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Ernam pouvait en partie dissimuler les sentiments de son visage mais pas ceux de ses yeux. Il en avait souvent voulu à sa mère de lui avoir légué ces deux pupilles presque noires, profondes et qui, quand on se donnait la peine de bien y regarder, laissaient transparaître son âme toute entière. Oljen l’avait compris depuis longtemps, lui aussi, et c’est de cette manière qu’il avait deviné ses sentiments. Par un simple regard. Ernam se sentait si vulnérable les yeux ouverts !
Pourtant en cet instant cela ne le gênait pas qu’Oljen lise dans son esprit, il pouvait ainsi voir de lui-même ce qu’Ernam pensait de lui sans avoir besoin d’ouvrir la bouche. Et cela semblait visiblement le peiner, même s’il s’y était attendu. Car il n’y avait plus que de l’indifférence dans ces yeux autrefois ardents, de l’indifférence et du dégoût. Tout était bel et bien fini, et pourtant tout semblait commencer. Oljen commença à regretter d’être venu. Affronter à nouveau, une dernière fois, ce visage plus aimé que haï, aurait dû être au-dessus de ses forces. Mais il était venu, contre sa volonté. C’était son cœur qui l’avait guidé, parce que l’image du jeune homme le hantait encore. Et face à ce visage aux traits à présent trop durs, à l’expression trop glaciale, il voyait encore celui qu’il avait aimé à travers les deux océans sombres. Son passé encore récent avec lui…
Ernam était le fils d’un seigneur très proche de l’empereur, aussi noble de nom que d’allure. Pourtant il n’aimait pas ce qu’il était et aurait préféré naître paysan que fils de seigneur, pour ne pas avoir à fréquenter le monde de la cour qu’il jugeait écoeurant d’artifices. C’était pour cela qu’il passait plus de temps en compagnie des domestiques, qui l’appréciaient pour ce qu’il était et non ce qu’il représentait, qu’avec ces autres héritiers qui passaient leur temps à l’envier ou le flatter.
« Ernam… Je voulais te revoir. »
Ernam écarquilla les yeux. Oljen le dévisageait à travers ses cheveux blonds. Malgré sa répulsion, il ne put s’empêcher de constater qu’Oljen était aussi beau que lorsqu’ils s’étaient rencontrés. Il avait juste un peu mûri mais ses longues boucles d’or dont l’éclat rivalisait avec celui du soleil semblaient lui donner le même air angélique qu’auparavant, de même que ses yeux bleus qui savaient si bien jouer l’innocence. C’était précisément cette candeur qui l’avait trompé autrefois et qui avait semé le trouble dans ses sentiments. Un visage si fin, si gracieux, qu’on ne pouvait voir en lui qu’une belle jeune fille.
Ernam allait souvent dans les tavernes de la cité côtoyer les gens du peuple dont la compagnie était plus joyeuse que celle des gens du palais. C’est dans une de ces tavernes qu’il fit un soir la connaissance d’une jeune serveuse. Elle l’accosta pour lui proposer à boire, et Ernam ouvrit de grands yeux en tournant la tête. Il n’avait jamais vu de fille aussi belle, se dit-il d’abord, et puis il se reprit : il avait déjà vu de belles femmes, mais aucune qui le fût aussi naturellement et avec la douceur qu’affichait son visage. En fait, elle ne paraissait pas consciente de sa beauté ou, si elle l’était, ne l’utilisait pas pour séduire. Ernam s’en étonna et lui proposa de boire avec lui. La jeune fille accepta.
Ernam se secoua et répliqua sèchement : « Pas moi. Je croyais que tu étais sorti définitivement de ma vie et je constate que ce n’est pas le cas.
-Tu te trompes. Je suis bien sorti de ta vie, après que tu m’aies signifié que je n’étais plus rien pour toi. Mais toi, tu n’es jamais vraiment sorti de la mienne…
-Que veux-tu dire ? Que tu m’as épié pendant toutes ces années ? Tu crois que cette honte ne m’a pas suffi ?
