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Nouvelle médiévale pour le Nouvel An
(Sujet créé par Bébel l 30/12/08 à 17:59)
Je vous présente un petit texte écrit il y a quelque temps déjà et qui jusqu'alors n'avait pas dépassé le cercle familial.
Une façon pour moi de présenter mes voeux aux participants du forum !
Le château de Froidefors se cache quelque part dans les contreforts des Pyrénées, dans une région paisible où l'on aurait pu croire la terre plus marquée que cela par les innombrables faits d'armes qui jalonnèrent son histoire.
Une histoire pleine d'une fureur dont la trace semble enfouie sous trois monastères et quelques belles moissons. Il faut admettre que le cri des trépassés, le soir au clair de lune, y fait moins de bruit que les chants des oiseaux quelques heures plus tard, lorsque l'aube, sobrement, renaît.
Les gens qui y vivent ont pour beaucoup le défaut de ne pas bien se rendre compte combien le bruit des batailles peut être fort lorsqu'on prend le risque de s'en approcher.
Non loin, les Cathares eurent le mérite de réveiller les ardeurs, mais c'était il y a longtemps maintenant. Bien sûr, les anciens se rappellent avoir combattu les Anglais, et l'un d'entre eux affirme même avoir servi Jeanne d'Arc, ce qui n'est pas totalement impossible, après tout. Mais ce ne furent pas combats sur ces terres, et si violences et pillages il y eut bien lieu, Froidefors en fut, de fort loin, épargné.
Il survit pourtant, au cœur même du château, de sourds mystères, et des salles si éloignées de tout commerce que l'on préfère éviter de penser à leur existence, pour s'éviter le tracas des pensées inutiles. La salle la plus étrange, peut-être, se situe trois portes plus bas que la réserve d'oléagineux.
Les servantes qui ont à lessiver les alentours évoquent une ambiance malsaine, l'impression d'être enveloppé dans un nuage d'air rouillé, chaleureux comme le toucher d'une grenouille auvergnate. Le maître des lieux, Jean de Froidefors, s'y rend irrégulièrement, à chaque fois que les circonstances exigent de sa part une décision rapide et efficace. Il s'y enferme avec son ombre, le mystérieux Albert, et en ressort quelque temps plus tard, transformé.
Personne, au grand jamais, ne lui a demandé ce qu'il pouvait se passer à l'intérieur, et personne n'a eu la folie de tenter la visite de l'endroit. Il apparaît que seule Dame Catherine, femme de Jean, est dans la connaissance des lieux, mais elle ne semble pas en tirer moindre gloire.
Or, aujourd'hui, un événement d'importance s'est produit. Françoise, au service de Dame Catherine depuis dix-huit longues années ( c'est un cadeau de mariage ), s'est enfermée dans le cabinet bleu pour nettoyer le Glaive de la Mort, un collier richement décoré que Jean avait offert à sa Dame durant sa période Chrétien de Troyes, lorsqu'il lisait avec ardeur des manuscrits guerriers.
C'est en effet une règle imposée par Catherine à ses gens : ne jamais laisser une porte ouverte lorsque l'on manipule de pareils bijoux.
Las ! Las ! Désespoir ! Les précautions n'ont pas suffi, et Fouillard, le maréchal-ferrant a été appelé pour enfoncer la porte quand, à l'appel de sa maîtresse, Françoise n'a point répondu.
Estienne, le porteur d'eau, était présent à cet instant. Il raconte :
"_ Françoise, Dieu l'ait en Sa bonté, était écroulée sur la table, tête en avant. Je suis en mesure d'affirmer qu'elle portait une marque sur la nuque, due vraisemblablement au coup porté par un objet contondant. Je ne saurais en dire plus, et pourtant j'étais tout près. C'est dire."
