La Pierre de Tear fait peau neuve ! L'aventure continue sur www.pierredetear.fr !
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Entre le jardin ensoleillé de Mayene et cet endroit, le changement était aussi brutal qu'immédiat. Les yeux bandés, Elren ne pouvait voir où il se trouvait, mais l'air était soudain devenu humide, plus froid, chargé d'un vague et lointain relent de moisissure ou de vase. À des craquements de planches de bois s'ajoutaient les murmures étouffés d'oiseaux, les bruits confus d'une agitation humaine. Plusieurs personnes se trouvaient autour, bien que nul ne parlât pour le moment. Jusqu'à ce que la voix de la canalisatrice andorane retentisse à nouveau :
"Mettez-le avec notre autre ami. Je vais prévenir Brecq !"
Des bruits de pas s'éloignèrent, et tandis que les liens d'air se dissipaient, ils furent aussitôt remplacés par d'épaisses cordes solides et bien réelles, qui entravèrent les bras d'Elren dans son dos. D'une bourrade, on lui signifia d'avancer.
"N'essaie pas de t'enfuir, gamin" fit une voix rauque "tu le regretterais vite dans les parages, crois-moi..."
(diverses possibilités : réagir à ta guise (parler, se débattre), faire un jet 2d6 de perception pour tenter de rassembler des informations sur l'environnement... Comme Elren est à Mayene depuis longtemps il a dû entendre parler des enlèvements des derniers mois qui inquiètent la ville)
Elren Ayara
"Sang et cendre" pensa Elren "Ils doivent être la cause des enlèvements..., mais que veulent ils de moi? Quoiqu'il en soit je dois trouver où je suis et comment m'échapper".
Malheureusement, à part la mollesse de l’humus sous ses pieds et une vague odeur de marécage, des bruits de chevaux qui lui apprirent qu’ils se trouvaient dans un campement en extérieur, Elren n’eut guère l’occasion de rassembler beaucoup d’indices avant que ses geôliers ne le poussent sur plusieurs mètres, puis lui fassent gravir deux marches grinçantes. Une lourde porte s’ouvrit. Puis, l’un des hommes de main entreprit de nouer l’autre extrémité des liens à un anneau fixé à la paroi tandis que son collègue commentait d’une voix hargneuse :
« Serre bien, il est vif, ce vaurien. Putain d’entaille... À tous les coups ça va s'infecter avec les saloperies qui traînent par ici. »
« Bah... Brecq te soignera ça quand il arrivera. 'Tardera plus. »
L’homme serra bien, pourtant, puis arracha le bandeau qui recouvrait les yeux d’Elren et sortit à la suite de son comparse. La porte se referma lourdement sur les ravisseurs, et laissa s’installer une pénombre humide, dans laquelle flottait le parfum tout proche des marais et la luminosité morne de petites lucarnes trop hautes pour distinguer autre chose que le ciel. La pièce, qui ressemblait à l’intérieur d’une caravane, était entièrement dépourvue de mobilier, faite de planches vieillies et verdies par les ans.
À l’autre extrémité, inaccessible étant donné la longueur des liens, se trouvait un jeune homme à la peau cuivrée, également entravé, les yeux bandés. Ses vêtements avaient dû être blancs, souillés désormais de nombreuses traces de boue et de sang, tandis que son visage arborait une lèvre fendue et plusieurs marques de coups. Il gisait dos contre le mur dans une parfaite inertie, la respiration lourde, sans qu’il fût possible de dire s’il était inconscient, endormi, ou simplement silencieux.
À l’extérieur, des voix s’élevaient, d’hommes et de femmes, mais aucune vraiment proches ou audibles.
J'ai mon chapeau et une épée, je suis prêt ! Alias de KenAcros
Le Vide s'effondra sous la pression des émotions qui assaillaient Elren. Il lutta contre la panique pendant plusieurs minutes, agité de légers spasmes, s’empêchant de pleurer.
Se reprenant à grand peine, il analysa les derniers événements. Une phrase en particulier le faisait réfléchir :
"Je ne suis pas une de ces pimbêches d'Aes Sedai"
Un nouvel élan de panique le prit alors qu'il envisageait la possibilité suivante :
"Est-ce... une Elue? Si c'est le cas je suis mal... Bon, dans tous les cas je dois faire quelque-chose."
Se redressant, il avisa l'autre prisonnier :
"Hey!" dit-il relativement fort "Hey tu m'entends ? t'es réveillé?"
Il ne savait plus combien de temps s’était écoulé, si ce n’était qu’une nuit complète avait passé, qu’il n’avait rien mangé depuis sa capture et qu’on lui avait donné plusieurs fois de ces drogues qui le plongeaient dans un état second et le coupaient du saidin. Seul le lien avec Malark, lointain et estompé, le raccrochait à un sentiment concret. Malark et un canalisateur... une canalisatrice ?... Melyna Sedai ?... le cherchaient. Et il ne devait rien en laisser savoir à ses ravisseurs, tout comme il était parvenu à leur cacher, la veille, que son Lige n’était pas mort. Son esprit restait ancré autour de ces quelques idées, du Vide, quand il ne plongeait pas dans un semi-sommeil confus.
