La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
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La nuit était claire sur la forêt et la belette chassait comme à l'accoutumée. Belette était agile et rapide mais la souris qu'elle chassait semblait l'être étonnamment aussi. Le rongeur faisait montre d'une audace incroyable, se faufilant sous les racines de vieux arbres, et passant même entre les pattes d'un renard assis sur une butte. Belette le suivit et passa devant le goupil qui ne sembla pas la remarquer; puis vint finalement la fin de la traque et la souris finit entre les crocs de la petite chasseresse.
Savourant son repas, la belette retourna sur la butte et vit que le renard était toujours assis, le regard distant. Se levant sur ses pattes arrières pour se faire plus grande, elle interrogeât le canidé :
"Maître renard, que regardez vous par cette nuit si lumineuse ? Guettez vous quelque proie?
_ J'attend un ami, petite belette, un vieil ami. Toutefois je crains qu'il ne vienne pas encore ce soir .
_ Un ami ? Est ce un loup ou un blaireau ?
_ Tu ne peux pas le connaitre, car les tiens ne vivaient pas encore ici quand nous étions ensembles. Assieds toi, je vais te racontrer notre histoire."
Renard regarda les étoiles, puis se tourna vers la petite boule de fourrure qui était la belette.
"Notre rencontre remonte au début des temps, après la création du monde mais avant que les humains ne viennent. Guépard et Goupil, le premier renard, étaient nés ensemble, et se ressemblaient beaucoups. Tu dois savoir qu'au début des temps, les animaux n'avaient qu'une seule couleur. Si Goupil avait la couleur du feu, Guépard quant à lui avait la couleur du soleil : ces deux là étaient vraiment resplendissants.
Goupil était un canidé et Guépard un félin : déjà à l'époque les deux familles s'opposaient, et ne voyaient pas cette amitié d'un bon oeil, mais les deux compères n'en avaient cure et passaient tout leur temps ensemble. Si longtemps en fait, qu'à force de regarder son ami, les yeux de Goupil devinrent fendus comme ceux des chats; de même à force de courir à coté du renard, les griffes de guépard ne purent plus se rétracter. Les autres animaux les raillèrent, en disant que Goupil était devenu le plus félin des canidés, et que Guépard était devenu le plus canin des félins. Loin de s'en attrister, tous d'eux s'en amusèrent.
Un jour, convaincu que la Lune était un gigantesque fromage, Goupil se mit en tête de l'atteindre en essayant de sauter jusqu'à elle. Guépard, dont les pattes étaient faites pour la course mais non pour le saut, le regarda s'entrainer.
Goupil sauta de plus en plus haut, et un jour, il sauta hors du monde. Hélas au lieu d'attraper la lune, Goupil se retrouva les pattes plantées dans l'obscurité. Il paniqua et projeta des morceaux d'obscurité qui retombèrent sur ses oreilles, les rendant noires. Alerté par la détresse de son ami, Guépard courut aussi vite qu'il le put prévenir le créateur du monde et lui demander de l'aide. Il arriva complètement épuisé et délivra son message avant de s'effondrer de fatigue. Le créateur passa la main sous le ventre du félin, qui devint blanc par le contact divin, et le prit avec lui tandis qu'il partait sauver Goupil.
Guépard se réveilla alors que son ami était ramené sur le monde. Pour se débarrasser de l'obscurité qui tachait sa fourrure, Goupil s'ébrouât et moucheta entièrement la fourrure du félin. Le renard avait perdu sa pureté, étant à présent de trois couleurs et non une seule, car son ventre était devenu blanc quand le créateur l'avait pris pour le ramener : il en ressentit une grande tristesse. Guépard tenta de le réconforter mais Goupil lui répondit méchamment que cela ne serait pas arrivé s'il l'avait aidé, et qu'il ne voulait plus le voir.
Devant ces mots, Guépard versa des larmes qui laissèrent des traces noires d'obscurité sur son museau, et s'enfuit en courant. Goupil réalisa par la suite que Guépard avait aussi perdu sa pureté en essayant de le sauver, et sut qu'il avait été injuste. Il chercha le félin mais ne le retrouva jamais; alors il pleura à son tour, les seules larmes que l'on vit jamais sur le museau d'un renard.
Plus tard, les plus petits de la famille de Goupil partirent à la recherche de Guépard, en direction du sud, mais ils ne parvinrent jamais à le retrouver, bloqués par le désert. Ils s'installèrent là bas et se firent dés lors appeler Fennecs."
La petite belette se déroula et vint à coté du renard inclinant la tête de tristesse, puis dit d'une voix pleine de compassion.
"Une histoire bien triste, maître renard. Est ce donc Guépard que vous attendez ?
_ Oui en effet.
_ Mais vous disiez que les vôtres ne l'avaient jamais retrouvé. L'attente n'est elle pas inutile?
_ Non. Peut être un jour les enfants de Guépard apprendront les remords que Goupils a eu après avoir repoussé leur ancêtre. Peut être alors nous pardonneront ils et reviendront. Il n'y a qu'à espérer et attendre, attendre que les deux amis se retrouvent."
Dans la même veine que "La Poule et le Buisson", même si ce texte n'est pas vraiment une fable ( pas de morale). Je ne peux pas m'empêcher d'avoir une petite larme pour les deux personnages en relisant : soit je suis vraiment trop sensible, soit je m'attache vraiment trop à mes héros .