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Voici un texte que j'ai envoyé à un Appel à texte car il m'inspirait. Celui-ci s'intitulait "Etre né différent". Il fallait imaginer les rêves et pensées d'un être humain s'évadant dans l'illusion d'être né différent, à savoir être né dans la peau d'une race fantastique.
Voulant toujours progresser dans ce style étrange qui est le mien, voulant le rendre plus agréable à lire, je l'ai corrigé suite aux résultats rendus. L'histoire a plu, c'est la forme qui gêne toujours un peu.
On m'a donc encouragé à faire lire mes textes au plus de personnes possibles. Aussi, je vous le présente.
Si vous avez des conseils ou des impressions particulières sur celui-ci, n'hésitez pas.
Je vous remercie d'avance.
PS : Vous commencez à connaitre la bestiole, c'est un peu long.
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Légende d'Islande.
Il est des moments dans la vie où, un songe hasardeux peut revêtir la parure désirée de la réalité, sans que l’on s’en soit douté… Un instant d’égarement, une simple seconde d’inattention, et l’esprit chavire, chute, se renverse. Comme l’eau ou le sang, il coule.
Sans raison, sans logique, sans fondement.
Il est. Tout simplement.
Vertige. Evasion.
Et nous, alors, ne sommes plus, ne voulons plus, brisés, désemparés. Nous voulons être autre, cet autre que notre rêve nous a révélés. Grain de sable, sur la colline de l’impossible.
Mon grain de sable a dévalé la pente ce matin, alors que je me trouvais dans ma salle de bain. Je venais de prendre ma douche, lavant mon esprit, diluant, par ceci, l’espoir de ma vie.
Perdue dans mes pensées et mes non pensées - car il en va toujours ainsi sous la douche, les idées s’écartent, se noient et laissent place à un vide insensé, placide - je n’avais pas prévu que mon environnement revêtirait, au sortir de ce moment de paix humide, l’aspect chatoyant et extrêmement glissant d’un hiver écossais. Tout se passa très vite. Si vite que l’analyser ainsi lui ôte son charme et m’ôte, de la même façon, toute crédibilité et grâce à vos yeux. Je glissais donc, en voulant m’extraire de la douche. Et dans un vacarme peu harmonieux de chute de savon, brosse à cheveux et autres joyeusetés, je tombai.
Analyse expéditive. Un instantané capturé. Une trame rompue.
Je me relevai cependant, ne désespérant pas de retrouver dignité et distinction après m’être préparée devant mon miroir… Malheureusement, dans ma chute, je n’avais pas entraîné que mon corps et mon ego. J’avais apparemment, sans comprendre comment, brisé la glace de mon miroir. Celui-ci affichait, en effet en son sein, lézardes et blessures létales qui couraient de part et d’autre.
A la recherche de quelque chose, comme en fuite…
Je réprimai un soupir d’abattement. Ma dignité ne pouvait guère être retrouvée avec un visage morcelé en autant de plans qui se chevauchaient, s’entravaient et pire… déformaient…
C’est à ce moment là, à cet instant précis, que tout bascula. Mon grain de sable commença à se désolidariser de son entourage de silice, et solitaire, imprévisible, m’entraîna à sa suite sur la pente infinie de l’impossible.
Au départ, ce ne fut que course tranquille, ballade vers un autre monde. Puis, la curiosité faisant, l’espoir aussi, la course s’emballa, toujours plus vite.
Ce miroir, en tant que simple objet d’apparat, réfléchissait la lumière par un heureux procédé physique, et nous renvoyait notre image, notre double. Différent et pourtant si semblable. Or, ce miroir, alors fêlé, ne me renvoyait plus l’ordinaire, l’habitude. Il me montrait autre chose.
Le reflet déformé, libéré ?
L’absurde, le complémentaire…
Il m’offrait un autre chemin, une autre manière d’être… Différente et malgré tout identique car double et immortelle, surimpression d’une réalité dans l’impossible.
Une fuite.
Une autre perspective.
Une pensée s’imposa alors à moi : être autre, tout en étant la même. Devenir reflet !
Le désir s’empara de mon esprit et me consuma. Il me fallait fuir : incarner l’évasion, l’abstraction ! J’avais besoin d’oublier : d’être la différence en ce monde trop cohérent que je voulais fuir, que je ne voulais plus subir !
