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Joute 33
Joute 33 Texte A : Le dernier prisme
Le 15/08/2013 par Maneth non favori



La rue était éclairée par les nombreuses lumières bleues, blanches, jaunes, des échoppes mais le Centre d'Insertion Neuronale dominait les autres boutiques par sa haute structure composé en nanofibres stabilisées, les murs étaient toujours aussi immaculés que la dernière fois que j'y étais entré. En passant devant les baies vitrées, j’aperçus où j'avais effectué le test de compatibilité. Maileen... Maileen se tenait là à côté de moi. Je ressentais encore la chaleur de sa main, rassurante, douce alors que l'impatience et l'appréhension me tenaillait. Je fermai les yeux alors mon esprit sans l'ultralucidité se remémora douloureusement les cheveux blonds de Maileen effleurer ma peau. L'odeur des épis de blé envahit mes narines bien que fictivement alors que je m'imaginais toucher son visage parfait du bout des doigts. Mon pied tapa alors dans quelque chose de particulièrement dur, n'étant pas encore assez habitué à réagir sans ma C.A, je m’écroulai littéralement contre le sol. Ma face heurta le sol mouillée et par chance, une flaque suffisamment profonde m'accueillit. Trois jeunes aux cheveux écarlates éclatèrent de rire en passant près de moi et l'un d'eux me jeta une capsule de Bakvar dans la tête. « Prends ça, le pot » l'entendis-je dire alors que ses collègues, aux éclats, m'aspergèrent en marchant dans la flaque. Je me relevais lentement sans leur répondre, dégageant les gouttes d'eau de mon visage, sous le regard mystérieux et froid d'une jolie fille qui sortait d'une boutique de coiffure. Le mépris se dessina sur son visage et elle s'en alla. Aucun mot, aucune aide.
Cela n'avait plus aucune importance maintenant. Je me remis à marcher l'esprit dans le vague. Mon corps était endolori, non par la chute, mais par les coups de fouet électrique. J'arrivais la plupart du temps à les oublier. Mais pas le rire gras et sadique de ce porc de Naw quand il m'avait forcer à égorger le fils de cette Gardienne. Je regardais mes mains, sentant encore mes doigts étrangler Pil, mon chien, pour lui épargner la mort cruelle que comptait lui infliger Naw. Mes larmes s'étaient depuis longtemps taries. Alors que je grimpais les quelques marches qui menaient au quartier des affaires, je croisais deux vieux bonhommes qui discutaient des pertes de l'entreprise Lumitech que nous avions contribué à déstabiliser en dérobant les plans de la prochaine fusée. Le cours de leurs actions ont chuté dès l'annonce par le gouvernement. Je me revoyais tendre les papiers au colonel Clearson et son sourire ambitieux me remerciant d'avoir rempli le contrat. Je traversai la place parmi la foule des costumés et des traders connectés à leur ordinateur. Cela m'avait toujours étonné de voir ces personnes manipuler l'argent depuis leur banc avec comme seule support leur cerveau et me demandait comment faisaient-ils pour ne pas être submergés par les chiffres qui inondaient leurs sens. Je bouscula une femme qui jeta un regard noir avant de repartir tout aussi sèchement. Je secouais la tête. Non, non, tout ceci n'aurait bientôt plus d'importance. Je me pressai vers mon objectif dans cette marée humaine et aperçu sur une interface brillante le nom de mon objectif.
La banque Apervine. Je m'avançais en traînant des pieds vers les portes qui se dérobèrent afin que j'entre dans le grand bâtiment. Ici, pire encore que dans la rue bondée, l'individualisme était puissant et se ressentait dans les regards vides des agents banquiers et des clients tous aussi pressés. Un bruit m'interpella, je tournai ma tête vers la droite, où se trouvait le comptoir des réclamations. Un homme hurlait sur l'agent qui lui expliquait quelque chose tout en cafouillant devant la réaction de son interlocuteur.
Je ne m'en préoccupais pas plus, ce bonhomme ne savait pas ce qui l'attendait, lui, ce pauvre agent, sans parler de la ville elle-même. Ma mission approchait de sa fin, le monde vivra ou brûlera mais cela ne m'importait plus. Une femme vint me demander ce qu'elle pouvait faire pour moi, et je lui répondis que j'avais besoin de voir le contenu du coffre Bleu numéro 70. Elle hocha la tête et me demanda quel type d'autorisation j'avais pour y accéder. Je failli activer mon CA avant de me souvenir qu'il n'était plus là. Je sortis alors la clé d'uranium et l'inséra dans une borne. La toucher me serra le cœur, elle semblait s'ancrer à mes doigts. Combien de morts pour elle ? Arno, Tritia, Kimberly, oh la petite Kimberly... Mes yeux se baissèrent alors que tant de sang se projeta sur ma mémoire. Je vacillais l'espace d'un instant mais me repris. Pas maintenant. Je n'avais pas le droit de faillir maintenant. Je fus téléporté dans une salle confinée avec une unique chaise et une antique table de bois. Sur cette dernière, un boîte de la couleur du ciel portant l'inscription « 70 ». Contrairement à de nombreux coffres, celui-ci ne s'ouvrait pas par une empreinte, un code, une clé ou encore un regard. Une ouverture large de la taille d'un doigt creusait le haut du coffre. Il me semblait plus qu'évident maintenant la raison pour laquelle Maileen m'avait demandé de recueillir le sang de Kyung. La rebelle leur avait donné une chance, même dans la mort. Je versai le liquide rouge en faisant attention à ne pas faire déborder et il fut absorbé en un rien de temps. Sans un bruit, le couvercle s'ouvrit et révéla le dernier prisme. A présent, la dernier ligne était tracée.
