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Joute 34 : Romance planétaire
Joute 34 Texte F : Romuléa & Rémusea
Le 17/11/2013 par Sordon non favori

Enfin!, je vois devant moi l'orée de la forêt. Je suis de retour sur la plaine du clan.
J'écarte prudemment les hautes herbes, je n'ai plus l'habitude de me déplacer au sol. A peine ai-je parcouru une cinquantaine de mètres que retentit dans mon dos, une voix qui depuis longtemps déjà n'as plus raisonnée près de moi.
"- Henou! Henou, attends-moi!"
Je me retourne, la fille de Lear se précipite sur moi. Visiblement très excitée. La petite fille s'arrête in extrémis devant moi. Enfin, "petite fille" je réalise que jeune fille conviendrait mieux désormais. Bon sang, le temps passe si vite! Quel âge a-t-elle déjà? 14, 15 cycles? Elle est plutôt jolie en fait.


"- He-ho, tu m'écoutes oui?"
"- Et! C'est bon, si tu te calmais plutôt et que tu m'explique pourquoi tu me boules dessus comme ça alors que je viens à peine d'arriver."
Alors que je prononce ces mots, je vois l'ultra-violet lui monter aux joues. Ben ça! Elle a déjà muée, 17 cycles au moins alors, je devrais revenir plus souvent sur les territoires du clan.
"- Henou! Je ne suis plus une petite fille, alors arrête de me parler avec ce ton! Et en plus tu ne m'écoutes de nouveau plus!"
"- Excuse-moi, c'est juste que je viens de réaliser à quel point le temps file lorsque l'on vit loin des siens."
"- Mouais! Une excuse de pisteur ça! Enfin bref, depuis que les éclaireurs ont annoncé ton retour, tout le clan est en effervescence! Ca fait des heures que tout le monde te cherche! Tu dois te rendre auprès du grand ancien au plus vite!"
"- Quoi?"
J'ai l'air idiot, je sais mais je ne parviens pas à trouver d'autres mots… Alors je reste là à attendre qu'elle s'explique.
"- Ben alors? Tu viens ou tu restes là bêtement, il t'a appelé, alors VIENS!"
A ces mots, mon corps se met à la suivre, c'est avec un peu de retard, que je réalise qu'elle a usé du commandement sur moi. Je sens le sang me réchauffer les membres à cette idée.
"- Ne t'avise pas de recommencer Léa! La prochaine fois que tu fais ça, je vais oublier qu'on a été compagnons de jeu plus petits. Je ne tolérerai aucune autre intrusion dans mon esprit! c'est clair?"
"- Ah oui? Et si je te commande "oublie", tu feras quoi? Vu comme tu laisses vagabonder tes pensées, tu risques bien d'oublier jusqu'à qui tu es! Tu crois vraiment pouvoir te balader l'esprit à l'aire comme ça, alors qu'un Arpenteur t'attend! Tu devrais plutôt me remercier!"
Là, je marque l'arrêt! Enfin, la surprise me bloque les jambes.
"- Un Arpenteur? Mais ce n'est qu'une légende! Ca fait des centaines de cycle que personne n'en a vu! … Tu te fiches de moi c'est ça? Tu essaies de m'embrouiller pour que j'oublie ton impolitesse? "
Surprise, elle s'arrête. Elle se retourne. Je sens son esprit chercher le mien, mais j'ai compris la leçon et me fonds dans l'environnement. J'ai la satisfaction de la voir trébucher alors que son esprit ne rencontre rien là où elle s'attendait à me trouver.
L'ultra-violet de la colère quitte ses joues, remplacé par les subtiles nuances de la peur.
"- Que? Comment fais-tu ça? "
Je m'avance pour l'aider à se relever, mais elle me repousse et se recule.
"- Ne me touche pas! Qu'es-tu?, Je te vois, mais tu n'es pas là!"
Surpris, j'en oublie ma colère, je n'ai rien fait de particulier, si? Je ne comprends pas, pourquoi Léa aurait-elle peur de moi?