Me revint en mémoire une légende islandaise, une interprétation de l’ange gardien, poétique, tragique.
La Fylgja.
La suiveuse, celle qui protège. Ange gardien, esprit tutélaire d’une famille, ou d’un individu…
En quête.
Avant. Après. Jamais au présent.
Esprit qui devance ou qui précède, qui attend ou qui veille.
Elément indissociable de l’être qu’elle protège, se manifestant parfois en reflet ou en rêve…
Je me pris donc à rêver d’être une fylgja, à rêver d’être née différente, de n’être pas née du tout en quelque sorte… une fylgja étant un fantôme…
À ce stade là, mon grain de sable venait à peine de commencer à rouler… Je devais vraiment m’être cognée la tête bien plus durement que je ne l’avais cru… Tant mon illusion dura et prit des proportions sans égales…
J’imaginais donc ma naissance en tant que fylgja dans un décor de glace et de feu, entre terre et mer, toujours à la frontière… En Islande. Terre de légendes, insulaire, entre deux.
En tant qu’esprit vaporeux, appartenant à la race des cieux, il m’était permis de voler, de survoler le monde ainsi que ses secrets. Tout m’était permis. De toute façon, c’était ma rêverie. Malheureusement, mon esprit crut bon de m’offrir tous les défauts dont j’étais parée dans la réalité.
Peut-être était-il trop attaché à sa maladresse naturelle ?
Ou bien, peut-être était-il trop paresseux à imaginer l’impossible ?
La vérité est que je l’ignore…
Et mon survol de l’île fut donc une série de cascades, toutes plus ou moins préméditées, dont la maîtrise des figures variait du miracle divin à la honte sans pareille. Heureusement, invisible comme je l’étais pour le commun des mortels, les légendes ne pourront pas retracer, même en imagination, ce périple absurde. Cela me rassurait et c’est en souriant, l’esprit léger, que je partais en quête de mon double, que je partais, tout simplement, à la recherche de ce qui me compléterait.
Nouvelle née, il me fallait déterminer ce que le destin m’avait apporté !
Simple question d’ordre rhétorique, avez-vous déjà essayé de trouver quelqu’un alors que tout vous en empêche, en particulier (et surtout) votre nature ?
Une fylgja est en effet, par essence, un ange gardien qui ne fait que précéder ou suivre son reflet dans la réalité, qui ne doit, qui ne peut, jamais le rencontrer. Ainsi est la règle, ainsi est la loi… Aussi, peut-être, commencez-vous désormais à imaginer le dilemme à dépasser, l’absurde quête d’un esprit toujours en attente, en suspend, mais jamais satisfait…
Ce paradoxe s’imprima en moi en lettres filigranées d’épines. Cependant, têtue comme je l’étais - mon imagination ayant aussi conservé ce trait de caractère extrêmement poussé - je persévérai et continuai ma quête, aussi difficile fut-elle…
À mesure que je parcourais ce désert que recelait en son sein cette terre d’immortels, des impressions fugaces et insaisissables dans leur ensemble s’imposèrent à moi. Des images, camaïeux indistincts aux couleurs d’orage et de métal en fusion, s’affrontèrent devant, derrière, près de moi. Elles me suivaient, me précédaient, allant jusqu’à me faire trébucher de malaise, d’ivresse… J’avançai malgré tout, toujours en quête de mon double, de ce que je devais protéger. Mais les illusions se faisaient plus tenaces, plus précises. Elles m’entouraient, glissaient sur moi, sur ma peau, mes yeux. Elles me dérangeaient ! Car loin d’être sensées et expressions de logique, elles apparaissaient absurdes, erronées, impressions aux couleurs criardes sur un paysage couleur de suie et de sang.
Telle Alice aux pays des merveilles, j’avançais dans l’illusion et le non sens, l’impossible. Je capturais l’impermanent, le transitoire, les dissolvant dans mes veines, m'abreuvant de leurs empreintes, désormais éternelles…
C’est à cette pensée, à cette impression que tout ce que j’observais était chimère, que je compris la raison de ces visions, leurs origines. J’étais environnée de décisions, de choix, d’alternatives. J’étais entourée de tout ce qui pouvait être, de tout ce qui ne pourrait et qui n’avait pu devenir dans l’avenir et le passé de mon protégé. Je voyais l’avant, l’après. J’entrevoyais le probable, l’improbable, l’avorté.
