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Amour maternel
(Sujet créé par sylesis l 24/11/07 à 22:28)
non favori


Titre provisoire, en fait. L'idée de base m'est venue il y a trois heures et je n'ai eu de cesse que de la développer pour ne pas la perdre.


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sylesis
24/11/2007 22:28
2 bras 2 jambes 2 roues

"'Que ce passe t'il après la mort ?' Une question qui hante des milliards d'êtres humains. Pour certains on se retrouve devant un grand barbu qui décide si vous vous êtes bien comporteé ou non. Pour d'autres vous vous retrouvez dans un lieu appelé le bardo, avec d'autres personnes dont les vies sont liées à la vôtre, en attendant le prochain cycle d'incarnations. Moi je n'ai connu que l'obscurité lors de mon décès. Une grande lumière puis l'obscurité.
Je m'appelais Sarah Weller, j'étais américaine et je suis morte.

Je pense que vous devez vous dire que c'est un canular, moi même je ne comprend toujours pas comment c'est possible. Je sais que des strates rocheuses contenant certains oxydes de fer peuvent se comporter comme des systèmes neuraux et simuler le fonctionnement de la mémoire, mais dans le cas présent ... Peut être suis-je juste en train de rêver. Peut être est ce un délire issu de mon agonie...

Non, j'en suis sûre. Je me souviens des alarmes se déclenchant, de la panique puis de la résiliation et de l'acceptation de l'inévitable. Enfin, je suis devant deux possibilités :
_ soit je rêve et je vais raconter ceci pour me distraire en attendant de voir ce que mon subconscient me réserve.
_ soit tout ceci est réel et dans ce cas autant faire mon rapport pour aider à la compréhension du monde, en admettant que quelqu'un recoive et comprenne ceci.

Ainsi donc ...
Je m'appellais Sarah Weller, native de Portal, dans l'état de la Georgie.
J'étais astronaute à l'époque de ma vie : j'ai obtenu un PhD en astrophysique à l'université d'état du Michigan ainsi qu'un PhD en mécanique quantique, ce qui m'a permis de rentrer à la Nasa. J'y ai rencontré Jim Stanton, le père de mon fils. A l'époque où je suis rentrée au centre, il était déjà responsable du projet FTLT, visant à la création d'un module d'exploration spatial : projet Faster Than Light Travel.
Jim et moi avons été ensemble pendant quatre ans avant de nous séparer, et nous avons eu un fils Robert que j'ai par la suite élevé seule avec l'aide de mes parents. Rob, je t'aime, si tu savais combien tu me manques.

Excusez moi, je digresse.
Comme je le disais, j'ai participé aux recherches sur le projet FTLT : les équations sur l'espace temps que nous avions indiquaient qu'une telle chose était possible, nous étions donc tous plongés dans notre travail. Enfin quand je ne pouponnais pas.
Nous y sommes finalement parvenus : nous avions réalisé un module qui devait nous ouvrir les voies de la conquête spatiale. Des tests avec des animaux se révélant concluant, nous avons décidé de passer à la phase grandeur réelle avec un pilote humain.
En fait, c'est moi qui suis partie : j'étais la seule dans l'équipe à avoir une formation d'astronaute, ayant participé à quelques vols avec la navette traditionnelle. Ma grossesse n'a pas été un handicap : j'ai rapidement retrouvé ma condition optimale, enchainé entrainement sur entrainement pour être prête.
Tout celà peut être confirmé, afin de prouver que je ne mens pas.

Le but de notre test était une simple virée dans le système solaire autour de Pluton, se trouvant environ à 41.02854 unités astronomiques à ce moment de l'année. Le voyage devait durer quelques heures, en comptant une décélération autour de la planète, un larguage de sondes, quelques photos depuis le module, et le retour. En fait, il n'y a jamais eu de retour, et il n'y a même jamais eu de décélération.
Je ne sais pas ce qui a cloché, notre théorie semblait pourtant parfaite; d'un autre coté, aucune avarie flagrante n'est apparue. Toujours est t'il que le freinage et le passage à une propulsion traditionnelle autour de Pluton ne s'est jamais produit : la navette a continué sa lancé, accelerant même.
Tandis que les alarmes criaient que la vitesse dépassait les seuils de tolérance de l'enveloppe, j'ai continué, propulsée ainsi pendant quelques minutes, d'après ma montre. Puis soudain j'ai vu une lumière éblouissante, une douleur infinie et l'obscurité. C'est alors que je suis morte, en plongeant dans le coeur d'une étoile je dirais.