"- Qu'est-ce qu'il y a Léa? Je t'ai dit que je ne tolèrerais pas d'autres intrusions, mais je ne vais pas te faire de mal!"
A ces mots, je réunis mon esprit et j'effleure le sien avec une onde rassurante. A mon grand étonnement, après une brève détente, son visage se pare de l'infra-rouge de la terreur et son corps est pris de soubresauts.
"- Qu'est-ce qu'il y a? Tu t'es fait mal en tombant?"
Je m'approche d'elle pour la relever. Elle vibre d'effroi dans mes bras.
"- Mais enfin, Léa explique moi ce qui se passe! Tu m'annonces que la grand ancien veut me voir, moi un simple pisteur, puis tu me commandes, violant ainsi une de nos plus ancienne loi, tu m'annonce ensuite qu'un Arpenteur m'attend, tu retente de me commander, puis tu tombes d'effroi par terre en prétendant que tu ne me connais pas. Excuse-moi mais je suis un peu perdu."
Dans mes bras, son corps se tétanise et son esprit dresse des murailles autour de ses pensées.
"- Mais enfin Léa! Tu n'as pas besoin de te protéger comme ça, je ne vais pas te faire de mal! Quand bien même tu t'es indécemment introduite dans mon esprit tout-à l'heure. "
Son esprit hésite, mais elle achève tout de même ses barrières. Puis elle chuchote :
"- Tu me le promets Henou?"
"Mais évidemment! Qu'est-ce que tu crois?"
"- C'est juste que… " Elle recommence à trembler, mais elle écarte ses barrières.
"- Bon sang, tu m'as balayé l'esprit Henou, J'ai le meilleur contrôle de tout le clan, pourtant, tu passes mes barrières comme si elles n'existaient pas! "
"- Mais qu'est que tu racontes? Je t'ai à peine effleurée pour te rassurer!"
"- A peine effleurée? Tu rigoles? Depuis que l'Arpenteur est là, comme l'exige l'antique tradition, nous portons tous nos barrières les plus fortes levées en permanence! Et toi tu me touches l'esprit comme si je n'avais rien dressé! Tu as brisé mes défenses aussi facilement que tu chasserais une poussière sur ta tunique!"
Je cligne des yeux, Je n'ai même pas senti de résistance? Elle se fiche de moi c'est sûr! Non, personne ne peut simuler la terreur qu'elle a ressentie.
"- Léa, je suis désolé. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je ne voulais pas te faire peur. Tu dis que le grand ancien veut me voir, puis qu'un Arpenteur m'attend, et enfin je ne réalise même pas que tu as des barrières. Il y a forcément une explication! Bon sang, je ne suis qu'un simple pisteur!"
Je peux lire la surprise dans ses yeux.
"- Alors tu ignorais vraiment qu'un Arpenteur est arrivé au village? Tu sais, la deuxième fois, je voulais juste être sûre que tu ne te fichais pas de moi. Je ne voulais plus te contrôler. Au début, je croyais que tu te baladais l'esprit ouvert juste par bravade, c'est pour ça que je t'ai commandé.
- Je croyais que tu savais pour l'Arpenteur, sinon pourquoi serais-tu revenu un cycle avant la fin de ton rite de passage maitre?"
Je la relâche, et je m'écarte, cela devient gênant pour moi de la tenir ainsi dans mes bras. Et puis il se passe trop de choses que je ne comprends pas.
"- Léa, tu dis que je suis revenu un cycle trop tôt? Et ma maitrise ? Léa je suis partit il y a exactement 3 cycles pour passer mon compagnonnage! 3 cycles, comme l'exige la tradition! Mon compagnonnage, Léa, pas ma maitrise. "
"- Henou, tu dois aller voir le grand ancien tout de suite!"
Et cette fois, c'est l'inquiétude que je vois dans son regard, non pas l'inquiétude pour elle, mais la crainte de quelque chose de grave!