Dame Catherine levait déjà la main, pour réveiller l'impudente, lorsque, et cette fois c'est Fouillard qui témoigne :
" … lorsqu'elle s'est arrêtée, comme figée par un rayon spécial, notre bonne maîtresse, et puis elle a bougé, enfin, un peu, quoi, et puis elle a dit quelque chose de pas clair, mais j'ai compris en fait qu'elle voulait montrer quelque chose, mais ça avait disparu, donc c'est pour ça qu'elle s'était arrêtée, elle pouvait pas le montrer, et c'est là que dans ses yeux une ombre fugitive est passée, puis une deuxième ombre moins fugitive, puis une autre, excès taira, jusqu'à ce qu'elle tombit par terre."
Sur ces entrefaites, l'émotion de Dame Catherine ayant réveillé Françoise ( oui, elles se connaissent si bien, c'est une histoire de vases communicants ), celle-ci s'est relevée et a dit:
" Ouillouillouille ! … Ma pauvre tête ! …"
Une confusion plus tard, tout le monde étant relevé, il a fallu se rendre à l'évidence : le Glaive de la Mort avait disparu. Le seigneur Jean, quéri par sa Dame, courroucé par le vol, a eu une bonne idée :
" Il va falloir soumettre Françoise à la question."
On est allé chercher Frère Benoît, très sérieux, comme toujours. Il a joint les mains, a eu ce sourire inquiétant puis a commandé :
"_ Qu'on envoie la pauvresse dans ma salle de tortue. Doucement, doucement. Attention la tête, voilà, mais non, Françoise, tout va bien se passer, posez-la et attachez-la, voilà, c'est bien. Comment trouvez-vous cette tortue ? C'est un sculpteur Flamand qui me l'a offerte il y a longtemps, c'est joli, et pratique pour empêcher les papiers de s'envoler. Bon, non, n'éteignez pas le feu, je l'ai allumé exprès, les pinces non plus, j'en aurai besoin pour faire frire la viande. Allez, laissez-nous".
Et les portes se sont refermées.
Le moine s'est approché de Françoise, l'a regardée fixement, puis l'a soumise à la question :
"_ Ma petite Françoise, ça va, la tête ?
_ Oh, oui, ça va mieux, merci. J'en ai vu d'autres."
On entendit un cliquetis de serrure, puis Frère Benoît réapparut:
" _C'est fait. J'ai posé ma question.
_ Et alors, Frère Benoît ?
_ Elle va bien.
_ Tant mieux.
_ Bon, si on n'a plus besoin de moi, je vais m'occuper de faire cuire mes saucisses, j'ai faim. Avec votre permission, bien sûr, Monseigneur."
C'était ce matin. Tout le monde est parti manger. Maintenant, le repas est passé, et le soir approche. A présent que la santé de Françoise ne cause plus de souci, il faut s'occuper du collier.
Albert, l'ombre du seigneur Jean, s'en va dans les couloirs sombres. Il rejoint la salle maudite, celle qui du dehors sent la rouille. La porte crisse un peu, mais pas autant que la dernière fois, ce qui peut paraître paradoxal, vu qu'il y a belle durée qu'on ne l'a pas huilée.
A l'intérieur, Jean, les poings sur les hanches, fulmine :
"_ Mais dépêche-toi, Cornegidouille, je t'attends depuis trop longtemps !
_Voilà, messire, voilà."
Albert s'en va chercher les jarres et les déverse dans le baquet pendant que son maître se déshabille.
"_ Vous ne devriez pas garder vos chausses dans le bain, messire, ce n'est pas très sain.
_ Peut-être, mais, vois-tu, Albert, si j'aime bien le bain froid pour me réveiller l'esprit, je déteste avoir les pieds découverts. Cela doit venir de mon enfance. Et puis après tout, le seigneur c'est moi, ici, quand même, Albert."