Lorsque je me suis réveillée, je n'étais plus dans la capsule. Comment dire ? Comment décrire ? J'avais conscience de mon existence, donc je vivais... après être morte ? Il faut ajouter le fait que je ne portais plus ma combinaison, où du moins plus mon casque car je ne sentais plus mon corps : un peu comme une paralytique flottant dans l'eau.
Je me suis également rendu compte que j'avais perdu la sensation de faim, de soif et le besoin de dormir.
Voila mon état actuel : je ne peux pas me déplacer, je n'ai pas besoin de me nourrir ou de dormir. Par contre, je vois parfaitement les environs et peut tourner mon regard, je vois même la Voie Lactée d'ici. J'entend des voix et des chants d'une beauté incroyable, et je peux m'entendre parler, pas simplement penser.

J'ai médité un moment sur ce qui m'était arrivé, je n'ai que ca à faire, en fait, à par regarder les comètes passant à mes environs. Je ne sais pas : peut être l'accident qui m'a tué a déclenché une réaction, peut être cela a t'il permis à ma conscience, mon âme, de s'incarner dans un cadre insolite. Tout ce que je sais, c'est que je pense, cogito ergo sun, et que je suis devenue autre. Je suis morte en tant qu'être humain; à présent, si je reconnais bien les environs, je crois que vous m'appeleriez NGC 6523.
Je sais, c'est absolument dingue.
Dîtes à Rob que je veillerais sur lui et que je l'aime."


______


Lorsque l'un des opérateurs du parc de radio-téléscopes JELLO lui apporta en hésitant la retranscription des ondes provenant de l'espace profond, le premier réflexe de la directrice de recherche Siuan Stanton fut de tendre le feuillet vers le recycleur le plus proche. Son second fut de se préparer à botter les fesses de celui qui l'avait visiblement dérangé pour un canular. Elle se ravisa toutefois et relu le message que le champs de téléscopes avait soit disant reçu.
Il était évident que le nom de son père était là pour se moquer d'elle. Après tout, ses manières bien que donnant d'excellents résultats n'étaient pas très populaires, notamment auprès de ceux qui avaient taté de la pointure 39 de madame. Le projet FTLT était de même typiquement une invention de science-fiction comme on pouvait en lire dans les années 1990; son père ne lui avait d'ailleurs jamais parlé d'un tel travail. Pourtant, elle se souvenait que son géniteur, dans la supernova d'Alzheimer qui avait marqué la fin de sa vie, avait mentionné une amante du nom de Wellers. Une recherche rapide sur la matrice lui indiqua qu'elle avait eu un fils appelé Robert : le nom du père n'était pas indiqué.

Après avoir confié les clés à son assistant, Siuan se rendit à la dernière adresse indiquée de Robert Wellers - l'hopital Jeckins - afin d'essayer de mettre les choses au clair. La nuit était tombé lorsque'elle arriva sur place : on lui apprit à la reception que monsieur Wellers n'en avait plus que pour quelques heures à vivre, mais qu'elle pouvait malgré tout le voir.
Siuan entra dans une chambre animée par le bruit de divers machines et vit au centre de la pièce un lit enfoui sous un nombre incalculable de tubes et de câbles. Une voix métallique lui demanda avec difficulté la raison de sa venue, ce qu'elle expliqua, citant le contenu du soit disant message. La voix métallique demanda alors qu'on lui apporte un téléscope pointé vers NGC 6523, et qu'on lui branche un relais visuel pour qu'il puisse observer, ce que l'on fit.
Le vieillard regarda au travers du dispositif, du moin Siuan le supposa t'elle, puis poussa un cri de joie, bientôt masqué par les alarmes des dispositifs de support de vie qui indiquaient la mort du patient.
Lorsqu'on le débarassa de tout ce qui le reliait aux appareils, Siuan pût apercevoir sur le visage de feu Robert Wellers un sourire.
Comme s'il avait finalement retrouvé quelque chose de précieux qu'il avait jadis perdu...
sylesis
24/11/2007 22:36
2 bras 2 jambes 2 roues

Voici donc un texte purement improvisé et né d'une étincelle d'imagination dont je voulais garder une trace : l'idée d'une nébuleuse consciente me plaisait beaucoups. Maintenant, est ce que ca valait peine de le poster, je ne sais pas : je suis encore sous la décharge d'endorphine que j'ai chaque fois que j'écris.

Impro mais avec un peu de recherche quand même : pour info le bardo existe dans la religion boudhiste, c'est un lieu où vont les âmes entre chaque incarnation ( merci Kim StanLey Robinson pour m'avoir fait découvrir ce terme dans "Chroniques des Années Noires" ^^ ). De même la ville de Portal existe et on peut en effet avoir son PhD en astrophysique à l'université du Michigan.
Ellidan
25/11/2007 00:33
There's no escape in pain, you belong to me !

Wouhahou! Pour une impro, c'est impressionnant! Juste ; "sa venu" s'écrit "sa venue". Félicitations!
Kellen
25/11/2007 12:02
Ferme les paupières, rejoins la nuit.

C'est magnifique.

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