Quand la porte de son... cachot ? s’ouvrit brusquement, il demeura rigoureusement immobile, d’une part parce qu’il n’avait plus réellement l’énergie de faire autre chose, et d’autre part pour laisser supposer à ses gardiens qu’il était encore trop affecté par les drogues pour justifier une nouvelle dose. Mais ceux-ci semblaient fort occupés avec un nouveau prisonnier, et Alar demeura attentif, glanant autant d'informations qu'il le pouvait. Lorsque la porte claqua et que les geôliers s'éloignèrent, le silence fut de courte durée. Une voix l'interpela bruyamment, avec une familiarité inhabituelle. Il en aurait presque souri, n'eût été la pesanteur des drogues.
"Moins fort" fit-il d'une voix plus engourdie qu'il ne l'aurait souhaité. "Je vous entends... qui êtes-vous ? Prisonnier ?"
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Elren eut un léger sourire (l'autre était conscient) tout en rougissant légèrement de honte. Il n'avait pas encore repris tout son sang froid, parlant de façon agitée :
"Oui il semblerait" dit-il d'une voix plus faible "Vous savez ou on est? Qui sont ces gens? Pourquoi ils nous ont capturé?"
Alar ne pouvait certes pas voir son interlocuteur, mais devinait sans peine sa jeunesse et son agitation au timbre de sa voix. Il lui fallait rester méfiant cependant, la possibilité que ses geôliers cherchent à le piéger n'était pas à exclure. Mais ces drogues rendaient toute réflexion difficile. Après un court silence, il répondit prudemment :
"J'ignore où nous sommes, j'ai les yeux bandés depuis ma capture. Plusieurs d'entre eux semblent être des canalisateurs mais ils ne viennent pas de la Tour, cela est certain... Je pense... qu'ils capturent des hommes jeunes à Mayene qu'ils soupçonnent de pouvoir utiliser le Pouvoir Unique, mais vous êtes le premier que je rencontre. Quant à ce qu'ils ont fait des autres..."
En fait il le soupçonnait mais préférait garder pour lui ses suppositions tant qu'il n'en savait pas plus sur son invisible camarade de cellule.
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Il parvint enfin a recouvrer le Vide, mit quelques instants à analyser ce que l'homme lui avait dit avant de répondre, d'une voix calme et claire :
"Je ne sais pas si cela peut être de grand secours mais la canalisatrice qui m'a capturé a dit deux choses ayant attiré mon attention. Premièrement elle n'est effectivement pas Aes Sedai et les a même traités de pimbêches... Deuxièmement elle dit qu'ils auraient peut-être plus de chance avec moi. Cela dit je ne pense pas être capable de canaliser.
Elren attendit un instant en observant les réactions de son camarde d'infortune avant de reprendre :
"Donc vous n'êtes pas exactement dans le même cas que moi, je me trompe? Sinon vous sauriez ce qu'ils font a ceux qu'ils capturent."
"Autant y aller franco" pensa Elren "Je n'ai rien a perdre et je dois en savoir le plus possible pour pouvoir m’échapper."
Plus de chance avec lui... Alar faillit tiquer. Ils n'avaient donc pas trouvé ce qu'ils cherchaient pour le moment. En tout cas son vis-à-vis, canalisateur ou pas, fit montre d'une certaine perspicacité en interprétant les vides de ses paroles et il resta un instant pensif à malmener ses liens trop serrés.
"Je suis un Aes Sedai, dit-il finalement. Ils me gardent à l'écart et drogué car je suis... plus dangereux, je suppose, que leurs prises habituelles. Et peu coopératif. Ils espèrent que je leur révèle certaines choses."
Et il n'escomptait pas leur faciliter la tâche et se montrer docile. Chaque heure passée permettait à Malark d'approcher, et augmentait ses chances d'être libéré et de percer le réseau qui ne s'attendait pas une attaque.
"Que vous canalisiez ou pas, vous avez dû faire quelque chose pour attirer leur attention et qu'ils le croient. J'ai cru comprendre que vous aviez blessé un de leurs hommes ?"
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Se rendant compte que sa position commençait à le fatiguer, il se décontracta légèrement et s'installa de manière a ne pas s'ankyloser les muscles tout en essayant de faire circuler un maximum de sang dans ses mains. Il répondit alors :
"Un Aes Sedai? Sang et cendre, ils n'ont pas froid aux yeux. J'en ai effectivement entaillé un mais la canalisatrice m'a empêché de bouger avant que j'arrive à en faire plus.
Il réfléchit quelques instants de plus avant de continuer :
"Et la seule chose a pouvoir attirer l'attention chez moi est le fait que je suis le meilleur élève de Mavrick."