Albert ne semble pas convaincu mais il ne dit rien. A présent que le seigneur Jean patauge dans l'eau, il sort un des vieux manuscrits des rayons, et commence la lecture :
"_ Soudain, Perceval s'accroupit. Il sentait la mort venir à lui, et il n'aimait pas ça. Il prit alors son épée, la légendaire épée de Dagoba, et transperça ses ennemis qui périrent. Il dit alors : " Merci, fidèle épée de Dagoba, une fois encore tu gagnes ! " Mais ce que Perceval ne savait pas, c'est qu'un des ennemis n'était pas vraiment mort, et pendant que …"
Le chapitre fini, Jean se redresse et commence à se rhabiller :
"_ La tactique est simple, mon cher Albert. Catherine va encore faire appel à son preux cousin, Enguerran, celui qui a fait la guerre, lui, celui qui sait réciter des poèmes, jouer aux eschets ou raconter d'idiotes histoires de princesses.
_ Je connais Enguerran.
_ Enguerran l'intéressant, Enguerran le valeureux, lui qui sait tout mieux que les autres. Ah, ça, c'est facile de … bon, bref. Réfléchissons. Le temps de l'envoyer chercher, le temps de revenir, sachant que le château d'Enguerran est à environ quarante kilomètres d'ici ... c'est-à-dire … euh …
_ Ca doit faire environ une quinzaine de lieues, ça.
_ Oui, merci. Donc quinze lieues, avec le cheval qu'il a, Alphonse devrait mettre la matinée à arriver, si on rajoute le repas, le temps du retour, et Enguerran galopera, ce singe, cela te laisse une journée pour trouver le voleur. Maintenant, va et trouve le Glaive."
Albert sort discrètement et part à l'aventure dans le château.
Mais s'il a su faire preuve en de nombreuses occasions de sa compétence, cette affaire sort de l'ordinaire. Impossible aujourd'hui de fouiller partout, de capturer quelques tire-laine pour les faire parler.
Dame Catherine attend Enguerran, tout le château l'attend, et il faut agir dans l'ombre. Pour commencer, pour aiguiser ses sens à leur extrême force, il va dormir quelques heures.
L'heure du boulanger est venue, et rares sont les gens éveillés lorsqu'Albert sort de sa chambre froide. Il retourne dans la salle où le vol fut commis. Pas un bruit. Il entre. Il entre et ce qu'il découvre le glace d'horreur. La table n'a même pas été remise à sa place. Décadence. Il va la redresser tout de suite, car propager la nouvelle serait compromettre ses maîtres.
Mais, tandis qu'il peine à la tâche, il aperçoit un indice étrange qui scintille à la lueur de sa chandelle. Il ramasse l'objet ; c'est une sorte de gourdin, avec deux cheveux de Françoise collés dessus.
Bien, pense Albert, voilà donc l'arme de ce coquin. Il entre, il frappe Françoise, il prend le collier et s'en va. Mais ( long instant ), non, il y a un problème. La porte était fermée à clef lorsque Dame Catherine a voulu entrer. Alors il est passé par la fenêtre.
Bien sûr, en plein jour, sous les yeux de tous les gens du château, notre ami a escaladé la paroi, il a ouvert la fenêtre sans que Françoise l'entendît, l'a frappée, est reparti. Sûrement.
Albert est triste. Il ne comprend pas ; il n'y a plus rien à faire ici, il s'en va. Dans les couloirs, servantes et dames ne font pas attention à lui, s'exclament : " Enguerran vient, Enguerran vient ! " en ajustant leur chevelure. Albert descend à toute vitesse, il entre dans les cuisines où le cuisinier, Edmond, le renseigne :
" _ Ce brave Alphonse a fait route de nuit, occis deux brigands et ramené Enguerran. Je crois que c'est son record.
_ Ah l'empaffé !
Albert a juré pour libérer son angoisse. Enguerran est en vue du château et le collier n'est pas trouvé. Il faut une solution. Etincelle. Edmond est un ami, il va l'aider.
_ Maître Edmond, il faut rassembler les mirlitons. Les nobles gens du château sont hors de cause, les petits n'auraient jamais pu envisager telle forfaiture. C'est un domestique qui a volé. Il faut fouiller leurs appartements, en commençant par ceux des femmes.
_ Mais comment mes mirlitons reconnaîtront-ils le collier ?
