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"Les dragakos" version échappée de la joute 23
(Sujet créé par Bébel l 16/04/09 à 15:13)
Il n'y a pas si longtemps avait lieu la joute 23. J'avais alors proposé le texte intitulé "Les dragakos", sans vérifier que la mise en page était correcte. Et elle ne l'était pas !
Voici donc ce texte dans une version à peine modifiée, mais dans la présentation classique des "aventures dont vous êtes le héros".
On commence au paragraphe 1 !
La forêt était froide, quasi immobile. Le jour était déjà bien bas, mais les forestiers qui préparaient des fagots pour cet hiver naissant n’en avaient cure. Silhouettes courbées, silencieuses, ils oubliaient leurs doigts bleuis, tant la tâche allait de soi dans ce pays recouvert d’arbres noirs.
Le battement d’ailes d’un oiseau égaré, puis au loin, lente, faible, la cloche du château de Torony laissa s’échapper quelques notes fêlées dans la campagne. Puis la cloche de Legnagyobb, plus volumineuse, consolida l’appel. Les forestiers se redressèrent, mains sur les reins. La journée était finie. Ils échangèrent trois mots, firent circuler l’outre désaltérante, et sans tarder se mirent en marche.
Kulcs sentait le froid descendre sur ses doigts. Tout en haut du château de Legnagyobb, mains sur les oreilles, l’Egna regardait ces petites silhouettes rejoindre sans hâte leurs maigres cabanes. Dans sa tête abrutie par les sons de la cloche, quelques pensées sombres frayaient leur chemin.
Les deux cloches désaccordées s’étaient arrêtées, Torony juste avant Legnagyobb. Kulcs allait redescendre, lorsque soudain un mauvais pressentiment lui fit lever les yeux au ciel. Mais avant d’avoir pu esquisser le moindre geste, …
Choisissez la suite de cette phrase !
… un immense oiseau apparut devant lui, le bec ouvert et l’œil plein de rage. Allez au paragraphe 4.
… un éclair fendit le ciel et s’abattit avec force sur le château. Allez au paragraphe 9.
Kulcs regarda son épée, déjà souillée de sang, et, fonçant dans la nuit, s’enfuit de la zone de combat, laissant à leur destin ses deux compagnons de route. Les gyiks n’avaient pas prêté attention à cette fuite soudaine. Et dans son dos, l’Egna entendait de grands cris de rage. Les cris de Katona qui mettait tout son courage pour une cause perdue.
Kulcs courut toute la nuit, les sens déroutés, suivant simplement ses jambes qui l'entraînaient vers les murailles. Le matin vint, laissant Kulcs le souffle court, silhouette dérisoire dans ce paysage désertique orné de murailles hermétiques. C’est alors que son regard accrocha une tâche noire à ses pieds, détail étonnant dans ce décor ocre qui l’entourait. Un dragako, un dragako noir avec six points rouges.
Le garde de Legnagyobb regarda Katona chez qui avait disparu toute arrogance. Un homme apparut, venant des murailles, qui semblait les défier.
- Les Immortels ont enfin compris que le sang royal devait couler pour que leur race se perpétue. Nous avons tâtonné, nous avons expérimenté. Et finalement, la vierge au sang pur nous permettra de devenir ce à quoi nous aspirons depuis toujours.
La princesse apparut, traînée par deux puakais prêts pour le sacrifice.
Katona regarda Kulcs avec amusement, soudain les épreuves s'étaient évanouies, il redevenait ce jeune sot stupide prêt à toutes les cruautés.
- Quel dommage, hurla-t-il ! Combien avez-vous de puakais ?
- Des centaines, sourit l’Immortel.
- Que feront ces centaines de beaux oiseaux, face à … La Horde ?
Levant les bras, il invoqua. Il invoqua des corbeaux, des centaines de milliers, des millions de corbeaux, un brouillard noir qui se jeta sur la ville, sur ses habitants, sur les puakais, épargnant les Egnas, détruisant le monde des Immortels. Au milieu d’eux, le sot, le fou Katona riait.