Fil rouge d’une vie, je pouvais ainsi, à loisir, influencer, guider vers un choix, sélectionner.
Cette impression enivrante de pouvoir, d’influence sur mon double, me grisa. Je bus jusqu’à la lie cette coupe d’interdits et c’est alors que je m’étouffais de son acidité, de son amertume. Je ne faisais pas que voir…
Je ressentais.
J’éprouvais la douleur, le regret, le doute, l’inquiétude.
Souffrances dont je pensais m’être débarrassée en quittant mon ancienne condition, celle émotive et sans ambition d’une être de chair et de sang.
Cependant, j’avais décidé d’être née différente ! Je chassai donc cette pensée qui me rappelait trop ce que j’étais réellement, et repris la chute en compagnie de mon grain de sable…
Ainsi, l’absurde, la multiplicité m’entouraient. Je me concentrai pour discerner dans cet imbroglio sans queue ni tête un détail redondant, une similitude de comportement qui me conduirait vers mon choix, ma décision. Celle de guider ou d’empêcher mon protégé d’agir comme il l’entendait. Petit à petit, je réussis à discerner une voix, un fil rouge qui occulta toutes les autres tessitures. J’accordai mon violon à cette harmonie et ayant entraperçu ses désirs et ses envies, je m’empressais de précéder, à pied et non dans un vol des plus gracieux… mon protégé là où il se rendait.
J’arrivai près d’une petite maison, non loin d’un fjord à l’onde couleur de nuit. Je profitai de ce spectacle poétique et entrai finalement, sans frapper, dans l’habitation qui sentait bon la compagnie et le bonheur. Tout y était simple, grisant. Je souris à la vue des photos et des cadres, des jouets par terre et m’en allai quérir la compagne de mon reflet qui dormait alors sur le canapé, emmitouflée dans une couverture. Je l’effleurai doucement de la main, m’imprégnant de son parfum, de ce que mon double aimait. Ceci fait, je lui inspirai tranquillité et plénitude, ainsi que le pressentiment que son mari ne tarderait pas à revenir. Elle se réveilla ensuite, le sourire aux lèvres. Je suivis le mouvement, émue. Mais, perdue dans la douloureuse révélation que jamais, sûrement, je ne connaitrais cette émotion d’impatience à l’attente de l’être aimé, je glissai sur la trace d’un choix, d’un espoir. Tombant dans l’invisible, j’entraînai dans ma chute une partie de la réalité. Et la bibliothèque, sur laquelle je me rattrapai, céda sous le vertige de rencontrer, à la fois, le tangible et l’infini. Je dus m’éclipser ensuite rapidement, légèrement confuse de ma maladresse et de mon inattention. Mon protégé passait en effet le seuil de la porte, or je ne pouvais jamais le rencontrer. Ainsi allait ma nature.
Je devais esquiver mon reflet pour ne pas le voir mourir.
Je devais fuir ce qui me complèterait…
Mais rien ne m’empêchait de l’aider, de le soutenir.
Suffisant réconfort…
Aussi, quittant ce couple d’amoureux un peu effrayés par ce qui venait de tomber, je m’en allais étudier les multiples facettes d’un avenir non tracé.
Parfois perplexe, souvent amusée par le burlesque de certaines situations, de même que tentée occasionnellement de préférer la distraction au devoir, je m’amusais à déchiffrer le ruban du temps et du destin de mon protégé. Il m’arrivait donc de le suivre de loin pour réparer une petite erreur, complotant avec une autre fylgja pour faire coïncider deux ambitions ou calmer des tensions. Le précéder, pour l’empêcher de commettre une absurdité du genre humain ou pour lui faire quelques surprises, était fréquent, distrayant, parfois perturbant...
J’avais, cependant, moi aussi envie de rire, malgré mon état de juge et de guide. Aussi, sachant pertinemment que rencontrer mon double en rêve n’était pas un risque pour lui, je me permis parfois quelques incohérences et folies dans ses songes en m’y introduisant.
Lune sans ombre, soleil noir de ses nuits.