-Je n’ai pas cherché à te retrouver, répondit Oljen en ignorant le mot qui le faisait le plus souffrir. Mais… tu envahissais encore mon esprit, au point que j’ai voulu à tout prix de retrouver. Parce que je t’ai…
-Tais-toi ! hurla soudain Ernam, que cette seule voix trop douce faisait vibrer.
-Pourquoi ? souffla Oljen en se redressant comme si sa fierté blessée voulait reprendre le dessus sur son angoisse. Pourquoi devrais-je me taire ? Tu éprouves donc tant de regrets ? N’as-tu pas été heureux, rien qu’une fois, pendant ces années ? Moi, je l’ai été, au point que je n’ai plus pensé à l’avenir pour ne vivre qu’au présent. J’ai commis une faute en te cachant la vérité si longtemps, c’est vrai, et je comprends que tu t’en sois senti trahi, mais mes sentiments, eux… »
Ernam rougit à cette allusion, même inachevée, à ce passé qu’il voulait oublier, et le coupa par le même ordre bref : « Tais-toi ! Je t’interdis de parler de… ce qui a bien pu se passer. Il ne s’est rien passé, tu entends ? rien ! Alors je te conseille d’oublier une bonne fois pour toutes et de me laisser tranquille ! Tu m’as suffisamment menti, Oljen. »
Ernam passa la plus belle soirée de sa vie avec la jeune fille. Il n’échangea avec elle que des paroles mais il eut l’impression de devenir quelqu’un d’autre au son de sa voix. Sa conversation n’était pas moins captivante : elle lui racontait les nombreux pays qu’elle avait visités avec son père, le seul parent qu’il lui restait. Elle ne s’étendit pas trop sur sa vie passée ce soir-là, car il lui semblait déjà suffisamment pénible d’aller plus loin. Ernam, quant à lui, ne put mentir longtemps et finit par dévoiler son identité. La jeune fille n’eut d’autre réaction qu’un sourire mystérieux, comme si elle l’avait reconnu depuis le début.
Le jeune homme baissa les yeux. Oui, il avait menti, mais uniquement par peur que son rêve ne s’évanouisse trop tôt. Cela n’avait servi à rien, au fond ; juste à lui donner un peu de bonheur éphémère, lui qui l’avait si peu connu dans sa vie. Relevant la tête, il partit tout à coup d’un rire clair qui déstabilisa Ernam, un rire trop cristallin pour être celui d’un jeune homme. Un rire désabusé. « Il ne s’est rien passé… ? Oh, non, Ernam, tu n’as pas le droit de dire ça !
-J’ai tout les droits… y compris celui de te faire taire pour de bon ! »
Fou de rage, Ernam avait sorti son épée de son fourreau et la pointait vers Oljen qui ne cilla pas. « Tu m’en veux à ce point ? demanda-t-il calmement.
-Plus que tu peux l’imaginer… »
Ernam allait voir à la serveuse depuis plusieurs mois déjà, et à chaque visite il était plus amoureux. La jeune fille l’emmenait parfois dans les ruelles ou les jardins de la ville, ainsi il goûtait au plaisir d’être avec celle qu’il aimait. Il n’avait jamais été si heureux que depuis cette rencontre et commençait même à songer au mariage, quoiqu’en dise sa famille. Sa bien-aimée, elle, avait un visage rayonnant. C’était comme si l’amour d’Ernam était la compensation de plusieurs années de souffrance ; elle était très attachée à lui. Ernam découvrait les choses simples de la vie avec cette jeune fille qui avait changé la sienne. Il était heureux, tout simplement. Mais, si elle se montrait passionnée dans ses baisers ou ses caresses, elle ne laissait jamais le jeune homme aller plus loin. Cette timidité l’avait amusé au début mais à présent le frustrait. Il aurait voulu lui prouver à quel point il l’aimait.