Mais avant d’avoir pu esquisser le moindre geste, un immense oiseau apparut devant lui, le bec ouvert et l’œil plein de rage. C’était un aigle immense, à la teinte violacée, une bête magnifique dont la tête était presque aussi grosse que la cloche du château qui, à côté de Kulcs, finissait de trembler. Puakai ! Ce mot s’imposa aussitôt à l’esprit de Kulcs. Un instant saisi par cette vision effroyable, le garde plongea vers la trappe qui menait à l’étage inférieur, là où se trouvaient les appartements de la princesse. Dans son dos le puakai glapit avec force, puis la tour trembla sous un choc terrible qui fit basculer Kulcs. Il atterrit dans le couloir, se releva d’un bond et jaillit vers la chambre de sa protégée. La princesse se tenait là, dos à la porte, hurlant. L’énorme puakai avait engagé sa tête dans l’ouverture de la fenêtre, en faisant tomber des pierres du pourtour.
Kulcs dégaina son épée du fourreau, et de sa main libre agrippa la princesse. Mais il était trop tard. Détruisant tout un pan de mur, l’oiseau avait serré la princesse dans son bec noir, et arraché sa proie de la main du soldat. En un éclair, Kulcs accrocha le regard paniqué de la demoiselle, puis elle disparut.
Le tumulte des renforts parvint aux oreilles de Kulcs. Mais l’oiseau était déjà loin, repartant aussi vite qu’il était arrivé. Aussitôt prévenu, le roi Olaj réunit ses conseillers.
- Cet attentat est signé, affirma le docte Tudas. Le garde Kulcs a formellement identifié un puakai. De plus, nous avons … ceci. (il tendit une sorte d’écaille noire, marquée de deux points rouge sang). C’est un dragako, il a été ramassé dans la chambre de la princesse. Les Immortels repartent en guerre.
- Nous allons les écraser, s’emporta Kalapacs en brandissant son arme. Comme à chaque fois !
Chacun dans le royaume savait qu’à l’autre bout du monde vivait une race étonnante qu’on appelait les Immortels. Ces humains semblaient avoir été créés ex nihilo plusieurs milliers d’années auparavant. Emportés par leur sentiment de supériorité, ils avaient voulu aussitôt conquérir le monde. Mais s’étant rendus compte qu’ils ne survivaient pas à certaines blessures, et que par ailleurs, dépourvus des organes nécessaires, ils ne pouvaient avoir de descendance, les Immortels s’étaient vite calmés après leurs premières défaites. Repliés dans leur unique ville, Borton, ils vivaient à l’écart des autres peuples. Cependant, la soif de puissance ne les ayant pas quittés, ils se remettaient en campagne tous les deux ou trois mille ans, avec à chaque fois des résultats déplorables.
Le roi Olaj fit signe au bouillant Kalapacs de se taire.
- Si ce puakai a enlevé ma fille, nous devons savoir pourquoi, avant d’entreprendre la moindre action militaire. De plus, massacrer les derniers Immortels ne servirait à rien si ma fille devait en mourir.
Kalapacs avait posé son marteau. Le roi se tourna vers Kulcs.
- Vous allez la chercher, à Borton. Dès à présent.
- Oui, Votre Majesté… euh … seul ?
- Bien sûr, tout seul... vous qui n’avez pas réussi à garder ma fille… Bien sûr que non, idiot de garde ! (il se passa la main sur le front) Seule ma grande bonté fait que vous êtes encore en vie à cette heure-ci. Je vais vous adjoindre un mage-guerrier, il s’occupera du travail, vous serez là pour le guider et pour assurer ses arrières.
Les conseillers se regardèrent, gênés.
- C’est-à-dire, Votre Majesté, que les mages-guerriers ne sont pas en état de voyager ou de combattre. Nous tombons en plein dans leur fête biennale. A l’heure actuelle, tous les chamanes sont à la bière et tous les voyants sont au rouge.
- Combien de temps pour qu’ils reprennent leurs esprits ?
- Au moins trois jours.
- Je dirais quatre ou cinq.
- Ou six.
Le roi regarda Kalapacs qui soudain reprit espoir d’une solution armée et caressa son marteau.
- Alors, qu’on appelle Katona.
Tous affichèrent alors un profond désarroi.
On fit venir Katona. C’était le neveu du roi, le cousin de la princesse. Un chevalier arrogant, stupide. Enfant, on lui avait offert un fouet en laine, et il jouait à frapper les forestiers qui étaient obligés de se rouler par terre sous peine de tâter d’un vrai fouet de garde. Hormis son chien Kutya qui le suivait partout, il n’avait pas d’amis. Mais Katona, l’idiot, avait un pouvoir inexplicable : la plus grande aura magique du royaume. Pour l’heure, il ne s’en était servi que pour faire apparaître des oiseaux (la première leçon du cursus d’invocateur). Mais en l’absence des autres magiciens, il devenait soudain le meilleur.
