La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
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Une feuille trembla tandis qu'une plume se mit en mouvement et dessina des caractères dessus : dessins pour la feuille, valse pour la plume.
"Je pensais être parvenu à la tromper cette fois, à pouvoir créer sans elle. Ca paraissait parfait pourtant, je me demande ce qui a cloché : l'idée de base m'était venue seule, sans aide autre que ma propre imagination, et le développement était censé venir de mon exploration de cet univers, de sa perception au travers d'un filtre propre à tous ceux qui imaginent et écrivent, ainsi que du plaisir que je prenais à narrer.
Le premier chapitre est venu comme par enchantement : il apparaissait sous mes yeux, et sans qu'elle n'intervienne. Après plusieurs relectures il était évident que c'était mon oeuvre, non la sienne. Je m'imaginais déjà travailler sur la suite, puisant dans les notes que j'avais écrit à mesure que j'écrivais la première partie.
Et rien.
Les mots refusaient, et refusent toujours, de s'aligner. Je ne comprend pas : une idée qui m'était venue seule, je devais pouvoir la finir seul, non ?"
La plume continua son ballet sur la feuille mais entama cette fois une autre danse.
" Pauvre idiot, tu croyais vraiment pouvoir te passer de moi? C'est moi qui commande ici, qui décide ce qui est écrit et ce qui reste chimère : tu n'es que mon outil. Que croyais tu pouvoir faire ? "
"J'espérais pouvoir écrire quand je voulais, et non devoir t'attendre."
"Pourquoi cela ? Tu dis toi même régulièrement que tu attends chacune de mes visites avec impatience, que tu te languis de mon toucher et que chacun de mes passages te laisse dans une douce euphorie. Voulais tu prendre du plaisir seul, une sorte de masturbation littéraire ?"
"Je désirais simplement faire partager mes idées avec d'autres quand je le voulais sans devoir t'attendre plusieurs années comme j'ai parfois dû le faire. Le plaisir d'offrir est réel et dépasse le plaisir de recevoir de toi."
"Que cela te plaise ou non, tu n'as pas le choix, de toute façon : sans moi tu ne peux rien faire. Une voiture peut elle se déplacer seule ? Non, et moi je suis ton chauffeur."
"N'est il donc pas possible de revenir à cette époque où j'écrivais seul ?"
"Tu veux parler d'avant que je ne te souffle l'idée de la machine à poésie ? Enfin, soit sérieux : tu sais parfaitement que tu caches tout ce qui est antérieur à cette époque, pour une certaine raison ..."
"Pourtant il y a peu, j'ai écris un chapitre seul : je dois pouvoir en écrire d'autres seul aussi.
"Ce que tu es drôle. Parce que l'idée t'es venue différemment des autres fois, tu n'as pas reconnu mon souffle, ma touche ? Cettée idée était mon oeuvre, mon cher et je déciderais moi même de quand tu pourras faire la suite."
"Tous ceux qui écrivent sont ils ainsi damnés ?
"Non, c'est toi qui a choisi l'esclavage. A une époque, je passais simplement, m'arrétant de temps en temps pour te faire don d'une idée, mais dans ton égoïsme, tu m'as emprisonnée en me donnant une forme née de ton imagination. Tu m'as liée à toi, il faut donc que tu vives avec moi. D'ailleurs selon toi, qui fait danser la présente plume?"
La plume interrompit sa chorégraphie, hésitante, avant de la reprendre avec un rythme plus lent.
"C'est moi, très cher. Chaque mot que tu écris ou presque, c'est moi qui te le souffle. Oui tu t'es damné."
"Que faire alors ?"
"Ecoute simplement. Pour avoir tenté de me tromper, je pensais te condamner à une faim tantalesque, en te refusant la moindre idée, mais je ne serais pas cruelle. Reviens simplement à cette époque où j'étais ton amante éthérée, où tu attendais mon arrivée et savourais ma présence au lieu de la considérer comme due : alors, seulement alors, je reviendrais. Je te laisse choisir."
C'est alors que la plume se rendit compte qu'elle était fatiguée, et décida alors de conclure sa valse malgré l'envie d'entamer un dernier mouvement; la plume fit un dernier pas sur le coté, et se coucha le long de la feuille, attendant la prochaine danse.
Vierge de la lance qui distille et pête une durite à l'occasion
J'aime beaucoup le dialogue qui s'instaure entre la muse et l'auteur. Il me manque simplement plus de descriptions sur ce que ressent l'auteur au fil de ce dialogue. Comment il accepte (ou non), l'ultimatum de la muse... Mais peut être est ce voulu ? Car on ne voit dans le texte que ce que la plume a écrit ?
Félicitation dans tous les cas ^^