« Alors tout est fini ? » Oljen aurait souhaité que sa voix ne tremble pas, qu’elle ne trahisse pas le désespoir qu’allait provoquer cette certitude. Le hochement de tête d’Ernam ne le transperça que davantage. Oljen voulut lui prendre le bras mais il se dégagea violemment, l’épée menaçante. « Lâche-moi ! Tu ne peux t’en prendre qu’à toi, tu n’aurais pas dû venir. Si tu savais quelle honte j’ai éprouvée en voyant que, pendant toutes ces années, j’ai cru aimer une fille ! Tu as de la chance que personne d’autre ne l’ait su, sinon…
-… Tu m’aurais tué ? » termina Oljen d’une voix atone. Ernam le dévisagea. Il tremblait presque. « Oui… »
Le cœur d’Oljen se serra. Il n’aurait pas pensé qu’un simple « oui » lui ferait si peur, et jamais il n’aurait cru que cela lui ferait mal d’entendre ce mot si court, mais qui résumait en cet instant la pensée du jeune homme qui lui faisait face. Il cacha pourtant du mieux qu’il put son désespoir, pour ne pas laisser en plus à Ernam le plaisir de le voir souffrir. Son cœur n’était plus que les ruines de l’espoir qu’il avait eu en voulant le revoir. Au fond, il aurait mieux valu qu’il ne sache jamais.
Ernam, livide, contemplait la jeune fille devant lui. Non, pas la jeune fille… Il ferma un instant les yeux, mais quand il les rouvrit, la personne était toujours là, devant lui, son corsage ouvert sur… Il ne pouvait pas y croire ! c’était impossible ! Pourtant il avait la vérité en face, la seule vérité qui lui ait été cachée. Elle, ou plutôt il ne bougeait pas d’un muscle, le visage décomposé. Ernam, grisé par la boisson, s’était montré trop impulsif. Tout était allé vite. Il ne savait trop s’il maudissait l’alcool ou celui qui l’avait trompé. Les yeux bleus du jeune homme étaient résignés à la trahison qu’il avait commise. Il s’attendait à mourir. Mais au même instant il sourit tristement, du sourire de celui qui a perdu, et dit comme un joueur qui abat sa dernière carte : « Je m’appelle Oljen… » Ernam se contenta de le dévisager un long moment, sans expression, avant de tourner les talons. Il ne le revit pas.
« Alors pourquoi ne m’as-tu pas tué ce jour-là ? » Oljen savait qu’il jouait avec le feu mais il voulait vraiment savoir. Une lueur d’espoir, minuscule mais réelle, brillait dans son regard. Le visage d’Ernam était de marbre. Il ne savait pas. En effet, il aurait dû couper court à ce mensonge pour oublier cette souillure, mais il ne l’avait pas fait. Comme il ne savait quoi répondre, il posa une autre question : « Et toi, pourquoi m’as-tu trompé si longtemps ? » Un sourire apparut sur les lèvres fines d’Oljen. Il plongea ses yeux bleus dans ceux de son ancien ami et ne les quitta plus.
« Parce que j’avais trop besoin de toi pour prendre le risque de te perdre. Je ne t’ai pas révélé ce que j’étais parce que… j’avais peur de ta réaction, je savais que tu me rejetterais aussitôt. C’est égoïste, je sais, mais je ne voulais pas briser si vite ce bonheur, moi qui ne l’avais jamais connu.
« Quand mon père est mort je me suis retrouvé seul, sans savoir quoi faire de mon existence. J’ai toujours plus ressemblé à une fille qu’à un garçon, et pas seulement au niveau physique, alors je suis devenue une fille pour ne pas sombrer dans la misère. Tu ne peux pas savoir ce que j’ai dû sacrifier pour y arriver. Enfin, peu importe… Et puis je t’ai vu un jour de loin, lors d’une fête royale. Je te connaissais de réputation. J’ai voulu faire ta connaissance et le hasard m’y a aidé. Un seigneur qui côtoie les gens du peuple, cela m’intriguait. Et puis tu m’as aimé comme personne ne m’avait jamais aimé… Tu ne peux pas avoir oublié ça et je t’interdis de le nier. Que ce soit à un garçon ou à une fille… c’était à moi que tu adressais les paroles que tu m’as adressées. A Oljen. Et je voudrais que tu saches que, quelle qu’ait été mon apparence, je t’ai toujours aimé…
-Arrête ! Tu ne peux pas dire une chose pareille ! protesta Ernam d’une voix rageuse. Tu es un homme, toi aussi !