Le roi lui expliqua patiemment ce qu’il attendait de lui, il le présenta à Kulcs qui le salua respectueusement.
- Arrête tes courbettes, l’artiste, et suis-moi. Mais attention à Kutya, si tu m’approches de trop près il te bouffe. Adieu Votre Majesté, je reviendrai avec la princesse avant la prochaine fête des magiciens.
Il prit le dragako marqué des deux points et le donna avec désinvolture à Kulcs, qui n’avait pas bougé, puis il éclata de rire, heureux de sa plaisanterie.
La princesse de Legnagyobb regarda Katona, au visage décomposé. Un homme apparut, venant des murailles, qui semblait les défier.
- Les vôtres sont morts car la puissance est avec moi, en moi, s’exclama le puakai.
- Vous avez rompu le pacte ! hurla la princesse. Maudits soient les Bortoniens !
- Les Bortoniens ! s’esclaffa le puakai. Regarde les Bortoniens !
Les portes de la ville s’ouvrirent. En haut des murs, le long des avenues, des cadavres commençaient leur décomposition.
- Les Bortoniens n’ont pas compris le bien que je leur voulais. J’ai trouvé la puissance, ils n’en ont pas voulu, ils n’en ont pas voulu.
Le puakai, dans sa folie, dansait sur les ruines de ce monde en sang. Il dansait encore quand le carreau d’arbalète l’atteignit. Katona avait accompli son devoir. Le puakai roula sur le côté, écume aux lèvres.
- … maudits …
Une pierre noire luisait à ses côtés.
Kulcs regarda son épée, déjà souillée de sang, et, d’un geste désespéré, abrégea les souffrances de Kutya. Katona, qui dans son combat ne cessait de surveiller ses arrières, vit le mouvement fatal. Il resta un instant immobile, prit un coup de griffe à la cuisse et se replia en hurlant, agrippant Kulcs dans sa fuite. Kulcs courait à en perdre haleine, sans écouter ce qui ressemblait à la ruée des charognards sur une proie morte.
Le matin vint, et leur course nocturne avait amené Kulcs et Katona à faible distance des murailles de Borton. Katona s’assit et regarda Kulcs dans le fond des yeux :
- Pourquoi ? fut son seul mot.
- Il n’y avait pas le choix, et vous le savez très bien. Kutya est mort en héros, vous vous en rappellerez en honorant sa digne mémoire.
Katona eut un geste d’impuissance. Kulcs ne savait pas quoi ajouter. Ses yeux attrapèrent soudain un détail dans le paysage, une espèce de petite tâche noire qui semblait incongrue dans ce décor ocre. Les deux compagnons filèrent devant eux. La tâche noire était un dragako, quasi identique à celui que Kulcs conservait dans sa ruha, à part que celui-ci n’avait qu'un seul point sur sa surface.
Ils avaient pris la route de Borton depuis de longs jours. Kulcs et Katona n’avaient pas vraiment réduit leurs distances, éloignés de cœur et de condition. Kutya se contentait de rester en arrière de son maître, comme prêt à lui porter secours, sans s’occuper du tout de Kulcs. L’Egna avait bien tenté de le faire réagir, en le traitant de bon chien et autres gentillesses, mais Kutya ne bronchait pas. Katona se contentait d’ouvrir la route, sans envisager la moindre aide de Kulcs.
L’excitation du départ était retombée, et chacun dans le groupe, sans l’avouer, redoutait la force de l’ennemi. Kulcs serrait les dents, et parfois sortait le dragako de sa ruha pour renforcer sa détermination à traquer le puakai.
Un soir, enfin, Katona montra un point au loin et dit :
- Voilà Borton. On n’a pas traîné (il semblait satisfait).
- La princesse aurait préféré qu’on allât encore plus vite, répliqua sèchement Kulcs.
Alors qu’ils s’installaient pour la nuit et que le froid peu à peu les enveloppait, Kutya se redressa brusquement et se mit à humer l’air. Katona suivit son regard qui plongeait dans les fourrés, quand soudain une silhouette molle sortit de l’ombre.
- Un gyik ! hurla Kulcs.
La créature reptilienne fut aussitôt rejointe par une poignée de congénères hargneux.
Katona se précipita sur son arme, tout en lançant à Kulcs :
- Je me charge d’eux !