"- Léa? Mais qu'est-ce qui se passe? "
"- Je ne sais pas! Henou, cela fait déjà 8 cycles que tu as passé ton compagnonnage! Je… Il faut aller voir le grand ancien tout de suite!"
Elle me tire par le bras, je suis abasourdit, 8 cycles? Elle me tire un peu plus fort.
"- Allez, viens!"
"- Oui, tu as raison, je ne comprends rien à ce qui arrive, mais s'il veut me voir, alors c'est que je dois y aller."
Elle s'écarte de moi, ouvre ses ailes et prend son envol. Je la suis dans les airs.
A l'horizon, Rémusea se lève, et on distingue Médista, la demeure des dieux. En silence, j'adresse une prière à Thotmèr, le dieu du savoir et de la connaissance.

Depuis des heures, Léa et moi volons côte à côte en silence. Elle ne se plaint pas, mais je vois bien qu'elle se fatigue.
Depuis peu, le disc ocre et pourpre de Rémusea apparait complet, tangent à l'horizon. D'après les anciens textes, cela signifie qu'il ne reste plus que quelques heures avant d'arriver à la montagne sacrée, et au départ de la voie céleste.
L'atmosphère se charges d'ions et l'effet de bord teinte le ciel d'une aura chatoyante. Parmi les volutes ioniques, le tracé de la voie céleste se révèle à nous. Je suis du regard la colonne fantasmagorique, et c'est alors que je l'aperçois, suspendue entre les deux jumelles : Médista, la demeure des Dieux, porte du passage. Je ressens de tout mon corps la présence des dieux et du flux qui relie entre elles les deux planètes.
"- Il faut se poser maintenant Léa, les Dieux ne tolèrent pas que l'on vole trop près de la montagne sacrée"
Elle ne répond rien, mais je sens la crainte respectueuse qui émane de son esprit. Elle me suit alors que je commence à descendre. En dessous de nous, la forêt s'étend à perte de vue. Son pourpre profond ravive en moi les souvenirs de ma première épreuve en tant que pisteur. La première fois de ma vie que je quittais la plaine du clan. La première fois que je me retrouvais seul également. Cela me fait bizarre de savoir que quelqu'un partage avec moi la vision des étendues sauvages, ou seule la main des Dieux contrôle les événements.
La morsure des ions devient plus forte sur ma peau à mesure que l'on se rapproche de la voie céleste.
Je sais par les anciennes légendes que c'est le regard Bèsah qui révèle aux dieux les intentions des Pellerin, à nu. Comme le veut la tradition, j'énonce les récits anciens :
"- Au commencement, était l’univers. Puis les dieux dans leur infinie sagesse créèrent les jumelles.
- Fiers, mais non satisfaits, ils créèrent alors plaines et forêts.
- Pour veiller sur elles, ils créèrent alors les clans.
- Et pour veiller sur les clans, ils créèrent les règles.
- Une fois leur travail terminé, les dieux se retirèrent dans leur retraite ; Médista qui demeure suspendue par leur loi entre les deux jumelles.
- Mais avant cela, pour veiller sur les règles, ils choisirent parmi chaque clans un être digne d’honneur, de force, de volonté et de courage pour être Arpenteur, garant de l’ordre du monde, garant de la paix et de l’histoire.
- et parmi tous les Arpenteurs, ils choisirent le plus sage. Ils le nommèrent "Le grand ancien" et en firent leur émissaire sur les jumelles. Affranchi de l'espace et du temps, il veille sur les Arpenteurs, et désigne le destin de ceux qui sont dignes du regard des dieux.
- Depuis lors, les Dieux observent et jugent, ils demeurent en Médista, gardiens de l'éternité et du savoir.
- Loués soient-ils pour leur savoir et le nom accordé au clan.
- Nous, modestes servants du clan de transmissions, sommes dépositaires de votre antique savoir et vous rendons hommage par les rites anciens.
A mes coté, J'entends Léa qui reprenant mes paroles poursuit :
"-Nous, appelés, venons à la rencontre de votre émissaire, humbles et respectueux.