-Et alors ? répliqua dignement Oljen. Cela fait-il une différence ? Pas pour moi. Un garçon ne peut-il pas en aimer un autre ? C’est interdit ? Faut-il obligatoirement être homme et femme pour s’aimer ? Non, car sinon je ne t’aimerais pas comme je t’aime… Et je n’ai pas honte de ce que je suis. » Il s’arrêta un instant rien que pour montrer son affirmation en relevant la tête de défi. « Parce que je ne regrette rien, sinon peut-être de t’avoir caché la vérité. »
Ernam n’essayait plus de le faire taire, il le laissait parler à présent. Il soupira finalement en abaissant son épée. « Tu es fou, Oljen. » Le jeune homme sourit. « Oui, sans doute. Fou de toi… Mais j’aimerais que tu comprennes…, reprit-il à voix basse, car tu es le seul qui puisses comprendre, si tu le souhaites vraiment. L’amour n’a pas de règles. On ne choisit pas d’aimer, et encore moins la personne qu’on aime. J’ignore quelle force mystérieuse m’a poussé à provoquer cette « honte », si tu tiens à l’appeler ainsi, mais je ne renierai pas mes actes. A toi ensuite des les accepter ou des les condamner. Alors à présent j’aimerais que tu me tues…
-Quoi ? suffoqua Ernam, pris au dépourvu.
-Ne veux-tu pas laver la souillure de ta vie ? Je sais que je n’aurai aucune chance d’obtenir de ta part un semblant d’amour, alors je préfère mourir. Ma seule consolation est que ce sera en regardant tes yeux que je quitterai le monde. Même si je n’y lis que de la haine, j’aurai au moins l’impression d’avoir pu entrer dans ton âme.
-Oljen… » Ernam ne savait plus quoi dire. Oljen, voyant qu’il hésitait, se dirigea vers lui et lui prit l’épée des mains. Il le regarda faire sans réagir, les yeux vides. Oui, il avait toujours souhaité qu’Oljen meure, depuis ce jour où il s’était enfui avant qu’il ait pu le faire.
Oljen ne cria pas quand la lame s’enfonça directement dans sa poitrine offerte. Son corps basculait déjà. Ses yeux bleus heurtèrent la glace sombre et profonde de ceux d’Ernam, qui se brisa soudain devant un regard où il n’y avait aucune haine, seulement de l’amour. Oljen comprit, et se sentit plus heureux qu’il ne l’avait jamais été. Le cœur d’Ernam se souleva comme à l’évocation d’un lointain souvenir… Oljen toujours à ses côtés, Oljen qui riait, Oljen qu’il… embrassait. Et la jeune fille si gaie, autrefois blottie dans ses bras, qui lui revenait en mémoire, n’avait aucune différence avec le visage du jeune homme qu’il venait de tuer. Ernam avait compris son erreur trop tard. Il se précipita avant qu’Oljen ne tombe sur le sol. Tout lui était égal à présent, qu’Oljen ait été une fille ou un garçon. Il l’aimait, c’était tout ce qui comptait. Il l’aimait et il n’avait su lui offrir que la mort, à lui qui lui avait tout donné.