Je refermais alors le coffre et demanda à ressortir. Le téléporteur me ramena dans la salle principale de la banque. La même agent me remercia froidement sans m'interroger sur l'objet de ce coffre et m'escorta vers la sortie.
Je ne savais plus où aller alors je me laissais conduire par le hasard. Je traversai la zone d'affaires, regagnant les bas-quartiers périphériques et le silence angoissant de la nuit. A plusieurs reprises, je crus reconnaître Clearson mais que ferait-il à me poursuivre ? Mes pas me firent voguer le long de la Route Rouge, avec ses magasins monstrueux, ses hôtels aux cents étages et ses célèbres fêtes endiablées. La musique rugissait tellement fort que mes oreilles sifflaient. Les gens sortaient dans la rue en criant et dansant. Je n'aspirais qu'à trouver un lieu plus paisible et soudainement, je repérais une figure connue. Il tenait cet instrument qu'il aimait tant jouer. Cette fois, les larmes roulèrent sur mes joues. Il me fit un geste de la main et je le suivis loin de cette cacophonie, de cette joie ambulante. Je n'osais pas approcher cette ombre et affronter sa colère. Quand il s'arrêta enfin, je me rendis compte que nous étions au bord de la mer, dont seul un muret nous séparait. La pierre était ancienne et irrégulière. Le vent soufflait doucement. Depuis un moment déjà, il n'y avait plus un bruit. Alors que je l'approchais, mon maître s'assit sur le muret et commença à jouer une mélodie dont la lamentation me tailladait le cœur. Je m'effondra devant lui, sans pouvoir dire une seule excuse. J'écrasais mes larmes rageusement, alors il posa son archet.
« Tu es traître à tout ce que je t'ai enseigné, contre quoi as-tu troqué ton arrogance ? »
Sa voix brûla les derniers lambeaux de ma conscience. Si je l'avais écouté... J'étais si imbu de moi-même, je ne pouvais pas savoir que cela ferait couler tant... Je regardais mes mains, elles paraissaient si rouges.
« Maître ! » fit-je en tentant de lui prendre la jambe. Son fantôme n'était déjà plus là. Tour à tour, les visions des enfants de la Gardienne mutilés et brisés de mes mains virent me tourmenter. Sa voix rugit, me maudissant tandis que Kyung se jeta sur moi malgré les interdictions de sa chef. Ses yeux morts me hantaient et je crus sentir la chaleur de son sang couler sur mes paumes. Elle m'avait attaqué... Les spectres des deux frères Nartor et Adam virent à leurs tours me visiter.
Ils avaient été si gentils, encore une fois j'avais trahi la confiance de ceux qui m'avaient aidé. Les ayant livré au bourreau, je dus les torturer et les assassiner moi-même tandis qu'eux m'avaient sauvé d'une mort certaine. Leur silence dans la souffrance me bouleversa à présent que j'étais libéré de la froide atonie du CA. Je ne pouvais pas réaliser qu'en plus de préserver la cause, c'était la vie de centaines de personnes qu'ils avaient couvert par leur mort. Et moi, je les avais livré en pâture à ce monstre de Naw et son chef. Mon ambition. Combien de personnes ai-je envoyé à la mort ?
Je hurlai devant l'horreur de mes actes et frappait la pierre de mes mains, les ensanglantant et les mouillant de mes larmes. Soudainement, je réalisa quel était ce lieu, et l'ironie sinistre du destin ne pouvait que m'arracher un dernier rictus désespéré. Sur ma droite, dans une zone bien éclairée, était posé la machine de mort de Clearson. Les condamnés étaient alignés, les hommes de main de la vermine les encerclait. Je n'arrivais pas à identifier les personnes. Naw était là, sa grande carrure le distinguait des autres. Il saisit un homme qui se débattait par les cheveux et lui trancha la gorge. Deux personnes crièrent et se jetèrent sur le cadavre mais furent vite maîtrisées. Son rire était toujours aussi immondes. Qui allait-être la première victime ?
Cela n'avait plus d'importance maintenant, il fallait que je me débarrasse du prisme. Ensuite, je pourrais mourir. Je sortis la lame incarnate et d'un geste rapide fendit le prisme en deux. Il n'était pas question que quelqu'un le prenne de vitesse et lui vole le prisme au dernier moment. Le cristal était détruit. Clearson n'aurait jamais la puissance du Canon.
Je jetai un dernier regard sur le contrebas. C'était logique, cela ne pouvait être qu'elle. Pour tuer le serpent, il avait décidé par commencer par sa tête. Même si je n'arrivais pas à en voir le visage, ses cheveux blonds étaient ravissants et semblaient suspendus dans le temps. Maileen était debout sur l'estrade et dominait les autres gens. Elle tenta de parler mais Naw lui donna un coup de poing. Je voulu sauter et aller le tuer mais à quoi cela aurait-il servi ? Il la plaça dans la mécanique de la machine, la tête entravée et se mettant derrière elle, simula des gestes obscènes sous les rires sardoniques de ses sbires. Un mouvement de foule se leva mais aussitôt maté. Je portais le couteau rubicond à ma gorge et inspira une bouffée d'air. Il était vicié comme si mon existence avait pourri l'essence de la vie. Maileen n'avait pas peur et avait tout prévu. Je devais être fort aussi.
Le couperet tomba et la fin du monde arriva.