Un soir, l’envie me prit. Je le conduisis dans un labyrinthe. En ce lieu, désorienté, il devait ramasser une multitude de clefs pour ensuite les introduire dans le bon ordre dans la porte de sortie… Il trouva l’exercice fastidieux, ronchonnant sur l’origine de cette quête qui n’avait ni queue ni tête. Pourtant il continua, ruminant pour lui-même ses pensées : « c’est absurde, c’est une impasse, pourquoi l’ouvrir ? » A ce moment crucial, entre abandon et persévérance, un détail lui revenait en mémoire : les voix ! Ces voix qui le poursuivaient sans relâche. Il les fuyait… Pour ne pas aller dîner avec la partie de sa famille qu’il n’appréciait pas plus que ça. Ayant conscience de ce détail crucial, il reprenait son labeur avec un certain instinct de survie…
J’avoue avoir beaucoup ri et profité de ces nuits où, enfin, je pouvais rencontrer mon double, mon reflet, celui qui me complétait… Lui ne me voyait jamais. Mais cela ne comptait pas pour moi.
J’avais quelqu’un à qui parler.
J’avais quelqu’un dont je devais m’occuper.
Je n’étais plus seule désormais et ne le serait jamais… Tant qu’il vivrait…
Arriva cependant la chute et fin d’un rêve qui m’avait pourtant si réconfortée… Le cerveau est vraiment un organe merveilleux. Il peut vous faire croire qu’une vie peut s’écouler en quelques heures…
Après toute une destinée à veiller sur mon être de lumière - illusion que j’avais imaginée en quelques instants - l’inéluctable se produisit… Non pas sa fin, naturelle, celle que j’avais entrevue. Mais une de mes maladresses dont je craignais qu’elle ne lui soit fatale… Comble pour un ange gardien…
Si seule et désireuse de trouver l’âme sœur, je m’étais rapprochée progressivement de cet homme que j’avais fini… par aimer.
Vint ainsi un soir – comme tant d’autres auparavant - où je laissai son libre arbitre à mon protégé. C’est à ce moment là, précisément, que mon incapacité totale à coordonner mes mouvements me rattrapa, sans crier gare. N’ayant rien entrevu ni même prévu, je fus prise par surprise et je faillis.
Sans comprendre, sans réfléchir, peut-être poussée par la peur, je me faufilai dans la maison. Je glissai le long de l’escalier, et au dernier moment, je reconnus la voix de mon reflet qui sortait de la chambre. Ayant pressenti qu’il se dirigerait vers moi, je reculai de façon brusque. Et alors que mes jambes disaient non et mon corps, lui, disait oui à la suite, je tombai, dégringolant les marches. Comme toujours, l’invisible en Islande n’étant pas si éloigné de la réalité, je fis autant de bruit dans mon monde que dans le sien. Alors que je me relevai, quelque peu étourdie par les roulades dont je n’avais jamais maîtrisé la technique, sa silhouette s’encadra dans l’escalier. Je ne pus précéder son geste d’un pressentiment de danger, et la lumière rebondit sur chaque parcelle de mon corps, alors visible car il était en présence de son reflet et du miroir de son âme…
Nos regards capturèrent l’essentiel. Ils s’entrechoquèrent dans l’inéluctable tragédie de nos adieux et je le vis tomber, éraflant de ses mains les marches de l’escalier pour se rattraper.
Mais le mal était fait, il était trop tard…
Mon rêve était brisé.
J’avais échoué, rattrapée par ma nature, rattrapée par ce que j’avais toujours refoulé.
En vain.
L’ange gardien était devenu ange déchu…
Mon grain de sable s’arrêta, en suspend, sur la colline de l’illusion. Je sortis de ma rêverie métamorphosée en cauchemar, meurtrie. Il faisait nuit désormais et j’avais froid. Si froid. J’étais seule, trop seule... Cette échappatoire m’avait offert rien qu’un instant la sensation d’être utile, d’avoir quelqu’un sur qui veiller. Quelqu’un, qui, dans la réalité se refusait toujours à moi… J’étais fatiguée de cette solitude, de cette vie que je n’aimais pas…
Il est des moments dans la vie où, un songe merveilleux peut revêtir la parure désirée de la réalité sans que l’on s’en soit douté… Un instant d’égarement, une simple seconde d’inattention et l’esprit chavire, chute, se renverse.
Comme l’eau ou le sang, il coule.
Sans raison, sans logique, sans fondement.
Il est.
Tout simplement.
Vertige. Déraison.
Alors, vidée, désemparée, je fis couler l’eau, je fis couler le sang. Et dans un dernier regard vers le miroir fêlé, vers ma fêlure, ma blessure, cette absence d’altérité, je sombrai dans une rêverie, ma rêverie…
L’unique rêverie.