Il serra le corps frêle dans ses bras, les yeux et l’esprit brusquement embués de chagrin. « Oljen… Non, qu’ai-je fait ? Il faut donc que tu meures pour que je comprenne ? Je ne suis qu’un imbécile ! Rien n’a changé, Oljen, j’ai eu tort… Je n’ai besoin que de toi, peu m’importe qui tu es. C’est de ton sourire dont j’ai besoin, de ton regard, tes cheveux d’ange… Toi, toi seul. Tout est de ma faute, je ne peux plus revenir en arrière. Si je le pouvais, je te dirais que… je n’ai jamais cessé de t’aimer. »
Il ne savait plus ce qu’il disait, la douleur l’aveuglait pareillement à ses larmes. Et Oljen, au-delà de la souffrance qui le rapprochait du dernier instant, entendait ses paroles résonner dans sa tête, des mots qu’il avait tant espérés. Il sacrifia ses dernière forces pour chuchoter à l’oreille d’Ernam : « Alors rien ne changera jamais, puisque tu as accepté mon pardon.
-Oui, je te pardonne… Mais je ne me pardonnerai jamais ! » gémit Ernam en contemplant le visage qui agonisait. D’une main tremblante mais infiniment douce, il caressa la joue d’Oljen qui sourit. « Ton si beau visage…, murmura Ernam, souriant à son tour à travers ses larmes. Je l’aimerai toujours.
-Merci…, souffla le jeune homme avec dans les yeux une réelle gratitude. Si tu ne m’oublies pas, je ne mourrai jamais… »
Ernam recueillit la dernière promesse d’Oljen à son oreille et son dernier souffle à ses lèvres qu’il posa sur celles de son ami. La vie d’Oljen s’arrêta en même temps que ce baiser et il ferma pour toujours ses yeux bleus que l’innocence n’avait jamais quittés. Ernam cessa de l’embrasser quand les lèvres perdirent leur tiédeur, certain à présent qu’Oljen partait en paix.
La nuit était tombée. Il décida de laisser le corps de son ami dans la forêt, car il ne pouvait lui offrir plus beau linceul. Il y reposerait désormais, sûr qu’à un moment dans sa vie, quelqu’un l’avait aimé. En contemplant une dernière fois son bien-aimé, il vit que ses cheveux d’or formaient un halo étincelant, comme un soleil dans la nuit. Et il sut que cet éclat-là ne s’éteindrait jamais.
TEXTE C: Un soleil dans la nuit SCENARIO: La première fois que j’ai lu ce texte, j’ai pensé Oh, voilà un choix de thème courageux. Courageux, tout simplement parce qu’avec ce choix on prend le risque de ne pas accrocher tous les lecteurs. Personnellement, j’ai accroché , malgré quelques longueurs qui n’étaient pas forcément nécessaires à mes yeux. Pour être plus précise, ce ne sont pas vraiment des longueurs, mais peut-être manquait-il çà et là de quoi aider le lecteur à visualiser la scène. Par exemple, lors de ma première lecture, le fait qu’Ernam avait sorti son épée m’avait totalement échappé, peut-être parce qu’il manquait des éléments visuels pour que l’épée (qui joue pourtant un rôle majeur dans la scène !) ait dans l’esprit du lecteur la place qu’elle mérite. De même, lorsque la fameuse épée s’enfonce dans la poitrine d’Oljen, où est le sang ? où est la couleur ? L’épée est le seul objet qui vient se mettre entre les deux personnages, c’est même le seul objet de tout le texte : il y avait à mon avis davantage matière à travailler autour de cet objet et à donner toute l’ampleur à son potentiel émotionnel.
L’émotion justement, parlons-en : je reconnais à ce texte un atout majeur qui m’a fait beaucoup l’apprécier, l’émotion ! Au fil de la lecture, l’évidence du message se fait plus pressante : après tout, peu importe la forme de l’amour, ce qui compte c’est qu’il y ait de l’amour. Un grand bravo donc pour l’émotion ! En ce qui concerne le titre de la nouvelle, par contre, mon avis est plus réservé : ce titre ne m’a pas franchement donné envie de lire ce texte, peut-être parce qu’il est trop vidé d’émotion, trop banal, je ne sais pas trop.
