, sans réfléchir, je le suis à l’intérieur. Je ne ferais pas la description de l’appartement tant la vétusté rivalisait avec le mauvais goût. Il me fait passer dans la cuisine et m’assoir sur une chaise hideuse et inconfortable, faite de plaques de mélaminé vissées sur des tiges métalliques rouillées. Il prend place en face de moi.
« Comment ça va ? Mais vous êtes trempé. C’est ça qui vous a mis en retard ? »
Je ne peux que bégayer. « Je … je suis en retard ?
- Oui bien sur, d’habitude vous arrivez au moins un quart d’heure plus tôt. » Ça le fait rire et il ajoute : « Mais ce n’est pas grave, commençons si vous le voulez bien.
- Commencer quoi ?
- Toujours la même question. Que vous rappelez-vous d’hier ? » Cette question ne pouvait être anodine mais mon cerveau est tellement empâté que je ne peux pas réfléchir à qui était cet homme et ce qu’il me voulait.
« Je … je pense avoir bu un petit peu trop, mes souvenirs sont un peu … flous. »
Il fronça les sourcils. « Faites un effort voyons, vous savez bien que vous ne buvez plus depuis l’accident. Tentez de vous remémorez le contenu de votre journée et de …
- Quel accident ? l’interrompis-je. Je commençais franchement à me sentir mal.
- Rappelez-vous. Le retour du restaurant, la voiture …
- Mais de quoi parlez-vous ? Qu’est … Les mots mourraient avant de franchir mes lèvres. Le gout de cendres revenait comme à mon réveil.
- Restez calme. Respirez. »
Respirer mon cul ouais. Je voudrais bien si j’avais pas cette douleur en travers de la poitrine qui m’oppressait. L’impression d’une ceinture de sécurité qui m’enserre et meurtrit mes chairs.
Il reprend :
« Cela fait quinze mois maintenant, il faut réussir à tourner la page. Et je suis là pour vous aider. Combattez vos démons, faites le pour elles. »
Mon corps tremble de toutes ses forces, je ne contrôle plus rien, ma vue se brouille et le sang vient battre sur mes tempes. Boum. Boum.
Un éclair blanc m’aveugle. Je trébuche et relève la tête pour constater que je suis dehors, devant ces colonnes à carreaux. Le jour est bien levé désormais. Je ne sais pas comment j’ai fait pour sortir, je n’en ai aucun souvenir. Le principal est d’être sorti. C’était trop dur. Je titube plus que je marche. Il faut que je rentre chez moi m’allonger. Sur le chemin du retour des bribes de souvenirs m’assaillent. D’abord des odeurs. Alcool. Sueur. Je manque de vomir quand me parvient l’odeur âcre de pneu brulé puis celle de l’urine et enfin du sang. A ces odeurs s’ajoutent ensuite des bruits. Bruits de moteur, de freinage puis de bris de glace et de cris. C’en est trop. Je me plie en deux involontairement et vomis tout le maigre contenu de mon estomac. Je m’empêche de tomber tant bien que mal en m’accrochant à un lampadaire. La crise passée je m’essuie la bouche avec la manche de mon caban et tombe effaré devant un bout de papier kraft familier. Je le ramasse, le replie et le fourre dans ma poche. Je reprends ma marche forcée malgré mon état. Les rues sont bien trop animées et tous les passants me dévisagent sans même s’en cacher. Je repasse devant le bar pourri qui m’a servit mon café noir. Je ne pourrais même pas en boire un autre.
Les souvenirs continuent de resurgir. Des sensations cette fois. Peur. Tristesse. Colère et déchirement. Les larmes coulent d’elles même sur mon visage, se mêlant à la pluie et aux éclaboussures de tout à l’heure. J’entre enfin dans mon appartement et soudain tout est là. Le puzzle est reconstruit. Je m’assieds à ma table et prends une feuille blanche et un feutre noir.
Il me faut l’écrire. Pardonne-moi mon amour. Et toi aussi ma petite puce. Je vous aime tellement.
Voici donc noir sur blanc pour vous deux ma quête de mémoire. Il faut que je me souvienne, je ne peux continuer à être lâche et à oublier pour ne pas souffrir. Je vous le dois. Je laisse donc cette lettre pour pouvoir la relire demain ainsi que tous les autres matins qui seront nécessaires.
Je suis désolé. Je vous aime.
Cet homme détruit repoussa sa chaise et se leva lentement. Il fit quelques pas et trouvât une bouteille de scotch qui allait l’aider se dit-il. Sa tête se mit à tourner tandis que son esprit embrumé l’empêchait de penser. Il lui fallait du repos. Il se dirigeât donc vers son lit, se cogna contre une chaise et chancela. En se rattrapant au bureau, il fit tomber tout ce qui s’y trouvait dessus. Quelques feuilles gribouillées en somme. Il put enfin s’allonger et s’endormit instantanément.
C’est une lumière blanche aveuglante qui le réveillât au matin. Il avait un sérieux mal de crâne et un goût de cendres dans la bouche. Il n’essaya même pas de se rappeler d’où cela venait, la bouteille qu’il apercevait au sol étant toute désignée comme coupable. Après avoir réussi à se lever, il jeta machinalement les papiers trainants par terre pour tenter de ranger un tant soit peu son appartement et alla se passer de l’eau sur le visage.
Une nouvelle mauvaise journée commençait et il lui fallait un café. Noir.