Celle de l’éternel recommencement, d’une autre vie, une renaissance. Pour renaître différente.
Serrant le bris de glace dans ma main, certaine que ma fylgja comprendrait, je fermai les yeux pour ne plus les rouvrir… Jamais… Espérant, peut-être, que de ma mort naîtrait une autre fylgja, un reflet pour quelqu’un que je n’avais jamais trouvé…
Je n'ai pas encore tout lu, je continuerai demain certainement. Mais je trouve justement que pour la forme c'est vachement bien. C'est plein de musicalité dans les mots... Je trouve ça bien écrit ! Mais continue à le retravailler dans ton coin, on trouve parfois des tournures inatendues en re re re reprenant son texte En tout cas je trouve que pour le coup ton 'style' est assumé et mis en valeur, ensuite j'aime bien aussi alors peut être que c'est une question de goût... Et l'histoire aussi est très sympa. Je retrouve tout à fait les fuites que peuvent avoir les pensées parfois, et je trouve qu'à ce titre la manière que tu as d'écrire et de mettre en page, soutient cet aspect. Je t'encourage donc !
Et je te dirais plus précisement d'autres choses quand je finirais de lire. (après je sais pas quand ça sera ^^)
Tes remarques me font chaud au coeur.
Tu as ressenti en lisant le texte ce que je voulais transmettre sur la fuite des pensées et le rêve qui s'emballe. Cela me fait plaisir. ^^
En tout cas, tu as raison, se re re re repencher sur le texte permet souvent de l'améliorer, de trouver d'autres tournures, d'autres façons de décrire les évènements. Il faut s'en détacher pendant un certain temps et ensuite, quand on s'y replonge, l'esprit critique réapparait.
Parce que à force, au bout de quinze relectures à la suite, on peux parfois réciter son texte par coeur et ne plus se rendre compte de rien.
Hello Kellen, en espérant que tu passes encore dans le coin.
Les qualités de ce texte sont aussi un peu ses défauts : on entre tout de suite dans l'analyse des pensées de la narratrice, on suit leur cheminement, leurs hésitations, leur perplexité, mais justement, je trouve que c'est trop intellectualisé, à savoir que ce texte manque (à mes yeux!) de descriptions précises.
Tant le décor que les actions sont trop flous. Il "faudrait" faire entrer davantage de sensibilité (visuelle, olfactive, ...)
Par exemple :
Et mon survol de l’île fut donc une série de cascades, toutes plus ou moins préméditées -------> c'est-à-dire ?
j’avançais dans l’illusion et le non sens, l’impossible. .....J’entrevoyais le probable, l’improbable, l’avorté. .........Je bus jusqu’à la lie cette coupe d’interdits ..... l’absurde, la multiplicité m’entouraient........amusée par le burlesque de certaines situations -------> c'est-à-dire ?
De même, la description de l'Islande est réduite à la portion congrue et ne dépasse pas les formules d'agences de voyages :
décor de glace et de feu, entre terre et mer, toujours à la frontière… En Islande. Terre de légendes, insulaire, entre deux.
D'un autre côté, certains passages un peu trop explicatifs, ainsi que les retours au lecteur, du style "ah au fait, vous qui me lisez, saviez-vous que ...? " me donnent l'impression d'assister à une conférence sur la fylgja ( Ange gardien, esprit tutélaire d’une famille, ou d’un individu… une fylgja étant un fantôme).
Je ne dis pas que ces précisions ne sont pas importantes, mais la façon dont elles sont amenées est un peu trop scolaire.
Certaines expressions m'ont fait tiquer, du style :
Je venais de prendre ma douche, lavant mon esprit, diluant, par ceci, l’espoir de ma vie. je ne vois pas le lien
l’aspect chatoyant et extrêmement glissant d’un hiver écossais chatoyant ?
J’accordai mon violon à cette harmonie quelle harmonie ?
l’habitation qui sentait bon la compagnie et le bonheur l'odeur de la compagnie ?
sa famille qu’il n’appréciait pas plus que ça. expression un peu relâchée qui jure avec le reste.
Reste une production prometteuse, qui colle au sujet, avec une fin qui s'accorde à la tonalité du texte. Selon moi, les défauts évoqués plus haut sont assez facilement gommables.
J'espère que je n'ai pas été trop dur et surtout que je n'arrive pas trop tard !