Enfin, s’il y a vraiment une chose qui m’a fait penser Ah, dommage (mais ça n’engage que moi, bien sûr), c’est le dernier paragraphe. Pour ma part, je l’aurais fait allègrement sauter. Pour plusieurs raisons. La première, c’est que je me suis sentie un peu mal à l’aise (presque choquée ?) à l’idée qu’une personne laisse le cadavre de la personne aimée moisir dans une forêt. L’idée soulève chez moi des questions d’éthique, mais ne va-t-elle pas également à l’encontre du « humainement crédible » : allons, imaginons-nous un peu dans la peau de quelqu’un qui vient de perdre un être cher, même mieux : l’être aimé. Iriez-vous vraiment trimballer le cadavre jusque dans une forêt pour le laisser là, une véritable proie offerte aux bêtes sauvages, aux regards curieux, aux intempéries ? J’en doute… . La seconde raison pour laquelle j’aurais personnellement supprimé le dernier paragraphe… est décrite dans la section Personnages qui suit .
PERSONNAGES : Les deux personnages me donnent l’impression d’être deux acteurs sur une scène de théâtre (l’auteur de cette nouvelle est peut-être amateur de Racine ? qu’on ne s’y trompe pas, c’est un compliment de ma part ; on y trouve quelques ingrédients similaires : l’art de la mise en scène de deux personnages animés par une forte émotion, le sens du pathos, la force du dialogue). Si tel était le but de l’auteur, ok. Sinon, il aurait peut-être fallu ancrer davantage les personnages dans un monde réel, matériel ? une table, une porte, le bruit d’une cuillère à café contre une tasse, d’une veste que l’on froisse, même mieux : une fenêtre (peu importe ce que les personnages voient à travers la fenêtre : un paysage, des animaux, des êtres vivants, etc.). La visualisation du décor à travers les yeux d’un personnage (ou des deux) aurait peut-être permis de faire quelques pauses dans le dialogue et de donner consistance aux personnages en les faisant interagir avec leur environnement.
Ce texte avait tout pour être une réussite sous la forme d’un dialogue dans un huis-clos. Tout… sauf le dernier paragraphe. Je ne suis pas contre les huis-clos où seul le dialogue compte, même si j’estime que c’est un exercice trèèèèèèès difficile. Le dernier paragraphe éjecte brutalement le lecteur hors de ce huis-clos, hors de l’intensité émotionnelle qui a tout submergé dans les précédents paragraphes. Dommage J’aime bien le personnage d’Oljien : on aurait facilement pu tomber dans le romantisme mielleux, mais non. Fierté, dignité et oubli de soi sont autant de traits de caractère d’Oljien qui nous font respecter ce personnage.
Enfin, je le redis ici : merci pour le travail sur l’émotion, ce texte m’a touchée.
STYLE : Ce que j’apprécie dans le style de cette nouvelle, c’est sa spontanéité. Allez, je vais m’avancer sans savoir et peut-être me tromper, mais j’aurais tendance à penser que ce texte a été écrit avec ferveur, dans un grand élan spontané et fougueux. L’auteur me dira peut-être le contraire, mais j’ai l’impression que l’auteur-même a été submergé par cette émotion qui ressort par tous les pores de ce texte. Le résultat ? une émotion intacte et un style spontané, vivant et fluide. En un mot, bien .
Les paragraphes sont bien structurés et clairement définis. Il me semble avoir vu çà et là quelques petites erreurs de ponctuation, notamment lorsqu’un dialogue s’insère dans la narration.
Orthographe : Quelques rares fautes, qui auraient probablement disparu avec une bonne relecture.
LE POINT FORT DE CE TEXTE : L’intensité de l’émotion.
Chevalier un jour, Chevalier toujours ! Montjoie Saint Denis et Tutti Quanti !
De même, lorsque la fameuse épée s’enfonce dans la poitrine d’Oljen, où est le sang ? où est la couleur ? L’épée est le seul objet qui vient se mettre entre les deux personnages, c’est même le seul objet de tout le texte : il y avait à mon avis davantage matière à travailler autour de cet objet et à donner toute l’ampleur à son potentiel émotionnel.