Il fut immédiatement enseveli sous trois gyiks qui avaient bondi sur lui. Kutya ne mit pas longtemps à réagir et fonça dans la mêlée, toute rage dehors. Les combattants formèrent une mêlée confuse. Kulcs avait empoigné son arme et en décousait avec le dernier gyik. La bestiole était d’une vitesse extraordinaire qui compensait son manque de force. Kulcs bénit l’entraînement au château, qui lui permit d’en venir à bout. A ce moment-là, Kutya, le fidèle Kutya, fut rejeté à ses pieds, le corps zébré de déchirures. Katona les rejoignit tant bien que mal, protégeant ses deux compagnons, tandis que d’autres gyiks sortaient de l’obscurité et fondaient sur eux.
- Il faut fuir ! hurla Kulcs. Ils vont nous tailler en pièces !
Katona esquissa un geste de repli, mais la vue de Kutya à terre, en sang, l’empêcha d’aller plus loin. Les gyiks se rapprochaient.
- Non ! Je ne le laisserai pas !
Kulcs vit le regard implorant de Kutya, mais sa décision était prise.
- Sauvez la princesse ! Il mourra en héros !
Katona ne l’écoutait pas, et moulinait les airs de son épée pour protéger Kutya. Kutya qui perdait son sang, qui allait mourir. Et eux aussi mourraient, pour rien. Kulcs regarda son épée, déjà souillée de sang, et …
Choisissez la suite de cette phrase !
… d’un geste désespéré, abrégea les souffrances de Kutya. Allez au paragraphe 6.
… fonçant dans la nuit, s’enfuit de la zone de combat, laissant à leur destin ses deux compagnons de route. Allez au paragraphe 2 .
Le garde de Legnagyobb regarda ces reliques avec stupeur. Un homme apparut, venant des murailles, qui semblait le défier.
- Les Immortels ont enfin compris que le sang royal devait couler pour que leur race se perpétue. Nous avons tâtonné, nous avons expérimenté. Et finalement, la vierge au sang pur nous permettra de devenir ce à quoi nous aspirons depuis toujours.
La princesse apparut, traînée par deux puakais prêts pour le sacrifice. Kulcs hurla. Un troisième puakai sortit de la ville, et fonça sur le garde.
Les deux yeux cruels de la bête, Kulcs vit sa mort arriver à la vitesse de son vol. L’Immortel sourit, et procéda au sacrifice. Les hurlements de la suppliciée scellaient à jamais le sort de l’ancien monde.
Mais avant d’avoir pu esquisser le moindre geste, un éclair fendit le ciel et s’abattit avec force sur le château. Sous l’impact, la princesse Kulcs perdit l’équilibre et s’étala près de la cloche qui, bousculée par le tremblement de terre, reprit un unique et funeste coup. Des bruits de panique parvinrent aux oreilles de la princesse. Elle se releva, chancelante, et regarda à l’extérieur. Ce qu’elle aperçut lui coupa le souffle. La tour principale, demeure des appartements royaux, s’était volatilisée, remplacée par un cratère fumant. L’explosion au sol avait été si forte que, tout autour, de nombreux départs de feux renforçaient l’horreur de la scène. Pétrifiée, la princesse ne pouvait détacher son regard de la désolation, guettant des signes de vie sous la poussière. Bientôt elle fut rejointe par ses gens qui étaient accourus à son secours.
- Transportez la princesse en bas, ordonna-t-elle. Elle ne sent plus ses jambes.
Deux domestiques s’exécutèrent.
- Plus vite ! Plus vite ! fit-elle alors qu’ils dévalaient les escaliers. La princesse veut retrouver son père !
Une rage impuissante la faisait pleurer sans pudeur. Mais arrivée en bas, elle s’essuya le regard et bondit hors des bras de ses serviteurs.
- Où est le roi ? implora-t-elle alors que de tous les côtés ce n’étaient qu’agitation et larmes.
Ce fut le sage Tudas, le plus proche conseiller de son père, qui l’accueillit. Il omit de mettre genou à terre, ainsi que l’exigeait le protocole, quelles que soient les circonstances.
- Majesté ! C’est un bien grand malheur qui nous accable ! Le roi … Le roi …
Ses yeux s’écarquillèrent.
- Le roi est mort, Majesté.
La princesse sentit ses membres flotter un instant, puis elle s’évanouit.
Kulcs se réveilla dans un lit d’appoint, dressé dans une salle annexe de la seule tour encore debout. Lorsqu’elle fut habillée, elle avait repris toute sa dignité.
- Qu’on escorte la princesse jusqu’à la salle du conseil ! commanda-t-elle.