D'autres questions, remarques venaient effleurer le Vide, surtout concernant les éventuels plans d'évasion de l'Aes Sedai mais il préféra éviter des les formuler, pour ne pas brusquer son interlocuteur en agissant comme quelqu’un venu lui tirer les vers du nez. Il préféra demander :
"Avez vous une idée de pourquoi ils m'ont mis ici avec vous?"
Évidemment, Alar ignorait qui était Mavrick. Il n'était à Mayene que depuis trois semaines et ne s'intéressait pas à grand-chose en dehors des sciences et de la philosophie. Les enlèvements ne faisaient définitivement pas partie de ses centres d'intérêts et représentaient une perte de temps conséquente. Mais la dernière question posée par son interlocuteur avait le mérite d'être pertinente, et rien ne pouvait lui laisser soupçonner de quelconque duplicité. Rendu hagard par les drogues et la faim, il appuya son crâne contre le mur de bois humide.
"Ils n'arrêtent pas de parler d'un dénommé Brecq... Probablement quelqu'un d'influent dans leur groupe. Peut-être escompte-t-il vous interroger, voire vous tester pour le Pouvoir avant de vous amener où sont les autres. Ce lieu sert peut-être à faire un tri entre ceux qui leur sont utiles ou pas, j'ai cru comprendre que les environs étaient déserts et inhospitaliers."
Il avait dit ça avec une froideur digne de l'Ajah Blanche, mais les perspectives étaient peu réjouissantes.
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"Avec eux? En vous voyant et au vu de la quantité d'explications qui m'ont été données de leur part, non." répondit Elren "Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour sortir de ce merdier le plus vite possible."
Elren épia un instant les bruits venant de l'extérieur, le Vide à nouveau malmené par la peur née des mots de son compagnon de cellule.
En le voyant ? Alar ne put retenir un bref sourire. Il est vrai qu'il devait avoir piètre allure, son visage le lançait encore des coups reçus. Il retrouva vite son sérieux, cependant, partagé entre réflexion, anxiété, et une certaine urgence. Où qu'il fût, ce Brecq finirait bien par arriver...
"Et vous avez probablement raison. Écoutez, maître... comment vous appelez-vous, au fait ? Parlons... sérieusement. J'ai peut-être une proposition si vous êtes disposé à l'entendre."
Il écouta à son tour pour s'assurer que personne ne risquait d'entendre leurs paroles. Et aussi, pour réfléchir à comment formuler son idée pour en dire le moins possible.
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Une proposition? Il ferma les yeux un instant un maigre sourire aux lèvres, L'Aes Sedai avait un plan ou quelque chose dans le même ordre d'idée. Cette lueur d'espoir l'apaisa et il répondit :
"Elren" répondit-il "Je suis tout disposé à écouter votre proposition. Je ne maintiendrai plus le vide très longtemps si la situation n'évolue pas... Puis-je aussi vous demander votre nom?
Le Vide ? Voilà qui était intéressant. Il devrait lui-même tester ce jeune homme si jamais ils s'en sortaient.
"Je m'appelle Alar", répondit-il, conscient de l'incongruité de présentations en pareille situation. "De l'Ajah Blanche. Depuis qu'ils m'ont emmené ici, un des leurs revient régulièrement me faire boire une drogue qui m'empêche de canaliser. Les...effets commencent à s'estomper mais il ne tardera sans doute pas... Si vous parveniez à détourner son attention ou à le retenir assez longtemps pour que je puisse saisir la Source, je serai en mesure d'intervenir. Les chances de réussite me paraissent minces cependant, et il faudra que je parvienne à me débarrasser de ce bandeau, il est impossible de canaliser à l'aveugle."
Mais dans l'immédiat, il n'avait pas mieux à proposer. À part attendre, et espérer, l'arrivée prochaine de Malark...
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"Je ferai ce que je peux" dit Elren apres une courte reflexion "Mais vous savez quelque chose de cet homme? Si il est attentionné ou qu'il pique la mouche rapidement? Attaché comme cela à part de lui parler je ne conçois pas beaucoup de solutions..."
Alar eut une sorte de sourire désabusé, avant de se rappeler que, contrairement à lui, Elren pouvait le voir. Retrouvant son sérieux, il répondit brièvement :
"Eh bien, c'est à lui que je dois la plupart de ces coups, donc je suppose qu'attentionné n'est pas le qualificatif adéquat. Il prend son rôle très au sérieux mais je ne dirais pas qu'il brille par son intelligence. Il se méfie trop de moi pour me laisser dire plus de deux mots, mais peut-être que vous, vous pourriez le manipuler. Le distraire, lui faire croire que vous êtes souffrant... Je doute que vous puissiez l'inciter à vous détacher."
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Elren resta pensif quelques instants puis commença à tenter de se défaire des ses liens avec énergie. Il lâcha :
"Eh bien je tenterai de l'amadouer sinon je m'arrangerai une petite séance de tabassage... ça a un et un seul avantage, ça peut prendre pas mal de temps si j'arrive à tenir... En attendant je vais essayer de me dégager, ne serait-ce qu'un peu."