En tant que symbole phallique. Une façon de posséder l'être haï-aimé dans un amour à mort.(amor)
Lilla Mu ! Bizarreland........ Das ist das Land der begrenzten Unmöglichkeiten
ATTENTION : ce commentaire n'est pas constructif !
Alors, voila, c'est bete, et ca ne concerne sans doute que moi, mais un heros qui s'appelle Oljen, ca me fait a la fois marrer et secouer la tete d'un air navre : oljen veut dire "petrole" ou "huile" en scandinave.
Pourvoyeuse-de-Vent Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert
Merci Elora et mille fois mercis à toi Feldwyn pour ce commentaire constructif et instructif Je n'ai rien à redire sur les bémols que tu as évoqués, ils sont justifiés (à propos de la fin je l'ai longtemps ressassée mais j'avais complètement oublié le côté irréaliste et un peu dégueulasse de laisser un corps pourrir dans une forêt ).
Sinon, il aurait peut-être fallu ancrer davantage les personnages dans un monde réel, matériel ? une table, une porte, le bruit d’une cuillère à café contre une tasse, d’une veste que l’on froisse, même mieux : une fenêtre (peu importe ce que les personnages voient à travers la fenêtre : un paysage, des animaux, des êtres vivants, etc.). La visualisation du décor à travers les yeux d’un personnage (ou des deux) aurait peut-être permis de faire quelques pauses dans le dialogue et de donner consistance aux personnages en les faisant interagir avec leur environnement.
Effectivement j'ai tendance à ne pas m'étendre sur ce qui se passe en dehors des dialogues où de l'action, d'une part parce que je ne suis pas douée en descriptions (je parle pour quand je veux donner une image précise de la scène) et d'autre part parce que je n'avais pas la place de sacrifier ne serait-ce qu'une phrase à l'environnement (j'ai déjà eu du mal à m'en tenir aux 4 pages comme chaque fois ) Et puis j'aime bien laisser une certaine liberté d'imaginer ce qui se passe autour sans que ce soit trop comme ceci ou comme cela.
Merci pour tes compliments sur l'émotion ça m'a fait très plaisir J'avoue que quand j'ai écrit ce texte je n'avais pas d'émotion précise à faire passer, ça me vient sans que je m'en rende compte sans doute Ce que j'étais sûre de vouloir transmettre en revanche c'était l'amour entre deux hommes (et là c'est vrai que certains auraient pu ne pas accrocher, on n'a pas tous la même opinion sur la question) parce que je ne voulais pas d'un romantisme mielleux comme tu l'as si bien dit et que c'est encore trop peu abordé dans la littérature (sans parler de la société). Le personnage d'Oljen me trottait aussi depuis longtemps alors je l'ai dépeint avec passion (tu peux appeler ça de la fougue c'est marrant )
Bon désolée c'est la première fois que je fais un post aussi long pour parler de moi mais je voulais juste éclaircir certains points (ça fait quand même bizarre )
J'ai pas de commentaires constructifs à faire, autant préciser tout de suite.
Juste pour dire que ton texte était l'un de mes préférés, il dégage beaucoup d'émotion, c'est très beau et bien écrit. Cette absence de description m'a donné une impression de solitude par rapport au personnage, c'était un peu troublant, mais ne m'a pas vraiment déplu. Voilà.
Feldwyn et les autres ont déjà dis beaucoup, mais je voulais rajouter ma graine.
C'est un texte qui m'a beaucoup touché ! Mais j'ai eu l'impression de niaiser sur un téléfilm nianian d'après midi. Désolée pour l'expression ! J'ai aimé tout de même la fraicheur... La sensibilité teintant tout au long de l'histoire. C'est une jolie histoire, mais il y a un je ne sais quoi qui me manque... J'ai du mal à le déterminer. M'enfin avec tout ça, j'ai quand même donné deux votes à ton texte