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Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
Femme Pleurs
Pleure durant la nuit abondance de larmes
Soupire à la croisée chemin du discrédit
Femme, désole-toi tour de garde sans armes
Souviens-toi d'autrefois d'avant la tragédie.
Qui te consolera ? Qui portera le deuil ?
Qui t'honora jadis ? Qui essuiera tes pleurs ?
A tisser un linceul tu consumes ton oeil,
Reine, vierge et veuve au fil de ton malheur.
Gémis durant la nuit ombre des maléfices
Elève les deux mains cendres de la passion
Epie à ta fenêtre autel de sacrifice
Regrette les splendeurs d'avant la transgression.
Qui a pris de grands airs ? Qui a trahi le roi ?
Qui a tué l'espoir ? Qui a tourné la Roue ?
A peine épousée tu as perdu la foi,
Femme, veuve et vierge en perdant ton époux.
DEESSE
De fin lin teint de bleu, je tisserai un voile,
Avec un fil d'or pur, je broderai l'étoile
Qui brille en ton blason et au ciel de mon coeur
Et puis à ma croisée, je t'attendrai, seigneur.
De cuivre martelé sera le porte lampe
Dont le vase embrasé tout en haut de la hampe
Animera au mur mon ombre solitaire.
J'attendrai sans faillir ton retour de la guerre.
Je serai presque nue au creux de l'embrasure.
Mes regards s'empliront de l'infini azur
Où boivent les chevaux et les taureaux sacrés,
Rêvant à tes baisers sur ma gorge nacrée.
Deux coupes ciselées et sertis de saphirs
Recueilleront ton vin, mes larmes, nos soupirs,
Sur la table posées, à portée de nos mains.
Nous y boirons tous deux après un long chemin.
Femme Fleur
Mon verre je remplis d'un vin né aux coteaux.
Vois, sa robe profonde acquiert dans la lumière
Les reflets d'un rubis. Est-ce tard ou bien tôt ?
J'ai suffisamment d'or dedans mon aumônière !
Je contemple et je noie cette mélancolie
Qui me vient lentement aux soirs tièdes d'été.
Mais je ne boirai pas pour l'inutile oubli,
Ni pour la folle ivresse aux rives du Léthé.
Car je rechercherai le goût du souvenir,
Plongeant en d'autres temps qui n'ont pas existé,
Un passé incertain dont je crois détenir
La lourde clef rouillée qui m'a tant résisté.
Ma mémoire est blessée et marquée pour toujours
Par un baiser cruel, caresse d'une fée,
Une fleur emportée par le vent de mes jours,
Une femme inconnue méprisant mes hauts faits.
Sa longue et blanche main gracile comme un lys,
Du haut de son balcon, adressa un doux signe.
Mais un autre que moi en a fait ses délices.
De ce jardin secret, je n'étais donc pas digne.
Je porte le cristal à mes lèvres et le vin
Au parfum enivrant d'imprécise tristesse
Se complait à tisser comme un obscur devin
L'avenir au passé, l'espoir à la détresse.
FEMME SONGES
Au flou de la croisée, insatisfaite elle songe
Mais ses rêves brisés ne sont-ils que mensonges ?
Au profond de la nuit, languissante elle songe
Prétextant de l'ennui pour tisser des mensonges.
Au faîte de sa tour, frissonnante elle songe
A son seigneur parti sur la foi de mensonge.
A la tombée du jour, haletante elle songe
Au vide d'une vie peuplée de vils mensonges.
Sous le faix du chagrin, larmoyante elle songe
A l'enfant jamais né dont les pleurs sont mensonges.
Comptant grain après grain, consternée elle songe
Au fardeau des années pesant de leurs mensonges.
A l'ombre des volets, vieillissante elle songe
A son ventre flétri par le fruit du mensonge.
Au froid du mausolée, moribonde elle songe
A ses espoirs détruits par de pauvres mensonges.
J'ai lu le premier : certains vers n'ont pas douze pieds, et tu mets parfois avant la césure un "e" muet qui n'est pas suivi par une voyelle (de toute façon, avec un mot en "-es" avant la césure, c'est impossible), ce qui sonne plutôt mal.