- Nous, appelés, venons en votre demeure, l'esprit à nu, pour vous, mais voilé pour nos semblables, car à vous et à vous seul revient le droit de décider du savoir transmis.
- Nous, appelés, venons rendre hommage au grand ancien qui de toute éternité, par votre volonté veille sur votre création."
- Nous appelés, venons mettre à l'épreuve notre force et notre volonté, afin de prouver que nous sommes dignes de recevoir votre connaissance."
Alors que ces derniers mots se perdent dans l'infini je sens mes implants se désactiver. Tandis que dans mon crane résonne la voix des dieux.
"- Toi, appelé, toi, dont l'esprit se perd et dont le savoir s'échappe, ta volonté et ta force seront mises à l'épreuve. "
Sans mes implants, le vol devient difficile, l'air tente de replier mes ailes s'oppose à mon vol. Et pour la première fois, je réalise que jamais je n'ai été réellement seul, alors que mon esprit, soudain se retrouve coupé de l'environnement. Il me fallait le perdre pour réaliser que de tout temps, les autres membres du clan étaient là, à la lisière de ma conscience. En tout temps, j'aurais pu envoyer un message. Désormais, seul le silence me répond.
Mon silence est brisé par un gémissement à ma droite.
Je vois Léa qui tente désespérément de garder ses ailes écartées, et je comprends que mon épreuve n'a pas commencé à l'instant, mais bel et bien depuis notre rencontre à l'orée de la forêt. Elle qui était déjà au bord de l'épuisement avec ses implants n'est plus capable de voler sans ceux-ci. Nous sommes encore hauts, si je ne fais rien, elle va mourir. Je réalise cela lorsque dans un suprême effort pour redresser ses ailes, Léa perd connaissance.
Sans sa volonté pour maintenir ses ailes, Léa tombe vers le sol. Je n'ai pas le choix, je plonge à mon tour, sans me demander comment je ferai pour retenir le poids de nos deux corps en chute libre à l'aide de mes ailes affaiblies par le manque de technologie.
Je rattrape son corps et doucement, je redonne de l'angle à mes ailes. La voute de la forêt se rapproche à grande vitesse, Je dois redresser mon vol plus vite! Je donne plus d'angle, nos deux poids conjugués forcent mes tendons, la souffrance me voile la vue. Je tombe encore trop vite, je n'y vois plus, mais je le sais. Je me cabre complétement.
Sous le choc, quelque chose se déchire dans mon dos. La douleur est insoutenable, je perds connaissance à mon tour.

Lorsque je reviens à moi, je sens tout de suite que quelque chose ne va pas. Je ne peux pas bouger! Ma vue est brouillée. Nimbée de la couleur du sang. Des taches lumineuses bougent devant mes yeux, mais ce n'est pas ça qui me dérange.
Soudain, la mémoire me revient, nous tombons! Instinctivement, je crie! Mais ma bouche reste scellée. Une fois la panique passée, je recherche le réconfort de l'esprit du clan, il n'est pas là, je ne ressens rien.
C'est ça! Je ne ressens rien, je n'ai pas mal! Pourtant mon corps doit être en miettes. Et Léa?, comment va-t-elle?
"- Ta valeur n'a pas encore été approuvée par les dieux! Le savoir te sera rendu lorsque les Dieux te jugeront digne."
La voix résonne dans mon crane, me fait mal et m'engourdi l'esprit!
"- Ton courage et ton honneur ont été éprouvés. Pour tes actes, les dieux t'accordent la vie, mais il te reste à prouver ta force et ta volonté.
"- N'essaie pas de parler, les dieux ne t'on pas rendu la vie pour que tu te noies dans le gel!
N'essaie pas non plus de voir, les secrets que recèle ce lieu ne sont pas pour tes yeux.
Ton esprit est empli de questions et je vais y répondre, dans la mesure du possible.
- Mon nom est : L'Arpenteur. Comme te l'on révélée les antiques légendes, je suis le dernier servant d'Hégèr, dieux du temps et de l'Espace.