_ C'est un collier de Dame."
Puis Albert va s'asseoir. Quelques instants suffisent pour voir revenir les cuisiniers, pâtissiers et rôtisseurs. Ils poussent une femme devant eux. Edmond les suit lentement. Dans ses mains brille le Glaive de la Mort. Il explique à Albert :
"_ Le jeune Jacques l'a trouvé chez Marie-Antoinette, la lavandière. Elle avait attendu Françoise dans la pièce, et est repartie dans la confusion, lorsque les gens ont découvert le vol.
_ Merci, Edmond. Et toi, femme, pourquoi as-tu fait cela ?
_ Ce collier est si beau, je voulions le voir, mais je l'aurions remis à sa place. Oncques ne l'aurions vendu au marché pour quelques bonnes pièces.
_ Point à me convaincre cette femme ne parvient. Attachez-la, je lui rendrai visite la semaine prochaine.
Et Marie-Antoinette s'en va, penaude tout autant que soulagée de s'en tirer à si bon compte.
C'est à ce moment que le soleil se lève. Dame Catherine a eu le temps de s'habiller, pas Messire Jean. Il est renfrogné. Un rayon jaillit du ciel au moment où Enguerran franchit la herse, et vient frapper ses dents qui le renvoient dans toutes les directions, aveuglant le comité d'accueil.
Enguerran est bien rasé, ses cheveux sont souples, il sourit modestement, mains sur les hanches, pied en avant, tête en arrière. Il est beau.
"_ Mon cousin, vaste malheur a frappé notre maison. Le Glaive de la Mort est perdu.
_ Séchez vos larmes, ma cousine. Oncques ne faillis à ma tâche, et,
Dans la terre mon genou [ il s'exécute ],
Je vous fais la promesse de ramener de la joie dans vos yeux.
Ce trésor inestimable ne peut finir ailleurs que sur vous,
Et mon épée ne découpera oncques assez de gueux
Pour leur faire rendre ce que personne, autre que Dieu,
Vous enlever ne peut. "
Albert, ombre souple, se glisse auprès de son seigneur et lui remet le collier. Enguerran s'est relevé, on veut le conduire dans sa chambre mais il n'est pas calmé.
"_ Non, ces créatures de l'enfer ne trouveront jamais le repos, et ma quête dût-elle se poursuivre mille ans, oncques je ne lâcherai le morceau.
Oncques ! Oncques !
Cet outrage à relents de mort périra comme son auteur, alors les fleurs s'ouvriront, les oiseaux étendront leurs ailes sur le domaine de Froidefors, ils feront des nids dorés, et dans cette scintillance … oui, Jean, vous voulez parler ?
_ Voilà le collier. "
J'ai bien wigolé avec ton texte Bébel^^. Je pense que c'était le but ! La narration est bien faite, les dialogues rajoutent ce qu'il faut d'absurde pour donner envie de savoir où est passé ce fichu Glaive de la Mort... bien qu'à la fin je m'en moquais un peu, en fait, du collier, je voulais juste voir dans quelle situation bizarre allait se retrouver ce brave Albert.
Pour les détails je suis assez d'accord avec Aelghir, il faudrait peut-être revoir le style de certaines phrases, et la fin aurait pu être mieux (je voyais plus un truc du genre Dame Catherine qui croit que c'est Enguerran qui l'a trouvé et part dans ses éloges devant la mine fulminante de Jean ).
Tu as choisi une fin plus abrupte, mais j'ai bien aimé quand même. Je m'imaginais assez bien les personnages figés sur le collier après la révélation de Jean, façon blocage. Ca reste dans la continuité du texte (une autre situation absurde).
Merci hybrid.
Pour la fin du texte, j'admets que c'est un peu surprenant, mais je l'ai "sentie" comme ça, avec l'idée de la pirouette finale qui met en avant la tirade d'Enguerran et laisse effectivement le soin à chacun de visualiser l'effet de la dernière phrase (tiens,une phrase longue).