Il me semble aussi qu'il faut faire un choix quand à la prononciation des diphtongues (un ou deux pieds), qui doit être le même tout du long du poème (mais ce n'est pas très grave).
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Reine, vierge et veuve, au fil de ton malheur. (11 pieds)
Elève tes paumes, cendres de la passion (un "e" qui devrait être muet à la césure)
Veille à ta fenêtre, autel de sacrifice (11 pieds)
Au soir de vos noces, tu as perdu la foi, (un "e" qui devrait être muet à la césure)
Femme, veuve et vierge, en perdant ton époux. (11 pieds)
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Cela n'empêche pas que ce soit très bien écrit par ailleurs .
Je lirai les autres après le repas. Voici pour les autres :
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DEESSE
Et puis à ma fenêtre, je t'attendrai, seigneur. (e muet à la césure)
Deux coupes ciselées et serties de saphirs
Femme Fleur
Je me sers un verre d'un vin né aux coteaux. (e muet à la césure)
Sa robe profonde acquiert dans la lumière (11 pieds)
Je chercherai juste le goût du souvenir, (e muet à la césure)
En d'autres époques qui n'ont pas existé, (e muet à la césure)
Sa longue main blanche gracile comme un lys, (e muet à la césure)
Je porte mon verre à || mes lèvres et le vin (12 pieds, mais la césure tombe au milieu d'un groupe de mots qui "marche ensemble")
FEMME SONGES
Au froid du mausolée, si agonisante elle songe (13 pieds)
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
merci de tes remarques.
"en fin de vers le e muet ne forme pas une syllabe (enfuient). Avant le XVIe siècle, on ne comptait pas non plus le e à la césure (césure épique). Depuis, la règle générale exclut à la césure l'emploi d'un e muet. Au sein du vers, le e muet ne forme pas de syllabe quand il permet une liaison avec une voyelle qui suit immédiatement (comme étranges…), mais il en forme une quand il est suivi d'une consonne (les Muses de moi) ou que la liaison est impossible à cause d'un h disjonctif."
Il faut donc que je remplace tous les mots terminés par e à la césure.
Puis-je me réclamer de l'aval d'un ancêtre ?
Rimbaud est reconnu par beaucoup comme un maître.
"la césure lyrique : Rimbaud place des "e" muets impossibles à accentuer en 6e position, ce qui oblige soit à une diction déviante (vengenceu), soit à faire entendre un vers faux (tronqué de son sixième pied)."
"Et toute vengeance ? / Rien !... — Mais si, toute encor,"
"Périssez ! puissance, / justice, histoire, à bas !"
"À nous ! Romanesques / amis : ça va nous plaire."
"Cités et campagnes ! / — Nous serons écrasés !"
Reine, vierge et veuve, au fil de ton malheur. (11 pieds)
Non, douze, si on compte la diérèse : vi-er-g'et...
Et si on se base sur Apollinaire et non sur la Pléiade, aucun besoin de faire un choix entre diérèse et sinérèse
D'ailleurs, chez Corneille et Racine, déjà, la prononciation des diphtongues n'est pas unifiée : ça serait trop simple pour le lecteur Et pour les jeux de sonorités.
Pardon pour "Reine, vierge et veuve, au fil de ton malheur.", je me suis en effet trompé.
Pour ce qui est des diphtongues, ce n'est pas très grave de changer entre diérèse et synérèse, il faut juste faire attention si on utilise plusieurs fois le même mot.
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
L'histoire de la femme qui attend bien sagement son seigneur parti à la guerre, c'est sympathique, mais... comment dire... ça manque d'originalité, et surtout de modernité (sans vouloir te vexer ) Cela n'empêche pas que ce soit bien écrit, comme toujours (je ne sais pas écrire des poèmes comme toi alors je ne vais pas te critiquer sur la forme), mais sur le fond c'est le genre de thème qui me hérisse un peu, on comprendra pourquoi^^ Et le coup de la reine qui doit se lamenter éternellement d'avoir perdu son mari, désolée, mais ça ne passe pas très bien non plus... Enfin, ce n'est que mon avis, étant donné que je ne suis pas fan de ce genre de poème, mais ça n'empêche pas qu'on puisse aimer^^