Elle était furieuse qu’on l’eût laissée dormir. En une heure si sombre, elle devait être présente, elle aurait dû participer aux décisions, se montrer aux gens du château, quand bien même elle n’était pas l’héritière. Quand elle arriva à la salle du conseil, voir cet endroit déserté ne calma pas son courroux. Où étaient-ils ?
Le vieux Tudas, là encore, vint à sa rescousse.
- Majesté, je suis heureux de vous revoir.
Il vit qu’elle arborait un visage agressif, marqua un temps et expliqua :
- Il a fallu prendre des décisions en urgence, vous comprenez.
- Que s’est-il passé ? Qui a fait ça ? explosa-t-elle.
- Eh bien … ce sont d’affreuses nouvelles, Majesté. Ce projectile a selon toute vraisemblance été lancé par le puakai du royaume de Borton.
- Quoi ? Que dites-vous ? Mais …
- Hélas, c’est on ne peut plus clair. Il sortit de sa ruha une pierre étrange, noire, et marquée de quatre points rouge sang. C’est un dragako ; les puakais ont comme vous le savez pouvoir de les expédier dans les airs d’où elles …
- Je sais tout ça, mais elles ne devaient jamais être utilisées contre un royaume de la Grande Fraternité.
- C’est ce qui nous consterne tous, Majesté. Les Bortoniens ont rompu ce pacte. Nous ignorons …
- Et que comptez-vous faire ?
- La réplique adéquate est à l’étude, Majesté. En attendant, vous devez vous mettre à l’abri.
Un jeune homme au regard clair, suivi d’un écuyer, s’avança.
- Voici le chevalier Katona, que vous connaissez peut-être. Il vient du château de Torony. Nous venons de lui confier mission de vous y ramener, pour votre séc…
- Il n’en est pas question, la coupa Kulcs. La place de la princesse de Legnagyobb n’est pas loin des siens, mais avec eux, pas avec ce jeune … chevalier et son écuyer miteux.
Katona s’inclina dans le plus respectueux des saluts :
- Une telle noblesse vous honore, Majesté. Je me place sous votre commandement. Mon écuyer Kutya, bien que muet, est un homme d’une valeur inestimable qui donnera sa vie pour vous.
- Si Votre Majesté m’y autorise, intervint Tudas, je me permets d’insister fortement. Cet exil n’est que temporaire, et nous ne faisons que suivre les indications laissées par votre père en cas de malheur. Le Chevalier Katona a déjà prêté serment.
Celui-ci baissa les yeux. Kulcs empoigna le dragako à quatre points que Tudas tenait encore à la main et s’en alla, sans un regard pour le cratère noir qui, dehors, rappelait avec force le drame de la veille. Une heure après, Katona, Kutya et la princesse prenaient la route de Torony. Ils venaient de surmonter la première colline quand Kulcs s’arrêta, froide :
- A présent, chevalier, il va vous falloir décider quel serment vous choisissez de tenir. La princesse a décidé de prendre la direction du Borton, et de venger son père. Elle ne vous oblige pas à la suivre, ni vous ni votre toutou silencieux.
Avant que Katona eût pu l’en dissuader, elle avait lancé son cheval à bride abattue vers l’est. Le chevalier et son écuyer n’eurent d’autre choix que de la suivre.
La princesse de Legnagyobb regarda ces reliques avec stupeur. Un homme apparut, venant des murailles, qui semblait la défier.
- Les vôtres sont morts car la puissance est avec moi, en moi, s’exclama le puakai.
- Vous mourrez tous ! hurla la princesse, qui levant son arme, semblait prête à mettre cette menace à exécution.
- Mais, de qui parlez-vous ? s’exclama le puakai.
Les portes de la ville s’ouvrirent. En haut des murs, le long des avenues, des cadavres commençaient leur décomposition. Le puakai avait anéanti la cité de Borton, massacré ses habitants.
- Les Bortoniens n’ont pas compris le bien que je leur voulais. J’ai trouvé la puissance, ils n’en ont pas voulu, ils n’en ont pas voulu.
Le puakai, dans sa folie, dansait sur les ruines de ce monde en sang. Puis s’arrêtant, il contempla la courageuse jeune femme qui lui faisait front, tendit le doigt et murmura une formule étrange.
Alors une pierre noire jaillit du sol et rejoignit le ciel.
Kulcs sortit son premier dragako, et compara les deux artéfacts. Les rassembler ainsi avait forcément un sens. Sous ses yeux ébahis, les deux morceaux se mirent à vibrer, vibrer sans bruit.
Allez au paragraphe qui correspond à la somme des points des deux dragakos.