- Oui Léa est en vie, mais tout comme toi, son corps nécessite une reconstruction. …Ton humilité et tes remerciements seront transmis.
- Ta venue en ces lieux était dictée par ton destin. Depuis une éternité, le grand ancien surveille tes voies, depuis une éternité, tu as été choisi! Tu es mon origine, mon prédécesseur et mon successeur, il en est ainsi depuis les temps de la création.
- Désormais, Hégèr, premier pisteur du clan de Transmission, ton nom sera : l'Arpenteur, car la loi divine le veut ainsi.
- Ton destin t'a rappelé du passé pour servir maintenant et à jamais! Vingt-sept mille fois déjà, tu as réussi ton épreuve de maitre, par dix-sept fois déjà, le compagnon s'en revient dans le futur pour servir. Car l'Arpenteur est éternel. L'espace et le temps n'ont pas de prise sur lui, seul la mort le guette. C'est pourquoi aujourd'hui, une fois encore, je reviens à moi pour me guider sur le chemin de l'avenir.
- Non, il m'est interdit de me révéler le secret de ce lieu, mais en temps voulu, le grand ancien te mènera à Hégèr, qui te liera dans les chaînes du devoir.
La voix résonne dans l'espace, le violet du sang vire au pourpre, puis au noir. Le froid m'envahit, je tombe… je suis mort, et mon esprit s'est perdu.

La lumière se fait au milieu des ténèbres, la chaleur chasse le froid, je gis aux cotés de Léa sur une table de métal. Un liquide visqueux s'écoule de nos corps, on me retire un tube de la trachée. Autour de moi tout n'est que métal, nulle part je distingue la moindre trace de vie. La salle est sombre et exigüe, le confinement m'oppresse.
Un bruit assourdissant me sort de ma torpeur ; Léa hurle. Sur le mur en face d'elle, les orbites vides de nos corps en lambeau nous contemplent.
La mémoire me revient d'un coup! Sous le choc, je tombe à genoux. Je suis mort, mais les dieux me forcent à vivre, pour servir. Je suis l'Arpenteur, enfin, je l'ai été et je le serai. La tâche est éternelle, l'Arpenteur doit veiller sur la création des dieux, il doit garder les jumelles, chroniquer l'histoire du monde et des règles.
Mon moi prédécesseur est mort, je le sais maintenant. Notre mort à tous les deux fait partie du cycle. Désormais je suis lui, tout comme il fut moi vingt-sept mille fois par le passé.
Ce que je vais devoir faire me désole, mais "elle" ne me laisse pas le choix.
Il ne me reste que quelques secondes pour faires mes adieux, je le sais. Puis ma dernière épreuve sera là, déjà au loin, j'entends Hégèr qui approche.
"- Maudite sois-tu Hatoria, Tu n'es guère déesse de l'amour! Tu n'apportes que la peine! "
Les mots meurent dans ma gorge. Léa se tourne vers moi, elle est terrorisée
" Henou? Que-est-ce qui te prend? Il ne faut pas !"
Je la regarde droit dans les yeux.
"Qu'elle soit maudite! Je t'aime!"
Sur ces mots, Hégèr pénètre la salle. Il nous contemple Léa et moi.
"- Fais le!"
Je ne peux-pas! Je la retrouve enfin, après trois cent quarante cycles! Mais le destin et les dieux me forcent. Je n'ai pas le choix…
Je mêle mon esprit à l'environnement, je capte l'essence de l'espace et du temps. Je renvoie Léa dans mon passé, à ce moment fatidique, à l'orée d'une forêt, sur les terres du clan de Transmission. Mon moi successeur est piégé, la boucle est bouclée, dans trois-cent quarante cycles, je ramasse nos corps pour les mener en reconstruction. Dans trois-cent quarante cycles je la perdrai encore!
La voix de Hégèr retentit :
"- Plus que trois-mille fois et tu es libre! Ta tâche t'attend Arpenteur!"
"… Une fois encore, à peine réunit, les dieux nous séparent. Maudits soient-ils, eux et leur Orgueil!